Journal d'un avocat

Instantanés de la justice et du droit

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

mercredi 23 avril 2008

mercredi 23 avril 2008

Combien faut-il d'économistes pour remplir une station Vélib ?

Réponse : un, à condition que soit Pierre-Yves Geoffard.

Celui-ci, dans Libération, le 8 octobre 2007 :

Vélib’ ou une autre illustration de la loi de la tartine beurrée : quand on cherche un vélo, toutes les stations sont vides ; quand on veut le déposer, toutes les stations sont pleines.

(…)

On dira que j’exagère, et l’on n’aura pas tort. On se demandera aussi ce que cette caricature vient faire dans une chronique économique ; et là on se trompera. Car nulle fatalité dans ce dysfonctionnement, mais au contraire l’illustration que les règles de base de l’économie mériteraient d’être connues des décideurs publics ou de leurs partenaires publicitaires. Ce que montre l’expérience de chacun, c’est qu’il y a à la fois excès de demande (dans les stations vides) et excès d’offre (dans les stations pleines). La réponse mise en œuvre pour corriger ce déséquilibre s’appuie sur une vision centralisée : un mécanisme dit de «régulation» prévoit que 20 voitures (propres, forcément propres) parcourront Paris à la recherche des stations pleines pour y prendre des vélos et y libérer des places, et regarnir de ces vélos des stations vides. L’expérience montre que cette «régulation» n’est pas à la mesure de l’enjeu. Le succès des Vélib’ est massif, mais il se trouve que les parcours des usagers sont souvent identiques, ce qui n’a rien d’étonnant : est-ce vraiment une surprise que les stations du haut de Belleville soient systématiquement vides, et celles d’en bas toujours pleines ? La voiture régulatrice et son chariot empli de vélos, Sisyphe roulant au gaz naturel, aura beau remonter les vélos, rien n’y fera, ils redescendront, il faudra à nouveau qu’elle les remonte puisque personne d’autre ne s’en chargera.

Pourtant, un autre mécanisme est possible. Le constat d’une offre et d’une demande excédentaires indique qu’il manque un système de prix permettant de traduire l’abondance ou la rareté. Un tel système pourrait être mis en place, il reposerait sur un principe simple : emprunter un vélo dans une station pleine doit être moins cher que dans une station presque dégarnie ; laisser un vélo dans une station presque pleine doit être plus onéreux que dans une station vide. Par exemple, prendre un vélo là où il y en a trop pour le rendre dans une station vide pourrait être gratuit ou récompensé par un crédit temps, voire valoir une rémunération à celle ou celui qui aura ainsi contribué à la force de ses mollets (proprement, donc) à l’équilibre de l’offre et de la demande. Ce mécanisme de récompense aurait la grande vertu de décentraliser la régulation ; plutôt que d’attendre que le bureau de planification détermine le trajet des 20 véhicules chargés de déplacer des fournées de vélos, il s’appuierait sur la dissémination de l’information et des utilisateurs potentiels. En incitant des milliers d’usagers à pédaler à contre-courant des circuits trop classiques, il s’en trouvera toujours quelques-uns pour envisager un détour et remplir ainsi la mission assignée aux 20 «régulateurs» à gaz. Toute la vertu d’un système de «prix» est justement dans la décentralisation : en faisant de chacun un régulateur potentiel, il multiplie le nombre d’interventions possibles ; et, de la même manière que sur un marché en excès de demande la hausse du prix dissuade certains consommateurs et stimule certains producteurs, un encouragement adéquat pousserait certains usagers à déplacer des vélos au bénéfice de tous. Certes, pas forcément de la place Maillot à la porte Dorée, mais des centaines de déplacements parfois de courte distance contribueraient à mieux répartir les places vides et les places pleines.

Annick Lepetit, adjointe au maire chargée des déplacements, des transports et de l’espace public (ses cartes de visites sont au format A3), le 23 avril 2008 :

Afin d’améliorer la régulation et de permettre à chacun de trouver un vélo disponible, la Mairie de Paris a sélectionné une centaine de stations Vélib’, situées le plus souvent en hauteur. Elles seront qualifiées de stations « bonus ».

Le principe est simple : tout utilisateur qui déposera un Vélib’ à l’une de ces stations bénéficiera de 15 « minutes bonus », c’est-à-dire supplémentaires.

Le principe est simple. Heureusement, l'application sera bureaucratique ; sinon, ça aurait risqué de marcher.

[Par exemple,] Si vous avez effectué un parcours de 40 minutes et que vous déposez votre vélo à une station « bonus », les 10 minutes de location supplémentaires ne vous seront pas facturées.

Cependant, l’intégralité des 15 « minutes bonus » sera consommée car ce crédit temps est indivisible. Ainsi, dans notre exemple, vous ne pourrez pas reporter les 5 minutes restantes pour un trajet ultérieur.

Seuls les « abonnés un an » pourront cumuler les « bonus de 15 minutes » non utilisés. Ils pourront sur le site velib.paris.fr consulter leur compte personnel et le nombre de crédits temps ainsi obtenus.

Heu… Annick (Permettez qu'on s'appelle par nos prénoms ? Moi, c'est Maître.)… Je sais que Vélib' tourne sous Windows®, mais diviser 15 minutes par 15, même Vista peut y arriver à condition d'avoir un processeur à 5 giga. À quoi ça rime, ces quart-d'heures républicains (Uns et Indivisibles) ? Pourquoi diminuer ainsi l'incitation à garnir les Déserts de l'Altitude ? Pourquoi, à peine un cadeau fait à ceux qui font un effort, jouer les radins et leur chipoter le fruit de cet effort ? C'est mesquin et contre-productif. Un type qui vous aura ramené à la force du mollet chaque jour son Vélib' à la station Télégraphe (dite l'Everest de Paris : 121,23m au-dessus du niveau de la mer, la Seine étant à 30m au-dessus du niveau de la mer environ) en 31 minutes n'aura pas droit à une ballade d'1h45 le dimanche sans reposer son vélo pour le remercier, il lui sera juste fait cadeau de la minute supplémentaire ? J'avoue que ça me dépasse, parfois.


La liste des stations Bonus est sur la carte des stations (format PDF, 5,81Mo). Entrée en vigueur courant juin.


Sur cet article, le commentaire des éconoclastes.

Pas de temps à perdre.

Jean-Marie Le Ray s'étonne de “m'avoir piqué au vif” par sa désobligeance, alors que lui naturellement ne l'est pas, baptise sa réponse «riposte».

Las, quand je lis d'entrée :

Or malheureusement, non seulement vous ne répondez pas à mon « analogie funeste du kiosque à journaux », mais de plus vous vous embarquez dans une telle série d’erreurs d’appréciation que cela en devient embarrassant, Eolas !

J'arrête aussitôt de lire car je comprends que j'ai affaire à quelqu'un qui ne m'a manifestement pas lu, qui n'éprouve aucun intérêt à la confrontation des points de vue, qui substitue son “bon sens” à la réflexion et la grossièreté à l'argumentation. bref, une perte de temps. J'arrête là ce simulacre de dialogue. Et je ne mets pas de lien vers cette "riposte", je ne voudrais pas vous faire perdre votre temps : son prochain billet sera un cri de triomphe où il se vantera d'avoir eu le dernier mot et pleurnichera des larmes de crocodile sur mon refus du dialogue. Oui, en plus, il est prévisible.

Je n'ouvre pas les commentaires, la discussion qu'il y a sur le sujet (d'un autre niveau, y compris chez les points de vue contraires au mien) continuera en commentaires sous le billet précédent.

J'espère pouvoir mettre le commentaire du jugement Lafesse/Dailymotion en ligne demain au plus tard.

Mes logiciels, comme mes clients, sont libres. Ce blog est délibéré sous Firefox et promulgué par Dotclear.

Tous les billets de ce blog sont la propriété exclusive du maître de ces lieux. Toute reproduction (hormis une brève citation en précisant la source et l'auteur) sans l'autorisation expresse de leur auteur est interdite. Toutefois, dans le cas de reproduction à des fins pédagogiques (formation professionnelle ou enseignement), la reproduction de l'intégralité d'un billet est autorisée d'emblée, à condition bien sûr d'en préciser la source.

Vous avez trouvé ce blog grâce à

Blog hébergé par Clever-cloud.com, la force du Chouchen, la résistance du granit, la flexibilité du korrigan.

Domaine par Gandi.net, cherchez pas, y'a pas mieux.

Calendrier

« avril 2008 »
lun.mar.mer.jeu.ven.sam.dim.
123456
78910111213
14151617181920
21222324252627
282930

Contact