Journal d'un avocat

Instantanés de la justice et du droit

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Cassons-nous le moral avant de partir en week end

Il est arrivé, il est tout beau chaud, le rapport 2008 du Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe à la suite de sa visite en France.

Un extrait, même si tout le rapport, publié en pdf sur le site du nouvelobservateur.fr, vaut la lecture, sur la procédure de demande d'asile en rétention.

L'hypothèse est la suivante : un étranger sans titre de séjour est placé en centre de rétention administrative en vue de sa reconduite à la frontière. Il peut alors présenter une demande d'asile pour expliquer qu'il peut avoir des craintes pour sa vie, son intégrité physique ou sa liberté s'il retourne dans son pays d'origine. La procédure de reconduite à la frontière est (théoriquement vous allez voir) suspendue pendant l'examen de cette demande qui doit être faite par l'OFPRA en priorité absolue, la réponse devant être donnée en 96 heures, ce qui inclut un entretien avec un Officier de Protection au siège de l'OFPRA à Fontenay Sous Bois, dans le Val de Marne (la visioconférence est possible mais rare pour le moment, peu de centres de rétention étant équipés).

La demande d'asile est un formulaire de 16 pages, à remplir obligatoirement en Français, dans un délai de cinq jours. Chaque rubrique est importante, y compris l'état civil, la plus importante étant le récit du demandeur, qui doit préciser pourquoi il a des raisons de craindre des persécutions. C'est l'élément central, essentiel, plus encore que les pièces qui sont regardées avec circonspection par l'OFPRA, tant il y a de faux en la matière.

Récapitulons : cinq jours. Dossier de 16 pages. Dans une langue inconnue.

Dossier incomplet, pas en Français, pas rendu à temps ? Dossier poubelle, étranger avion.

Côté obstacles, ça suffit ?

Non, on peut faire mieux. (Les gras sont de moi.)

123. La procédure de demande d’asile pour les étrangers retenus dans les centres de rétention administrative est traitée de manière prioritaire. En 2007, 1 436 personnes ont demandé l’asile en rétention ce qui représente plus de 20 % des demandes dites « prioritaires ». La législation prévoit que les personnes retenues doivent formuler leur demande d’asile dans un délai maximum de cinq jours. Cette demande doit être rédigée exclusivement en langue française et le retenu ne peut bénéficier de l’assistance gratuite d’un traducteur. En plus du délai extrêmement court pour rédiger leur demande et collecter les documents nécessaires, les étrangers sont parfois confrontés à des difficultés matérielles insurmontables en fonction du CRA dans lequel ils sont retenus : interprétation quasi inaccessible même pour ceux pouvant se l’offrir, interdiction dans certains centres de posséder un stylo (considéré comme dangereux), absence de locaux adaptés pour rédiger une demande d’asile. Dans son rapport publié le 10 décembre 2007, le CPT recommande que ce délai soit porté à 10 jours. De son côté le Comité contre la torture des Nations Unies s’était dit « préoccupé par le caractère expéditif de la procédure dite prioritaire concernant l'examen des demandes déposées dans les centres de rétention administrative ou aux frontières, qui ne permet pas une évaluation des risques conformes à l'article 3 de la Convention ».

— J'ai une super idée pour faire des économies en limiteant le nombre de dossiers : si en plus, on les privait d'interprètes, et de stylos ?
— Durand, vous êtes un génie : vous finirez préfet !

124. La procédure impose un délai extrêmement bref pour la formulation de la demande d’asile, elle contraint aussi l’OFPRA à analyser la demande et à statuer dans un délai de 96 heures. L’ensemble de la procédure d’asile dans les centres de rétention apparaît donc comme expéditive laissant implicitement présumer que la demande est abusive. De surcroît, le demandeur ne dispose pas d’un recours effectif contre la décision de rejet car l’appel devant la CNDA n’est pas suspensif.

— Mais si, voyons, ce Tchétchène devait se voir accorder le statut de réfugié, enfin !
— Ben… On l'a renvoyé en Tchétchénie, Monsieur le Président.
— Bon, alors ce sera à titre posthume. L'important, c'est que la France soit à la hauteur de sa vocation de terre d'asile.

Il peut toutefois contester la décision administrative d’éloignement devant les juridictions administratives.

Exact, mais la contestation d'un éventuel refus d'asile par l'OFPRA dans le cadre de l'examen de la légalité de la reconduite à la frontière est irrecevable.

Le rapport de 2006 avait déjà fait état de ces considérations, le Commissaire réitère ses préoccupations et invite les autorités françaises à revoir au plus vite les mécanismes et délais liés aux demandes d’asile en rétention.

Comprendre : ça fait deux ans qu'on vous dit que vous violez les droits de l'homme sur ce point et rien n'a été fait. C'est pas comme si deux lois avaient été votées sur l'asile dans l'intervalle, non plus. Ah si, tiens, c'est balot.

Mais il y a mieux. Si. Si. Il y a mieux. Il est des moments où l'incurie confine à la poésie.

125. Enfin, des organisations ont indiqué au Commissaire plusieurs cas dans lesquels des demandeurs d’asile retenus étaient présentés à leur consulat, dans le but d’obtenir un laissez-passer consulaire, alors que la demande d’asile est en cours d’examen à l’OFPRA. Une telle présentation met en danger non seulement la personne retenue qui demande justement la protection de la France en raison de menaces pesant sur elle dans son pays, mais aussi sa famille ou ses proches qui y demeurent encore. Le Commissaire invite instamment les autorités françaises à assurer que de telles pratiques soient immédiatement prohibées.

Un réfugié, c'est souvent un opposant au régime ou le membre d'une minorité opprimée qui s'est enfui, et parfois des mains même de ses bourreaux. Généralement, sa famille est encore sur place, surtout s'il a de jeunes enfants. On s'enfuit mieux tout seul. Et là, on l'amène au consulat du pays qu'il fuit, clic-clac merci la photo, on leur donne son nom, son adresse, ses date et lieu de naissance et on leur demande “ Vous le connaissez ? Vous acceptez de le reprendre si on vous le rend ? Merci, on revient dans 15 jours. ”

Elle est pas belle la vie ?

Allez, bon week end.

Commentaires

1. Le vendredi 28 novembre 2008 à 19:49 par Silent

Ca va devenir limite cliché, de dire que "France, pays des droits de l'homme" devient de plus en plus antithétique.

C'est récent, ces mesures visant à asserter notre beau pays comme terre d'accueil?

2. Le vendredi 28 novembre 2008 à 19:54 par villiv

Cassons-nous tout court, Maître !

3. Le vendredi 28 novembre 2008 à 20:04 par Diego

Pas de lien direct avec cet article mais je viens de voir une information qui me hérisse le poil et j'utilise cet espace pour un partage que j'espère apaisant : "N.S veut gracier 40 prisonniers méritants pour Noël". Gloups ! Tant mieux pour les heureux bénéficiaires qui devront être avoir fait preuve, par exemple, "d' une détermination hors du commun" pour en bénéficier... mais la politique pénale, carcérale, mais le rôle présidentiel... Après avoir tant méprisé l'amnistie du 14 juillet, lancé une politique du tout répressif et bourré comme jamais les cellules : quel correctif ? le Père Noël. Horreur glauque.

Eolas:
lien

http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/11/28/sarkozy-veut-gracier-40-prisonniers-meritants-pour-noel_1124828_3224.html

4. Le vendredi 28 novembre 2008 à 20:06 par Silent

Et pourquoi spécifiquement 40? "Nommez-moi une mesure, je vous donnerai un chiffre"?

5. Le vendredi 28 novembre 2008 à 20:14 par artemis

bonjour à tous

oui bon week le moral n'est pas au beau fixe avec toutes ces nouvelles auxquelles il faut ajouter les bouleversements incroyables du droit du travail

je crois que je vais me casser aux Maldives les doigts de pied en éventail et tout oublier dans l'eau bleue chaude

enfin si Monsieur RAPTOUT me laisse du gras pour me payer ce voyage ce dont je doute........

6. Le vendredi 28 novembre 2008 à 20:19 par Free Ture

Et ces faits là, ils cassent pas aussi quelque chose : On va où, comme ça ?

Vous connaissez la parabole de la grenouille qui cuit au bain-marie. Au début, certes, l'eau est un peu chaude, mais il faut bien s'adapter aux circonstances, nespas ?

7. Le vendredi 28 novembre 2008 à 20:47 par RITA

MERCI et BRAVO pour ce long article. On pourrait aussi se poser la questyion du coût des centres de rétention, du renvoi, des frais administratifs... et ue fois évalués (cela a dû être fait) , on pourrait imaginer repeupler des villages entiers qui pleurent parce qu'ilo n'y a plus d'épicerie, de tabac, de istrots, que les écoles ferment...Tous n'ont pas envie de vivre à Paris, et si la France veut rester pays d'accueil, ce qu'elle n'est plus, il faudrait qu'elle soit inventive. Non ? Merci Maître Eolas Rita

8. Le vendredi 28 novembre 2008 à 20:57 par So sad panda

Quand je suis arrivé en Suisse, les scores élevés de l'UDC et Blocher au pouvoir étaient les deux seules choses qui véritablement me donnaient envie de rentrer en France. Aujourd'hui je me dis que je suis bien ou je suis. Et de toute façon, au train ou vont les choses, même en étant français je vais bientot me faire refouler à la frontière...

9. Le vendredi 28 novembre 2008 à 21:04 par PMB

Petit troll urgent :

http://www.liberation.fr/medias/0101269634-un-ex-pdg-de-liberation-brutalement-interpelle-a-son-domicile

Mais non mais non, nous n'allons pas vers la dictature...

Eolas:
Parler de dictature pour un placement en garde à vue comme il y en a des dizaines chaque jour dans l'indifférence générale sous un billet où je vous parle de réfugiés fuyant de vraies dictatures dans l'indifférence générale n'est pas un troll. Juste du mauvais goût.

10. Le vendredi 28 novembre 2008 à 21:27 par yves

C'est marrant, mais j'ai du mal à trouver scandaleuse cette interpellation. C'est la procédure normale, subie par des tas de gens régulièrement, non?

Et parce que ça concerne un jour un des leurs, la presse va s'en émouvoir? Il aurait peut-être fallu faire son boulot de journaliste avant, et dénoncer ces méthodes lorsque c'étaient des petits délinquants qui les subissaient. C'est quoi le message? je n'ai rien dit car je n'étais pas un petit délinquant...

Par contre laisser un mineur de 10 ans sous la responsabilité de son frère de 14 ans, si c'est vrai pour moi ce serait une faute de la police.

11. Le vendredi 28 novembre 2008 à 21:34 par -

En même temps depuis 2002 il y en a un qui a peu à peu pris tous les pouvoirs en se servant de ses relations, en particulier dans la presse et les médias. Et depuis 2007 ce même personnage contrôle tout, le législatif, l'exécutif et le judiciaire... Remarquez le lien ci-dessous n'est pas mal non plus :

Comment peut-on encore dire que la France est une démocratie et encore plus le pays des droits de l'homme dans de telles conditions ?

Si à ça on ajoute les procédures abusives contre des opposants de tout poil, dont les prétendus saboteurs de lignes ferroviaires assimilés à des terroristes parce qu'ils ont le tort d'être gauchistes alors qu'il n'existe aucune preuve matérielle contre eux, la liste s'allonge de jour en jour... La loi HADOPI, pas encore adoptée, marque encore un pas dans cette direction puisque si elle passe en l'état l'internaute moyen n'aura même plus droit un procès équitable si jamais il se fait pirater sa ligne ou si quelqu'un se fait passer pour l'internaute incriminé. Heureusement l'Europe nous protège encore face à ça... jusqu'à quand ?

Au fait Maître allez-vous nous faire un article sur cette loi pour que nous connaissions votre point de vue éclairé sur le sujet ?

"-".

12. Le vendredi 28 novembre 2008 à 21:43 par Jennifer

Un ami qui a fait maints séjours dans les centres de rétention d'Europe (apparemment, sans papiers officiels qui indiquent qu'on n'a pas de pays et donnant droit au statut d'apatride, on n'a nul part où aller...) enfin cet ami s'est plaigné des conditions dans certains centres. Il semble que, en France, non seulement on est traité comme un criminel, mais aussi il est souvent impossible d'avoir de l'eau chaude pour se faire un thé.

Je pense qu'il a perdu tout espoir de sortir du labyrinthe kafkaesque où les accords de Dublin et l'ignorance (notamment d'un employé de préfet qui lui a dit qu'il ne voyait pas de différence entre l'URSS et la Russie) lui ont jeté depuis 8 ans. Au point où il en est, seul le fait de ne pas pouvoir boire du thé l'après-midi lui semblait encore important.

13. Le vendredi 28 novembre 2008 à 22:25 par PMB

Yves, il y a déjà un certain temps que la presse, quand il ne s'agit pas du Figaro, dénonce ces méthodes. La faute de laisser un mineur à la seule garde d'un autre mineur surtout quand on embarque son père, est la partie émergée de l'iceberg que vous verrez si vous relisez plus attentivement l'article.

On a le droit de s'assurer de la personne d'un individu qui refuse de rendre à des convocations (sauf qu'ici De Filippis en référait à ses avocats, Eolas nous en dira plus :-), pas de le faire avec des procédés qu'on croyait propres à certaines époques et à certains régimes policiers.

La fouille à corps, prévue au départ pour les trafiquants, n' a ici qu'un but : humilier. Comme a été humiliée, non, traumatisée, cette enfant de 13 ans déshabillée et touchée en public par une gendarmette sous les yeux des camarades filles et garçons de ses collègues mâles à Marciac. Je serais ses parents, je porterais plainte pour attouchements.

14. Le vendredi 28 novembre 2008 à 22:33 par eddy

Maitre Eolas cachant une batte de baseball derrière son dos se trouve a coté d'un troll assommé, portant une longue bosse sur le sommet du cuir chevelu. Un texte “Commentaire modéré par troll détector™” surplombe l'image.

15. Le vendredi 28 novembre 2008 à 22:35 par noisette

@ Silent: se prendrait-il pour Ali Baba ?

^^'

16. Le vendredi 28 novembre 2008 à 22:36 par L Harting

Maitre Eolas cachant une batte de baseball derrière son dos se trouve a coté d'un troll assommé, portant une longue bosse sur le sommet du cuir chevelu. Un texte “Commentaire modéré par troll détector™” surplombe l'image.

17. Le vendredi 28 novembre 2008 à 22:37 par eric

Voici le site qui relate l'incident raporté en point 13.

http://hns-info.net/spip.php?article16278

Une honte

18. Le vendredi 28 novembre 2008 à 22:55 par lyse

"se croire supérieur", "sous prétexte d'être technicien du droit"... vous vous trompez de débat. Le but n'est pas de se faire mousser. Libre à vous de faire ce genre de raccourcis simplistes "eddy".

Eolas:
Panneau : Don't Feed The Troll

19. Le vendredi 28 novembre 2008 à 23:08 par Philonous

@Eddy: euh je ne suis pas sûr d'avoir compris l'objectif de votre intervention: juste insulter par principe ou défendre (sans l'argumenter) un quelconque point de vue? L'onanisme, en l'état, risque de bien mieux s'appliquer à vos propos, car celui qui vocifère sans qu'aucune raison valable ne transparaisse, c'est bien vous...

Eolas:
Panneau : Don't Feed The Troll

Pour revenir au sujet initial, hélas, je ne suis même plus surpris. Que faudra-t-il encore pour faire comprendre que ce qui a été mis en place, depuis quelques années maintenant, en droit des étrangers ne fait que limiter de plus en plus les libertés individuelles, quand il ne s'agit pas tout simplement de les supprimer? La peur de l'étranger l'emporte à ce point qu'on en oublie les fondements même de la démocratie (respect et inviolabilité de l'être humain, hospitalité, entre autres).

20. Le vendredi 28 novembre 2008 à 23:29 par FB

Votre blog est essentiel. Merci.

France Culture ("Les Pieds sur Terre" par Sonia Kronlund) a consacré deux remarquables reportages sur la Commission de Recours des Réfugiés (qui intervient donc après un refus de l'OFPRA) il y a maintenant un an. Puisse cette émission compléter votre billet qui, pour saper le moral, se suffirait pourtant à lui-même.

http://www.nanolink.info/pst

21. Le samedi 29 novembre 2008 à 00:02 par Clems

Critique littéraire et realpolitik : Ouais je ne suis pas d'accord avec le titre de l'article. On ne peut pas perdre le moral avec un rapport pour des gens déjà morts, il faudrait aussi savoir rester dans le registre de l'émotion.

22. Le samedi 29 novembre 2008 à 00:06 par artemis

oui hummm je ne suis pas encore aux Maldives alors qui aurait l'amabilité de m'expliquer à quoi correspondent les dessins d'eddy troll detector et ne riez pas je vous prie de ma naiveté ou de mon ignorance merci

23. Le samedi 29 novembre 2008 à 00:13 par Tatilou

Je suis étrangère (non-communautaire) et je remercie la France de m'avoir accueillie, de me permettre un jour de devenir Avocat... oui, la France reste pour moi une terre d'accueil, malgré un excès de paperasseries inutiles qui au lieu d'en venir à bout des "fraudes" ne font que les rendre encore plus "ingénieuses" donc difficiles à combattre...

24. Le samedi 29 novembre 2008 à 02:53 par Flupke

la france est ici à la hauteur de sa réputation en avalanche de dossiers administratif... c'en est vomitif... rien à voir, mais mon week end était déjà gaché par cela... pourrait-on avoir des réactions de la part de nos hôtes à ce sujet?

25. Le samedi 29 novembre 2008 à 03:46 par ramses

Vous nous aviez indiqué, il y a quelques mois, une émission TV ayant trait à ce sujet. On y voyait plusieurs audiences de l'OFPRA étudiant le cas de demandeurs d'asile politique. Je ne sais si un lien vidéo existe sur cette émission, qui m'avait bouleversé.

En l'absence de preuves formelles du caractère politique de la demande d'asile, ces malheureux sont renvoyés dans leur pays d'origine, où les attend une mort certaine.

Il y a des fonctionnaires qui font vraiment un sale boulot...

Les statistiques ne sont pas facilement consultables.

Ce lien indique un taux d'admission de 14,8% des demandeurs en 2003, contre 16,9% en 2002 et 18% en 2001.

Les admissions sont en diminution constante et il est à craindre que celles de 2008 soient très inférieures à 10%.

26. Le samedi 29 novembre 2008 à 04:08 par ramses

Sur le rapport que vous citez, il y a une autre perle qui vous a peut-être échappé :

" Dossier 2006-29 : Un particulier prétendait avoir été témoin d’une interpellation d’une grande violence par deux policiers de la police aux frontières, le 15 mars 2006, à l’entrée du couloir d’embarquement de l’aéroport de Toulouse-Blagnac. Il en avait informé M. Gérard BAPT, député de la Haute-Garonne. Le parlementaire avait transmis ce témoignage à la Commission le 10 avril 2006.

Convoqués par la Commission, les deux fonctionnaires mis en cause ont rappelé la condamnation de la personne interpellée, pour refus de se soumettre à une mesure d’éloignement et rébellion, à deux mois d’emprisonnement et deux ans d’interdiction du territoire national, ainsi qu’au versement de 300 euros de dommages et intérêts au bénéfice de chacun d’entre eux. Arguant des dispositions de l’article 8 de la loi du 6 juin 2000 créant la CNDS - la Commission ne peut intervenir dans une procédure engagée devant une juridiction ; elle ne peut remettre en cause le bien-fondé d’une décision juridictionnelle - ils refusèrent de s’expliquer sur les faits.

Le 7 décembre 2006, surlendemain de leur audition par la Commission, les deux policiers déposaient une plainte contre le témoin pour dénonciation calomnieuse. Ce dernier était entendu, le 16 février 2007, à la demande du procureur de la République de Toulouse, par des militaires de la gendarmerie de son lieu de résidence. Il réitérait ses premières déclarations.

++Cependant, après concertation avec son conseil, sur la proposition du procureur de la République, il acceptait de rédiger une lettre d’excuse et de verser une somme d’argent à chacun des policiers afin d’obtenir un classement sous condition de la procédure...++"

27. Le samedi 29 novembre 2008 à 08:21 par cycloaml

Trop belle celle de Ramses! On vit une époque formidable et je félicite Ramses pour son courage: écrire un tel commentaire, c'est risquer la condamnation à enrichir encore un peu plus ces fonctionnaires violentés...

28. Le samedi 29 novembre 2008 à 13:19 par Lucas Clermont

Un cercle de silence à Mulhouse tous les derniers samedi du mois, par exemple aujourd'hui à 16h30, place de la Réunion. C'est organisé entre autres par : Pastorale des Migrants, CIMADE, Ligue des Droits de l'Homme, CCFD.

29. Le samedi 29 novembre 2008 à 17:15 par jcd

heu... mais français ne prend pas la majuscule lorsqu'il s'agit de la langue française.

La situation est la même partout de l'UE. Si cette union était démocratique comme elle le prétend, elle ne chercherait pas à ce point à se rendre inhospitalière pour ceux qui frappent à sa porte (ni d'ailleurs de plus en plus pour ses propres habitants pourvus qu'ils ne soient pas fonctionnaires européens ou riches rentiers)

30. Le samedi 29 novembre 2008 à 21:27 par Aranno

Maitre Eolas, merci. Même dans un billet comme celui-ci, vous arrivez tout de même à me faire rire. Même si le rire est bien jaune, un rire à la Beaumarchais...

31. Le samedi 29 novembre 2008 à 22:07 par Aranno

Je crois que la catégorie dans laquelle est classé ce billet n'est pas la bonne, il me semble que Droit des étrangers conviendrait mieux que Droit Etranger...

32. Le samedi 29 novembre 2008 à 22:25 par georges

je n'en reviens toujours pas. Parfois en vous lisant Eolas on se demande si on habite bien en France ou si on a inconsciemment déménagé dans la nuit pour la Russie.

33. Le dimanche 30 novembre 2008 à 00:43 par omadhawn

  • sigh*

34. Le dimanche 30 novembre 2008 à 12:38 par Alain Cognitault

Les faits rapportes par Ramses (commentaire # 26) font froid dans le dos. Temoigner et s'indigner du comportement d'individus en uniforme est donc interdit. Il est donc devenu impossible de partager son opinion personnelle par ex. avec un depute.

Si j'ai bien compris, la personne n'a pas ete poursuivie judiciairement seulement parce qu'elle a accepte de se soumettre a un racket: versement d'une somme d'argent aux deux individus dont le comportement etait source de son indignation.

Je crois que la comparaison de la France avec l'URSS est devenue deshonorante pour l'URSS.

Faut-il donc comprendre que photographier ou filmer des actions d'individus en uniforme dont le comportement nous semble suspect nous expose a des poursuites judiciaires et a un racket organise?

Nous vivons une epoque formidable.

35. Le dimanche 30 novembre 2008 à 14:50 par Kemmei

En fin de we, c'est déprimant aussi.

Heureuement qu'il y a l'humour (le cynisme?) pour faire passer la pilule.

"— J'ai une super idée pour faire des économies en limiteant le nombre de dossiers : si en plus, on les privait d'interprètes, et de stylos ? — Durand, vous êtes un génie : vous finirez préfet !"

36. Le dimanche 30 novembre 2008 à 15:38 par Louloulepou

Dans les demandes prioritaires de droit d'asile, le refus doit être motivé par un choix (à cocher). Le troisième choix est systématiquement coché, c'est celui-ci :

- La demande d'asile repose sur une fraude délibérée ou constitue un recours abusif aux procédures d'asile ou n'est présentée qu'en vue de faire échec à une mesure d'éloignement prononcée ou imminente.

Ma question est : si cela est prévu par la loi, pourquoi mettre ça sur le même plan qu'une fraude délibérée ou un recours abusif, et pourquoi employer cette tournure péjorative : n'est présentée qu'en vue de faire échec ?

37. Le dimanche 30 novembre 2008 à 19:04 par Vent du Sud

J'ai été pendant deux ans président d'un centre d'accueil des demandeurs d'Asile (CADA). J'y ai laissé une partie de ma santé, tellement la charge émotive et humaine était disproportionnée, et j'étais bien entendu bénévole. Le Préfet, le DDASS, le commissaire, tous me connaissaient et faisaient pression sur moi, mes employés et les réfugiés. Ceci a fini par déteindre sur mon activité professionnelle et me porter tort, le préfet prenant même un arrêté pour m'interdire certaines activités (je ne tiens pas à en dire plus). Ceci n'a rien à voir avec ce que vous écrivez ? Vous croyez? La révolte!

38. Le dimanche 30 novembre 2008 à 20:04 par Rataxès

Merci pour ce billet salutaire.

Je n'ai pas l'habitude de réagir sur les blogs que je lis mais, ce soir, c'est doublement attristé que je m'y décide : pour le contenu même du billet, qui est profondément révoltant (mais on a l'habitude, désormais, n'est-ce pas...), et pour le (très) petit nombre de réactions qu'il suscite, en comparaison des chiffres habituels sur ce blog. Voir notamment celui du 29 novembre : à cette heure 243 commentaires contre 37 pour celui-ci, posté un jour plus tôt.

C'est triste. Tellement triste.

39. Le dimanche 30 novembre 2008 à 21:49 par Régis Hulot

Cher Maître,

Mon petit blog n'a pas votre audience, mais je mets un lien dans une invitation à vous lire, et en particulier cet article, après avoir évoqué les "morts de la rue" au Bois de Vincennes ou ailleurs, et le dernier pendu dans une prison marseillaise.

Je n'ose pas écrire que j'ai honte de mon pays, mais j'ai honte pour ceux qui font de lui ce qu'il est en train de devenir. A nous d'essayer que cela ne soit inéluctable.

Bien cordialement et merci.

RH

40. Le jeudi 4 décembre 2008 à 17:03 par Nono

Droit des Etrangers? Les étrangers auraient encore des droits en France? J'ai récemment rencontré des personnes qui m'ont avoué qu'ils cachent un ou des étrangers en situation irrégulière.Les hébergeurs sont agés ( un peu!), anars ( pas mal) et se foutent des conséquences.On en est là aujourd'hui.L'un des intervenants s'émeut du peu de commentaires des internautes sur ce sujet.Je le rejoins.

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