Journal d'un avocat

Instantanés de la justice et du droit

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

C'était bien tenté...

Le Prix Busiris est une distinction très recherchée qui attire les plus hauts hommes de l'Etat, mais les critères en sont stricts.

Ainsi, notre premier ministre a-t-il fait un appel du pied pour se voir attribuer cette prestigieuse récompense hier à l'Assemblée.

M. Dominique de Villepin, Premier ministre - Monsieur Hollande, il est des moments dans la démocratie où l’on ne peut pas dire n’importe quoi (...) Il est des moments dans une démocratie où on ne peut pas mélanger les carottes et les choux-fleurs.

Monsieur le Premier ministre, si la condition de propos se contredisant dans un laps de temps relativement bref est ici parfaitement remplie, si la mauvaise foi est présumée s'agissant de propos tenus à l'Assemblée nationale, il faut que le propos soit, ou du moins se veuille, juridique. Les propos maraîchers ne sont pas recevables, sauf à invoquer le Code rural.

Dans ces conditions, j'ai le regret de vous informer que vous ne pouvez prétendre au prix Busiris. Mais je ne doute pas que vous y parveniez même avec le peu de temps qui vous reste.

Ne perdez pas espoir.

Commentaires

1. Le mercredi 21 juin 2006 à 18:24 par 6février

Il est possible que la condition de contradiction ne soit pas remplie.

En effet, une simple interprétation a contrario des propos rapportés nous informe qu'il "est des moments dans une démocratie où l'on peut dire n'importe quoi (...). Il est des moments dans une démocratie où l'on peut mélanger les carottes et les choux-fleurs".

Le Premier Ministre estimant de toute évidence qu'il vivait l'un de ces moments, il en a tiré toutes les conséquences et s'est appliqué à en tirer toute la substantifique moelle. Et avec un certain brio, il faut bien l'avouer.

:-)

VBD

2. Le mercredi 21 juin 2006 à 18:33 par authueil

"si la mauvaise foi est présumée s'agissant de propos tenus à l'Assemblée nationale"

Hummmmmmmmmmmmmmmmmm. Il va falloir affiner un peu les critères du prix Busiris.
Lors des séances de questions au gouvernement oui, la mauvaise foi peut être présumée mais ailleurs, hors présence des caméras, la présomption ne fonctionne pas. Il ne faut pas comparer une audience en correctionnelle en province et un procès d'assises avec dans le box des peoples parisiens.

Je suis d'accord avec Paxatagore, il ne faudrait pas dévaloriser ce prix Burisis en l'accordant trop généreusement. Bientôt, ceux qui ne l'auraient pas eu au moins une fois vont se vexer et se mettre à débiter des aneries rien que pour l'avoir.

Mais justement, je refuse son attribution, ici. Je maintiens donc haut les critères d'attribution. Sur la mauvaise foi présumée : ne vous vexez pas de ma pique, je vais finir par croire que vous êtes député.

Eolas

3. Le mercredi 21 juin 2006 à 18:35 par cpasmoiii

C'est triste d'en rire... mais au moins le gouvernement sert à quelque chose :)

4. Le mercredi 21 juin 2006 à 18:44 par arno

il y a en démocratie des moments ou les premiers ministre devraient se replonger dans leurs manuels de cuisine, comme ca, pour voir.
Quand au prix Burisis, non vraiment, il ne s'aplique pas en l'occurence, à moins que, à moins que : notre cher Premier Ministre ne déclare vouloir mélanger les carottes et les choux fleurs et faire une soupe avant de partir...

Le prix Busiris n'est certainement pas un prix culinaire.

Eolas

5. Le mercredi 21 juin 2006 à 18:50 par Bertrand Lemaire

Encore un peu, il va falloir faire une finale des Prix Busiris pour départager tous les récipiendaires dans le cadre d'un concours annuel. Si Maître Eolas est invité à la Garden Party de l'Elysée le 14 juillet, il devrait pouvoir rencontrer la plupart des finalistes ainsi que quelques uns qui ont failli obtenir le prix tant convoité.
Ceci dit, mélanger des carottes et des choux fleurs n'est pas une bonne idée : le choux fleur a un goût beaucoup trop fort qui tue tout le reste.

6. Le mercredi 21 juin 2006 à 18:51 par sdl

Il y a peut-être une piste pour le prix (le premier ministre est méritant et doit être encouragé). Dans la même phrase il disait quand même : Dans une démocratie, on ne peut pas mélanger l'exigence de vérité et l'exigence de bonne gestion.
Ce n'est peut-être pas du Busiris, mais c'est beau!

7. Le mercredi 21 juin 2006 à 19:00 par Salomon ibn Gabirol

Pardonnez-moi, mais où est la contradiction dans les propos de Dominique de Villepin ? Qu'y a-t-il de contradictoire à dire :
"Monsieur Hollande, il est des moments dans la démocratie où l’on ne peut pas dire n’importe quoi (...) Il est des moments dans une démocratie où on ne peut pas mélanger les carottes et les choux-fleurs."

C'est dans le fait d'affirmer qu'il ne faut pas dire n'importe quoi et quelques secondes plus tard, de dire n'importe quoi.

Eolas

8. Le mercredi 21 juin 2006 à 19:00 par sdl

en ajout à mon commentaire précédent, je pense que la citation de Villepin est contraire à la LOLF!
l'exigence de bonne gestion a été reconnue par le conseil constitutionnel (n° 2001-448 DC du 25 juillet 2001, cons. 51) et le principe de sincérité est la base (!) du droit budgétaire.
C'est tiré par les cheveux, mais le PM me parait méritant.

9. Le mercredi 21 juin 2006 à 19:03 par Juriste en herbes

J'attendais impatiemment votre commentaire sur le dérapage de notre Premier Ministre. Je dois dire avoir été assez choqué hier d'assister à ce spectacle, mais je suis satisfait aujourd'hui qu'il ait repris son sang froid.

Allons, allons, ces vapeurs sont une vieille tradition du palais Bourbon (jamais au Luxembourg). Il y a eu bien pire, la palme revenant pour moi à Lionel Jospin en janvier 1998 qui a traité la droite d'esclavagiste et d'antidreyfusarde, comme si la droite de 1998 était celle de 1848 ou de 1989. Ca ne l'a pas empêché de rester en poste 4 ans de plus.

Eolas

10. Le mercredi 21 juin 2006 à 19:19 par Lumina

Cher Eolas,

Il n'y a pas contradiction des propos du premier ministre : « il y a des moments » répété deux fois ne fait pas référence aux mêmes moments dans les deux cas. Certains moments sont là pour ne pas dire n'importe quoi, mais d'autres le permettent, comme en témoigne ses propos.

11. Le mercredi 21 juin 2006 à 19:20 par Juriste en herbes

Ah oui? Il faudra que je fouille dans les archives de l'assemblée nationale pour voir cela; je suis un peu jeune pour me souvenir des débats parlementaires de 1998. Enfin j'imagine que de tout temps des premiers ministres ont éclaté lors de ces redoutables séances de questions.

12. Le mercredi 21 juin 2006 à 19:50 par econoclaste-alexandre

Mon cher maître, je vous trouve sévère sur ce coup-là. Vous ne citez pas la phrase complète, notamment sa proposition finale :

"Il est des moments dans une démocratie où on ne peut pas mélanger les carottes et les choux-fleurs, l’exigence de vérité et l’exigence de bonne gestion"

S'il n'y a certes pas grand-chose de juridique dans la première partie de la phrase, la seconde se réfère manifestemement à du "n'importe quoi" en matière de droit comptable (sauf à supposer que le principe de l'image fidèle n'est pas compatible avec une bonne gestion). Faites un geste, quoi...

13. Le mercredi 21 juin 2006 à 19:58 par Hicham

Salut !

Vous commencez vraiment à devenir un homme très dangereux pour la stabilité de la République Maître Eolas : vos billets deviennent un tantinet subversif !

Alors prudence Maître, à défaut vous risquez d'attirer sur vous la curiosité de la Police politique, lol !! Un conseil : embaucher un goûteur.

Vale !!!

14. Le mercredi 21 juin 2006 à 20:25 par gPlog

bonsoir,
je vous lis depuis un peu plus de 8 mois.
J'ai diffusé votre URL vers tous mes ami(e)s concerné(e)s par ce "problème d'immigration". Merci, pour votre implication…
Mais, mais je trouve dans le lecteur des textes de nos lois, un scrutateur pertinent pour nous "vulgum pecus", nous permettant de réfléchir et de voir les événements avec un autre regard.
Si vous… il faudrait vous inventer.
Merci, de me permettre de prendre un bol d'oxygène «civil», d'humanité, chaque fois que votre RSS m'informe. :-)

15. Le mercredi 21 juin 2006 à 20:50 par Matthieu

Maitre, vous etes passé à côté d'une perle, une sorte de tentative de reprise de vollée de sa premiere tentative ratée ou de Alley Oop (entre la finale de la NBA et la coupe du monde, je m'en sors pas). L'aspect juridique n'y est pas, mais le talent dans les deux autres catégories (contradiction et mauvaise foi) est telle qu'ils méritent quelquechose comme un maillot à poids (bientot le tour de France) ou un accessit d'honneur :

durant la scéance de "regrets" : "en aucun cas je n'ai voulu me livrer à des attaques personnelles que je condamne", juste apres avoir dit "Je dénonce, monsieur Hollande, la facilité, et je dirai même, en vous regardant, la lâcheté...", c'est fort !

16. Le mercredi 21 juin 2006 à 21:11 par theorbe

... Par ces motifs, deboute Monsieur de Villepin de sa demande de prix Busiris et le condamne aux dépens.

Le présent jugement sera notifié dans les modalités et délais préscrits sous la forme d'excuses à l'opposition au cours desquelles il passera encore pour une truffe.

Dommage ! pour une fois que ça chauffait dans l'hémicycle.

Est-ce que quelqu'un connaît l'origine de la mystérieuse maxime à la de Villepin sur les navets et les choux fleurs ?

Ne devrions-nous pas créer également un prix du "je mets des mots les uns à la suite des autres sans me demander si le tout bout à bout a un sens" ?

Entre nous, prendre des airs de pucelles effarouchées parce qu'on a osé prononcer le mot lâcheté... je trouve que nos députés ont un peu trop des allures de gardien du Sérail.

17. Le mercredi 21 juin 2006 à 21:16 par Sporniket

#5-Bertrand Lemaire> Pourtant un gratin de chou-fleurs aux carrotes, c'est excellent (faire cuire les choux-fleur et les carottes dans l'eau, préparer une sauce béchamel dans l'intervalle, raper du gruyère, préchauffer le four à 200° (thermostat 6-7). Placer les chou-fleurs et les carrottes dans un plat à gratin, verser la béchamel, recouvrir de gruyère, enfourner et laisser gratiner pendant 15-20 minutes.)

18. Le mercredi 21 juin 2006 à 21:25 par tamamanquitaime

Il n'y a pas de contradiction : il affirme "qu'il ne faut pas dire n'importe quoi" puis il dit n'importe quoi. Il y aurait eu contradiction s'il avait affirmé "qu'il ne faut pas dire n'importe quoi" pour affirmer plus loin "il faut dire n'importe quoi". Là, il se contente d'un peu d'incohérence :D

19. Le mercredi 21 juin 2006 à 22:10 par Jean

Mon Maître, cette question écrite de Charasse au Ministre de l'écologie elle vaut quoi?? Son pesant d'Or j'en suis sur:

Question écrite n° 23403 de M. Michel Charasse (Puy-de-Dôme - SOC)

publiée dans le JO Sénat du 01/06/2006 - page 1477

A la suite de la récente ordonnance de référé du Conseil d'Etat du 9 mai 2006, approuvant l'introduction forcée d'ours sauvages dans les Pyrénées françaises, M. Michel Charasse demande à Mme la ministre de l'écologie et du développement durable quelles mesures elle a prises ou compte prendre pour faire connaître clairement aux ours que les conseillers d'Etat étant leurs amis et leurs protecteurs, il serait particulièrement malvenu, ingrat et inconvenant qu'un de ces honorables magistrats perdu en forêt ou simple promeneur dans les Pyrénées, soit agressé ou dévoré par un ours. Il lui demande en outre si, pour tenir compte des considérants de l'ordonnance précitée selon lesquels l'Etat a pris les mesures nécessaires « pour prévenir et réparer les conséquences dommageables pouvant résulter du maintien de la population oursine », des dispositions ont bien été prévues pour remettre un conseiller d'Etat agressé, déchiré ou dévoré par un ours au cours d'une promenade dans les Pyrénées, dans son état primitif.

20. Le mercredi 21 juin 2006 à 22:54 par Lumina

@tamamanquitaime : c'est ce que je dis plus haut. Jeux Online déménage ? ;)

21. Le mercredi 21 juin 2006 à 23:14 par GCX

theorbe: l'allusion au chou-fleur est limpide pour les initiés.Tu trouveras des explications ici: (Lien supprimé).
..Bonne vacance.

22. Le jeudi 22 juin 2006 à 00:00 par pi-xel

Pour un membe de l'arrière-garde droitière, je vous trouve bien dur avec notre vénérable Premier Ministre :-)

23. Le jeudi 22 juin 2006 à 00:26 par Irène Delse

"il est des moments dans la démocratie où l’on ne peut pas dire n’importe quoi (...) Il est des moments dans une démocratie où on ne peut pas mélanger les carottes et les choux-fleurs"

Donc, logiquement, cela laisse entendre qu'il y a des moments, dans une démocratie, où l'on peut dire n'importe quoi...

24. Le jeudi 22 juin 2006 à 01:10 par brigetoun

joli le dernier commentaire, et limpide je trouve. Quoiqu'au fond ce n'est pas une découverte : je dis n'importe quoi là, et nous sommes bien en démocratie ?

25. Le jeudi 22 juin 2006 à 01:59 par Blip

Sachant qu'il y avait déjà un temps pour les amandes et un temps pour les romains, quand va-t-on pouvoir caser le temps des carottes et celui des choux-fleurs ? Sans parler de celui des cerises...

26. Le jeudi 22 juin 2006 à 04:28 par antistress

la réalité est qu'il semble qu'il est des moments dans la démocratie où ne peut pas mélanger la majorité et l'opposition (je vous laisse le soin de distribuer les rôles de la carotte et du choux-fleur à chacun)

27. Le jeudi 22 juin 2006 à 11:30 par Salomon ibn Gabirol

"C'est dans le fait d'affirmer qu'il ne faut pas dire n'importe quoi et quelques secondes plus tard, de dire n'importe quoi."

Certes. Toutefois je ne trouve pas les propos de Villepin contradictoires. A l'instar de tamamanquitaime (#18), il me semble qu'il s'agit plus d'incohérence que de réelle contradiction.

A titre subsidiaire, pourquoi affirmer qu'il ne faut pas mélanger les carottes et les choux-fleurs serait-il considéré comme étant "n'importe quoi" ? C'est du bon sens. De même qu'il ne faut pas ménager les torchons et les serviettes.

Si le jury du prix Busiris se met à porter des jugements de valeur sur les propos de candidats et se permet de les qualifier, très subjectivement, de "n'importe quoi" dans le seul but de leur permettre de remplir la condition de contradiction, lors que l'impetrant avait affirmé qu'il ne fallait pas dire n'importe quoi, rien ne vas plus. Encore une fois, c'est coups tordus et cominage à tous les étages......

28. Le jeudi 22 juin 2006 à 11:41 par Bruno

Oui, la phrase est assez comique mais je vous trouve injuste de la couper, la phrase entière étant : "[...]on ne peut pas mélanger les carottes et les choux-fleurs, l’exigence de vérité et l’exigence de bonne gestion".
M. le 1er Ministre veut simplement expliquer que ce n'est pas au gouvernement de juger s'il y a mensonge et délit d'initié de la part de M.Forgeard et donc de pousser à sa démission (c'est à l'Autorité des marchés financiers de mener l'enquête, non ?) ; son rôle, en tant qu'actionnaire, se limitant à la vérification de bonne gestion de l'entreprise (qui n'est pas remise en cause). Alors que M.Hollande avait tout mis dans le même plat (c'est le cas de le dire) : en demandant si l'Etat, actionnaire d'EADS, faisait encore confiance au co-président d'EADS, par le biais d'un 1er ministre ayant lui même perdu la confiance des Français, et alors que EADS supprimait des emplois dans la filiale Sogerma...
Il ne méritait pas une attaque personnelle (être traîté de lâche, quelle blessure impardonnable !!! Et quelle réthorique intelligente de la part du 1er ministre !!!) mais notons qu'il cherchait quand même la provocation (la question sur EADS ayant déjà été posée et le gouvernement (M.Breton) ayant répondu).

Ce qui me fait sourire, c'est la justification de M.Ayrault, au retour à l'Assemblée, après la suspension pendant 40mn suite au chaos causé par les socialistes scandant "Villepin, Démission !". M.Ayrault donc, explique au 1er ministre qu'il a manqué de respect envers son adversaire Hollande, et attend des excuses. Il explique "En respectant ses adversaires, c’est en effet la République que l’on respecte !". Or il me semble (mais j'ai peut-être tort ??) que les socialistes debouts en bas de l'Assemblée en train de brailler pendant la suite des questions et rendant inaudibles les dialogues, ne respectaient pas tellement leurs adversaires non plus... (S'excuseront-ils ? ou le principe du "c'est lui qui a commencé, c'est lui le méchant" s'applique-t-il ?)

Ce qui me dégoûte le plus dans tout ça, c'est que les médias rentrent dans le jeu des politiques (du niveau de gamins dans une cour de récré) et rapportent leurs propos en les présentant tels que le souhaitent les politiques... alors qu'ils ne se soucient pas du fait que les citoyens paient les politiques à réfléchir et dialoguer, non à se chamailler et à faire pression pour prendre la place du chef !

Désolé pour ce post un peu long et qui n'engage que moi. ;-)

29. Le jeudi 22 juin 2006 à 12:03 par Bruno

à Salomon ibn Gabirol (§27)

Vous dites "c'est coups tordus et cominage à tous les étages..."
Je trouve que ca s'applique en effet parfaitement... à votre commentaire !
Vous avez un cheminement logique impressionnant d'incohérence, c'est génial je vous assure !

Je vous cite "pourquoi affirmer qu'il ne faut pas mélanger les carottes et les choux-fleurs serait-il considéré comme étant "n'importe quoi" ? C'est du bon sens." Soit, vous pensez que ne pas mélanger les carottes et les choux-fleurs c'est du bon sens ! (Damned ! Le "bon sens" a encore frappé, dirait Me Eolas) Avouez que comme illustration d'un discours politique c'était risible. Et surtout, plusieurs recettes de cuisine mélangent des carottes et du chou-fleur !!! Alors votre "bon sens"... (Est-ce que, pour vous, c'est aussi du bon sens de ne pas mélanger les tomates et les radis par exemple ?)

Votre dernier paragraphe est assez incohérent, je vous suit mal. Pour résumer je vous demande pourquoi d'après vous "rien ne va plus" ?? Moi je trouve au contraire que quand quelqu'un dit n'importe quoi après avoir dit qu'il ne fallait pas, il est en effet en contradiction avec lui-même...
Chercheriez-vous à obtenir le prix Busiris ??

30. Le jeudi 22 juin 2006 à 12:43 par Frangnol

Monsieur le Premier Ministre (je me fais l'avocat du diable ... je m'entraîne) a tout simplement pu utiliser un amphigouri doublé d'un chiasme afin d'exprimer son ironie. Maître Eolas vous accordez le prix Busiris sur le fondement d’une contradiction par figure de style certes maladroite mais néanmoins intentionnelle.

Les protestations contre l'interprétation des modalités d'obtention du prix sont peut-être le signe qu'il faut définir de facon plus restrictive les conditions de la contradiction (et in extenso toutes les conditions).
Maître Eolas, vous accordez le prix Busiris car les conditions, et notamment celle de la contradiction, sont remplies. La condition de contradiction peut-elle être volontairement dispensée par le candidat? Quid de l’intention de figurer comme candidat pour ce prix reconnu (Matignon n’est pas à l’abri du haut débit) ?
Si l’on peut concourir pour ce prix en connaissance de cause, l'intention est-elle une circonstance aggravante (ou atténuante si l'on souhaite obtenir le prix) dans le processus de la contradiction. La légitimité de l'obtention du prix Busiris ne risque-t-elle pas alors d'être remise en question ? Il en va de la réputation voire de la survie d'un prix prestigieux.

31. Le jeudi 22 juin 2006 à 12:52 par Salomon ibn Gabirol

@ Bruno. "Avouez que comme illustration d'un discours politique c'était risible."

Risible oui, mais pas n'importe quoi. "N'importe quoi", c'est dire 'il ne faut pas mélanger les carottes et les clés de douze" ou "les choux-fleurs et les boulons". Villepin n'a pas dit "n'importe quoi" ; il a juste sorti une phrase d'une banalité crasse, qui ne servait à rien. Donc, il ne s'est pas contredit. S'il avait dit dans un premier temps "Il est des moments dans la démocratie où il ne faut pas dire des banalités crasse" et dans un deuxième temps "il ne faut pas mélanger les carottes et les choux-fleurs", alors il y aurait eu contradiction.

Sur le bon sens, je voulais simplement souligner qu'il ne s'agissait pas de "n'importe quoi". j'employais "bon sens" pour montrer le caractère banal mais non contradictoire des propos de Villepin. Il ne fallait donc evidemment pas la prendre au pied de la lettre, comme vous l'avez fait.

Enfin, je dis que rien ne va plus dans l'attribution du prix Busiris car je trouve regrettable que pour decider que la condition de contradiction avec des propos antérieurement tenu est remplie et donc pour pouvoir enfin décerner ce prix à Villepin, Eolas qualifie des propos de "n'importe quoi", alors qu'ils sont simplement banals et inutiles.

M'est avis que je ne suis pas assez célèbre (je ne suis pas du tout célèbre en fait) pour obtenir ce prix Busiris. De plus, seuls les propos de touchant au domaine juridique peuvent permettre à leur auteur de concourir.

Heu, rassurez moi, il ne vous a pas échappé que le prix Busiris n'a PAS été attribué à Dominique de Villepin ?

Eolas

32. Le jeudi 22 juin 2006 à 13:30 par Bruno

@Salomon ibn Gabirol 31,
Oui, de toute façon je suis d'accord avec vous sur le fond : la phrase n'était pas en contradiction avec ses propos (d'autant que Me Eolas l'a volontairement tronquée). Mais l'image de la carotte et du chou-fleur est plutôt drôle (et dans le contexte d'une réponse du gouvernement à l'Assemblée j'accepte que Me Eolas la qualifie de "n'importe quoi". Bon sang ! Quelle erreur de notre 1er ministre, bien sûr qu'on peut mélanger ces légumes là ! ;-) ).

33. Le jeudi 22 juin 2006 à 14:21 par Salomon ibn Gabirol

ERRATUM - Je me suis emporté. Eolas n'a evidemment pas décerné le prix Busiris à Villepin, la condition de juridicité des propos n'étant pas remplie. Qu'il veuille bien m'excuser.

34. Le jeudi 22 juin 2006 à 14:57 par Frangnol

Et heureusement!

Les protestations ne visent pas la décision de ne pas accorder le prix Busiris justifiée, même si Monsieur Villepin mériterait un prix quelconque pour ses efforts que je ne qualifierais point pour ne pas formuler de critique gratuite.

Je m'interroge sur la décision si le contexte avait été juridique. Cela renvoit aux questions du #30.

En outre, j’ai oublié de mentionner une question : Quel est le rapport entre le prix Busiris et Busiris lui-même ? Ayant fait quelques recherches, la connexité ne me semble pas évidente (et même tout à fait obstruse de mon inculte point de vue).

Réponse.

Eolas

35. Le jeudi 22 juin 2006 à 15:13 par Flolivio

Maître,

Je ne peux que vous féliciter pour avoir si justement pointé la déclaration de notre premier ministre.

Quant à savoir si le propos a des implications juridiques... Sans ressortir le code rural, et en me référant au Principe d'Egalité de notre bonne vieille République, je me demande quelles sont les applications de cette déclaration sur le plan de la disrimination. Quel est donc cet "apartheid" dont sont victimes les carottes?!? N'ont-elles pas le droit, par exemple, de prendre les mêmes places de bus que les choux-fleurs?

36. Le jeudi 22 juin 2006 à 15:42 par Neville

@ Frangnol, #34

En complément à l'explication fournie parle Maître de ces lieux, cf la référence suivante, qui reste dans le domaine juridique puisque tirée d'un discours prononcé par un ancien ministre en hommage à l'un des plus illistres juristes du XXème siècle : Jean-François DENIAU recevant le 18 mars 1999 Georges VEDEL à l'Académie Française.

www.academie-francaise.fr...

J'en extrais cette phrase de Giraudoux, qui aurait pu être placée en exergue de plusieurs blogs juridiques, celui-ci notamment : " Jamais poète n’a interprété la nature aussi librement qu’un juriste la réalité. "

37. Le jeudi 22 juin 2006 à 16:57 par Frangnol

Merci Maitre et Neville pour ces precisions ...

Cela m'a permis pour un temps de ne plus seulement associer Monsieur Vedel a son pacte constitutionnel !

38. Le jeudi 22 juin 2006 à 17:49 par Lahuche

Certes, l'aspect juridique, critère essentiel pour l'attribution du prix Busiris manquait, mais affirmer dans l'espace de 24 heures: "je dirai même, en vous regardant, la lâcheté"
"en aucun cas je n'ai voulu me livrer à des attaques personnelles" permet de remplir totalement la condition de contradiction...
Perséverez Monsieur le Premier ministre!

PS: y a-t-il, dans une démocratie, des moments où l'on peut mélanger les andouilles et les cornichons?

39. Le jeudi 22 juin 2006 à 18:26 par Vroumette

De source sûre, j'ai appris qu'il se donne encore 100 jours pour obtenir le prix.

40. Le jeudi 22 juin 2006 à 19:18 par Fabien

Mon bout prefere, c'est :

> on ne peut pas mélanger l'exigence de vérité et l'exigence de bonne gestion

Je me demande si Villepin se considere comme un menteur ou comme un mauvais gestionnaire...

41. Le jeudi 22 juin 2006 à 21:22 par Bruno

Excellents les trois derniers commentaires ! :-D Bravo !
Néanmoins, pour Fabien #40, je pense quand même que Villepin a dit "mélanger" dans le sens de "confondre" (à replacer dans le contexte).

42. Le jeudi 22 juin 2006 à 23:37 par DarkDelors

Le chou-fleur, c'est immonde au palais, et en plus ça fait péter...les plombs.
(intermède populeux)

43. Le jeudi 22 juin 2006 à 23:41 par Schloren

suite à cette intervention, un nouveau portrait officiel de Dominique de Villepin a d'ailleurs été commandé. Le premier projet est un peu sommaire mais donne une idée générale de l'oeuvre finale.
www.artsology.com/gfx/Arc...
Personnellement je trouve ça assez ressemblant et prouve que l'on peut effectivement mélanger des carottes et des choux-fleurs pour obtenir une tête de premier ministre.

44. Le vendredi 23 juin 2006 à 01:07 par Roland Garcia

"Question écrite n° 23403 de M. Michel Charasse (Puy-de-Dôme - SOC)
.....conseillers d'Etat étant leurs amis et leurs protecteurs, il serait particulièrement malvenu, ingrat et inconvenant qu'un de ces honorables magistrats perdu en forêt ou simple promeneur dans les Pyrénées...."

Il est rassurant de savoir que Michel Charasse s'inquiète au sujet de ceux qui parfois prennent de l'altitude.

45. Le vendredi 23 juin 2006 à 07:39 par Dominique

Schneidermann dans Libé ce matin :
Y a-t-il un «effet Eolas» ? Dominique Baudis et ses «télésages» sentent-ils le sol se dérober sous leurs pas ? Quelques jours plus tard, reculade piteuse (le temps de parole de l'UDF ne sera plus imputé ni à la majorité ni à l'opposition), immédiatement interprété par le professeur Rolin comme un aveu de l'illégalité de la décision précédente. L'estocade est portée par Eolas, qui décerne au CSA un «prix Busiris», récompensant des propos qui remplissent trois conditions : «être juridiquement faux, être contradictoires avec eux-mêmes dans un laps de temps relativement bref, et de mauvaise foi».
www.liberation.fr/page.ph...

46. Le vendredi 23 juin 2006 à 09:58 par gilda

Je passais pour Libé (l'article de Daniel Schneidermann), dont j'ai particulièrement aimé le "Dans ces deux cas, celle [la réactivité] des blogueurs a laissé sur place celle des médias traditionnels : le temps de photographier le trottoir impraticable, de trousser l'analyse juridique et le coup est porté."
Depuis le temps qu'on vous le disait, que le travail du trousseur était des plus efficaces :-) ! (c'est pas un certain Gilles qui me contredira)

47. Le vendredi 23 juin 2006 à 11:49 par FrédéricLN

"Il est des moments dans une démocratie où on ne peut pas mélanger les carottes et les choux-fleurs, l’exigence de vérité et l’exigence de bonne gestion" : cela a sans doute été mal compris. Le Premier Ministre s'en prenait certainement aux doubles exigences irritantes formulées par son ex-futur-éventuel-partenaire-d'une-possible-coalition, bref mon parti politique préféré. Sans doute considérait-il la décision CSA#1 comme l'une des salades de carottes et choux-fleurs qu'il déplore, et appelait-il à la remise en ordre constitutionnel, qui a effectivement été établie par les décisions CSA#2 et CC#1 de mardi et jeudi.

Comme l'a écrit brigetoun ci-dessus, le Premier Ministre a été implicite mais clair, et je profite de l'autorisation dont ses partisans usent par ailleurs : il est des moments dans une démocratie où l'on peut dire n'importe quoi, et prendre Q790, ou M. de Villepin lui-même, pour un Clémenceau.

48. Le vendredi 23 juin 2006 à 13:47 par v_atekor

Il y a une question que je me pose dans cette remise (ou non remise) de prix : quel est le classement?

Y aura t-il des médailles d'or-argent-bronze-(plomb?) comme aux JO ?
Un champion du monde ?
Un classement par promotions (La classe politique 2006-2007 ... ) ?

49. Le vendredi 23 juin 2006 à 16:11 par IpodKiller

@Jean: avez-vous beaucoup de temps poour éplucher les JO du Sénat??? En tout cas marrant cette question de Charasse - ca vaudrait presque l'équivalent burlesque du juridique Busiris

50. Le samedi 24 juin 2006 à 16:56 par étudiant-en-philo

En descendant au pied de la tribune, les députés socialistes n'ont fait que répondre à l'attitude du premier ministre. c'est un partout balle au centre. mais pas besoin de les taxer de ne pas pas respecter l'adversaire, sinon ils se seraient laissés marcher sur les pieds.

51. Le dimanche 25 juin 2006 à 18:09 par Mathieu / Mateo

Non seulement Villepin ne connaît pas les meilleures recettes de potage, mais il ignore aussi la composition d'une équipe qui gagne (c'est une expression toute faite), puisqu'il parle du "capitaine, Raymond Domenech".
Et je profite abusivement de l'hospitalité du Maître : mathieu1.typepad.com/blog...

Mes logiciels, comme mes clients, sont libres. Ce blog est délibéré sous Firefox et promulgué par Dotclear.

Tous les billets de ce blog sont la propriété exclusive du maître de ces lieux. Toute reproduction (hormis une brève citation en précisant la source et l'auteur) sans l'autorisation expresse de leur auteur est interdite. Toutefois, dans le cas de reproduction à des fins pédagogiques (formation professionnelle ou enseignement), la reproduction de l'intégralité d'un billet est autorisée d'emblée, à condition bien sûr d'en préciser la source.

Vous avez trouvé ce blog grâce à

Blog hébergé par Clever-cloud.com, la force du Chouchen, la résistance du granit, la flexibilité du korrigan.

Domaine par Gandi.net, cherchez pas, y'a pas mieux.