Journal d'un avocat

Instantanés de la justice et du droit

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Justice à Vegas

Arte est en train de diffuser une série de documentaires réalisée par Rémy Burkel et produite par Denis Poncet, qui s’est déjà illustré en produisant des documentaires consacrés à la justice américaine (Soupçons, Un Coupable Idéal), intitulée Justice à Vegas.

Arte permet de les revisionner sur internet, avec des images d’une excellente qualité. À voir absolument en VO sous titrée, la version doublée (je ne suis même pas sûr qu’elle soit disponible en ligne) étant franchement ratée.

Je vous conseille de visionner au préalable l’entretien avec Denis Poncet et Rémy Burkel qui expliquent les conditions de tournage et les principes essentiels du procès.

L’affaire de cette semaine est très dure : meurtre et tentative de meurtre, sur des enfants de 3 et 10 ans, par un jeune homme de 19 ans et sa sœur mineure. C’est une affaire où la peine de mort est susceptible d’être prononcée ; je vous laisse découvrir si elle sera requise et le cas échéant, votée.

On voit les audiences, mais aussi, ce qui me chiffonne et me réjouit, les entretiens préparatoires de la défense avec leur cliente (le documentaire suit surtout la sœur mineure, défendue par les special defendants du Comté, les avocats commis d’office, les avocats choisis du frère ayant refusé que leur client s’exprime).

C’est du réel, certes mis en scène par les documentaristes qui se sont largement inspirés des séries américaines, et vous verrez, on est vite hameçonné. Je rends hommage au travail de mes confrères névadais.

C’est deux fois 52 minutes, mais de toutes façons, il n’y a rien de bien à la télé ce soir.

Prochain épisode samedi prochain, l’intégralité peut être achetée sur iTunes ou en DVD qui sort le 7 octobre.

Commentaires

1. Le dimanche 4 octobre 2009 à 17:57 par Lili

“il n’y a rien de bien à la télé ce soir”
Je me permets d’objecter respectueusement maître.
Il y a aussi “Le président” avec Jean Gabin sur direct 8 qui est d’une étonnante actualité.

2. Le dimanche 4 octobre 2009 à 18:10 par Derek

Il y a aussi “Le président” avec Jean Gabin sur direct 8 qui est d’une étonnante actualité.

Vous prédisez une dévaluation ?

3. Le dimanche 4 octobre 2009 à 18:25 par DT

Le fait de pouvoir visionner sur Internet les épisodes est appréciable pour ceux qui n’ont pas la télé…

4. Le dimanche 4 octobre 2009 à 18:41 par Lili

@Derek. Je pensais plutôt à la fameuse tirade de Gabin sur l’Europe devant les députés.

5. Le dimanche 4 octobre 2009 à 19:02 par Jean Meyran

Je peux dire une connerie ?
Ya Marseille Monaco aussi…;-)

6. Le dimanche 4 octobre 2009 à 19:13 par Laurent Chéno

Voici le lien direct sur iTunes.

http://itunes.apple.com/WebObjects/…

(Et pas d’inquiétude, il s’agit bien d’une VOST - version originale sous-titrée.) Vous pouvez acheter chaque épisode pour 2,49 €, ou bien prendre un forfait saison à 19,99 €, qui vous permettra de télécharger les épisodes passés et à venir.

7. Le dimanche 4 octobre 2009 à 19:21 par Aymeric Pontier

“À voir absolument en VO sous titrée, la version doublée (je ne suis même pas sûr qu’elle soit disponible en ligne) étant franchement ratée.”

En fait, la version doublée du dernier épisode est disponible sur Arte +7, tandis que la version originale sous-titrée est disponible sur le lien que vous avez indiqué. Seulement jusqu’à la diffusion du prochain épisode évidemment, donc il faut se dépêcher dans les deux cas !

Pour la version doublée du dernier épisode (qui est très mauvaise certes) :
1ère partie —> http://plus7.arte.tv/fr/1697660,CmC…
2ème partie —> http://plus7.arte.tv/fr/1697660,CmC…

8. Le dimanche 4 octobre 2009 à 19:22 par Véronique

Je conseille très fort de regarder Justice à Vegas.

J’ai été littéralement scotchée par les deux premiers épisodes.

Question à Eolas:

Mon dieu, quel dilemme auquel sont confrontés les avocats de la défense concernant l’option du plaider- coupable de la très jeune Monique qu’ils finissent par choisir comme stratégie de défense !

Que pensez-vous de leur choix ?

Je dois dire que j’ai été totalement bouleversée par ce second épisode. Déjà que le premier épisode, dans le genre être remué, c’était du top également…

Eolas:
Difficile pour moi de juger des choix de confrères névadais appliquant une loi que je connais fort mal et qui se caractérise par une terrible sévérité des peines (à ce sujet : peines très lourdes, peine de mort, et pourtant 70.000 crimes et délits par an pour 2.000.000 d’habitants. Avis aux excités de la répression. L’élément déterminant a été la peine de mort prononcée pour Beau. Les avocats de ce dernier avaient refusé que leur client s’exprime à l’audience (5e amendement, béni soit-il). Une peine n’entraînant pas d’appel les aurait conduit à permettre à beau de témoigner au procès de sa sœur pour s’accabler afin de l’éxonérer. Mais avec la peine de mort, ils vont faire appel et exercer tous les recours possibles. Ce qui exclut que Beau s’exprime. La défense de Monique perdait son meilleur témoin. Coup dur.

9. Le dimanche 4 octobre 2009 à 19:52 par Véronique

mais aussi, ce qui me chiffonne et me réjouit, les entretiens préparatoires de la défense avec leur cliente

En même temps il n’y a que de cette façon qu’on peut véritablement comprendre le travail de vos confrères du Nevada et la relation qui les lie à leur client.

@ Aymeric Pontier

C’est vrai que le choix du doublage en français est très surprenant comme choix de la part d’Arte.

Mais je pense que ce choix est lié au parti pris du concept de départ des documentaristes: se rapprocher au plus près du rendu des séries américaines avec le format et la forme habituels dans lequels elles sont diffusées.

10. Le dimanche 4 octobre 2009 à 20:31 par Audrey

On peut prononcer la peine de mort à l’encontre de mineurs au Nevada ou j’ai mal compris cette possibilité ne concerne que l’aîné ?

Eolas:
Pas au Nevada, dans tous les États-Unis. La Cour Suprême américaine a décidé en 2005, dans Roper v. Simmons, 543 U.S. 551 (2005), que la Constitution interdisait d’appliquer la peine capitale à un criminel mineur au moment des faits. 

11. Le dimanche 4 octobre 2009 à 20:37 par Toth

Maître, que pensez-vous de l’utilisation de diapositives à présenter aux jurés par les avocats (sur un magnifique et, je suppose, onéreux écran plat)?

Est-ce utile/souhaitable?

Eolas:
Les parties doivent se voir permettre tous les moyens qu’elles jugent utiles à la démonstration de leur point de vue, tant qu’ils sont conformes à la dignité de la justice, la sérénité des débats et l’ordre public. Même si je ne suis pas un fan de la PAPP (Plaidoirie Assistée par PowerPoint), si un avocat se sent plus à l’aise. Le piège est que la parole s’efface derrière l’image. On écoute moins un avocat qui commente des diapositives. À mon sens, le procureur en fait un meilleur usage, mais comparez l’effet de la photo de Krystianna avec la présentation de son pyjama tâché de sang ou le couteau à travers le bloc de feuille levé à hauteur du visage, comme Beau l’a fait avec la petite fille. C’est terriblement efficace.

12. Le dimanche 4 octobre 2009 à 20:54 par Véronique

@ Audrey

L’enjeu de la peine pour Monique, mineure au moment des faits, était entre une perpertuité sans aucune libération possible et une durée de détention, dans le cas où les peines étaient confondues, se situant entre 40 et 50 ans d’emprisonnement - je ne sais plus exactement -.

La peine de mort était applicable pour son frère Beau, majeur.

Je préfère ne pas vous faire part de l’épilogue. Je pense qu’il faut vraiment regarder ce documentaire.

Mais le verdict du procès de Beau a totalement conditionné, et je pense a transformé le choix de la stratégie de défense adoptée au départ par les avocats de Monique.

13. Le dimanche 4 octobre 2009 à 21:15 par xavier

Maître, j’ai un peu de mal à comprendre la notion de “perpétuité sans conditionnelle’, comment la justice peut elle envisager l’enfermement d’individus sans aucune possibilité pour eux d’espérer une libération? Est comment l’administration pénitentiaire fait pour gérer cette population?

Eolas:
C’est la loi qui prévoit cette peine, en retirant à quiconque le pouvoir de la modifier. Ça vous choque ? Tant mieux, car à chaque fait divers, des parlementaires tentent de faire passer ce genre de dispositions, soutenus par des instituts qui usurpent le nom de justice.

14. Le dimanche 4 octobre 2009 à 21:49 par Laura

Je suis tombée sous le charme de cette excellente série de documentaires. J’ai vu l’entretient entre le réalisteur et le producteur et j’adhère totalement sur le parti pris de se concentrer sur le coté de la défense.

Le premier épisode “Le choix de Gladys” est très poignant (Ah le témoignage de la fille de Gladys, ah la lettre que Gladys écrit en plein milieu du procès, c’est là qu’on sent que l’affaire bascule).

J’ai vu le deuxième épisode Samedi et là encore, j’éprouve beaucoup de compassion pour les accusés Monique et son frère et les deux peines prononcées m’ont estomaquées !
Le travail de ces avocats commis d’office est admirable et je me dis qu’en France leur travail aurait pu être mieux récompensé ( en terme de peines ).

J’ai beaucoup aimé le petit dicours du juge dans l’affaire Monique qui résume assez bien l’affaire.

Enfin une grosse interrogation sur ceci : Dans l’état du Nevada, une personne condamnée à mort ne voit sa peine executée que si elle demande à mourir !
Quelle différence alors avec “perpetuité sans conditionnelle” si la personne condamnée ne désire pas mourir ?

Enfin pour ceux qui désirent voir ce documentaire en V.O.S.T. (seule façon d’apprécier ce documentaire à mon avis), la version est disponible sur le site d’arte.
Il doit y voir un onglet qui dit “Voir Justice à Vegas en (VO)ST” et les épisodes sont là, j’ai moi même utilisé ce moyen.

15. Le dimanche 4 octobre 2009 à 21:51 par Aymeric Pontier

En tout cas, c’est véritablement impressionnant ! J’en ai déjà vu beaucoup des documentaires sur le monde de la justice en général, ou sur la justice américaine en particulier, mais alors celui-là… Je crois que c’est dû à la façon dont il a été tourné, réalisé et monté. Pour le coup, c’est une véritable réussite. On prend des baffes sans arrêt, la réalité est toujours plus impressionnante que la fiction.

Et pour répondre à Véronique, j’ai vu le premier épisode en version doublée, et le second en version originale sous-titrée. Et la comparaison est cruelle, je ne comprends pas du tout le choix fait par Arte en ce qui concerne la diffusion télévisée. C’est une chaîne qui n’hésite pas à diffuser des programmes en version originale pourtant, surtout en seconde partie de soirée. Ce qui est mille fois mieux la plupart du temps…

16. Le dimanche 4 octobre 2009 à 22:38 par nodens

@Laura 14
{{Enfin une grosse interrogation sur ceci : Dans l’état du Nevada, une personne condamnée à mort ne voit sa peine executée que si elle demande à mourir !
Quelle différence alors avec “perpetuité sans conditionnelle” si la personne condamnée ne désire pas mourir ?}}

Je pense que la différence réside surtout dans les conditions de détention.
Cela dit, cet “aménagement” de la peine de mort est probablement une modification relativement récente… En tout cas cela explique le commentaire de l’avocat de Beau dans la première partie : « Si vous demandez la peine de mort, la loi vous oblige à considérer que l’exécution de la peine sera immédiate ».

17. Le dimanche 4 octobre 2009 à 22:54 par Juliette

Le billet sur l’affaire Polanski est fermé désormais aux commentaires mais je ne résiste pas au désir d’indiquer ce dessin :http://tesson.info/dessin-de-presse… Tout est dit !

18. Le dimanche 4 octobre 2009 à 23:03 par Hub

Merci Maître, vous m’avez pourri ma soirée… Vivement le retour de Derrick !

19. Le dimanche 4 octobre 2009 à 23:05 par kumbaya

Personne n’aurait un lien pour un linuxien ppc (donc pas de flash) derrière un firewall d’université (donc pas de wmv streamé via mms) ?

20. Le dimanche 4 octobre 2009 à 23:07 par eugenievdb

Petit rectificatif : la suite VENDREDI prochain et non samedi :-)

Je me suis également posé la question de la peine de mort qui n’est applicable qu’à la demande du condamné dans le Nevada. Auriez-vous des précisions à nous apporter sur le sujet?

Je profite de mon premier commentaire pour vous remercier pour votre indispensable blog.

21. Le dimanche 4 octobre 2009 à 23:24 par Gascogne

Eolas ; “mais de toutes façons, il n’y a rien de bien à la télé ce soir.”
Ah ben si, il y a les derniers épisodes de “Battlestar Galactica”.
J’ai beau être un affreux pragmatique du Parquet, j’adore la SF.
Désolé que cela n’ait pas grand chose à voir avec le billet, mais bon…Les goûts et les couleurs….

22. Le lundi 5 octobre 2009 à 01:13 par Flexable

Bonsoir
Bon documentaire, le parti-pris d’être avec les avocats de la sœur nous oblige un peu à être de son côté, mais c’est un parti-pris bien assumé, rien ne les forçait à une neutralité de toute façon impossible (pas encore vu l’entretien qui explique certainement ces choix).
Malgré tout, même question qu’en 16 et 20, je suppose que la différence “psychologique” doit être énorme entre la perpétuité sans conditionnelle et la peine de mort, mais je reste perplexe…
PS Ah ! Battlestar Galactica… grandiose…

23. Le lundi 5 octobre 2009 à 02:49 par Esurnir

Pas étonnant qu’il y ait autant d’exécution… Donner la parole a l’homme le plus assoifé de sang dans la salle en dernier… Quel horreur…

24. Le lundi 5 octobre 2009 à 02:54 par Esurnir

@Flexable: j’aurais eu de la peine de voir la petite sœur être acquitée. La petite sœur a la limite sa peine est sévère le maximum humainement possible pour moi. Elle aura des permissions et sera peut être capable de mener une vie peut etre correct en prison. Son père a réussis a violer de multiple fois malgré sa condamnation alors elle doit être capable de prendre l’air de temps a autre ou travailler.

Je reste quand même attrister par le sort de l’autre gosse. La peine de mort est inhumaine.

Eolas:
Pas de permission de sortie tant que le délai de parole n’est pas achevé. Elle ne remettra pas les pieds dehors avant ses 65 ans 

25. Le lundi 5 octobre 2009 à 04:29 par DT

On comprend, en visionnant ce documentaire, d’où vient l’admiration béate de maître Eolas pour le système judiciaire nord-américain. C’est que l’avocat occupe, aux Etats-Unis, une place extraordinairement importante, et sans commune mesure avec celle qu’il tient en France. Chez nous, l’avocat est plutôt un second rôle, et il n’est pas le bienvenu dans l’enquête, sur laquelle il n’a à peu près aucun pouvoir - alors que les avocats américains ont des enquêteurs à leur disposition et réunissent eux-mêmes les preuves qu’ils présenteront pour la défense de leur client.

Mais pour être admirable, ce système n’en est pas moins profondément barbare. Les circonstances atténuantes que les avocats s’échinent à mettre en avant (et c’est du lourd) ne servent quasiment à rien. Le juge est un épouvantable réac qui trouve le moyen, au passage, de donner son avis sur la dépénalisation de la marijuana, alors que ça n’a rien à voir avec la choucroute et qu’il y a un jeune homme qui est en train d’attendre la confirmation de sa condamnation à mort, laquelle lui est apparemment annoncée au milieu d’une flopée d’autres condamnations. Face à ça, on voit l’avocate se démener pour que la gamine qui sera condamnée puisse espérer sortir à soixante ans plutôt qu’à soixante-quinze, et d’ailleurs au final échouer puisque les peines ne seront pas confondues et que la gosse sera conditionnable au plus tôt vers ses soixante-cinq ans, si elle n’a pas crevé en taule avant (l’enfermement n’aide pas à la longévité).

Je serais à la place de cette avocate de la défense, je me serais pendu depuis longtemps. Elle a pourtant l’air de tenir le coup… ceci dit, le documentaire nous la montre assez souvent en train de prier, et il faut reconnaître que c’est sans doute la seule chose qui lui reste à faire si tous les cas dont elle s’occupe ressemblent à celui-ci (et si tous les juges et tous les jurés sont comme ceux qu’on voit agir ici).

Bref, les avocats ont bien plus de pouvoir aux Etats-Unis qu’en France mais… ça ne change rien et même c’est pire.

Eolas:
Toute admiration quand elle s’exprime est forcément béate. Je suis béat face aux États-Unis, européen béat. En France, seul la méfiance et le refus sont vus comme des vertus et des signes d’intelligence. On meurt aigri mais admiré. 

Mon estime pour les États-Unis n’a jamais rien eu de béate, elle l’est juste aux yeux de ceux que leur antiaméricanisme aveugle. C’est bien dommage, car il y avait des choses admirables à voir, au-delà de ce cas. Par exemple, l’avocat que je suis n’a pu que soupirer d’envie face à deux choses.

D’une part, le 5e amendement. Vous n’avez jamais entendu la voix de Beau, jamais le procureur ou le juge n’a pu lui poser la moindre question. Et aucun des deux ne s’en est offusqué. Aux États-Unis, le premier droit d’un accusé est de se taire, et ce droit, inscrit dans la Constitution (5e amendement), est accepté comme étant le plus naturel du monde. En France, un gardé à vue, mis en examen, prévenu ou accusé qui se tait et refuse de répondre devient immédiatement éminemment suspect, et le juge prendre ça comme un outrage personnel. La Garde à vue ne vise essentiellement qu’à briser les défenses psychologiques d’un suspect et à le faire parler, tout en maintenant son avocat au loin. Comme on dit dans le ressort de Boulogne Sur Mer : seuls les coupables n’avouent pas immédiatement. Avec comme résultat ces spectacles lamentables de présidents s’amusant, il n’y a pas d’autre mot, à enfoncer un prévenu avec ses déclarations, le duel intellectuel étant joué d’avance, les moyens étant disproportionnés.

Autre chose : à tout moment, le client et l’avocat discutent à voix basse. Au moment du plaid de culpabilité, on voit même l’avocate de Monique lui souffler tout ce qu’elle doit répondre, sans que nul ne s’en offusque. En France, tout avocat qui chuchoterait à son client se verrait immédiatement rabrouer par le juge. Que ce soit dans un cabinet de juge d’instruction ou à l’audience. D’ailleurs, tous les prétoires français sont dessinés de façon à éloigner l’avocat de son client. En cour d’assises, on doit de dévisser la tête pour parler à son client, pendant que lui doit se pencher en avant : tout le monde voit ce qui se passe. On a même un temps eu à la cour d’assises de paris et à la 10e chambre de la cour des cages en verre ne laissant qu’un interstice d’1cm à 1 m du sol, obligeant avocat et client à se prosterner tel des mandarins devant l’empereur pour se parler.
Aux États-Unis, l’avocat est assis à côté de son client et peut lui parler à tout moment, et son client peut lui poser une question. C’est normal, ça s’appelle l’exercice des droits de la défense.

Ne parlez pas de barbarie. De ce point de vue, les États-Unis sont bien plus civilisés que nous.

26. Le lundi 5 octobre 2009 à 04:57 par DT

Bon je rajoute encore un mot sur le style du docu… La méthode utilisée dans “un coupable idéal” fonctionne toujours mais entrecoupée maintenant, c’est la nouveauté, de longs plans nazes sur la ville qui ne rajoutent rien, mais donnent un petit air de série télé au documentaire (sans doute pour plaire à ce qu’on imagine être les goûts du téléspectateur moyen).

Je ne sais pas qui est le public visé par ces procédés… celui de la télé réalité peut-être? Des téléspectateurs dans le genre de cet Esurnir (en commentaire 24), qui n’a manifestement rien compris à ce qu’il a vu, au point de dire que l’accusée a été violée par son père, alors qu’il n’a été question, dans le documentaire, que du grand-père, de l’oncle et du beau-père.

Eolas:
Soyez aigri à l’envi, mais tâchez d’être poli.

27. Le lundi 5 octobre 2009 à 05:10 par Véronique

@ Esurnir

La petite sœur a la limite sa peine est sévère le maximum humainement possible pour moi.

Tout est totalement glaçant et vertigineux. Effrayant.

Un des moments les plus poignants et les plus terribles pour moi dans le documentaire, et Dieu sait s”il y en a, est quand Alzora Jackson (l’avocate de Monique) va devoir convaincre la jeune fille d’accepter de plaider coupable, et va devoir trouver les arguments et la façon de dire à une très jeune femme qu’il lui faut envisager de ne sortir de prison qu’à l’âge de 50 ou de 60 ans.

Suite à mon post adressé à Audrey je voudrais préciser que ce qui transforme brutalement la stratégie de défense des avocats de Monique c’est la rapidité avec laquelle le jury prononce la peine de mort à l’encontre de Beau. Les avocats n’ont plus alors que le choix dans leur défense de limiter les dégâts. Du reste, au retour d’Alzora su tribunal, quand celle ci dit à l’un de ses confrères qu’ils ont plaidé coupable, une avocate dit à Alzora qu’ils ont fait le bon choix: bonne défense est celle qui limite les dégâts. Mais Alzora a la rage.

Ps : à voir également sur le site d’Arte les scènes coupées. Parmi elles l’interview d’Alzora Jackson.

@ Flexable

Je pense qu’une neutralité dans le point de vue des films n’a pas été envisagée par les documentaristes.

Dans l’entretien ils précisent qu’ils ont vécu près de trois ans avec les avocats commis d’office et dans la maison qui fait office de bureau.

Par ailleurs ils précisent également que des liens très étroits se sont tissés avec les avocats de la défense, tandis que les avocats-procureurs de l’accusation observaient vis-à-vis des réalisateurs un comportement fait de distances et de réserves.

28. Le lundi 5 octobre 2009 à 07:41 par Ydhista Lévisoïtin

Bonjour à toutes et à tous,
Je ne pensais pas, en arrivant sur ce blog, avoir aussi un programme télé, merci d’indiquer ce genre de choses faciles à louper.

Quant au fond, il y aurait sans doute beaucoup de choses à dire, mais ma première impression reste que, comme avant le visionnage, je ne suis pas “fan” de ce système de plaider coupable.
Cela ne retire rien à la qualité du programme en général.

Bonne journée tout le monde.

29. Le lundi 5 octobre 2009 à 08:34 par Van der Waals

Plusieurs choses qui me turlupinent/m’interpellent :

  • Le power point au tribunal : c’est une chose qui se pratique aussi en France ? La scène où on voit l’avocat de Beau en train de citer les 3 raisons pour avoir de la clémence avec son slide tout moche où les 3 points sont alignés et écrit par une longue phase : mon dieu, ça m’a rappelé mes heures d’amphi où un truc pareil endormait l’assistance.
Eolas:
La question n’est pas “est-ce autorisé ?” mais : ” est-ce interdit ?” La réponse est : pourquoi cela le serait-il ?

  • A aucun moment on ne voit l’avocate de Monique lui demander si oui ou non elle s’est servie du poignard, et j’ai l’impression que ce n’est même pas son problème, ce qui s’est passé l’importe peu et ne rentre pas dans la ligne de défense (c’est frappant au moment où ils changent de tactique pour passer un accord alors qu’ils plaidaient innocents).
Eolas:
L’avocate de Monique ne doit surtout pas le savoir. Si sa cliente lui dit, elle ne peut plus plaider la non participation. En France, on considère que cette information serait couverte par le secret professionnel, et que l’avocat le trahirait en la laissant influer sa tactique de défense.

  • L’avocate de Monique met en avant les sévices sexuels subies par cette dernière, mais j’ai l’impression que ceux-ci n’ont jamais été prouvés (j’imagine que si ça avait été le cas on l’aurait retirée de sa famille). C’est courant comme pratique d’annoncer des choses non établies ?
Eolas:
Ils sont établis par le témoignage de Misty, la grande sœur, qui les a tous confirmé.

  • Personne du coté de l’accusation ne relève que la grande soeur qui a vécu dans le même environement que les deux n’a pas mal tourné et que donc l’excuse du passé familial ne tiens pas. (c’est sous entendu dans le reportage quand la grande soeur est interviewée par une journaliste).
Eolas:
C’est l’argument par lequel le procureur commence ses réquisitions : ne les laissez pas invoquer leur passé pour se défausser de leur responsabilité. Misty précise avoir été moins victime que ses deux jeunes frère et sœur.  

30. Le lundi 5 octobre 2009 à 09:37 par Véronique

@ Van der Waals

Le travail des avocats de Monique est d’éviter à tout prix une perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle. C’est leur seule obsession. Ce n’est pas la question de qui tient le poignard qui est déterminante. Les avocats sont conscients dès le départ que ce qui est essentiellement en jeu est d’obtenir que Monique ne finisse pas ses jours en prison. A partir du moment où Monique plaide coupable et accepte le deal , ce qui est débattu est essentiellement la confusion des peines.

Les incestes et les viols de Monique sont ressentis et vécus dans cette famille comme une sorte de normalité, comme le sont la prison, la drogue, le trafic de drogue, la violence pour régler les conflits. Qui dans ces conditions peut alerter ? Se plaint-on et alerte-on quand ces dévoiements apparaissent comme desévidences et comme allant de soi dès le plus jeune âge ?

Mitsy, la soeur aînée semble effectivement avoir pu échapper à tout cela. Mais Alzora Jackson dit dans le film que son travail consiste précisément à assister et à secourir ceux qui n’ont pas pu trouver en eux la force leur permettant de pouvoir faire face à de tels désastres saccages dans leur enfance. Ce n’est pas parce que Mitsy s’en sort que Monique et Beau pouvaient eux s’en sortir.

31. Le lundi 5 octobre 2009 à 10:12 par Petit pois sournois

@ DT (25)

Mais nous progressons ! Voir cette déclaration du Garde des Sceaux à l’assemblée générale du Conseil national des barreaux : “Là où est la société est le droit. Là où est le droit est l’avocat” .

Et les évolutions passées et à venir de la procédure d’une part, des diverses professions juridiques et judiciaires d’autre part, le démontreraient s’il en était besoin.

32. Le lundi 5 octobre 2009 à 10:35 par drôle de zigue

“C’est vrai que le choix du doublage en français est très surprenant comme choix de la part d’Arte.”
C’est assez systématique chez Arte. On m’a expliqué (sans me convaincre vraiment) que c’était à cause des problèmes posés par le double sous-titrage — allemand d’un côté, français de l’autre.

33. Le lundi 5 octobre 2009 à 10:41 par lapocompris

Comme vous n’avez pas posté de billet relatif aux deux premières épisodes, je voudrais poser ici ma question :
Que pensez-vous de la déposition des enfants, notamment celle de la propre fille de Gladys ?
J’ai finalement un doute sur le rôle de Gladys tel que décrit par l’avocat de son mari. Comme le reportage était centré sur elle et ne montre que sa version des faits, on ne peut en savoir davantage…

34. Le lundi 5 octobre 2009 à 10:59 par DM

@Eolas: Êtes-vous sûr que ce soient des avocats commis d’office, au sens français du terme ? Si je ne m’abuse, dans l’État du Nevada, le “public defender”, qui défend les indigents dans les procès criminels, peut aussi bien contracter avec des avocats privés qu’employer des avocats salariés, qui sont alors des agents non titulaires de l’État du Nevada (unclassified civil service - c-à-d qu’ils n’ont pas la sécurité de l’emploi).
http://law.justia.com/nevada/codes/…

Eolas:
Je n’ai jamais dit que c’était des avocats commis d’office au sens français du terme. Et je crois qu’on parle de special defenders au Nevada.

35. Le lundi 5 octobre 2009 à 11:43 par vosdroits

Notification en francais des droits au Royaume Uni lors d’une detention par la police.. On fait ecouter cela aux personnes en garde a vue francophones au Royaume-Uni.

C’est assez complet! version ecrite.

36. Le lundi 5 octobre 2009 à 12:28 par Papi ensoleillé

… et justice à Paris

37. Le lundi 5 octobre 2009 à 14:28 par Holmes

Crime et compromis.

“Travellings en hélico survolant nuitamment…” Quel est le nom du film ?.. L’histoire se passe…

Copier-coller ou simple colée donnée du plat de l’épée ?

38. Le lundi 5 octobre 2009 à 15:30 par Switz

@ Van der Waals (#29)

Je n’ai pas encore vu l’émission, donc je suis bien incapable de confirmer vos impressions au sujet de la plaidoirie de cet avocat, mais au hasard de pérégrinations sur le net, j’avais lu un papier écrit par un avocat américain spécialisé dans la peine capitale, qui détaillait quelques griefs personnels contre ses confrères, et leur manque de compétences professionnelles dans ce type de procédures. Le bonhomme expliquait que les procès où la peine ultime était envisagée comme possibilité - il faut que le ministère public annonce à l’avance qu’il va requérir la mort - avaient des spécificités souvent méconnues des avocats habitués aux procédures plus communes.

En particulier, beaucoup d’avocats semblent méconnaître le très fort enjeu attaché à la présentation bien argumentée de circonstances atténuantes, lorsqu’il est question de vie et de mort, et lorsqu’il s’agit d’arbitrer entre peine capitale et perpétuité. Ils consacrent peu de temps à l’enquête sur la biographie de l’accusé, et n’apportent pas d’éléments factuels à l’audience (enquête de voisinage dans le passé pour montrer la passionnante existence de l’accusé, archives des services de protection de l’enfance etc…), et n’arrivent pas à faire autrement que d’essayer de forcer l’empathie et la clémence des jurés par leurs seules paroles, sans les appuyer sur des faits.

Enfin, à propos de votre remarque sur la grande soeur qui a réussi à s’arracher aux déterminismes familiaux, ce qui invaliderait l’argumentation de la défense pour épargner la seringue à leur client, je crois que le problème doit être posé différemment. D’après ce que j’ai compris du droit US, la mise en évidence d’une seule circonstance atténuante permet d’éviter la peine capitale. Cela ne décharge pas l’accusé du poids de ses responsabilités (il sera condamné à perpét de toutes façons). Cependant, sous l’angle de la loi, on considère qu’il n’appartient pas au nombre de ceux qui méritent de se voir appliquer la peine ultime, car il n’existe aucun argument recevable pour expliquer le cheminement qui a conduit au crime et tenter de retrouver une part résiduelle de sens dans l’acte, aussi odieux qu’il puisse être. Suivant cette idée, le couloir de la mort ne devrait alors accueillir que les pires des pires des pires criminels (est-ce le cas dans effectivement? c’est un autre débat).

39. Le lundi 5 octobre 2009 à 15:48 par charrue

“C’est deux fois 52 minutes, mais de toutes façons, il n’y a rien de bien à la télé ce soir.”
Très mal dit. Il eût été préférable d’exprimer votre idée par ces termes: le documentaire est composé de deux épisodes, de 52 minutes chacun.
Merci

40. Le lundi 5 octobre 2009 à 15:54 par Remy

Je ne sais pas si cette question déflore une partie du suspense mais tant pis :

A quoi sert, à la fin de la deuxième partie du documentaire, la plaidoirie de l’avocate puisque le président semble avoir déjà pris sa décision (calculs du nombre de mois à ajouter ou retrancher déjà fait, annonce suivant immédiatement l’intervention de la défense, à moins que ça ne soit un effet de montage) ?

Eolas:
Je ne pense pas. Le juge avait déjà pris sa décision, en anticipant les arguments de la défense, largement exposés dans le procès de Beau. Lazora Jackson le réalise très vite et est à un cheveu du contempt of Court quand elle manifeste son agacement (46’37” de la vidéo sur Arte).

41. Le lundi 5 octobre 2009 à 16:22 par Véronique

@ Remy

Il me semble que la plaidoirie finale de l’avocate est l’exposé oral d’un mémoire adressé avant l’audience au juge et au ministère public. Du moins, le représentant du ministère public dans sa réponse pour contrer l’avocate fait référence à un mémoire rédigée par Alzora Jackson. Je suis à peu près certaine qu’il répond à la plaidoirie avec ce document entre les mains.

42. Le lundi 5 octobre 2009 à 16:41 par Véronique

@ Switz

Il me semble quand même que les avocats de Beau ont appuyé leur présention des circonstances atténuantes en insistant sur l’ensemble des éléments qui faisait de l’environnement familial un désastre pour un enfant:

par exemple, Beau enfant était calmé par sa mère avec de la marijuana, il assistait avec Monique à des scènes de violence sanglante quand ses parents voulaient régler leurs différents avec les clients auxquels ils vendaient de la drogue.

je pense que leur souci était ne pas faire du pathos et d’être concis dans leur présentation.

Peut- être ont-ils été trop secs et/ou trop brefs. Peut-être.

Mais il faut considérer que nous n’avons vu qu’une petite partie de leur plaidoirie. L’angle premier et l’enjeu principal du documentaire étaient la peine qui serait infligée à Monique.

43. Le lundi 5 octobre 2009 à 16:57 par Switz

@véronique

Sans doute, mais je n’ai pas encore vu le documentaire pour en juger. Je tentais juste de préciser de manière générale ce que j’ai pu comprendre de la procédure, et peut-être rappelais qu’il est ici question de droit plutôt que de compassion. Maintenant, il me semble que le “droit capital” américain offre une complexité probablement égale à la théologie byzantine, la bulle d’or, la loi salique et la pragmatique sanction tout ensemble réunies. Il suffit de voir l’énumération ahurissante des circonstances atténuantes proposées à la délibération des jurés dans le cas Zacarias Moussaoui pour s’en convaincre.

44. Le lundi 5 octobre 2009 à 17:08 par Remy

@Veronique merci beaucoup pour le coup de main. Je ne comprends toujours pas pourquoi cet exposé oral est si important aux yeux de la défense (qui semble très reconnaissante lorsque le président lui accorde une heure et fébrile dans la préparation de cette intervention) si les jeux sont déjà faits au moment de cette prise de parole.

La digression du président (je ne sais pas si j’emploie le terme exact) sur son opinion personnelle quant à la légalisation de la marijuana fait froid dans le dos car elle relève d’une autre époque et dévoile un homme engoncé dans des certitudes caricaturales. Troublant.

45. Le lundi 5 octobre 2009 à 17:27 par DT

à Remy: ce ne serait pas la première fois qu’un juge laisse parler un avocat alors que sa décision est déjà prise, et qu’il n’entend pas la modifier. La fébrilité de l’avocate s’explique à mon avis par l’enjeu (elle a conseillé de plaider coupable, elle espère que ça ne va pas aller dans le mur) mais il est certain qu’elle a déjà remis un mémoire au tribunal et au procureur, et qu’elle ne fait là qu’une ultime présentation de ses arguments.

46. Le lundi 5 octobre 2009 à 17:55 par Remy

@ tous : merci pour votre aide et vos réponses. Je reste surpris.

47. Le lundi 5 octobre 2009 à 18:57 par Sub lege libertas

@ Switz n° 43 Le Lundi 5 octobre 2009 à 16:57 qui écrivit :

Maintenant, il me semble que le “droit capital” américain offre une complexité probablement égale à la théologie byzantine, la bulle d’or, la loi salique et la pragmatique sanction tout ensemble réunies.

Je disconviens respectueusement comme dit le Maître vénéré des lieux :

- la théologie byzantine - s’il s’agit de désigner celle de l’église orthodoxe d’après le grand schisme de 1053, car auparavant Byzance est aussi notre mère l’église universelle, ne mérite pas l’indignité d’être réduite à la fameuse discussion sur le sexe des anges qui, paraît -il, avait cours à Constantinople lors de sa chute en 1453, faisant des ottomans pour un certain temps des européens.

- la Bulle d’or scelle le texte du 10 janvier 1356, donné à Nuremberg par l’Empereur Charles IV pour fixer de façon précise les règles de l’élection à la dignité impériale et d’organisation de l’Empire, texte qui ne confine en rien à l’obscurité, n’en déplaise à la papauté qui perdit ainsi beaucoup dans la querelle césaro-papiste… C’est d’ailleurs a proprement parler un des premiers textes scellant une véritable organisation europénne. Un peu mittel-europa, je concède… mais jusqu’en 1806 et à cause de notre Napoléon n°1 qui suspendit l’Empire, celui-ci fonctionna très bien sur ce texte (alors l’UE, cela reste de l’enfantillage)

- la loi salique était un code très respectable pour les francs de l’époque de Clovis, et ne peut être caricaturée par le détournement qu’en fit Philippe de Valois, n°6 de France pour justifier de priver en 1328 Edouard n°3 d’Angleterre de la couronne française qu’il ambitionnait par sa mère née soeur de Roi de france.

- la Pragmatique sanction  ? C’est pour le coup vous qui restez imprécis car toutes sont claires et il faut choisir :

  • la Pragmatique Sanction de Bourges (1438) qui fait de Charles VII le gardien de l’Eglise de Fance et fonde le gallicanisme ;
  • la Pragmatique Sanction de Charles Quint (1549) qui autonomise les Pays Bas “dits alors espagnols” du reste des terres d’Empire et de la couronne espagnole ouvrant la voie vers l’affirmation des nations hollandaises et belges ;
  • la Pragmatique Sanction de l’empereur Charles VI d’Autriche (1713) qui déclencha la guerre de Succession d’Autriche pour permettre à Marie-Thérèse d’être la souveraine d’Autriche la plus exceptionnelle et une grand mère de l’Europe avant Victoria…;
  • la Pragmatique Sanction (1713) de Philippe V d’Espagne qui imposa l’exclusion des femmes sur le trône d’Espagne, jusqu’au décret de 1830, pour copier la soi-disante Loi salique française que Philippe n° 5 d’Espagne ne voulait ignorer étant né Philippe d’Anjou et puîné du Grand Dauphin fils de Louis n°14  ;
  • la Pragmatique Sanction (1767) de Charles III d’Espagne qui dissout la Compagnie de Jésus en Espagne ;
  • la Pragmatique Sanction (1789) de Charles IV d’Espagne qui annulait l’exclusion des femmes sur le trône et la loi salique, mais qui fut gardée secrète jusqu’à sa publication en 1832 par Ferdinand VII.

Bon. Alors, je ne vois guère de raison au discrédit porté à ses textes vénérables pour moquer le droit américain si jeune en regard !

D’accord je sors !

48. Le lundi 5 octobre 2009 à 19:14 par Yan

Très bon documentaire, merci pour l’info.

J’aimerai moi aussi obtenir des éclaircissements sur le fait qu’un condamné à mort n’est exécuté que s’il en formule la demande : en l’état de cette affirmation je ne vois pas la différence avec une peine de réclusion à perpétuité sans possibilité de remise en liberté.

49. Le lundi 5 octobre 2009 à 19:40 par Joel

Hors sujet, desole : cher Maitre (et chers collocs), à quand un billet sur l’affaire Clearstream? C’est quand même de l‘“actualite juridique”, et j’ai du mal a croire que ça ne vous intéresse pas
du tout. J’ai l’impression que la presse (le Monde au moins) confond un peu “être pas gentil avec ses petits camarades” et “être complice d’une dénonciation calomnieuse”, et un peu de clarification juridique serait bienvenue.

50. Le lundi 5 octobre 2009 à 19:44 par Véronique

@ Remy (post 44)

J’ai compris les choses les ainsi.

Le principe de la plaidoirie finale est déterminant dans la mesure où l’avocate pense jusqu’au dernier moment pouvoir obtenir une confusion de peine. C’est son objectif depuis qu’elle a très fortement conseillé à Monique de plaider coupable suite à la condamnation à mort de Beau.

L’arrangement entre le ministère public et la défense porte sur le fait que la perpétuité réelle est écartée.

La première audience consiste à dire pour Monique qu’elle reconnaît les faits et qu’elle plaide coupable.

La position du ministère public est de demander au juge une confusion des peines.

L’avocate demande une audience supplémentaire pour exposer les éléments qui selon elle permettrait à Monique d’échapper à une confusion des peines. Le juge accorde cette audience mais refuse d’y entendre des témoins car la loi autorise une communication ultime d’éléments, elle n’autorise pas l’audition de témoins. Seul le juge peut décider d’entendre des témoins. Il s’y refuse.

Cette audience finale est la dernière cartouche pour l’avocate pour tenter d’obtenir une absence de confusion des peines.

Quant à la digression du juge, mon hypothèse est que le magistrat veut dire qu’il a compris la tragédie qui s’est nouée au moment des crimes est aussi une tragédie pour Beau et pour Monique aux enfances dévastées.

Beau condamné à mort, Monique complice très active - c’est elle qui parvient à faire sortir les petites filles de la caravane, alors que Beau a échoué -, le mouvement implacable de la balance ne pouvait pas épargner Monique seule.

@ Switz (post 43)

Il est indéniable que l’impression qui reste est que Monique est très enveloppée, au plus près par ses avocats, alors que Beau terriblement semble seul et isolé. Mais je pense que cette impression est probablement due au fait que le sujet du procès est Monique, et comment la condamnation à mort de son frère bouleverse la stratégie initialement prévue par la défense.

51. Le lundi 5 octobre 2009 à 19:48 par Véronique

Je corrige.

Cette audience finale est la dernière cartouche pour l’avocate pour tenter d’obtenir une confusion des peines.

52. Le lundi 5 octobre 2009 à 20:15 par ceriselibertaire

Un coupable ideal est un film de Jean-Xaxier de Lestrade, Oscar du meilleur
long métrage documentaire en 2002. JX de Lestrades est encore au générique de Justice Las Vegas en tant que producteur.

53. Le lundi 5 octobre 2009 à 20:29 par marsan

Sub lege libertas mais où est-ce que vous allez chercher tout ça ? votre connaissance de l’histoire est impressionnante.

Sur le sujet, c’est très instructif sur un mode de fonctionnement qui n’est pas le notre.
La machinerie pénale étasunienne est beaucoup plus dans la réalité du présent - notre procédure pénale, notamment la procédure criminelle, me semble tout d’un coup d’un autre age - et pourtant ces hommes et ces femmes qui font ce reportage ressemblent tant à ceux que l’on voit dans nos tribunaux dans un autre décor -

54. Le lundi 5 octobre 2009 à 21:35 par Remy

@ Veronique Merci, sincèrement, de prendre le temps de m’expliquer tout ceci. Je crois avoir saisi l’essentiel mais j’ai surtout été surpris par cette immédiateté “procédurale” qui fait que, concrètement, le juge n’a pas le temps de digérer ce qu’il vient d’entendre, ne serait-ce que quelques minutes comme en comparutions immédiates ici-bas, en France.

Quant à la réaction dudit juge mouais. Je trouve plus honnête l’analyse de l’avocate qui voit dans ce drame une faillite du système.

55. Le lundi 5 octobre 2009 à 22:09 par Holmes

@ Joël n° 49…
Dans l‘“Apologie de Socrate”, dès le début, il y a une mise en garde. Socrate annonce qu’il n’a pas l’intention de faire venir sa femme et ses enfants pour apitoyer les juges… il annonce que ses propres discours sont faits sans art, avec des mots simples….

56. Le lundi 5 octobre 2009 à 22:29 par az

Avec des circonstances atténuantes, pour un crime commis à 16 ans, vous pouvez espérez sortir à 47 ans……..
Documentaire à ne pas conseiller à ceux qui hurlent au loup à la moindre récidive d’un condamné ayant purgé sa peine, ça pourrait leur donner des idées……

J’admire la foi de l”avocate en son métier : elle se bat parce que sortir à 65 ans ou 80 ans, la différence est énorme (elle a 20 ans, était mineure au moment des faits). Comment un être humain peut-il vivre avec ça comme perspective?

57. Le lundi 5 octobre 2009 à 23:35 par Shylock

Rien à la télé ? Si, y’avait bien Sabine Herold chez Calvi. C’est pas tous les jours qu’on donne la parole aux libéraux dans les médias français

58. Le lundi 5 octobre 2009 à 23:35 par Shylock

Rien à la télé ? Si, y’avait bien Sabine Herold chez Calvi. C’est pas tous les jours qu’on donne la parole aux libéraux dans les médias français

59. Le lundi 5 octobre 2009 à 23:50 par Yan

@Remy en 54 (croiseur touché)

“Quant à la réaction dudit juge mouais. Je trouve plus honnête l’analyse de l’avocate qui voit dans ce drame une faillite du système.”

Le juge n’est pas la pour juger le système mais l’individu. Il se borne à appliquer les lois. Je suis assez d’accord pour dire que cette situation symbolise une faillite du système, néanmoins c’est aussi une méthode de défense classique, et assez basique : c’est pas lui, c’est le système.

Le système ne veut rien dire, il n’existe pas en tant qu’entité. C’est l’individu qui a mis le couteau dans le visage de la gamine.

Je veux, au soutien de ce que j’avance, prendre pour exemple la remarque de l’avocate qui dit : “c’est de la faute de leur mère, elle mériterait des claques tous les jours de sa vie”. Ok, très bien, sa mère est peut-être responsable. Mais dès lors, qui est responsable pour le comportement de ladite mère? Sa propre-mère? etc.

On en finit plus.

D’où le principe en droit français de la personnalité de la responsabilité pénale.

Tout ça pour dire qu’à mon sens, la plaidoirie de l’avocate consistant à incriminer le système n’est pas “plus honnête” qu’une autre, simplement plus professionnelle : elle défend par tous moyens.

60. Le mardi 6 octobre 2009 à 00:20 par rutrapio

Maître, s’il vous plait…
http://www.dailymotion.com/video/xa…

Expliquez lui…
Etant étudiant en droit, je grince des dents à chaque phrase… mon Dieu… Expliquez lui.
Je vous remercie

(Je suis désolé de venir montrer cela ici, mais je pense que cela pourrait faire un bon billet pour les mekeskidi non?)

61. Le mardi 6 octobre 2009 à 01:46 par Nikki

@ Yan en 59
Ok, très bien, sa mère est peut-être responsable. Mais dès lors, qui est responsable pour le comportement de ladite mère? Sa propre-mère? etc.
Le principe de causalité vous sera très bien exposé par monsieur Laplace. Effectivement, on en finit plus mais c’est comme ça.

Bon, j’ai regardé tout ça… Franchement, entre sortir potentiellement de prison à 65 ans ou avoir le choix de mourir quand je veux… Le choix est assez vite fait. Je sais pas pour vous..

62. Le mardi 6 octobre 2009 à 02:28 par Nikki

Monsieur Laplace ce fin pénaliste.

63. Le mardi 6 octobre 2009 à 02:45 par Remy

@ Yann en 59 (deux coups dans l’eau ?) Je veux dire que cette analyse de l’avocate qui est en effet bateau (décidément) me semble plus honnête intellectuellement que celle du juge. Mais ce n’est pas l’opinion de cet homme sur la nature des maux de ce monde qui me choque.

Ce qui me choque, c’est qu’il choisisse ce moment pour s’offrir une digression. Alors que la coupable attend de savoir si elle sortira peut-être de prison à 58 ou à 85 ans, et on peut concevoir que cette attente peut être stressante, ce type se permet de s’écouter disserter à voix haute sur ceux qui voudraient légaliser le cannabis (les hippies dirait Cartman). Il sort à ce moment complètement du dossier pour aller se promener dans ses petites opinions politiques. Alors qu’elle est debout, face à lui, et attend de savoir si elle a une petite chance de ne pas mourir en prison. C’est vraiment mal venu. Non pas l’analyse, mais l’attitude. Au-delà de tout principe de droit.

64. Le mardi 6 octobre 2009 à 03:14 par Joel

@Holmes en 55: Très juste. Ce DDV m’est vraiment très antipathique.
Sa défense médiatique est minable. Mais ça ne veut pas dire qu’il est coupable.

65. Le mardi 6 octobre 2009 à 03:14 par Joel

@Holmes en 55: Très juste. Ce DDV m’est vraiment très antipathique.
Sa défense médiatique est minable. Mais ça ne veut pas dire qu’il est coupable.

66. Le mardi 6 octobre 2009 à 04:01 par Yan

Le fond de ma pensée, c’est que l’accusée est totalement dépassée par ce qui lui arrive. Qui ne le serait pas? (cf. Mon prof de droit constit’ aux assises…) Mais elle n’est pas juriste, elle a 20 ans, elle n’a probablement pas fréquentée l’école bien longtemps vu le rappel des faits… bref, à mon avis elle ne l’a même pas entendue, la digression du juge.

A mon avis elle ne réalise pas la différence entre 58 ou 85 ans, d’ailleurs dénuée de sens (cf. défense chewbaca).

Et le juge, qui voit des cas similaires défiler à raison de dix par jours, profite alors de la caméra pour se payer un coup de gueule / pub. C’est mon sentiment. Je veux dire, on pourrait croire que c’est un monstre froid, mais il se borne à homologuer l’accord passé entre le procureur et les avocats : il n’a pas de réelle marge de manœuvre, et n’a finalement rien fait. Il se paie donc son petit commentaire en revanche.

En outre, tous les pénalistes que je côtoie sont désensibilisés aux affaires de mœurs.

67. Le mardi 6 octobre 2009 à 04:10 par Yan

Tiens j’ai oublié de conclure mon post, fatigué.

En conclusion : l’attitude du juge ne choque que l’observateur à mon humble avis. L’accusée est au-delà d’être choquée.

68. Le mardi 6 octobre 2009 à 06:41 par Véronique

@ Remy

Croyez bien que je me contente juste d’exprimer ma lecture du documentaire. Pour bien en saisir et bien en expliquer les difficultés et subtilités il faudrait maîtriser beaucoup plus que je ne le maîtrise l’esprit du droit et du système judiciaire américains, plus particulièrement le droit du Nevada.

mais j’ai surtout été surpris par cette immédiateté “procédurale” qui fait que, concrètement, le juge n’a pas le temps de digérer ce qu’il vient d’entendre, ne serait-ce que quelques minutes comme en comparutions immédiates ici-bas, en France. (votre post)

Comme je vous l’ai dit, je pense que l’audience finale n’est qu’une formalité, au sens juste du terme. L’essentiel de l’argumentation d’Alzora a été communiqué par écrit au juge avant l’audience. Son jugement est dès lors établi avant que ne débute l’audience.

Je rejoins Yan.

En réalité qui peut dans cette audience prendre l’exacte mesure des années de prison qui attendent Monique ?

Cette très jeune femme ne peut espérer sortir de prison qu’à 80 ou 85 ans. Enfin, c’est à peu près cela - on finit par ne plus savoir ou par ne plus vouloir savoir exactement. Les 15 ans d’écart qui justifient la plaidoirie d’Alzora sont à ce compte un enjeu énorme pour la jeune fille.

Ce que je trouve de très intéressant dans ce documentaire c’est l’idée que le système judiciaire américain, plus précisément le plaider coupable, concentre les choses essentiellement sur la peine. La manifestation de la vérité qui est au coeur du système français devient dans cette configuation très, très secondaire.

Au fond qui se soucie réellement de savoir ce qui s’est passé au cours de cette soirée tragique et si pleine de tant de et de si terribles dévastations ?

Avez-vous observé que la jeune Sabrina – la jeune fille qui a fourni les couteaux et était dans la voiture au moment des crimes - vient tranquillement témoigner ? Sabrina semble avoir échappé à toute poursuite.

L’écart inouï entre le destin de Sabrina et ceux de Monique et de Beau me semblent participer de ce même impensable qui consiste à condamner en un quart d’heure ou presque un jeune homme d’a peu près 22 ans et une jeune fille de 20 ans à peu près 60 ans de prison.

Pour finir, j’ai beaucoup d’interrogations au sujet de cette très étrange disposition qui dit qu’au Nevada un condamné à mort n’est exécuté que s’il en fait la demande.

Quelqu’un peut-il expliquer ?

69. Le mardi 6 octobre 2009 à 07:43 par Véronique

Je viens de regarder à nouveau la fin du documentaire.

Par souci d’exactitude:

Monique ne pourra demander une libération conditionnelle que quand elle aura atteint l’âge de 65-67 ans. Pour les deux ans d’écart, Alzora dit à une de ses collègues ne plus savoir exactement.

70. Le mardi 6 octobre 2009 à 07:50 par Ydhista Lévisoïtin

Bonjour à toutes et à tous,

@ Véronique,
Bonjour Véronique,

Ce que je trouve de très intéressant dans ce documentaire c’est l’idée que le système judiciaire américain, plus précisément le plaider coupable, concentre les choses essentiellement sur la peine. La manifestation de la vérité qui est au coeur du système français devient dans cette configuation très, très secondaire

Là je vous rejoins totalement et c’est l’une des raisons principales pour laquelle je ne suis pas très “fan” du plaider coupable.
On peut penser que cette méthode si elle a l’avantage d’accélérer les choses et de, parfois, minimiser les conséquences d’un acte, ne permet pas tout à fait la recherche des véritables auteurs.
Je pense que dans bien des cas, une personne se sentant coincée, acculée par le système peut choisir ce système de défense pour s’en sortir et en “limitant la casse”. Dès lors, on ne discute plus que des conséquences judiciaires et on sent bien que l’enquête s’arrête là.
Qu’en est-il de coauteurs ou de complices cachés? On ne le saura sans doute jamais.(sans parler spécifiquement de l’affaire du programme)

Fondamentalement, je ne suis pas certaine que ce système réponde à l’action de la justice, ou alors, on accepte le fait que son seul but est de faire cesser le trouble à l’ordre public causé par des faits. C’est peut-être pénalement acceptable, mais philosophiquement, il me semble que cela l’est moins.

Bonne journée tout le monde.

71. Le mardi 6 octobre 2009 à 09:32 par Véronique

@ Ydhista Lévisoïtin

ou alors, on accepte le fait que son seul but est de faire cesser le trouble à l’ordre public causé par des faits. C’est peut-être pénalement acceptable, mais philosophiquement, il me semble que cela l’est moins.

Oui. Mais même d’un point de vue que pénal, j’imagine mal en France un trouble à l’ordre public ressenti comme réparé si par en référence au film, pour obtenir une peine d’élimination comme celle qui concerne respectivement Beau et Monique, le deal conduit à devoir par exemple ignorer la responsabilité de la jeune Sabrina dans les faits commis.

Je pense qu’un trouble ou plus exactement une déchirure provoquée à l’ordre public ne peut être réellement réparée que si un procès dit clairement à la société la réalité de ce qui s’est passé. Pour une victime ou ses proches savoir ce qui s’est réellement passé contribue à l’apaisement. Je pense qu’il en est de même pour la société.

Les non dits, les vérités planquées, négociées - comme l’implication même secondaire de Sabrina - ne sont pas créatrices de paisibilité ou de paix publique.

Juste une chose que j’ai du mal à comprendre.

Beau également plaide coupable. Doit-on comprendre que s’il y a un jury et un procès c’est en raison de l’impossibilité pour ses avocats et pour le ministère public de trouver un terrain d’entente pour la peine ?

72. Le mardi 6 octobre 2009 à 10:19 par msp

Très impressionnant.
Merci pour le billet et les liens.

73. Le mardi 6 octobre 2009 à 10:29 par isabelle

je vous prie de m’excuser d’avance pour ce hors sujet : Maître EOLAs, VITE DES BILLETS SUR LES DLF CAR BIENTÖT LE GRAND O !!!!!!!!!!!!

74. Le mardi 6 octobre 2009 à 10:36 par Van der Waals

@ Eolas en réponse à #29

Je reforlume ma question qui ne portait pas vraiment sur la permission : au jour d’aujourd’hui c’est monnaie courrante ou plutôt rare en France les fameuses PAPP ?

75. Le mardi 6 octobre 2009 à 11:01 par Tendance

Voici un chiffre qui donne à réfléchir:

There are at least 2,225 child offenders serving life without parole (LWOP) sentences in U.S. prisons for crimes committed before they were age 18.

Donc, aux Etats-Unis, au moins 2225 condamnations à la perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle pour des crimes commis par des mineurs.

http://www.amnestyusa.org/us-human-…

76. Le mardi 6 octobre 2009 à 11:15 par Tendance

Et en ce qui concerne le Nevada, une telle condamnation peut intervenir pour des faits commis dès l’âge de 8 ans:

http://www.amnestyusa.org/us-human-…

77. Le mardi 6 octobre 2009 à 13:01 par margot

Je suis assez étonné sur un point. L’avocat général prend systématiquement la parole après l’avocat de la défense. Alors, qu’en France, c’est le contraire. Est-ce un effet de montage ou la l’organisation du droit américain est ainsi ? Si c’est le cas, à chaque fois on ne peut s’empêcher de penser que cela joue un rôle énorme. Comment, en effet, ne pas être influencé par cet avocat général qui perce sa feuille de papier avec le couteau et, de fait, complètement oublier la plaidoirie de la défense. De même, à la dernière audience, c’est encore une fois lui qui clôt les débats. Cela joue t’il un rôle dans les délibérations du jury ?

78. Le mardi 6 octobre 2009 à 13:06 par Remy

@Veronique Comme je vous l’ai dit, je pense que l’audience finale n’est qu’une formalité, au sens juste du terme. L’essentiel de l’argumentation d’Alzora a été communiqué par écrit au juge avant l’audience. Son jugement est dès lors établi avant que ne débute l’audience.

Alors le droit de plaider une heure que l’avocate a arraché au juge quelques semaines auparavant ne sert à rien. On tourne en rond.

Concernant votre remarque suivante, je vous conseille vivement le documentaire précédent (le choix de Gladys) dans lequel justement le procureur ne sait pas au début de la procédure si une jeune fille (on ne peut même pas dire suspecte ou accusée à ce moment là) va être entendue comme témoin ou s’il va demander perpétuité contre elle. Pour le coup je ne déflorerai pas le suspense.

@Yan En outre, tous les pénalistes que je côtoie sont désensibilisés aux affaires de mœurs.

Je m’interdis d’imaginer que vous puissiez avoir raison. Si mon médecin me considère comme une machine ou mon avocat comme une procédure ils rateront l’essentiel et s’occuperont mal de moi. L’humain reste au centre, au-delà de l’horreur des actes, de la banalité de cette horreur pour certains ou de la technicité des procédures. Je crois que c’est justement ce que le réalisateur de ces films essaie de montrer, bien plus que de faire oeuvre de pédagogie sur la nature du système juridique US.

79. Le mardi 6 octobre 2009 à 14:18 par Véronique

@ Remy

Sauf lecture erronée de ma part je ne pense pas qu’Alzora Jackson ait obtenu le droit de plaider une heure. Du moins pas dans ces termes. Alzora à été autorisée par le juge à lui communiquer des éléments susceptibles de servir la défense de Monique.

Alzora va donc écrire un mémoire avec comme épine dorsale les viols et les incestes subis par Monique sans aucun secours pendant son enfance. Peut-être que là Alzora a trop privilégié ce seul aspect de l’histoire de Monique au détriment d’autres éléments, comme celui de l’environnement familier de drogues et de trafics de drogue dès la toute petite enfance de Monique.

J’ai compris l’audience finale comme une sorte de séance de soutenance de mémoire. Ce qui était de nature à faire infléchir le juge était le document qu’il a eu à étudier avant l’audience. Selon moi c’est dans son mémoire qu’Alzora n’a pas réussi à convaincre le juge.

En même temps si j’ai bien saisi la philosophie du plaider coupable, le juge ne peut pas autoriser des moyens de défense identiques à ceux qui sont utilisés dans un procès en tant que tel.

Qu’on le veuille ou non une négociation a eu lieu entre le ministère public et les avocats de la défense. Le juge se doit de respecter les termes de l’accord.

Je ne cherche pas à défendre la décision du juge, j’essaie de comprendre comment les choses se passent à partir du moment où Monique accepte de plaider coupable et accepte l’offre générale de la proposition du procureur.

J’ai regardé Le choix de Gladys. Mais si mes souvenirs sont bons nous ne sommes pas dans une configuration de plaider coupable. Le gros souci de Tim (l’avocat de Gladys) est de surtout protéger sa cliente contre… elle-même, inconsciente qu’elle est du ravage provoqué sur le jury par son obstination à vouloir épargner son ami, et son impossibilité à savoir et à pouvoir se détacher de son emprise.

80. Le mardi 6 octobre 2009 à 14:30 par Alain

“Ce que je trouve de très intéressant dans ce documentaire c’est l’idée que le système judiciaire américain, plus précisément le plaider coupable, concentre les choses essentiellement sur la peine. La manifestation de la vérité qui est au coeur du système français devient dans cette configuation très, très secondaire”

Dans le plaider-coupable à l’américaine, le compte rendu et la reconnaissance des faits par l’inculpé sont un élément essentiel, exigé par les procureur. Le plaider coupable permet souvent que la vérité soit faite dans des cas où les faits n’ont pas été clairement élucidés par la justice.

81. Le mardi 6 octobre 2009 à 14:49 par Véronique

@ Alain

Reste à savoir si la reconnaissance des faits par l’accusé est un élément indiscutable et suffisant pour établir la vérité.

Comme le souligne Ydhista Lévisoïtin (post 79)

dans bien des cas, une personne se sentant coincée, acculée par le système peut choisir ce système de défense pour s’en sortir et en “limitant la casse”. Dès lors, on ne discute plus que des conséquences judiciaires et on sent bien que l’enquête s’arrête là.

Je ne dis pas que la culpabilité de Monique est douteuse. Elle est coupable. Mais nous voyons bien que la seule alternative raisonnable de ses avocats est d’accepter le plaider-coupable. Avec comme unique raison d’être ceui de limiter la casse.

Par ailleurs, par exemple, qu’est-ce qui a été négocié avec Sabrina pour que celle-ci échappe à la justice ?

82. Le mardi 6 octobre 2009 à 18:07 par Nom ou pseudo

Excellent documentaire.

J’ajoute, aux commentaires 23 et 77, cette question de procédure :

  • Est-ce une règle au Nevada, dans d’autres états, ou autre part de faire parler l’attorney general en dernier ? Est-ce lié à une spécificité du procès filmé ?

83. Le mardi 6 octobre 2009 à 18:08 par OlivierJ

Je cherche depuis un petit bout de temps à sauver la vidéo (je préfère la regarder dans mon canapé plutôt que devant mon ordinateur), mais je n’arrive pas à le faire, alors qu’il y a quelques mois c’était possible (il suffisait de récupérer l’URL de la vidéo dans la page Web).
Quelqu’un y est-il arrivé ?

84. Le mardi 6 octobre 2009 à 21:13 par Franklin

“un condamné à mort n’est exécuté que s’il demande à mourir” (au Nevada) conclue le documentaire. La formulation est euh surprenante, et je ne trouve pas sur internet de textes la validant. (eg. http://www.leg.state.nv.us/NRS/NRS-…)

Vous avez une idée ?

85. Le mardi 6 octobre 2009 à 21:51 par Ben

Dire qu’une assistante sociale aurait pu aider 3 enfants il y a 15ans, ça aurait évité la mort d’une aujourd’hui, 2 peines de prison “quasiment” à vie. A moi avis ça revenait moins cher, enfin, je ne suis pas économiste ou comptable, et la fin aurait été plus heureuse.

86. Le mardi 6 octobre 2009 à 22:46 par ludoadam

Bonsoir Maître,

Je sais que ça n’a rien à voir avec ce post, mais je viens de voir que Youssouf Fofana a été condamné aujourd’hui à un an d’emprisonnement pour outrage à Magistrat.

En effet il aurait écrit « sale juive » sur un récépissé d’expertise destiné à un juge d’instruction.

Même si l’insulte est condamnable, d’autant plus qu’elle est adressée à un magistrat, je suis scandalisé par le fait qu’en France on puisse aller un an en prison pour ça ! c’est proprement hallucinant, tout Youssouf Fofana qu’on est.

Et si l’on compare cela avec la condamnation à quelques dizaines d’euros qui a été prise à l’encontre de cette personne qui a brandi une pancarte « casse-toi pov’con » au passage de notre cher président, il y a quand même une réelle disproportion entre commettre un outrage contre le président de la république (peu importe qui il est) et contre un magistrat.

Vous ne trouvez pas ?

(cela ne meriterait -il pas une (brillante) analyse de votre part :-)

87. Le mercredi 7 octobre 2009 à 10:37 par Switz

@Franklin (#84)

Je ne sais pas quel crédit porter à cette assertion affirmée à la la fin du film. Le fait que jusqu’à présent les condamnés effectivement exécutés au Nevada étaient des “volontaires” ne donne pas de certitude pour l’avenir. Il y a eu un moratoire de quelques années sur la peine capitale dans les années 1970 aux US, qu’est-il alors advenu des condamnés alors en attente d’exécution? Peut-être que leur peine a été commuée. Pendant l’intervalle en tout cas, les tribunaux n’ont plus dû prononcer de peines capitales.

Avec la réintroduction de la peine dans l’arsenal répressif par l’arrêt de la cour suprême qui en précise les conditions d’application (arrêt Gregg vs Georgia), les couloirs de la mort se sont remplis de nouveau pendant les années 80 jusqu’à nos jours. Les recours de leurs résidents actuels doivent toujours être en cours d’examen, et la procédure est longue. C’est seulement dans 10 à 20 ans que pourra être attestée la réalité effective du châtiment suprême Il n’est pas certain que le contraire soit avéré.

Les processus sont longs, mais leur issue peut être fatale: considérez le cas de Stanley Tookie Williams, ancien meneur d’un prototype de gangs juvéniles, et exécuté après un quart de siècle de procédures, alors que cette personne avait désavoué son passé et écrit des livres à l’attention des jeunes afroaméricains pour les adjurer de s’éloigner de la violence et de la culture des gangs. Sa rédemption fut jugé sincère, il ne gagna cependant pas le droit de vivre.

Pourquoi alors, dans d’autres Etats américains, les exécutions sont aussi courantes que les barbecues ou les matchs de foot? Des particularités des institutions judiciaires locales peuvent donner une explication (au Texas, par exemple, les juges sont élus au suffrage universel, ils tiennent peut-être plus compte de la mentalité du coin et manifestent une plus grande diligence et célérité dans l’instruction des dossiers des condamnés), peut-être qu’il n’y existe pas non plus de services publics de la défense aussi efficaces que dans d’autres Etats, ou peut-être, plus simplement, que les procureurs, pour complaire à leurs électeurs très tatillons sur le sujet, allouent des moyens substantiels au traitement des dossiers afin d’accélérer le cheminement jusqu’à la chambre d’exécution.

Un dossier de peine capitale coûte cher, et peut mobiliser les services des procureurs longtemps après le verdict (recours automatique devant la juridiction d’appel, puis devant les instances fédérales d’appel, puis éventuellement la cour suprême). Et en face, les avocats vont se battre avec leurs dents, leurs ongles, leur bite et leur couteau, étant donné l’enjeu. A tel point que certains procureurs rechignent à requérir la mort, s’ils n’ont pas les moyens budgétaires adéquats.

@Véronique :

Plus simplement, il n’y avait probablement pas matière à retenir des charges contre Sabrina. Après tout son implication s’est limitée à faire du covoiturage et à fournir des couteaux, s’il n’y avait pas moyen d’établir qu’elle connaissait les intentions du duo, on pouvait difficilement la placer dans le box des accusés (et comme le frangin et la frangine ont l’air d’être des chauds, elle n’a vraisemblablement pas pu trouver le courage de refuser de se mêler à leurs plans à la con). C’est clair aussi, qu’en renonçant à l’accuser, on peut la citer à comparaître comme témoins, sa parole aura alors un crédit dévastateur.

88. Le mercredi 7 octobre 2009 à 11:30 par DT

Je maintiens le terme de barbare (utilisé dans mon commentaire numéro 25, et contesté par maître Eolas) et ce pour les raisons mêmes exposées par maître Eolas dans sa réponse au commentaire numéro 8.

Mais le point essentiel, à mes yeux, demeure ce que j’ai dit à la fin du même commentaire: “les avocats ont beaucoup plus de pouvoirs aux Etats-Unis mais cela ne change rien et même c’est pire”.

L’affaire Beau-Monique Maestas en est une illustration, et ce alors même que les avocats qui nous sont présentés sont très dévoués et moralement irréprochables. L’idée initiale de Beau et Monique était de sacrifier le frère pour tenter de sauver la soeur. Cette stratégie était peut-être contestable, et pouvait échouer, mais c’était la leur: et c’est leur vie qui est en jeu, après tout, pas celle des avocats.

Or, on va voir leurs conseils leur interdire de fait de suivre leur idée initiale: c’est que les avocats américains, je crois, ne peuvent admettre qu’un accusé se sacrifie, c’est contraire à toutes leurs convictions. Ils le défendront même contre sa volonté (exemple célèbre: Zacarias Mouassoui). Or, la stratégie de Beau et Monique ne pouvait prospérer que si le sacrifice de Beau était total et le risque assumé…

Bref, je ne dis pas que les accusés s’en seraient mieux sortis si les avocats avaient suivi leur volonté. Je dis juste que le système américain qui donne beaucoup de pouvoirs aux avocats dépossède, plus encore que le système français, le justiciable des moyens de sa propre défense…

Et c’est en cela aussi que je préfère avoir affaire à la justice française qu’à la justice américaine.

89. Le mercredi 7 octobre 2009 à 11:53 par Véronique

@ Switz

Après tout son implication s’est limitée à faire du covoiturage et à fournir des couteaux

…une paille après tout…

s’il n’y avait pas moyen d’établir qu’elle connaissait les intentions du duo, on pouvait difficilement la placer dans le box des accusés

… Sabrina qui a fourni des couteaux de boucher et qui attend tranquillement dans la voiture tandis que Beau parti seul tente de faire sortir des petites filles de la caravane, Beau qui a échoué et qui revient, puis Beau et Monique partis ensemble pour leur carnage…

En tous les cas lors du procès de Beau, bien malin celui qui peut savoir si Sabrina connaissait les intentions de Monique et de Beau puisque aucune question à ce sujet ne lui est posée – naturellement je ne me réfère qu’à ce qui est montré dans le film -

Mais bon, comme vous le dites:

C’est clair aussi, qu’en renonçant à l’accuser, on peut la citer à comparaître comme témoins, sa parole aura alors un crédit dévastateur.

PS: au sujet de cette impression de solitude et d’isolement poignants concernant Beau lors de son procès, je pense que cela est à mettre en relation avec ce qu’explique Eolas dans ses réponses. A savoir que Beau silencieux tout au long du procès fait valoir le droit de se taire issu du 5e amendement.

90. Le mercredi 7 octobre 2009 à 14:27 par Switz

@Sub lege libertas (#47)

Je m’incline devant vous avec le plus profond respect,

C’était encore plus coupable de ma part de moquer la “théologie byzantine”, car j’ai tendance à considérer que le refus par l’Eglise d’Orient d’introduire le filioque dans le credo constitue une position un peu plus pertinente que celle de la doctrine catholique sur le sujet (à vrai dire, je ne suis pas non plus certain d’être parvenu à une exacte compréhension du problème en cause et de ses enjeux…)

La “pragmatique sanction” évoquée imprudemment par mes soins correspondait dans mon esprit à la décision de Charles VI d’Autriche en 1713, qui précise les termes de sa succession. Il faut croire que la légitimité du texte n’était pas si clairement établie que çà, puisque, comme vous le dites, sa validité fut contestée lors de l’accession de Marie-Thérèse à la tête des Etats de la maison des Habsbourg. La querelle a alors été tranchée en faisant parler la poudre (admettons aussi que le grand Frédéric de Prusse était plus motivé par la conquête de la Silésie que par les questions dynastiques, lorsqu’il déclencha les hostilités). Mais vous connaissez bien tous ses évènements.

91. Le mercredi 7 octobre 2009 à 18:22 par joel ronez (ARTE France)

Quels trésors de commentaires… Merci à Eolas d’avoir recommandé la série.

Une info de dernière minute : les 3 prochaines soirées (2 épisodes à chaque fois) seront en VO, l’expérience de la VF n’ayant pas été jugée concluante.

92. Le mercredi 7 octobre 2009 à 18:57 par gaelle

Une question d’une mekeskidi :
dans le reportage, il est indiqué que Beau ne mourra que s’il demande à être exécuté. Quelle est donc la différence avec une peine de perpétuité sans conditionnelle ?

93. Le jeudi 8 octobre 2009 à 00:51 par eulalie

@ Eolas en #29

maître, je ne sais pas si vous évoquez le droit particulier de l’Etat du Névada quand vous parlez du secret professionnel entre l’avocat et le client, mais en tout cas il me semble que le “client attorney privilege” (l’équivalent du secret professionnel) existe bel et bien aux Etats-Unis en droit fédéral et dans la majorité des Etats.

En visionnant le reportage je m’étais faite la même remarque et il m’a plutôt semblé que l’avocat ne voulait pas évoquer ces questions (savoir si oui ou non elle avait poignardé la fillette) devant la caméra car ce n’était vraiment pas dans l’intérêt de sa cliente.

N’est il pas envisageable que le procureur dépose le journaliste dans ce cas là pour obtenir des informations, après tout lui n’est pas tenu par le secret professionnel, et la clause de confidentialité qu’il a probablement signé du moins jusqu’à l’issu du procès tenait elle dans ce cas là?

94. Le jeudi 8 octobre 2009 à 05:10 par Véronique

@ DT

L’idée initiale de Beau et Monique était de sacrifier le frère pour tenter de sauver la soeur. Cette stratégie était peut-être contestable, et pouvait échouer, mais c’était la leur: et c’est leur vie qui est en jeu, après tout, pas celle des avocats.

Vous observerez que l’idée initiale de Beau et Monique est celle que les avocats de Monique vont défendre jusqu’à la condamnation à mort de Beau.

Comme le rappelle Eolas et comme le dit dès le départ du film l’avocat masculin de Monique, cette défense conserve une chance - très infime - de réussir à la condition impérative que Beau ne soit pas condamné à mort.

Sans cela, Beau ne témoignera pas au procès initialement prévu par la défense de Monique.

Alors la condamnation à mort prononcée en un rien de temps - même l’avocat masculin très expérimenté n’en revient pas -, Alzora peut-elle humainement laisser Monique aller à coup sûr à un verdict de perpétuité sans aucune possibilité de libération conditionnelle ?

Dans l’option du procès, quelle est la proportion de chance de préserver Monique de finir ses jours en prison ?

Je pense que le devoir humain d’un avocat consiste alors à ne pas lâcher la main de Monique qui est de toutes façons dans un gouffre, avec la seule espérance de préserver un tout petit d’oxygène pour lui permettre encore de respirer. Que cela.

95. Le jeudi 8 octobre 2009 à 10:11 par lapocompris

@Veronique #79
Que pensez-vous du témoignage surprenant de la fille aînée de Gladys ? Il est cohérent avec celui des enfants de son mari.
Si la vérité sort de la bouche des enfants, est-ce possible que ce soit Gladys qui ait tué sa fille cadette ?

96. Le jeudi 8 octobre 2009 à 10:19 par lapocompris

Juste un petit HS pour vous signaler cet article:
Il faut sauver le soldat Guissé
Le ministère de la Justice veut retirer la nationalité française à Ounoussou Guissé, qui se bat pour la France depuis 2002. Il a servi au Tchad et en Afghanistan.

97. Le jeudi 8 octobre 2009 à 10:50 par Roucoulette

“Justice à Vegas”, ça nous change de “Mariages à Vegas” ou des Experts. J’ai eu l’occasion d’y jeter un oeil. Très bon. Je l’ai récupéré après, bien entendu.

98. Le jeudi 8 octobre 2009 à 11:50 par Switz

@lapocompris (#96)

je l’avais repéré… honteux

99. Le jeudi 8 octobre 2009 à 12:30 par DT

A Véronique, pour son commentaire 94

Je crois que la stratégie initiale de Beau et Monique a été rendue impossible très tôt: à partir du moment ou ses avocats ont demandé à Beau de ne pas témoigner contre lui-même dans son propre procès, en fait.

Car, évidemment, quand on a trucidé une petite fille de trois ans à l’arme blanche, et grièvement blessé une seconde, il ne faut pas se faire d’illusions, surtout face à la justice du Nevada. Il fallait que Beau s’accuse haut et fort à son propre procès comme à celui de sa soeur, et quasiment revendique la mort, pour avoir une toute petite chance que cela serve à exonérer en partie la responsabilité de Monique. Et encore, on était certain du sacrifice, mais pas du gain. Le “je vais tout prendre sur moi, tu n’auras rien” est assez naïf, les juges ne se font pas avoir aussi facilement. Il faut pouvoir amener des éléments solides pour étayer la thèse.

Bref, je n’ai jamais dit que les avocats de la défense avaient eu tort d’agir comme ils l’ont fait dans l’affaire Maestas. Ils ont obtenu un tout petit peu moins que le max… Le max c’était mort + perpete sans conditionnelle, et ils ont eu mort + perpete avec conditionnelle… Mais bien malin celui qui pourra dire qu’il était seulement possible de descendre encore en dessous, vu comment le premier procès s’est déroulé (délibéré ultra rapide du jury).

J’ai seulement souligné le fait que le rôle important accordé à l’avocat par le système judiciaire américain dépossédait encore plus l’accusé des moyens de sa propre défense. L’affaire Maestas en est une illustration, et le fait que les avocats de la défense avaient sans doute raison en l’espèce ne change rien à cette remarque.

100. Le jeudi 8 octobre 2009 à 13:15 par francis

jean-baptiste de lestrade est l’excellent réalisateur de ces films…
comme de “un coupable idéal”…
il faut le féliciter de ces “excellentes plongées” dans le système judiciaire américain….

101. Le jeudi 8 octobre 2009 à 15:09 par Véronique

@ lapocompris

Honnêtement, au sujet de la culpabilité de Gladys, je ne sais pas.

Gladys a été condamnée pour meurtre avec préméditation. Mais j’ai cru comprendre à travers ce que j’ai lu au sujet du droit américain qu’une complicité est égale au meurtre lui-même.

Tout au long du film je me suis demandée si dans le désir irrationnel de protéger son ami il n’y avait pas de la part de Gladys l’idée de dire que son ami n’était pas coupable tout seul, et qu’elle avait donc une grande responsabilité dans ce qui est arrivé à sa petite fille.

Et puis au moment de la lettre pendant le procès où tout bascule pour elle, je me suis dit que le problème catastrophique de Gladys était son impossibilité et son incapacité définitives à se détacher de son ami.

Quant au témoignage de sa fille, je ne me rappelle plus exactement. Mais il me semble que si la petite fille dit que son beau-père n’a pas battu sa petite soeur, elle ne dit pas que sa mère a battu sa petite soeur.

Bref, je ne sais pas.

@ DT

Dans mon post j’ai surtout réagi à votre phrase:

Or, on va voir leurs conseils leur interdire de fait de suivre leur idée initiale: c’est que les avocats américains, je crois, ne peuvent admettre qu’un accusé se sacrifie, c’est contraire à toutes leurs convictions.

Alzora n’interdit pas à Monique de suivre son idée initiale.

L’avocate a la totale conviction qu’il faut accepter l’option du plaider-coupable. Tout en sachant qu’il lui faudra faire admettre à une jeune fille de 20 ans qu’il est plus que probable qu’elle ne sortira de prison que quand elle sera devenue une très vieille femme. Pour une jeune fille de 20 ans, 60-65 ans ne peut être vu et ressenti que comme très vieux. J’ai été très impressionnée par la façon dont Alzora sait dire cette vérité implacable et suffocante à Monique.

102. Le jeudi 8 octobre 2009 à 16:43 par Switz

@Véronique

Il y a vraiment quelque chose de surprenant dans cette attraction compulsive qui lie Gladys à son compagnon. Comme vous le dites, on peut y déceler l’effet d’une intime conscience de sa responsabilité dévoyée de mère, d’une part de faute que Gladys ressent mais ne peut exprimer, du fait de la présence du couperet de la justice au-dessus de sa gorge. On comprend le dépit de son avocat, qui peine à ce que sa cliente parvienne à se reconnaître également en victime

Je ne sais pas ce que les autres épisodes vont raconter, mais jusqu’à présent il était question d’histoires navrantes, de schémas de violence subis et reproduits, de misères existentielles des plus crasses. Les actes en cause sont d’une gravité inqualifiable, et pourtant je n’arrive pas à me représenter que la société des bonnes gens parviennent à se à se donner la bonne conscience de la justice accomplie en jetant au cachot tous ces paumés et en balançant la clé dans la rivière. Ces crimes ont aussi été rendus possibles par l’indifférence de tous.

103. Le jeudi 8 octobre 2009 à 21:30 par Deilema

Un grand merci de nous avoir conseillé cette émission, à la fois passionnante et terrifiante…

Le procureur qui s’exprime après la défense, le juge qui participe au jugement des deux affaires et pour celle de Monique, semble délibérer sur le siège, la plaidoirie de la défense si brève (ou est ce une illusion de montage?) alors que l’accusée risque 50 ans de prison, la sévérité démesurée des peines…

Tout ceci est extrêmement choquant vu de ce côté de l’atlantique !
Mais effectivement, cette sévérité extrême n’a pas le moindre effet dissuasif.
Quand se décidera-t-on enfin à l’admettre ?

104. Le vendredi 9 octobre 2009 à 03:45 par hommedumatch

” 70.000 crimes et délits par an pour 2.000.000 d’habitants ” il est fait mention de 40 millions de touristes aussi. Dans le premier cas, c’était des touristes.

105. Le vendredi 9 octobre 2009 à 11:14 par documentaire ?

Alleché par le maître des lieux, j’ai regardé le premier épisode. Je pense que les commentaires élogieux pourraient être un peu (mais un peu seulement) tempérés.
On réalise tout de même que le montage permet de “scénariser” la présentation des affaires. Les plans de coupe (la ville de Las Vegas), le choix des dialogues (dans leur interview les réalisateurs précisent qu’ils disposent de plus de 300 heures de conversations entre Gladys et son avocat, on doit pouvoir en extraire à peu près tout et son contraire), la “portraitisation” -après j’arrête les barbarismes - des personnages (la clope, les tongs pour l’un des avocats ; les cheveux en arrière et la ligne impeccable pour l’autre) donnent tout de même une impression de fiction. Je suis donc resté un peu sur ma faim. L’étiquette “documentaire” ou “histroire vraie” nous laisserait penser que l’on aura droit à l’objectivité dans l’observation du procès. Ce n’est manifestement pas l’intention des réalisateurs (et c’est leur choix, prétendre à l’objectivité est sans doute un peu vain) mais ils deviennent alors des auteurs.
Tout ceci maître Eolas l’avait dit puisqu’il nous avait averti “C’est du réel, certes mis en scène par les documentaristes qui se sont largement inspirés des séries américaines”. Je ne nie pas l’intérêt que peut présenter Justice à Vegas pour les amateurs de séries, car au final les ressorts (tragiques) sont les mêmes … y compris dans le feuilletonisme (çuilà c’est pas un barbarisme !).

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