Journal d'un avocat

Instantanés de la justice et du droit

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Où mettre le Maître, ou de l’étiquette de Barreau.

Ce billet est une rediffusion du 29 juin 2004.

Un petit éclairage sur un point qui semble plonger beaucoup de nos interlocuteurs dans la plus grande perplexité : comment s’adresse-t-on à un avocat ?

Faut-il lui donner du Maître ? Du Monsieur ? Et si c’est une femme ? Maîtresse ? Madame ? Et s’ils sont plusieurs ? Maîtres ? Messieurs ?

Les greffiers sont les premiers concernés. Je devrais dire les greffières, tant ce corps est féminin et que les hommes y sont l’exception.

J’entends régulièrement une greffière demander à sa collègue : « Martine, Tu pourrais trouver le dossier Machin et le donner à Maître ? »

C’est impropre.

Les règles sont simples.

Maître est une survivance de l’origine de la profession où les avocats avaient la qualité de clercs laïcs. Aujourd’hui, on l’utilise pour s’adresser à tout officier ministériel ou tout auxiliaire de justice : huissier, avoué, notaire, avocat au Conseil et avocat.

On dit Maître à un avocat quand on s’adresse à lui ou quand on parle de lui en précisant son nom.

« Bonjour Maître »

« Greffier, veuillez mentionner que Maître Eolas défendra Monsieur Machin ».

Maître n’a pas de féminin. A l’origine, seuls des hommes pouvaient être avocats, du fait de leur statut de clerc. Ce n’est plus le cas depuis 1901 seulement. Aujourd’hui, puisqu’il n’y a aucune distinction selon que l’avocat soit homme ou femme (d’ailleurs, nous portons tous la robe !), l’adresse est donc la même : Maître Eolas, Maître Veuve Tarquine. Pour la même raison, je répugne à utiliser les termes « avocate » et « consœur ». Je le fais par simplicité pour éviter une lourdeur de style comme « un confrère féminin » quand le sexe de l’avocat a une importance.

On n’utilise pas le pluriel, mais on répète le titre.

« Maîtres Eolas et Veuve Tarquine défendront ensemble Monsieur Machin » est incorrect, il faut dire « Maître Eolas et Maître Veuve Tarquine ...».

Quand on s’adresse à l’ensemble des avocats, on dit « Messieurs les avocats ».

Exemple : « Note à Messieurs les avocats : les dossiers sont consultables au greffe de 13h00 à 16h30 ».

Enfin, on donne du Maître à un avocat dans l’exercice de ses fonctions.

En dehors, c’est Monsieur. Ou Madame si c’est une femme.

L’usage veut que jamais on ne s’appelle Maître entre avocats. On se donne du Confrère ou du Cher Confrère. Confrère, car en tant que clercs laïcs, nous étions membres d’une Confrérie (à Paris, celle se Saint-Yves).

Le seul avocat qui perde le titre de Maître est le Bâtonnier, chef élu pour deux ans de l’Ordre des avocats, qu’on appelle tout simplement Monsieur le Bâtonnier.

PS : pour mieux connaître mon excellent Confrère Maître veuve Tarquine, cliquez ici.

La discussion continue ailleurs

1. Le lundi 16 octobre 2006, 16:39 par le blog de papydompointcom

MAITRE OU PAS MAITRE

Ou comment appeler (entre autres ) un avocat. Consulter le blog de Maitre Eolas Et pour être un peu moins sérieux, quoique: Brel "lalala"          

Commentaires

1. Le samedi 14 octobre 2006 à 18:56 par orochimaru

Et les élèves-avocates?
Faut-il les appeler "futur consoeur" ?

J'appelle la mienne "esclave".

Eolas

2. Le samedi 14 octobre 2006 à 19:44 par leinad

c'est victor hugo qui signalait que dans le mot confrere, il y a aussi le mot "frere".
mais pour le commun des mortel, un avocat, un notaire, c'est monsieur. et je m'amuse toujours, quand j'accompagne une personne chez un homme de loi, d'entendre "bonjour monsieur" de la part de l'accompagné, et le regaard de l'homme de loi quand je dis "maitre"

3. Le samedi 14 octobre 2006 à 19:46 par courbet

Je suis un peu surpris par votre point de vue sur l'appellation que l'on doit donner d'un avocat de sexe féminin.
On ne dit donc pas une avocate ?
De même doit-on dire Madame le Juge ?
Tout ça me paraît d'une époque révolue où bon nombre de métiers n'étaient que masculins.
Ceci dit, à l'inspection c'est la même chose, nombreux sont ceux qui disent "Madame untel, inspecteur du travail" bien qu'on ait eu des directives du ministère pour féminiser les fonctions suite à une loi votée au parlement je crois (?)
Si jamais une femme est élu à la présidence de la République, peut-être pourras-t-on (ou devras-t-on) dire Mme la Présidente de la République.
La féminisation quoi qu'on en dise me parait une modernisation de la langue française nécessaire pour suivre l'évolution de la société.

Je vous ferai la réponse que je fais à chaque fois à ceux qui, confondant genre et sexe, vois de la modernité dans cette idiote lubie : j'appellerai mes confrères féminins "avocate" quand on appellera mes clients masculins "le partie" et "le victime". Je trouve obsolète cette manie de nier leur masculinité.

Eolas

4. Le samedi 14 octobre 2006 à 20:47 par Jean

Il faut mettre un terme au maitre!!!!!! à bon entendeur

Comment espérez vous me convaincre si vous mettez moins de dix sept points d'exclamations ?

Eolas

5. Le samedi 14 octobre 2006 à 20:54 par flo

Courbet :
A supposer que les genres dans la langue aient un sexe. Ce qui n'est pas du tout une évidence, mais une croyance si ancrée qu'elle finit par produire un effet sur la façon de dire et de penser. C'est une question d'aspect et d'intentionnalité ici : par "Maître Machin", le "maître" renvoie à la fonction et pas à la personne en tant que homme ou femme. La fonction n'est en elle-même si "masculine" ni "féminine" du point de vue linguistique. La fameuse évolution de la société fera qu'un jour le masculin/féminin linguistique se détachera dans les esprits de sa corrélation avec la notion "sexe masculin/féminin", peut-être. Ou peut-être pas.

6. Le samedi 14 octobre 2006 à 21:55 par courbet

Flo:
Pour ma part je ne parlais pas du mot "maître", mais bien du mot "avocat".
Maintenant , doit on dire un "infirmière", un "femme de ménage" ou une "homme politique" pour s'attacher simplement à la fonction, sans se soucier de savoir si les genres ont un sexe ?
Pour moi, tout ceci est peu convaincant.
Il y a en vérité dans le genre de certains mots bien des traces d'une situation passée de notre société où l'homme occupait seul la place publique : le médecin, le soldat, le député, le gendarme, etc.
Il y avait de nombreux métiers d'hommes qui ne le sont plus aujourd'hui et c'est tant mieux.
Mais j'ai du mal à croire que cela pourrait être un hasard dans ce contexte que le genre soit masculin pour tous ces métiers, quoiqu'en dise la linguistique selon vous.

Donc, faut il appeler les femmes médecins des médecines ?

Eolas

7. Le samedi 14 octobre 2006 à 22:03 par ano et nyme

Sans aucune connotation défavorable, je trouve cet usage non pas trop lourd, mais juste d'un usage surranné, nous trainons des lourdeurs négatives héritées de temps anciens.....
Monsieur l'avocat ou Madame me semble plus approprié, le coté "maitre" me géne...Maitre pour quelqu'un ayant acquis une maitrise, maitre d'oeuvre pour le batiment, maitre chanteur, maitre queux, le maitre de l'école communale, maitre jacques (voir Moliere), maitre de ballet,.... et j'en passe.....bon c'est vrai que dans le tas, il y a quelques exemples qui n'ont pas lieu d'etre et qui ne sont qu'honnorifiques ou vexatoires....
Le refus de l'autorité y est peut etre pour quelque chose, la dénomination de la fonction suffit, sans y rajouter autre chose.....
Appelez moi Monsieur le directeur, ou patron, je vous appelerai maitre..( euh c'est de l'humour, je tiens a le préciser en cas d'interprétation érronée)..

Cordialement a continuer a tout lire....

8. Le samedi 14 octobre 2006 à 22:45 par flo

Courbet : je n'ai pas dit qu'il n'y avait pas de lien entre l'es idéologies qui instituent une société et la langue, mais que le genre dans la langue c'est pas la même chose que la désignation du genre "sexué" auquel "appartient" un individu. En revanche, nous investissons la langue de notre croyance en le "genre", cela je ne songe pas à le nier.
Pour des mots comme "table" ou "aigle" (qui était "féminin" encore au 18e d'ailleurs), l'investissement idéologique est faible. Pour des mots comme "pute", il est très fort, au point qu'un homme insulté par ce terme le sera au féminin. C'est davantage la langue courante (et notamment le langage de la laudation et de l'opprobe) qu isont des lieux où on peut essayer d'évaluer "l'équité" du langage envers les hommes et les femmes, parce que c'est là qu'il y a les marqueurs les plus forts. Mais on peut lire aussi des marqueurs dans d'autres domaines. Sans que cela permette d'affirmer que la langue a un sexe. Tenez par exemple, qu'est-ce qu'une table a de féminin au sens social ou idéologique ?

Maintenant, là où on peut en effet se poser la question de l'investissement idéologique sur les fonctions, c'est de la façon suivante : est-ce que des personnes interrogées auraient une impression plus laudative devant le terme "docteur" que "doctoresse" ? Est-ce que dans leur esprit "docteur" renverrait d'abord à un métier/titre alors que "doctoresse" évoquerait d'abord l'idée de "femme" ?

Et puis, autre type d'influence idéologique : le champ couvert par "maître" est très différent de celui couvert par "maîtresse". Les croyances sociales ont forgé les mots et leur zone de couverture.

Mais simplement, je pense que cela n'a pas grand chose à voir avec le genre au sens linguistique, et que "maculiniser" ou "féminiser" un terme n'a pas en soi effet de levier sur les faits et les idées dans le monde factuel, parce que la puissance du verbe n'est pas là. (En revanche, les changements dans le monde factuel amènent des changements sémantiques.)

9. Le samedi 14 octobre 2006 à 22:47 par hm

Un billet bien court, comparé à ceux dont vous nous gratifiez habituellement. Et pourtant je ne peux m'empêcher de réagir : comme dans le domaine de "la santé", où l'usage impose le "Docteur", il semble que les habitudes aient la vie dure au royaume de la Justice également ?

Je m'aperçois d'ailleurs que j'ai suivi inconsciemment cet usage lors de mes références à votre personne dans les quelques billets que j'ai rédigés. Cela fait pourtant déjà longtemps que je donne du "Monsieur" ou du "Madame" aux médecins que je fréquente. Il faudra que j'y remédie ;-).

D'ailleurs je serais vivement intéressé par votre avis personnel sur cette "survivance" d'un passé depuis longtemps révolu : cet usage n'engendre-t'il pas une relation inutilement déséquilibrée entre l'avocat (qui sait) et son client (qui ignore) ?

Bien amicalement,

10. Le samedi 14 octobre 2006 à 23:24 par padawan

Entre ex-collègues de la même ex-boite, on se refile le même avocat, et on la désigne toujours simplement par "Maître". "Tu as vu Maître ? Qu'est-ce qu'a dit Maître ?" En insistant bien sur l'accent circonflexe. J'avoue que ça nous fait marrer à chaque fois ;-).

11. Le samedi 14 octobre 2006 à 23:29 par Tom

Quand j'étais gamin, la femme médecin s’appelait doctoresse.
J’ai grandi et le terme a disparu.
Maintenant, on voit parfois des docteures.

À l’école républicaine, il y avait des maîtres et des maîtresses, mais le Barreau, ce n’est pas l’école

Au service militaire, il y avait des sentinelles, mais cela aussi a disparu (le service militaire, pour les sentinelles, je ne sais pas, je ne suis pas général-e).

J’ai connu aussi une Directrice qui se fait appeler Madame le Directeur, c’est la vie.

Et puis il y a les hommes, les êtres humains, quoi ! Dont une moitié (en gros) a un nom spécifique : femmes, tandis que l’autre moitié a perdu sa virilité (latin vir) pour ne garder que son humanité (latin homo)…

Bref, les langues sont mal faites, à moins que ce ne soient les langages, ou bien les humains !


Merci Maître

12. Le dimanche 15 octobre 2006 à 00:38 par XIII

"Enfin, on donne du Maître à un avocat dans l’exercice de ses fonctions. En dehors, c’est Monsieur."

Il ne faut pas dire Maître Eolas, mais Monsieur Eolas, alors ? :-)

Le premier qui me dit "va te faire Maître", je lui fais un procès, en tout cas.

Eolas

13. Le dimanche 15 octobre 2006 à 00:55 par Krazy Kitty

Je tenais juste à faire remarquer que ce n'est pas l'existence ou non d'un terme féminin qui empêche une femme de faire un « métier d'homme », et réciproquement.

Par ailleurs, inventer un terme féminin qui, au lieu de transformer le « métier d'homme » en « métier tout court », lui adjoint un « métier de femme », est souvent trop artificiel pour passer avec bonheur dans la langue. Il en est de même pour les titres, et trouvant le « Docteure » de la plus extrême laideur, je préfèrerais que l'on se confine - dans l'exercice de ma profession - au « Docteur » quand j'aurais obtenu mon doctorat (car oui, je viendrai à bout de ma thèse).

Enfin, quel est donc le masculin de « sage-femme » ?

14. Le dimanche 15 octobre 2006 à 01:46 par Porfi

Dans les langues où les noms n'ont pas de genre, on n'a pas ce problème.
Supprimons le genre, nous éviterons à beaucoup la tentation de nous écorcher les oreilles avec des féminisations improbables.
Imposons un vrai neutre qui ne soit pas tantôt masculin, tantôt féminin.
Bref, parlons anglais par exemple.
De toutes façons, cela ne saurait tarder.
Ou alors utilisons uniquement des épicènes, la réforme sera moins laborieuse. Admettons au passage que certains noms le deviennent et tout sera réglé.
De toutes façons personne ne se battra pour être désignée comme escroque. Une basse pourra toujours épouser un soprano et, dans un couple ayant prêté le serment d'hippocrate, le mari ne sera pas contraint de dire "ma femme est une médecine douce" s'il veut parler de sa gentillesse.

Notons au passage que le maître de ces lieux évite de se prononcer sur la façon dont il convient de l'appeler ici.
Peut-on lui donner de l'éolas sans craindre d'être discourtois? Doit-on, au passage, mettre une majuscule à éolas, sachant que c'est au départ un nom commun et que sa fonction de nom propre n'est pas certaine?
Est-il ici dans le cadre de ses fonctions? Un peu, beaucoup...
Un avocat et un notaire doivent-ils s'appeler maître si l'un d'eux n'est pas dans le cadre de ses fonctions?
Si un avocat assure sa défense lui-même, le juge doit-il l'appeler Monsieur ou Maître?
Quelqu'un a t'il vu cet excellent film de george Cukor ou Spencer Tracy, Procureur, est marié à Audrey Hepburn, avocate (pour faire simple), dont le titre français utilise l'expression "porter la culotte"?

15. Le dimanche 15 octobre 2006 à 02:25 par ano et nyme

Tant qu'a etre dans les noms oiseux, je me souviens d'une remarque dans le corps militaire qui est tres bien fréquenté par les femmes maintenant, j'ai osé dire mon capitaine a femme qui m'a aussitot repris en me faisant remarquer que le "mon" ne valait que pour monsieur.....Donc Capitaine, qui était toubib d'ailleurs....mais bon c'est une autre histoire....Capitaine Docteresse en cheftaine.......
Juste, pourquoi vouloir a tout prix féminiser ou masculiniser un nom, un titre, cela tient il au rejet de la masculinisation de presque toutes les professions, ou pour se départir d'une feminisation montante ?
Cela me rapelle que j'ai une amie qui a été trés surprise quand elle a eu affaire a un gynécoloque de sexe masculin .... une gynécologue...? Domique de son prénom... comme quoi...
Le titre masculin ou féminin devrait etre asexué.....
Pour ce que j'en dis, mais je m'amuse beaucoup...

Cordialement de continuer a tout lire

16. Le dimanche 15 octobre 2006 à 05:51 par pilouface

- C'est pour le Maître ?
- Non, c'est pour le voir.

17. Le dimanche 15 octobre 2006 à 06:22 par LeRoiDesZotres

Il y a aussi : un avocat est souvent un Monsieur qui s'est fait Maître.

Plus sérieusement je crois que les titres et les fonctions sont, il me semble, invariables on dit un ambassadeur ou un ministre quelque soit son sexe. N'en déplaise à Ségolène ...
Sinon on risque de devoir dire la Cheffesse des armées en 2007.
Par exemple, on parle bien de sages-femmes c'est donc une qualité qui ne concerne que ces dames. :-)


18. Le dimanche 15 octobre 2006 à 10:16 par José@La e-Cité

Lisant ce blog depuis bien longtemps mais n'y intervenant jamais, je salue donc tout le monde et en particulier l'hôte de ces lieux pour ma première intervention. :)

En tant qu'ancien militaire je vous pose la question (dont je connais la réponse bien sûr) : pourquoi chez les militaires dit-on "Mon adjudant" à un homme et "adjudant" à une femme ?

En tant qu'ancien militaire, vous devez le savoir : Mon tient pour Monsieur. Mon adjudant signifie Monsieur l'adjudant. Dès lors, user de ce titre à l'égard d'une femme serait saugrenu. Notons qu'il n'y a aucun Mon- dans la marine. Je vous laisse en tirer les conclusions que vous souhaitez.

Eolas

19. Le dimanche 15 octobre 2006 à 10:28 par Jean

Votre esprit facetieux est-il malade Maitre? Je disais il faut mettre un thermomètre!!!!!!!!!!!!!!!!! (il y en a 17 exactement)

20. Le dimanche 15 octobre 2006 à 11:10 par Gascogne

Ce que je préfère actuellement chez nos politiques qui réflechissent, c'est la féminisation des titres dans la magistrature : au journal officiel, ne sont plus nommées que des "substitutes". J'ai beau vouloir me la jouer moderne, je n'y arrive pas sans rire.
@ Krazy Katty : "Enfin, quel est donc le masculin de « sage-femme » ?" Il sera "sage-homme" quand les hommes réussiront à accoucher...
@ Porfi : "Si un avocat assure sa défense lui-même, le juge doit-il l'appeler Monsieur ou Maître? ". En ce qui me concerne, je ne donne jamais de titre, hormis Monsieur ou Madame, à mes mis en examen ou prévenus, car en cas de poursuites, ils (ou elles, je ne veux vexer personne) sont des justiciables, et donc égaux aux autres devant la justice. J'ai déjà eu l'occasion de mettre en examen des huissiers et des notaires (pas encore des avocats, mais ça viendra ;-) ) et j'ai bien senti que la "perte" de leur titre les destabilisait.
@ José@la e-cité : "pourquoi chez les militaires dit-on "Mon adjudant" à un homme et "adjudant" à une femme ?" Because "Mon" est la contraction de Monsieur. Donc forcément, pour une femme, ça fait désordre, surtout si elle peut exercer un quelconque pourvoir disciplinaire sur vous...

Si un avocat assure sa défense lui-même, il ne porte pas la robe. Il n'est pas dans l'exercice de ses fonctions, et doit être appelé Monsieur. Enfin, cela va de soi, il doit être relaxé.

Eolas

21. Le dimanche 15 octobre 2006 à 11:23 par Citoyen-camarade Masra

Toi aussi, Eolassounet! ..euh non...
Tu quoque, mi Domini!.. euh crénon...
Vous aussi, Maître Eolas! Vous avez cédé. Vous avouez dire parfois "avocate" ou "consoeur".
Vous y rechignez? Soyez sans crainte, certaines femmes, également, "croiraient n'avoir rien obtenu, si l'assimilation n'était pas complète. Elles veulent porter tout crus des tires d'hommes" (Brunot, La pensée et la L. p.90).

Elles sont directrices, conservatrices, dictatrices (si, j'en connais beaucoup), championnes, conseillères, pharmaciennes ou encore avocates mais se plaisent à être directeurs, conservateurs, dictateurs, champions, conseillers, pharmaciens, avocats.

C'est vrai qu'il en faut, des couilles, pour parvenir à un tel niveau social.

P.S.: je n'ai certainement pas lu Brunot, j'ai lu Grévisse et, dans Grévisse, il y a tout bien expliqué.
P.P.S.: dans "tout", je n'entends cependant pas "recettes de cuisine".

22. Le dimanche 15 octobre 2006 à 11:52 par Christophe

Merci à Jean pour son bon mot (#4)...
Il est vrai que le maître des lieux taquine facilement.

Merci à lui pour cet article, et pour ce blog en général, qui palient tant à nos carences grammaticales.

23. Le dimanche 15 octobre 2006 à 13:08 par Luc

Et pour le maître-étalon, quelles sont les règles ?

Un étalon n'a pas de règles.

Eolas

24. Le dimanche 15 octobre 2006 à 14:25 par Obsidian

@Krazy-Kitty (#13)
> Enfin, quel est donc le masculin de « sage-femme » ?

Un « maïeuticien » :

www.google.fr/search?hl=f...

25. Le dimanche 15 octobre 2006 à 15:38 par Florent

Ce genre de question suscite toujours les mêmes réactions et provoque, me semble-t-il, un débat plus obsolète que les vocables bannis par ceux qui pensent ainsi s'émanciper de règles sociales élementaires telles que la hiérarchie ou tout simplement la politesse. Refuser d'appeler un médecin "Docteur" ou un notaire "Maître" est à mes yeux une façon un peu puérile de croire que l'égalité se crée par l'outrance. Surtout dans un pays ou ceux qui veulent bien se donner la peine d'y arriver peuvent devenir avocat ou notaire sans être forcément issus de la bourgeoisie.

Amen.

Eolas

26. Le dimanche 15 octobre 2006 à 17:27 par Jusmine

L'usage et la formule veulent que lorsque l'on s'adresse par écrit à un confrère, entre avocats, l'on commence par le sempiternel "Cher Confrère"... Mais comment faire lorsque le destinataire est un confrère qu'on ne peut absolument pas blairer ? Il paraît délicat de dire simplement "Confrère" ! Je suis dans l'impasse ! Pouvez-vous m'aider ? Merci !

Pensez aux honoraires qu'il réclame à son client. Vous pourrez alors l'appeler "cher" sans déchoir.

Eolas

27. Le dimanche 15 octobre 2006 à 18:17 par ano et nyme

Légerement hors sujet... je viens de lire un article concernant les blogs influents..dont le votre...avec un essai de récupération d'une société assez spécialisée..... mais ce serait assez interessant d'avoir votre avis..puisque vous faites parti du top 50 ( sic..)..

Cordialement de continuer a tout lire, et n'hésitez pas a supprimer ce commentaire qui est completement hors sujet selon votre envie...

Rassurez vous : je n'hésite jamais à effacer un commentaire. Cette étude, qu'on m'a signalée, ne mérite pas mieux de ma part qu'un sourire amusé, quand je vois les incroyables absents de cette étude. Quant à mon influence... Je ne parviens même pas à faire régner l'ordre dans mes commentaires, on y fait des hors sujets...

Eolas

28. Le dimanche 15 octobre 2006 à 18:51 par José@La e-Cité

@ Eolas, mon commentaire 18,
@ Gascogne, commentaire 20,

Je connaissais la réponse bien évidemment. Le "Mon" ne s'emploie à l'origine (exception mentionnée en fin de commentaire) qu'envers un officer de grade supérieur. D'autant plus que le "Mon" n'est pas de rigueur envers un subordonné, la déférence perdant alors tout lieu d'être. On admet même à l'usage d'appeler un subordonné par son nom.

Quant à la Marine, l'usage du "Mon" fut retiré par l'empereur envers les officiers de Marine après la défaite de Trafalgar, Napoléon ayant alors décidé qu'ils ne méritaient plus le titre de "Monsieur".

Une dernière exception existe avec les adjudants (et adjudants-chef) qui ne sont "que" des sous-officiers. Lors d'une bataille, certains d'entre eux menant une charge héroïquement auraient alors été confondus par l'empereur avec des lieutenants. Bien que s'étant fait reprendre, devant la preuve de leur courage il décida qu'on les appellerait dorénavant "Mon lieutenant". Si cette appellation n'est valable que pour la cavalerie ou les blindés, le "Mon" a toutefois été généralisé pour les adjudants dans tous les corps en disposant. :)

29. Le dimanche 15 octobre 2006 à 19:01 par Cassandre

Je constate que pour une question que beaucoup s'accordent à trouver secondaire voire futile, on cause beaucoup... La féminisation des noms de métiers ne laisse personne indifférent. Si c'est si dérisoire qu'on laisse faire... Mais visiblement, les réactions dès qu'on se permet un écart par rapport à la norme académique prouvent que ce sujet est sensible.
A ma connaissance, les fautes d'orthographe ne sont pas encore interdites par la loi. Les gardiens de l'Académie Française ne peuvent pas encore nous verbaliser pour mauvais usage de la langue française. Alors usons de notre liberté et de notre inventivité à notre gré. Que les plus conservateurs en tiennent pour les usages établis, que les plus révolutionnaires féminisent sans peur du ridicule. L'usage quotidien retiendra les formules les plus heureuses et banira les mots les plus inélégants.
Rendez-vous dans cinquante ans ?

30. Le dimanche 15 octobre 2006 à 20:14 par tokvil

quand j'ecris a un avocat pour une demande de stage, je l'ecris dans l'exerice de ses fonctions ?

31. Le dimanche 15 octobre 2006 à 20:23 par Monsieur le "Président"

[Point Eolas]

32. Le dimanche 15 octobre 2006 à 20:26 par Pierre-Selim

Le problème de la féminisation des titres, et des noms de fonctions à mon avis est que l'on fait le contraire de ce que l'on voudrait. Le fait de féminiser ces termes semblent dire "regardez une femme aussi à le droit de faire cela" pour faire des exemples. Pour moi l'égalité c'est justement d'utiliser un genre neutre qui marque l'indifférence du sexe de la personne.

D'ailleurs faut dire ingénieure ou ingénieuse ? docteure ou doctoresse ? sénateure ou sénatrice ? etc.

33. Le dimanche 15 octobre 2006 à 20:26 par Monsieur le "Président"

[Point Eolas]²

34. Le dimanche 15 octobre 2006 à 20:47 par georgewalter

Oufff. Toute cette sémantique. Il n'empêche que de tout temps, que ce soit par faste type louis XIV (tiens, celui là, le mégalo supremissime quoique le faste des mairies, batiments du trèsor ou préfectures témoigne de la survivance de ses leçons) ou par l'emploi imposé (usage ou loi) de titres, les castes supérieures se démarquent de et se font respepecter par les serfs par justement l'emploi ou l'imposition de titres ou de démesure architecturale. georgewalter vaguement anar d'un soir.

35. Le dimanche 15 octobre 2006 à 23:03 par Jibouille

Comment justifier que certaines corporations se réservent le monopole d'un titre ? L'Université délivre des Maîtrises et des Doctorats dans tous les domaines, mais seuls les juristes et les médecins peuvent associer ce titre à leur nom.
Alors que dans tous les pays du monde, il est d'usage d'appeler "Docteur Machin" un chercheur de n'importe quelle discipline ayant soutenu une thèse (j'aurais même envie de dire une *vraie* thèse, si l'on compare à celles de médecine), une telle signature vaudrait, en France, quelques ennuis avec l'Ordre des Médecins.
Ne trouvez-vous pas un peu puéril de s'attacher à ces titres de gloriole ?
Concernant un magistrat, j'entend bien qu'au delà de sa personne, c'est à l'institution que l'on s'adresse, voire à la République. Une formule exprimant ce respect a donc du sens.
Mais en ce qui concerne un citoyen qui exerce une profession libérale, je ne vois pas la nécessite de lui exprimer plus de respect qu'à mon garagiste ou mon plombier, qui sont également de bons techniciens de leur domaine !

Répétez après moi. Maître n'a RIEN A VOIR avec le titre de maîtrise. Sinon, vu la récente réforme LMD, il faut désormais nous appeler Master... Les magistrats ne portent aucun titre particulier, on les appelle Monsieur, sauf quand ce sont des dames. Quant au titre de docteur, il n'est pas protégé. Je peux vous recommander de nombreux docteurs du côté de Barbès qui règleront vos problèmes d'amour, de travail, d'impuissance, possession démonique, retour de la femme aimée. C'est le titre de docteur EN MEDECINE qui est protégé. Les garagistes et les plombiers méritent autant de respect que nous, même s'ils ne sont pas professions libérales mais artisans.

Eolas

36. Le dimanche 15 octobre 2006 à 23:36 par Kristian

Eolas :"Maître n'a RIEN A VOIR avec le titre de maîtrise"
ah Bon ?! Pour vous ça allait sans dire, mais pour moi, c'est bien mieux en l'ayant dit, j'étais persuadé du contraire ! Je m'endormirai de nouveau moins bête, ce soir :-)

37. Le lundi 16 octobre 2006 à 00:09 par Jean

Mon diplôme de maîtrise m'indique quand même qu'il m'élève au grade de maître en droit.... i'm sorry!

Au... grade ? Et il faut se mettre au garde à vous, alors ? je suis désolé, un diplôme n'élève personne à quoi que ce soit. Il sanctionne des études et atteste de l'acquisition d'un niveau de connaissance. I'm even more sorry.

Eolas

38. Le lundi 16 octobre 2006 à 00:18 par ano et nyme

@35 Monsieur Eolas sort de ses gonds ?....

Hormis ces petits problémes de titres surranés, je suis quand meme d'accord avec vous sur l'outrecuidance de certains commentaires...
Tant que vous utilisez la politesse de bont gout et humoristique, je ne peux que vous lire avec plaisir, surtout meme en étant pas toujours d'accord avec certains de vos propos....

Cordialement de continuer a tout lire..

39. Le lundi 16 octobre 2006 à 09:08 par vanille fraise

moi ça m'est complètement égal d'être appelée confrère, consoeur, maître, avocate (même si je trouve ça mignon de dire consoeur, mais jamais de l'écrire)
je remarque, par contre, que certains ont besoin de leur robe pour cacher leurs chevilles gonflées.
je ne vise personne (et surtout pas vous EOLAS, qui avez beaucoup d'humilité j'ai l'impression)

40. Le lundi 16 octobre 2006 à 09:22 par fvdv

Cher Confrère,

Concernant l'usage du Maître pour les avocats, je tiens à apporter ma toute petite contribution.

Pour les anciens conseils (juridiques) devenus avocats (en 1992), il peut fréquent que les clients les appellent "Maître", surtout dans les grosses firmes.

Sans transition aucune, je tiens à préciser que le féminin de "Docteur" ce n'est ni "Doctoresse", ni "Docteure" mais "infirmière".

Votre bien dévoué

41. Le lundi 16 octobre 2006 à 09:46 par miteny

Personnellement ça me choque d'avoir à appeler quelqu'un Maître..
Car il n'y a qu'un maître, Dieu. Et grâce à mon blog, si vous n'êtes pas convaincu de son existence en moins de 15 minutes, vous pouvez gagner 2000 Euros...
D'ailleurs j'aimerais savoir si vous pouvez me défendre lors d'un éventuel procès......

Dans ce cas, appelez moi Dieu, ce n'est pas un problème. Ha, et vous ne m'avez pas convaincu, j'attends mes 2000 euros.

Eolas

42. Le lundi 16 octobre 2006 à 10:17 par Alex à Toulouse

Qu'advient-il du titre lorsqu'un client parle à un tiers (en restant dans le cadre juridique, par exemple à la presse attroupée devant le tribunal)?

- "mon avocat Eolas"
- "mon avocat Monsieur Eolas"
- "mon avocat Maître Eolas"
- "mon Maître Eolas"
- "mon Maître Monsieur Eolas"
- "mon Maître Maître Eolas"
- autre?

« Mon avocat Maître Eolas dont les talents justifient les honoraires exorbitants » est la formule appropriée.

Eolas

43. Le lundi 16 octobre 2006 à 10:37 par Diane Roman

Cher Monsieur
(car, pour le coup, "Monsieur Eolas" est peu élégant!)

Je suis navrée de contredire le "maître" des lieux, mais Jean (com 37) a bien raison... relisez l'article L. 613-1 du Code de l'Education: son diplôme universitaire l'élève bien au grade de maître en droit. Et, si d'aventure il persévérait et soutenait une thèse, il serait élevé au grade de docteur en droit de l'Université du lieu de soutenance.

I'm so sorry too...

Bigre, aurions nous trouvé la faille de notre célèbre avocat, plus familier du code pénal et du CESEDA que du code de l'Education? ;)

bien cordialement
D. Roman (de grâce, pas "Professeur"...)

Je reconnais n'être guère familier avec le code de l'éducation ,amsi je cherche en vain la mention du grade de maître en quoi que ce soit. Seul deux grades personnels sont mentionnés : le premier et le dernier, le grade de bachelier (expresément mentioné à l'article D.334-1) et le grade de docteur (L.612-7). Sinon, les seuls grades mentionnés sont à l'article D.223-13 : les grades de "licence, master et doctorat". Si le titulaire d'un doctorat peut bien prétendre au grade de docteur (art. L.612-7), j'ai cherché en vain l'article permettant au titulaire d'un master de se faire appeler maître, master ou quoi que ce soit, de même qu'un titulaire de la licence ne pourra se dire licencié avant d'avoir été viré de son premier emploi. Or l'article L.613-1 donne à l'Etat le monopole de la collation des grades et diplomes. Créer le grade de maître serait donc une pratique illégale, ou un usage contra legem pour désigner ceux titulaires du grade de master, le mot master désignant le diplome et non le titulaire. Mais n'étant pas sur mes terres, merci de m'apporter la lumière.

Eolas

44. Le lundi 16 octobre 2006 à 10:51 par Jean

Ben alors Maitre Eolas faut vraiment que ce soit des ignares à l'éducation nationale... c'est vraiment ce qu'il y a inscrit sur le diplôme!!!

Ha ba alors si c'est écrit dessus... C'est parole divine.

Eolas

45. Le lundi 16 octobre 2006 à 10:53 par Jean

mon dieu! D.Roman: un talent de clairvoyance... je vais soutenir une thèse en droit dans pas si longtemps (enfin j'espère que le moment approche!)

46. Le lundi 16 octobre 2006 à 10:59 par Alex à Toulouse

@ Diane
Je vois sur un bulletin officiel de l'Education National que le diplôme spécifique de mon école publique me confère le grade de Master. Les fans de Star Wars vont apprécier.

47. Le lundi 16 octobre 2006 à 11:18 par Jean

Oui c'est la parole divine du Dieu Etat!

Enfin dans tous les cas, j'ai eu mon diplôme de Maîtrise avant la réforme L.M.D. Ce qui explique peut-être le changement de vocabulaire depuis la réforme.

Et puis quoi, en quoi le diplôme de maîtrise ne pourrait-il pas vous élever au grade de Maître? Cela pose-t-il un problème de fond? J'y vois plutôt une certaine cohérence.

S'agissant du Dieu-Etat, je suis un athée notoire...

Eolas

48. Le lundi 16 octobre 2006 à 11:30 par Alex à Toulouse

J'ai uniquement trouvé dans l'arrêté du 18 Juin 2004 (J.O. du 20 Juin 2004) que:

"A compter du 1er septembre 2003, le grade de master est conféré aux titulaires des diplômes mentionnés dans le tableau annexé à cet arrêté"

www.legifrance.gouv.fr/WA...

Mais cet arrêté ne porte que sur des écoles de commerce. Sans compter que je ne saisis pas la différence entre grade et titre.

49. Le lundi 16 octobre 2006 à 11:59 par Diane Roman

@ tous
(enfin un peu plus particulièrement @ notre hôte, Jean et Alex)

bienvenue dans la novlangue de l'Enseignement supérieur: on ne parle plus de cours, mais d'élément pédagogique, d'année mais de S (S1, S2 S3 etc) et surtout, on parle LMD... Licence, master, doctorat, grades universitaires commun à l'Espace européen de l'enseignement supérieur.
L'essentiel est traité par le décret 2002-481 www.legifrance.gouv.fr/te...

Les grades et titres sont conférés aux titulaires de diplômes nationaux de l'enseignement supérieur délivrés sous l'autorité de l'Etat selon la réglementation propre à chacun d'eux. Les grades fixent les principaux niveaux de référence de l'Espace européen de l'enseignement supérieur
ce sont le baccalauréat,
la licence à bac + 3, euh, pardon, 6 semestres...,
le master - un temps appelé "mastaire" , à bac + 5 , je voulais dire, bien sur L+ 4 semestres
et le doctorat, M + ???, n'est ce pas , Jean?) . En théorie, bac+8...

Les titres fixent les niveaux intermédiaires, que la France n’a pas souhaité abandonner totalement au profit de l’architecture LMD (Deug, maîtrise).

Donc Alex, félicitations, vous etes "mastérisé"...
Cela dit, "Maitre" Eolas a bien raison: ce qui est protégé, c'est le grade ... donc, vous pouvez librement vous faire appeler "Maitre" , que vous soyez avocat ou chef d'orchestre, ou "docteur" si vous etes spécialiste en lecture des entrailles de volaille avec un retour d'affection par chronopost...
En revanche, gare aux sanctions pénales (et donc, si j'ai bien compris, aux honoraires de Maitre Eolas...) si vous usurpez un titre universitaire, vous prétendant titulaire d'un doctorat ou d'un master
Voire d'un brevet des collèges, mais l'invocation est assez rare...


Bigre... Et le droit serait abscons ? Pour ma part, je ne puis vérifier sur mon diplôme, qui ne m'a jamais été remis, les matrices n'étant pas encore disponibles au ministère... Du coup je n'ai eu que des attestations de réussite, certifiant que j'avais été reçu à mes examens de (feu) DEUG, licence et maîtrise. Le seul grade que je n'ai jamais eu fut mon grade militaire.

Eolas

50. Le lundi 16 octobre 2006 à 12:06 par pokra

Dans nos corporations(du batiment en général), l'on nous appelle souvent "compagnons" & cela vaut entre autres pour les plombiers.

NB: Merci pour ces deux "points Eolas"_une quasi rafale_,Maitre car ils me vont droit au coeur en me confortant (de la nécessité d'un blog tel qu'icelui).

Cependant, je vous en prie, conservez votre cartouchière "pleine de bon mots & de points Eolas", l'on ne sait jamais...

51. Le lundi 16 octobre 2006 à 12:10 par Master Alex à Toulouse

"Donc Alex, félicitations, vous etes "mastérisé"..."

Ah ben dans ce cas je vais pouvoir revoir mon diplôme d'un oeil meilleur, me sentir remasterisé.

52. Le lundi 16 octobre 2006 à 12:24 par Diane Roman

"le droit serait abscons?"

s'il ne l'était pas, nous n'aurions pas besoin de bons avocats... seulement de mauvais profs!

bien cordialement et au plaisir de vous lire, c'est toujours un bonheur.

53. Le lundi 16 octobre 2006 à 14:45 par Jean

Pour moi se sera un M+5 hem hem!!! il est temps de fini n'es-ce pas???

54. Le lundi 16 octobre 2006 à 15:22 par lmpo

Est-ce que le terme "Maître" doit être utilisé par un avocat s’adressant à un huissier, avoué, notaire, avocat au Conseil ou encore avocat à la Cour d'Appel (en Alsace-Moselle) ?

55. Le lundi 16 octobre 2006 à 15:32 par gil

L'appellation "Maître" renvoie communément à une relation de soumission et de dépendance complète. C'est très connoté comme terme, et cela explique les réticences de certains à utiliser ce genre de formulation.

Si tout le monde s'appelait "camarade", ce serait plus simple.

56. Le lundi 16 octobre 2006 à 15:39 par vanverde

"camaraaaaaaaades !!!

il y a un camarade parmi les camarades qui n'est pas un camarade " (Coluche)

57. Le lundi 16 octobre 2006 à 15:50 par Tom

Trois remarques :

1/ La notion de "grade" est utilisé dans tout le droit de la fonction publique. Voici un extrait de décret pris un peu au hasard :
" Art. 3. - Le corps des attachés d'administration hospitalière comprend les grades suivants :
- attaché principal ;
- attaché.
" Art. 4. - Le grade d'attaché principal comporte une 1re classe divisée en quatre échelons et une 2e classe divisée en six échelons. L'effectif des attachés principaux ne peut être supérieur à 30 % de l'effectif des attachés et attachés principaux. Toutefois, lorsque l'effectif est inférieur à quatre, une nomination peut être prononcée.
Le grade d'attaché comporte douze échelons. "

2/ Sur les grades et diplômes universitaires, voir par exemple le décret n° 2002-481 du 8 avril 2002, " relatif aux grades et titres universitaires et aux diplômes nationaux ", ou le code de l'Education.

3/ Au moyen-âge et à la renaissance ?
C'est là l'origine de nos termes.
Voir www.cosmovisions.com/civU...

Extraits (passionnants) :

Les universités du Moyen âge ne connaissaient guère qu'un seul genre d'examen important, celui de la maîtrise, la « licence » n'étant généralement qu'une étape préparatoire pour obtenir ce grade.
L'examen de la maîtrise était assez compliqué. Il comportait deux parties distinctes. La première partie avait un caractère presque tout à fait privé (examinatio, temptamen). Une commission de docteurs désignait au candidat, quelques heures à l'avance, plusieurs passages de textes (puncta) à commenter (Bologne). Le candidat faisait aussi une leçon publique, dite collalio, et soutenait en public une petite thèse de son choix, dite quodlibetica (Paris). Dans la Faculté de théologie de Paris, cette soutenance s'appelait tentative. La seconde partie (inceptio, principium, conventus, aulatic, etc., en Angleterre commencement) était une dissertation publique et contradictoire sur un point de théologie, de droit ou de sciences. Elle avait, au fond, moins d'importance que la première partie, mais donnait lieu à une cérémonie solennelle, dans l'église cathédrale, en présence de toutes les autorités universitaires, municipales, etc. La thèse Sorbonica des examens de la Faculté de théologie de Paris était célèbre (depuis le commencement du XVe siècle). Le candidat était tenu de soutenir oralement sa thèse et de répondre à tous ses contradicteurs ou opposants (opponentes), depuis le lever du soleil jusqu'au soir, pendant une journée entière. Pendant cette séance, le candidat prenait le nom d'inceptor ou defendens. Le grade était conféré par le chancelier, qui remettait le bonnet (biretta) au candidat, qui avait désormais le droit de porter la robe (cappa) de maître.
L'examen du baccalauréat ne se constitua que tardivement et fut une imitation de celui de la maîtrise, comportant également deux degrés.
L'examen du doctorat (promotio) était beaucoup moins difficile que le précédent. Il se développa surtout à partir de la fin du Moyen âge. Une commission de docteurs de l'Université, au nombre de douze environ, faisait passer cet examen, au XVe siècle. Le candidat était investi du grade de docteur au moyen du bonnet doctoral et d'un livre, symbole de sa profession, qui lui était remis par le chancelier, qui lui donnait en même temps le baiser de paix (osculum pacis).
...
Les grades universitaires du Moyen âge ont conservé leurs anciens noms presque partout : bachelier, licencié, maître (conservé en Angleterre et aux États-Unis) et docteur. Les dénominations de « maître » et de « docteur » furent longtemps synonymes, avec cette différence que la première était principalement réservée à la Faculté des arts, tandis que le titre de docteur, inauguré à Bologne, était généralement réservé aux Facultés de droit.
Le bachelier (baccalarius, baccalaureus) possédait le grade universitaire le plus inférieur. C'était le terme qui désignait, en ancien français, un jeune homme et, en quelque sorte, un apprenti dans le métier de professeur. Très souvent, en effet, les bacheliers faisaient des cours ou des « suppléances », avant d'avoir obtenu aucun grade. Leur position avait des points de rapport avec le moderne Kandidat des universités allemandes et russes. On pouvait devenir bachelier à quatorze ans (Paris). A Bologne et à Paris, le grade de bachelier s'acquérait de droit après cinq ou six années d'études. L'examen proprement dit du baccalauréat était, à partir du milieu du XIIIe siècle, la soutenance (determinatio) d'une thèse. A partir du XVIe siècle, le grade de bachelier ne subsista plus qu'en Angleterre, dans toutes les Facultés, et seulement pour la théologie et le droit dans les autres pays.
La licence est, en réalité, le grade universitaire le plus ancien. Elle remonte à l'époque où les écoles cathédrales étaient seules dépositaires de l'enseignement supérieur et ne donnaient pas de grades proprement dits, mais seulement des certificats d'aptitude (licentia docendi). On retrouve un reste de cette institution primitive dans la collation des grades. Au lieu de cette simple autorisation, d'un caractère presque privé, les universités conférèrent, à partir de la seconde moitié du XIIIe siècle, une licence qui comporta le droit exclusif, garanti par l'autorité pontificale ou impériale, d'enseigner ans les universités de tout pays (jus ubique docendi).
Jusqu'à l'époque de la Renaissance, le terme « licence » eut généralement une acception restreinte : il signifiait l'autorisation donnée au candidat par les professeurs pour procéder à l'examen (inceptio, etc.) qui devait lui conférer le grade de maître.
Le grade de maître (magister) indiquait un membre titulaire de l'Université en tant que corporation, qu'il appartint au personnel enseignant ou non. Le maître ès arts devait être âgé d'au moins vingt ans (Bologne, Paris, etc.). On ne pouvait recevoir le grade de maître qu'au moins six mois après avoir obtenu la licence. On ne devenait maître qu'après six années d'études (Paris), au XIIIe siècle, et après trois années seulement, depuis la fin du XIVe siècle. A Oxford, l'examen était remplacé par un serment du candidat sur la réalité de ses études et l'attestation de quatorze professeurs dans le même sens.
Le doctorat était le grade suprême. Les docteurs formaient le personnel dirigeant de l'Université. Le docteur recevait un anneau, usage qui s'est conservé dans l'Université de Bologne; en Espagne, il recevait quelquefois une épée, en signe d'investiture. A Bologne, il fallait dix ans pour devenir docteur en droit civil et en droit canonique (doctor utriusque juris). Pour la théologie, il fallait dix à douze ans. Les professeurs qui avaient le grade de docteur se dispensaient souvent de faire leurs cours personnellement et se faisaient suppléer par des bacheliers, usage qui a persisté après le Moyen âge dans les universités anglaises.




58. Le lundi 16 octobre 2006 à 16:02 par Tom

1/ Sur le terme "licencié"

Avant la création du CAPES (certificat d'aptitude, d'où professeurs "certifiés"), on distinguait dans les lycées de l'époque les professeurs "agrégés" et les professeurs "licenciés" (titulaires d'une licence). Le terme était tout à fait officiel.

Bien sûr, le langage évolue, et aujourd'hui les professeurs licenciés le sont pour insuffisance professionnelle (rarement) ou affaire de mœurs (rarement aussi), et non du fait de leur diplôme ou grade universitaire !

2/ Au Québec, en Belgique aussi, pays où l'on parle encore français, on parlera du grade de maître...


59. Le lundi 16 octobre 2006 à 16:37 par Fred

Un autre aspect que certains ici qualifieraient de suranné concernent les avocats est leur tenue vestimentaire.

En connaissez vous l'origine? Est t'il obligatoire de la porter? Pourriezvous décider que le noir ne va pas avec votre brushing tandis que le bleu tendre...

"J'appelle la mienne "esclave". Dingue ça! vous vous habillez en Prada?


60. Le lundi 16 octobre 2006 à 16:55 par Fred

puisque certains aiment l'histoire des grades voici pour les militaires:

www.defense.gouv.fr/sites...

61. Le lundi 16 octobre 2006 à 17:21 par Krishaor

Expérience étrange : Quand on tappe maître sur google, le premier site que l'on indique est le vôtre...

Eolas est partout ?

62. Le lundi 16 octobre 2006 à 17:25 par Melencolia

Charmante conversation légère...

"J'appelle la mienne "esclave". Dingue ça!"
Ouais trop drôle ! Enfin si c'est une femme c'est pas plus mal.

@ Gil
"L'appellation "Maître" renvoie communément à une relation de soumission et de dépendance complète. C'est très connoté comme terme, et cela explique les réticences de certains à utiliser ce genre de formulation.
Si tout le monde s'appelait "camarade", ce serait plus simple."

Ah oui on ne peut pas le nier. Ce serait plus simple camarade !.
Mais on je ne pense pas que la simplification soit à l'ordre du jour. Les temps sont plutôt à la complication vous ne trouvez pas ?
Et puis est-ce qu'il faut forcément tout simplifier ?

Enfin moi je dis "Maître" j'aime bien.
J'ai l'impression de retomber en enfance.
Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse.


63. Le lundi 16 octobre 2006 à 17:41 par pokra

Bon, bon, bon, sa, c mon blog !!! bon ben kom dab' les gen ki mete des com anonime c pa ske jpref' dc evité sa sré cool !!! mai bon jpeu pa vou empéché de dire se ke vou pensé mai meté vo prénom !! bon ben sinon tou les gen ki son la ben jles adore, c mes chou a moi é jleur fai tou plin de gro mimi !!! voila, voila je croi ke g tou di, jvou souhaite une bone vizite é laissé des bon com's !!!!!!!!

64. Le lundi 16 octobre 2006 à 18:01 par Tom

(dictionnaire Littré - dans le domaine public)

Le sens utilisé par et pour maître Eolas est tout à fait accessoire (un peu de provoc !)

Vous remarquerez en outre le sens n° 16, à côté du sens n° 15 !


MAÎTRE (mê-tr'), s. m.
    
1° Celui qui commande soit de droit soit de fait.
    
2° Celui qui possède des esclaves.
    
3° Roi, empereur, prince souverain.
    
4° Celui qui par la force entre en possession, en domination.
    
5° Il se dit des choses abstraites dont on dispose comme un maître fait de ce qu'il possède.
    
6° Propriétaire.
    
7° Celui qui enseigne quelque art ou quelque science.
    
8° Fig. Celui qui enseigne, instruit, sans être un maître d'enseignement.
    
9° Celui qui est savant, expert, éminent en quelque art ou science.
    
10° Celui qui, après avoir été apprenti, était reçu avec les formes régulières dans quelque corps de métier.
    
11° Qualification donnée à des artisans qui emploient ou dirigent plusieurs ouvriers, qui ont des ateliers, qui font des entreprises, etc.
    
12° Maître clerc ; maître garçon ; maître valet, etc.
    
13° Dans la marine, diverses significations du mot maître.
    
14° Maître des hautes oeuvres, des basses oeuvres.
    
15° Titre qu'on donne aux avocats, aux avoués et aux notaires.
    
16° Il se dit familièrement en parlant à des gens de condition peu relevée et en parlant d'eux.
    
17° Titre des personnes revêtues de certaines charges.
    
18° Maître de chapelle.
    
19° Maître d'hôtel.
    
20° Anciennement, soldat cavalier.
    
21° Il se joint à certains termes d'injure pour les renforcer, et aussi comme éloge à certaines qualifications.
    
22° En termes de chasse, nom de certaines cordes.
    
23° Petits-maîtres.

PROVERBES :

    
1° Celui qui commande soit de droit soit de fait. Le maître de la maison. Un maître de maison. Bon maître. Mauvais maître. C'est le Dieu des chrétiens, c'est le maître des rois, CORN. Théod. III, 3. Flatter ceux du logis, à son maître complaire, LA FONT. Fabl. I, 5. Jean Lapin allégua la coutume et l'usage : Ce sont, dit-il, leurs lois qui m'ont de ce logis Rendu maître et seigneur, ID. ib. VII, 16. J'ignore ce qu'au fond le serviteur peut être ; Mais pour homme de bien je garantis le maître, MOL. Tart. I, 1. Je n'aurais pas l'esprit d'être maître chez moi ? ID. F. sav. V, 2. Servez donc ce roi immortel et si plein de miséricorde [Dieu].... et commencez à compter le temps de vos utiles services du jour que vous vous serez donnés à un maître si bienfaisant. BOSSUET Louis de Bourbon. Laborieux valet du plus commode maître Qui, pour te rendre heureux, ici-bas pouvait naître, BOILEAU Ép. XI. Andromaque, sans vous, N'aurait jamais d'un maître embrassé les genoux, RAC. Andr. III, 6. Comment un homme a-t-il pu devenir le maître d'un autre homme, et par quelle espèce de magie incompréhensible a-t-il pu devenir le maître de plusieurs autres hommes ? VOLT. Dict. phil. Maître. Le sang de Jupiter aurait ici des maîtres ! ID. Mérope, I, 2. Ce qu'il faut fuir n'est pas la campagne, mais la maison des grands et des princes, qui ne sont point les maîtres chez eux, et ne savent rien de ce qui s'y fait, J. J. ROUSS. Lett. à Mirab. Corr. t. VII, p. 16, dans POUGENS.
    Fig. J'aime fort la liberté et le libertinage de votre vie et de vos repas, et qu'un coup de marteau ne soit pas votre maître, SÉV. 25 juill. 1689.
    Seigneur et maître, sorte de pléonasme dont on se sert quelquefois dans le langage familier. Il est ici seigneur et maître.
    Une femme dit quelquefois, par plaisanterie, en parlant de son mari : mon seigneur et maître.
    Il a bon maître, c'est-à-dire il est au service ou dans la dépendance d'un homme puissant qui saura le protéger.
    Un air de maître, ton, manières de commandement, de supériorité. Ce qui est rare, c'est l'air de maître avec lequel ce monsieur [un annotateur du Siècle de Louis XIV] ose dire.... VOLT. Mél. hist. Suppl. au siècle de Louis XIV, I.
    Heurter, frapper en maître, frapper à la porte d'une maison plusieurs coups de suite, ou seulement un coup très fort. Cependant, sans délai, messieurs frappent en maître, RÉGNIER, Sat. XI. On frappe à l'huis ; le logis aux verrous Était fermé ; la femme à la fenêtre Court en disant : celui-là frappe en maître : Serait-ce point par malheur mon époux ? LA FONT. Rémois. Quel bruit à descendre m'oblige, Et qui frappe en maître où je suis ? MOL. Amph. III, 5.
    On dit de même : sonner en maître.
    Parler en maître, avoir le ton du commandement. C'est a vous de sortir, vous qui parlez en maître, MOL. Tart. IV, 7. Pharnace croit peut-être Commander dans Nymphée et me parler en maître, RAC. Mithr. I, 1. Et [ces lieux] ne s'attendaient pas, lorsqu'ils nous virent naître, Qu'un jour Domitius me dût parler en maître, ID. Brit. III, 8.
    Fig. Chercher maître, ne pas savoir encore de quel parti on se rangera, quelle opinion on adoptera soit en politique, soit en religion, etc.
    Être son maître, ne dépendre de personne. Ce jeune homme est devenu trop tôt son maître. Il a vingt-huit ans, il est son maître, il vous aime avec passion ; qui peut l'empêcher de vous épouser ? GENLIS, Théât. d'éduc. I, 7.
    
2° Particulièrement. Celui qui possède des esclaves. L'esclave n'a qu'un maître : l'ambitieux en a autant qu'il y a de gens utiles à sa fortune, LA BRUY. VIII. La raison veut que le pouvoir du maître ne s'étende point au delà des choses qui sont de son service, MONTESQ. Esp. XV, 12. Il fallut des lois terribles pour établir la sûreté de ces maîtres cruels, qui vivaient au milieu de leurs esclaves comme au milieu de leurs ennemis, ID. ib. Si un maître avait été tué dans un voyage, on faisait mourir ceux qui étaient restés avec lui, et ceux qui s'étaient enfuis, ID. ib. 16.
    
3° Roi, empereur, prince souverain. Seigneur, il est bien dur de se voir sous un maître Dont on le fut toujours, et dont on devrait l'être, CORN. Pulch. II, 2. Qu'il est peu de sujets fidèles à leurs maîtres ! ID. Nicom. V, 8. Il fut maître paisible de tout l'Orient, BOSSUET Hist. I, 7. Le tyran se rendit le maître, ID. Hist. I, 10. Nous voyons mourir tous les jours nos inférieurs, nos égaux, nos maîtres, FLÉCH. Dauphine. Aussitôt, rassemblant nos lévites, nos prêtres, Je leur déclarerai l'héritier de leurs maîtres, RAC. Athal. I, 2. ...pour le choix d'un maître Athènes se partage, ID. Phèdre, I, 4. Et moi qui sur le trône ai suivi mes ancêtres, Moi fille, femme, soeur et mère de vos maîtres... ID. Brit. I, 2. Je vais donner, seigneur, un maître à Babylone, VOLT. Sémiram. II, 7. Égisthe, avec les siens, d'un pas précipité, Vole, croit le punir, arrive et voit son maître, ID. Oreste, V, 7.
    Mon maître, le roi mon maître, l'empereur mon maître, etc. expressions qu'emploient ordinairement les ambassadeurs ou autres agents d'un souverain, en pays étranger, lorsqu'ils parlent de lui.
    Maître du monde, possesseur d'une grande partie de la terre que par exagération on nomme le monde. Ce qui a le plus contribué à rendre les Romains maîtres du monde, c'est qu'ayant combattu successivement contre tous les peuples, ils ont toujours renoncé à leurs usages, sitôt qu'ils en ont trouvé de meilleurs, MONTESQ. Rom. 1.
    Maître du monde, se dit aussi de la puissance divine. Mais quand nous serions rois, que donner à des dieux ? C'est le coeur qui fait tout : que la terre et que l'onde Apprêtent un repas pour les maîtres du monde, LA FONT. Phil. et Bauc.
    Il se dit enfin des souverains. Avant qu'ils [les fils des rois] sachent qu'ils sont hommes et qu'ils sont pécheurs, on leur apprend qu'ils ont des sujets, et qu'ils sont les maîtres du monde, FLÉCH. Duc de Mont. Parle : peut-on le voir sans penser, comme moi, Qu'en quelque obscurité que le sort l'eût fait naître, Le monde en le voyant eût reconnu son maître ? RAC. Bér. I, 5.
    Les maîtres de la terre, les rois, les princes. Là se perdent ces noms de maîtres de la terre, D'arbitres de la paix, de foudres de la guerre ; Comme ils n'ont plus de sceptre, ils n'ont plus de flatteurs, MALH. I, 3.
    Le grand maître, Dieu. Qu'il fallait porter ma reconnaissance plus loin, et appliquer toute l'ardeur du génie à quelque nouvel essai de ses forces qui n'eût point d'autre but que le service de ce grand maître et l'utilité du prochain, CORN. Ép. au pape Alexandre VII.
    Le grand maître, se dit aussi d'un homme qui a toute autorité. Le grand maître a parlé ; voudrez-vous l'en dédire, Vous qu'on voit après lui le premier de l'empire ? CORN. Othon, II, 3.
    Le maître des humains, Dieu. Malheureux ! vous quittez le maître des humains Pour adorer l'ouvrage de vos mains ! RAC. Esth. II, 9.
    
4° Celui qui, par la force, entre en possession, en domination. Ayant battu les ennemis, il fut le maître de la campagne. Il resta maître du champ de bataille. Se rendre maître d'une place, d'une province, d'un poste.
    Se rendre maître de, arrêter les progrès. On ne put se rendre maître de l'émeute. Le jour favorisa les efforts du duc de Trévise ; il se rendit maître du feu ; les incendiaires se tinrent cachés, SÉGUR, Hist. de Nap. VIII, 6.
    On dit dans le même sens : être maître de. Les magistrats furent enfin maîtres de la sédition. Être maître du feu.
    Fig. Se rendre maître de, acquérir la disposition de, manier, tourner à son gré. Se rendre maître des esprits, des coeurs. On ne leur laisse [aux peuples] plus rien à ménager quand on leur permet de se rendre maîtres de leur religion, BOSSUET Reine d'Anglet.
    Se rendre maître de la conversation, la diriger sur le sujet que l'on veut.
    Fig. Il a trouvé son maître, il a trouvé quelqu'un plus fort, plus savant que lui. C'était un querelleur, mais il a trouvé son maître.
    On dit dans le même sens : voir son maître. Ma plume t'apprendra quel homme je puis être. - Et la mienne saura te faire voir ton maître, MOL. F. s. III, 5. On disait : il [Napoléon de Sainte-Hélène] va paraître ; Par mer il est accouru, L'étranger va voir son maître, BÉRANG. les Souvenirs du peuple.
    Vous êtes mon maître, se dit à celui par qui on a été vaincu dans quelque exercice, à un Jeu.
    On dit dans un sens analogue : Les Italiens sont nos maîtres en musique.
    
5 Fig. Maître se dit de toutes les choses abstraites, intellectuelles, morales dont on dispose comme un maître fait de ce qu'il possède. Être maître de ses passions. On en voit qui ne sont pas toujours maîtres de leur peur, LAROCH. Max. 215. ....à l'orgueil de ce traître, De mes ressentiments je n'ai pas été maître, MOL. Tart. V, 3. Ô ciel ! de mes transports puis-je être ici le maître ? MOL. Mis. IV, 3. Si j'étais maître de vos disputes, je vous interdirais le mot de Jansénius de part et d'autre, PASC. Prov. 18. Il ne fut pas le maître de son émotion, SÉV. 403. Dans le temps que nous voulons la députation pour mon fils, dont apparemment M. de Chaulnes sera le maître cette année, ID. 25 juill. 1689. De quels yeux le regardions-nous [Louis XIV], lorsqu'aux dépens d'une santé si chère.... et que, maître de sa douleur comme de tout le reste des choses, nous le voyions tous les jours... ? BOSSUET Louis de Bourbon. De quelle importance, de quel éclat, de quelle réputation au dedans et au dehors d'être le maître du sort du prince de Condé ! ID. le Tellier. Il n'était point à Sparte entre tous ces amants Dont le père d'Hélène a reçu les serments ; Lui seul de tous les Grecs, maître de sa parole, S'il part contre Ilion, c'est pour moi qu'il y vole, RAC. Iph. II, 3. On est maître de la vie des autres quand on ne compte pour rien la sienne, FÉN. Tél. XX.
    Être maître de soi, avoir de l'empire sur soi-même. Je suis maître de moi comme de l'univers, CORN. Cinna, V, 3. Il ne disait, maître de lui-même, que ce qu'il voulait, BOSSUET le Tellier. Pygmalion paraît maître de tous les autres hommes, mais il n'est pas maître de lui-même, car il a autant de maîtres et de bourreaux qu'il a de désirs violents, FÉN. Tél. III. J'admire et ne plains point un coeur maître de soi, Qui, tenant ses désirs enchaînés sous sa loi, S'arrache au genre humain pour Dieu qui le fit naître, VOLT. 5e discours.
    Cet écrivain, cet orateur, ce poëte est maître de son sujet, de sa matière, il possède bien son sujet, sa matière, et est capable de les bien traiter.
    Ce chanteur est maître de sa voix, il la dirige avec facilité.
    Être le maître, être maître de faire quelque chose, avoir la liberté, le pouvoir de faire quelque chose. Achevez votre hymen, j'y consens ; mais du moins Ne forcez pas mes yeux d'en être les témoins.... Différez-le d'un jour, demain vous serez maître, RAC. Andr. IV, 5. L'on me dit à l'oreille : il a cinquante mille livres de rente.... si je commence à le regarder avec d'autres yeux, et si je ne suis pas maître de faire autrement, quelle sottise ! LA BRUY. VI. Maître de se venger, on pardonne aisément, SAURIN, Spartac. V, 5.
    Absolument. Être le maître ou maître, dominer sans contestation.
    Fig. Hé bien, Phénix, l'amour est-il le maître ? RAC. Andr. II, 5.
    Vous êtes bien le maître, vous pouvez faire ce que vous voudrez. Çà, de quoi s'agit-il ? parlez, vous voilà maître ; Mais surtout soyez bref, REGNARD, Fol. am. II, 5.
    Par civilité. Nous irons où il vous plaira, où vous voudrez, vous êtes le maître.
    
6° Propriétaire. Il est maître de cette terre, de ce château. Du palais d'un jeune lapin, Dame belette, un beau matin, S'empara : c'est une rusée ; Le maître étant absent, ce lui fut chose aisée, LA FONT. Fabl. VII, 16. Dites moi, s'il vous plaît, monsieur, à qui peut être Le château que voilà. - Mais.... il est à son maître, REGNARD, Fol. am. I, 5.
    L'oeil du maître, la surveillance, la sollicitude du propriétaire. Il n'est, pour voir, que l'oeil du maître, LA FONT. Fabl. IV, 21.
    Il trouvera maître, se dit d'un objet de quelque prix, égaré, et signifie : il y aura quelqu'un qui le réclamera ou qui se l'appropriera.
    
7° Celui qui enseigne quelque art ou quelque science. L'école normale est destinée à former des maîtres. Maître de langue. Maître de langue allemande. Maître de français. Il a pris aujourd'hui, pour renfort de potage, un maître de philosophie, MOL. Bourg. gent. III, 3. Son latin et son bon sens le rendent un bon écolier, et ma routine et les bons maîtres que j'ai eus me rendent une bonne maîtresse, SÉV. 60. Nous attendons encore un maître italien, REGNARD, le Distr. I, 4. Combien d'hommes illustres en tous genres n'ont eu d'autre maître qu'eux-mêmes, et n'en ont été que plus grands ! D'ALEMBERT, Éloge de Perrault.
    Maître ès arts, celui qui avait reçu, dans une université, les degrés qui donnaient pouvoir d'enseigner les humanités et la philosophie. Le lion, pour bien gouverner, Voulant apprendre la morale, Se fit un beau jour amener Le singe, maître ès arts chez la gent animale, LA FONT. Fabl. XI, 5.
    Maître des sentences, surnom de Pierre Lombard, au XIIe siècle, auteur d'un livre qui portait ce titre.
    Dans les communautés religieuses. Père maître, celui qui dirige les novices.
    Maître de pension, celui qui prend des enfants en pension pour les instruire
    Maître d'école, celui qui enseigne aux enfants dans une école publique les connaissances les plus élémentaires. Par cet endroit passe un maître d'école, LA FONT. Fabl. I, 19. J'étais roi à Syracuse, je suis maître d'école à Corinthe, BARTHÉL. Anach. ch. 63.
    Maître d'étude, celui qui, dans un lycée, collége ou pensionnat, surveille les élèves pendant les heures d'étude et de récréation.
    Maître de danse ou maître à danser, celui qui enseigne la danse. Mon petit maître à danser, je vous ferais danser comme il faut, MOL. Bourg. gent. II, 3. Si j'étais maître à danser, je ne ferais pas les singeries de Marcel, J. J. ROUSS. Ém. II.
    Maître de musique, maître de piano, etc. celui qui enseigne la musique, le piano, etc.
    Maître de chant ou maître à chanter, celui qui enseigne la musique vocale.
    Terme de manége. Avoir les pieds en maître à danser, avoir les pointes des pieds trop en dehors.
    Maître à danser, compas à l'usage des horlogers, dont les branches croisées ressemblent par le bas à deux jambes portant leurs pieds en dehors.
    Maître de ballet, celui qui dirige l'exécution des ballets.
    Maître de musique, nom donné au chef de la musique d'un régiment ; il a le grade de sergent-major.
    Maître de musique, musicien gagé pour composer de la musique ou la faire exécuter.
    Maître en fait d'armes ou maître d'armes, celui qui enseigne l'escrime. Monsieur, voilà votre maître d'armes qui est là, MOL. Bourg. gent. II, 2.
    Maître d'académie, écuyer qui tient un manége.
    
8° Fig. Celui qui enseigne, instruit, sans être un maître d'enseignement. Il doit savoir qu'un jour il me fera raison D'avoir réduit mon maître [Annibal] au secours du poison, CORN. Nicom. II, 3. Le maître qui prit soin d'instruire ma jeunesse Ne m'a jamais appris à faire une bassesse, ID. ib. Jamais un si digne maître n'avait expliqué par de si doctes leçons les commentaires de César, BOSSUET Louis de Bourbon. Mais Calchas est ici.... Le ciel souvent lui parle ; instruit par un tel maître, Il sait tout ce qui fut et tout ce qui doit être, RAC. Iph. II, 1. Ses voisins firent à Rome une résistance inconcevable et furent ses maîtres en fait d'opiniâtreté, MONTESQ. Rom. 1.
    Jurer sur la parole du maître, suivre en tout et aveuglément les opinions d'un philosophe, d'un savant, d'un chef d'école.
    Dans un sens très analogue. Le maître l'a dit, c'est-à-dire il n'y a point d'objection à soulever, celui qui a toute autorité sur notre raison a prononcé (c'est une locution qui provient de l'école de Pythagore).
    Ce qui enseigne, instruit. Le temps est un grand maître, il règle bien des choses, CORN. Sertor. II, 4. Il le faut avouer, l'amour est un grand maître, MOL. Éc. des f. III, 4. Les mauvais succès sont les seuls maîtres qui peuvent nous reprendre utilement, et nous arracher cet aven d'avoir failli qui coûte tant à notre orgueil, BOSSUET Reine d'Anglet. Instruit par le malheur, ce grand maître de l'homme, VOLT. Brutus, I, 2. Ah ! celui qui a dit que le malheur était le grand maître de l'homme, a dit bien plus vrai qu'il n'a cru : il n'a vu dans le malheur qu'un maître de sagesse et de conduite ; il n'y a pas vu tout ce qu'il est, un plus grand maître de réflexions et de pensées, D'ALEMB. Tomb. l'Espinasse. Le plaisir et la douleur, voilà donc nos premiers maîtres ; ils nous éclairent parce qu'ils nous avertissent si nous jugeons bien ou si nous jugeons mal, CONDILLAC, Log. I, 1.
    
9° Celui qui est savant, expert, éminent en quelque art ou science. Il est maître en éloquence, en poésie. L'autre [Condé], comme un homme inspiré, dès la première bataille s'égale aux maîtres les plus consommés, BOSSUET Louis de Bourbon. Ce grand maître de la perfection chrétienne, et qui avait été instruit par Jésus-Christ même, BOURDAL. 10e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. III, p. 263. Principe universellement reconnu parmi les pères et les maîtres de la vie spirituelle, ID. Exhort. sur l'obéiss. relig. t. I, p. 277. Quant à la morale, celui qui a fourni à l'admirable Pope tous les principes de son Essai sur l'homme, est sans doute le plus grand maître de sagesse et de moeurs qui ait jamais été, VOLT. Philos. Déf. de mil. Bolingbr. préf.
    Coup de maître, voy. COUP, n° 12.
    Main de maître, voy. MAIN.
    Les maîtres de la lyre, voy. LYRE.
    Il se dit particulièrement des grands peintres. Les maîtres de l'école française.
    Les petits maîtres, certain nombre de graveurs qui sont ainsi désignés dans les catalogues d'estampes.
    Fig. Celui qui excelle à. Vous seriez un grand maître à faire des romans, CORN. Ment. I, 6. En matière de fourbe il est maître, il y pipe, ID. ib. III, 3. Mais il faut réserver à d'autres cet emploi [de vous louer, Mme de Montespan] ; Et d'un plus grand maître [Louis XIV] que moi Votre louange est le partage, LA FONT. Fabl. VII, à Mme de Montespan.
    En maître, à la façon de celui qui excelle. Il écrit en maître. Que vous avez l'air tendre, Et qu'en maître déjà vous savez vous y prendre ! MOL. Mélic. II, 4.
    
10° Celui qui, après avoir été apprenti, était reçu avec les formes régulières dans quelque corps de métier ; ce que l'on appelait passer maître. Il est passé maître. Quand on est fils de maître, on est bientôt savant, BOURSAULT, Fables d'Ésope, III, 5. Qu'il fasse toujours son chef-d'oeuvre, et que jamais il ne passe maître, J. J. ROUSS. Ém. III.
    Fig. et familièrement. Il est passé maître en..., c'est un homme habile en.... soit qu'il s'agisse ou non d'une chose louable. Bien que maîtres passés en l'art de bien parler, RÉGNIER, Sat. I. Celui-ci ne voyait pas plus loin que son nez ; L'autre était passé maître en fait de tromperie, LA FONT. Fabl. III, 5. Que l'on m'amène un âne, un âne renforcé, Je le rendrai maître passé, ID. ib. VI, 19. Ô toi qui peins d'une façon galante, Maître passé dans Cythère et Paphos, ID. Imit.
    Par plaisanterie. Passer quelqu'un maître, ne pas l'attendre pour dîner.
    Maître juré, voy. JURÉ 2, n° 2.
    Terme de franc-maçonnerie. Celui qui a été reçu dans la chambre du milieu, qui dirige les apprentis et les compagnons.
    
11° Aujourd'hui, qualification donnée à des artisans qui emploient ou dirigent plusieurs ouvriers, qui ont des ateliers, qui font des entreprises, etc.
    Maître d'oeuvre, l'ouvrier qui commande aux autres dans un atelier. Le vieux [castor] y fait marcher le jeune sans relâche ; Maint maître d'oeuvre y court, et tient haut le bâton, LA FONT. Fabl. X, 1.
    Maître de pelle, garçon boulanger chargé d'enfourner.
    Terme de pêche. Maître de grave, celui qui, après la pêche de la morue, est chargé de faire sécher sur la grève les poissons dont on veut faire du stockfisch.
    Ancien terme d'eaux et forêts. Maîtres des oeuvres, se disait autrefois de ceux qui étaient chargés des constructions civiles et navales.
    
12° Maître clerc, celui qui, dans une étude de notaire ou d'avoué, est le premier des clercs.
    Maître garçon, celui qui est le premier entre ses compagnons dans une maison, dans une boutique, etc. Je suis, dit-il au sergent, le maître garçon de ce cabaret, LE SAGE, Diable boît. ch. 7, dans POUGENS.
    Maître valet, celui qui, dans une ferme, est à la tête des domestiques, et dirige l'exploitation sous le propriétaire ou fermier.
    Maître compagnon, celui qui conduit l'atelier pour le maître maçon et qui le remplace.
    Tambour maître ou maître tambour, celui qui dans un régiment apprend aux autres tambours à battre la caisse. Il ne faut pas confondre le tambour maître avec le tambour major, qui n'est que pour la parade.
    
13° Terme de marine. Maître d'équipage, sous-officier qui a autorité sur tout l'équipage.
    Maître calfat, le chef des calfats.
    Maître canonnier, sous-officier qui commande aux canonniers et a le détail de tout ce qui touche à l'artillerie.
    Maître chargé, titre donné à un maître qui a la responsabilité d'un détail à bord ou dans un port.
    Maître haleur, titre donné dans quelques ports à un homme qui préside au halage des navires que le vent et la marée ne favorisent point assez pour pouvoir entrer dans le port, ou pour en sortir.
    Anciennement, patron de navire marchand, de navire de transport. Sa Majesté ayant été informée que quelques-uns des officiers subalternes se sont donné la liberté, pendant les campagnes qu'ils ont faites sur les vaisseaux, de frapper et maltraiter les maîtres desdits vaisseaux pour des causes légères ou par pur emportement, et voulant prévenir la suite d'un désordre aussi préjudiciable à son service.... Colbert à Vauvré, 1681, dans JAL.
    Maître valet, ancien nom du commis aux vivres ou cambusier.
    
14° Maître des hautes oeuvres, le bourreau.
    Maître des basses oeuvres, celui qui cure les puits, qui vide les fosses d'aisance.
    
15° Terme de palais et de pratique. Titre qu'on donne aux avocats, aux avoués et aux notaires. Par-devant maître un tel notaire à Paris. J'ai vu dans le palais une robe mal mise Gagner gros ; les gens l'avaient prise Pour maître tel, qui traînait après soi Force écoutants, LA FONT. Fabl. VII, 15.
    Titre qui était porté par tous les membres du parlement français.
    Maître ès lois, jurisconsulte.
    Compter de clerc à maître, voy. CLERC, n° 3.
    
16° Maître se dit familièrement en parlant à des gens de condition peu relevée et en parlant d'eux. Maître un tel, j'ai un mot à vous dire. Que veut dire ceci ? notre maître Simon [un usurier] qui parle à votre père ! MOL. Avare, II, 2.
    C'est dans ce sens que la Fontaine a donné à quelques animaux la qualification de maître. Maître corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage, Fabl. I, 2.
    Maître gonin, voy. GONIN.
    Maître aliboron, voy. ALIBORON.
    Maître Jacques, voy. JACQUES.
    
17° Titre des personnes revêtues de certaines charges. Maître des requêtes. Maître des comptes. Maître des cérémonies. Maître de la garde-robe. Cinquante maîtres des requêtes déclarèrent d'une voix unanime toute la famille Calas innocente, et la recommandèrent à l'équité bienfaisante du roi, VOLT. Comment. oeuv. aut. Hen.
    On dit aussi grand maître des cérémonies, grand maître de la garde-robe, etc. Calingford était grand maître de sa maison [à M. de Lorraine] et à la tête de son conseil, SAINT-SIMON 104, 113. C'est toujours au premier gentilhomme de la chambre, au grand maître des jeux et des plaisirs que j'ai l'honneur de m'adresser, VOLT. Lett. Richelieu, 5 mai 1773.
    Grand maître de l'université de France, titre donné au chef de l'université sous le premier empire lors de la fondation de l'université impériale. C'est un des titres que prend le ministre de l'instruction publique.
    Maître du sacré palais, titre d'un religieux dominicain, qui demeure dans le palais du pape, et qui a la principale autorité pour examiner les livres, et pour donner la permission d'imprimer.
    Grand maître, titre donné aux chefs des ordres militaires, des ordres de chevalerie. Le grand maître de l'ordre de Malte. Le grand maître des Templiers
    
18° Maître de chapelle, celui qui est chargé de diriger le chant dans une église, et de former les enfants de choeur.
    Il se dit quelquefois pour maître de musique, mais seulement en parlant des orchestres d'Italie.
    
19° Maître d'hôtel, homme chargé de diriger tout ce qui concerne la table dans une grande maison. Vatel, le grand Vatel, maître d'hôtel de M. Fouquet, qui l'était présentement de M. le Prince, cet homme d'une capacité distinguée de toutes les autres, dont la bonne tête était capable de contenir tout le soin d'un État.... s'est poignardé, SÉV. 46. Pour la première fois je vis avec beaucoup d'étonnement le maître d'hôtel servir l'épée au côté et le chapeau sur la tête, J. J. ROUSS. Confess. III.
    Terme de cuisine. Sauce à la maître d'hôtel, sauce composée principalement de beurre frais, sel, poivre, filet de vinaigre et fines herbes hachées.
    Anciennement. Maître queux, le chef des cuisiniers dans une grande maison. Nous ferons ce soir une chère Chère ; Vous n'y recevrez, maître queux, Qu'eux [les archers], V. HUGO, Ball. 11.
    
20° Anciennement, soldat cavalier. M. de Saint-Thou, allant reconnaître un mouvement des ennemis, avec trente maîtres, en rencontra deux cents, SÉV. 214. Il avait pris huit ou dix maîtres commandés par un officier de sa connaissance, HAMILT. Gramm. 5. Les maîtres [dans les gendarmes et les mousquetaires] ne sont point officiers, et ne veulent point passer pour cavaliers, SAINT-SIMON 471, 234. Le maréchal de Villars, en 1707, envoya cinquante maîtres, pour la détruire [une prétendue colonne érigée par l'empereur en souvenir de la victoire de Blenheim] ; on ne trouva rien, VOLT. Louis XIV, 19, note g. L'empereur rassembla autour de lui tous les officiers de cavalerie encore montés ; il appela cette troupe d'environ cinq cents maîtres, son escadron sacré, SÉGUR, Hist. de Nap. XI, 3.
    
21° Dans le langage familier, maître se joint quelquefois à certains termes d'injure, dont il augmente l'énergie. Taisez-vous, maître sot ; cette rue où nous sommes est celle que je cherche. SCARR. Jodelet ou le maître val. I, 1. Un jour, au coin du feu, nos deux maîtres fripons Regardaient rôtir des marrons, LA FONT. Fabl. IX, 17. Holà ! maître sot ; vous savez que je vous ai dit que je n'aime pas les faiseurs de remontrances, MOL. D. Juan, I, 2. Voilà un maître fou ; je me flatte que personne n'a pu adopter une idée aussi extravagante, VOLT. l'Homme aux 40 écus, Mariage. Vous n'exaltez, maîtres gloutons, Que la gloire des marmitons, BÉRANG. Gourmand.
    Il se joint aussi comme éloge à des qualifications d'ailleurs indifférentes ou honorables. Dans toute sa personne il a je ne sais quoi Qui d'abord fait juger que c'est un maître roi, MOL. Mélic. I, 3.
    Un maître homme, un maître sire, un homme entendu, habile, qui sait se faire obéir, se faire servir. Champagne : C'était donc un maître homme. - Dubois : Il ne dormait jamais, CAMPISTRON, Jaloux désabusé, I, 5.
    Dans un sens analogue, il se dit des choses inanimées, et signifie alors premier ou principal. Le maître chevron. J'ai bravé sur leur maître autel Ces dieux qu'adore l'avarice, VOLT. Lett. en vers et en prose, 22.
    Terme de marine. Maître bau, la poutre du pont placée dans la partie la plus large. Maître couple, le couple de membrure le plus ouvert. Maître gabarit, la partie la plus large du bâtiment.
    
22° Terme de chasse. Nom donné aux cordes qui, bordant le haut et le bas des pièces de toile et des panneaux, servent à les tendre.
    
23° Petits-maîtres, nom qui fut donné, durant la Fronde, aux membres d'un parti à la tête duquel se placèrent Condé, le prince de Conti et le duc de Longueville. On avait appelé la cabale du duc de Beaufort, au commencement, celle des importants ; on appelait celle de Condé le parti des petits-maîtres, parce qu'ils voulaient être les maîtres de l'État ; il n'est resté de tous ces troubles d'autres traces que ce nom de petits-maîtres, qu'on applique aujourd'hui à la jeunesse avantageuse et mal élevée, VOLT. Louis XIV, 4.
    Fig. et familièrement. Petit-maître, jeune homme qui a de la recherche dans sa parure, et un ton avantageux avec les femmes. Mais ce siècle peu raffiné N'avait pas encor vu paraître Un être insolent et borné Que l'on appelle petit-maître ; Le premier fat de l'univers Fut le fils du roi de Pergame, BERNIS, Épît. 8. Je n'avais vu que des acteurs récitant des vers à d'autres acteurs, dans un petit cercle entouré de petits-maîtres, VOLT. Lett. Villette, 1er sept. 1765.
    Fig. On tourne tout en ridicule, tout le monde est petit-maître aujourd'hui, et c'est le bon air de mépriser les bonnes choses à mesure qu'elles sont meilleures, D'ARGENSON, Mém. t. I, p. 101.

PROVERBES :

    Il n'y a si petit métier qui ne nourrisse son maître.
    Qui a compagnon a maître, c'est-à-dire, dans une société on ne saurait, de son chef, disposer de rien.
    L'argent n'a point de maître, rien ne fait connaître à qui appartient une pièce de monnaie perdue.
    Pain coupé n'a point de maître, on peut toujours prendre un morceau de pain qui est tout coupé.
    Les bons maîtres font les bons valets.
    Nul ne peut servir deux maîtres, c'est-à-dire il est difficile de vaquer à deux emplois à la fois, de mener de front deux affaires, etc. ; proverbe emprunté à l'Évangile.
    Tel maître, tel valet, c'est-à-dire les valets suivent l'exemple du maître, particulièrement en mal.
    Qui sert bon maître, bon loyer en reçoit.
    Il faut être compagnon de sa femme et maître de son cheval, c'est-à-dire il faut traiter doucement l'une et gourmander l'autre.

REMARQUE :

    L'Académie écrit maître autel sans trait d'union ; mais à autel, elle écrit maître-autel. On peut donc mettre ou omettre le trait d'union.

HISTORIQUE :

    XIe s. Tut le plus maistre, il apele Besgun (Besgun qui de tous est le chef), Ch. de Rol. CXXXV.
    XIIe s. [Chevaliers] Qu'il ot fait adouber en son maistre donjon, Saxons, VIII. Qui estoit en la vile en sa maistre meson, ib. XXII. Le maistre cercle [du casque] [il] en a jus avalé, Ronc. 91. La cruiz arcevesqual fist porter à sa destre, Et la reisgne del frein tint en la main senestre : Fait out sun avocat de Jesu Crist sun mestre, Th. le mart. 38. Helyarep e Abia li fiz Sisa furent maistre escrivain de la curt Josaphat, Rois, p. 237.
    XIIIe s. Se lor pese [s'ils sont fâchés] de ce que vous ai dit, Si s'en prennent à mon maistre d'Oisi, Qui m'a apris à chanter dès enfance, QUESNES, Romanc. p. 98. [Le lion] A son maistre estranglé, qui fut de Picardie, Berte, II. Qu'il soit de ceste chose et maistre et conseillere, ib. XII. Je sui maistre [grand sénéchal] le roy qui France a à garder, ib. CXII. De Symon fist li rois son mestre conseiller, ib. CXXIX. ...mais que [si ce n'est que] de blanc un peu les diaspra Li maistres qui les fist [des armoiries], ib. CXXXI. La fille Alimodes le roi Vit son ami en tel effroi ; Bien sait qu'il a trouvé son maistre, Blancandin. De tel geu com l'en fait des mains Estoit-ele dame et il mestre, Lai de l'ombre. Il m'avoit pris à menacier, Et je le soi si enlacier De blanches paroles et pestre, Que j'en ai resté à bon maistre, Ren. 16282. Quant les chevaus furent ens, nostre mestre notonnier escria à ses notonniers qui estoient ou bec de la nef.... JOINV. 210. Et li fiex [fils] malles [mâle] de la tierce feme demanda l'uistieme de tout l'iretage, c'est à savoir les deux pars des fiés et le mestre manoir et l'ommage de le [la] tierce partie de ses sereurs, BEAUMANOIR XVII, 6. Escier est une cité moult grant qui est vers maistre [septentrion], MARC POL, p. 706. Lié [joyeux] sont de chou [ce] que il n'y a Peril et que bien garira ; Car li maistre [médecins] ainsi dit leur ont, DU CANGE, magister.
    XIVe s. L'office du maistre d'ostel est de pourveoir des salieres pour la grant table, hanaps, etc. Ménagier, II, 4. Et encor, dit Henris, je vouldrai qu'il m'ottrie [octroie] Daniot et Turquant, qui sont de sa maisnie, De son maistre conseil et là où plus se fie, Guesclin. 9318. Car chascun si faisoit le mestre, En Bretaigne duc vouloit estre, Livre du bon Jehan, V. 2448. En nostre ville d'Aucerre avoit quatre maistres appellez maistres du patron de la jauge, DU CANGE, magister. Mestre Yves, mestre des paveillons, prendra une provende d'avoine, ID. ib. à la relacion de deux des maistres de la loy [rabbins] des dis Juys [Juifs], ID. ib. Le mestre des hereges [maître des hérétiques, inquisiteur], ID. ib. De la partie de noz bien amez le maistre escole et docteurs regens en l'estude d'Angiers, nous a esté exposé que comme le dit maistre escole à cause de sa dignité de maistre escolerie soit chief et recteur du dit estude.... DU CANGE, magiscola.
    XVe s. Les aucuns [prisonniers] mis incontinent à finance, combien que messire Bertrand ne le fust pas si tost, d'autant que messire Jehan Chandos, qui estoit son maistre [qui l'avoit fait prisonnier], ne le vouloit point delivrer, FROISS. livre I, p. 329, dans LACURNE. Et fist en celle maniere plusieurs grans maistres [grands personnages de Gand] tuer, ID. ib. p. 38. Et tellement se maintint en cest estour [joute] que, ainçois qu'il trouvast son maistre il porta dix chevaliers par terre, Perceforest, t. V, f° 29. Mauvaisement peult l'homme estre maistre de son mestier, devant qu'il ayt la main mise à l'oeuvre, Perceforest, t. IV, f° 114. Le coup descendit sur le col du cheval et luy trencha le maistre os, et le chevalier et le cheval cheurent tous en ung mont à terre, ib. t. I, f° 86. Maistre Michel de Cernay, aumosnier du roy l'an 1385 ; il avoit esté maistre d'escolé du dit roy, lors qu'il estoit dauphin l'an 1378, GODEFROY, Annot. sur l'hist. de Charles VI, p. 783, dans LACURNE. Ne te pars plus de la maison, Si ce n'est pour ton grant honeur ; Quand ton maistre et ton droit seigneur Chevauchera, là yras-tu, E. DESCH. Poésies mss. f° 520. Jean Taillecourt maistre joueur de l'espée à deux mains et du boucler, DU CANGE, magister. Le principal se nommoit maistre Lievin Bouc, la quelle mai trise luy venoit pour ce qu'il avoit esté maistre des maçons de la dite ville de Gand, et non pas pour aucune science de quelque degré qu'il eut acquise, MATHIEU DE COUCY, Hist. de Charles VII, p. 622, dans LACURNE. Si dit qu'il sera d'or en avant maistre de soy, Bouciq. I, 6. Car se venir peux en la fin, Passé seras maistre ordinaire, VILLON, Franches repues. Je congnois le maistre au valet, ID. Ballade des menus propos. Et premierement que quiconque veult estre maistre et avoir la franchise d'icelluy mestier, il convient que icelluy maistre viengne par devers les jurez dudit mestier, en leur requerant qu'il leur plaise de le recevoir à estre passé maistre audit mestier... Item, il convient que celluy qui veult estre ainsy passé maistre fasse son experiment devant les maistres.... Ordonn. déc. 1485.
    XVIe s. Laissant croistre amont le jetton du milieu, qui se trouvera le plus droit, pour servir de maistre-pied ou tige, O. DE SERRES, 638. Vous verrez que ces mestres de camp ont perdu leur maistrise, et ont leurs soldats pour ennemis depuis qu'ils se sont faits valets, D'AUB. Foen. III, 21. Le grand maistre de l'artillerie avoit ses lieutenans et 59 canonniers, ID. Hist. III, 87. Le maistre des ceremonies planta sa banniere au premier ranc de la maistresse main, que l'on dict communement de l'evangile, CARLOIX, III, 2. Cela fait [le vif argent ainsi préparé], on peut dire estre un maistre Jehan, qui fait choses grandes et et quasi miraculeuses, pourveu qu'on le sçache bien manier à luy faire sauter le baston.... PARÉ, XXIII, 47. C'est [le jour de la mort] le maistre jour, c'est le jour juge de touts les aultres, MONT. I, 67. Se rendre maistre de sa cholere, ID. II, 115. L'un des maistres-queux de la maison d'Antonius, AMYOT, Anton. 33. Tant vault le petteler [l'action de fouler aux pieds, de marcher] du maistre du jardin comme vault le fumer d'aultruy, GÉNIN, Récréat. t. II, p. 250. Quant au mot de maistre, si est-ce que nous rapportons aujourd'hui ceste qualité aux moindres, comme sont les escoliers et maistres es arts et maistres des mestiers, PASQUIER, Recherch. livre VIII, p. 688, dans LACURNE. Dans les roolles [du parlement] sont les clercs qualifiez maistres, et les laiz [laïques] messires parce que c'estoient gens suivans les armes ; ny pour cette qualité de messire ou monsieur, ceux-cy n'estoient plus authorisez que les maistres, parce que, quand on parloit des seigneurs de parlement en leur general, on les appeloit ordinairement maistres du parlement, ID. ib. liv. II, p. 46. Les procureurs et gens de langue, en fournissant quelque procès, seront tenus de fournir en mesme temps une procuration en forme de leurs maistres ou cliens, Nouv. coust. génér. t. I, p. 942. Je ne peux pas finir la presente sans vous faire part de l'avis qui nous a esté donné de la reprise de Javarin par les chrestiens, ainsi que vous verrez par la lettre d'Orlandin, maistre des couriers de Lyon, que je vous envoye, Mém. de Bellievre et de Sillery, p. 265, dans LACURNE. Un jour vint au roy Alexandre un maistre d'oeuvres [architecte], nommé Dinocrates, adverti que le roy vouloit construire une ville magnifique de son nom, MACHIAVEL, Disc. sur Tite Live, p. 21, dans LACURNE. Proverbe qui dit que de grand maistre hardy valet, H. EST. Apol. pour Hérod. p. 674, dans LACURNE. On dit qu'il n'est ouvrage que de maistre, MOLINET, p. 142, dans LACURNE. à pere, à maistre et à Dieu tout puissant nul ne peut rendre l'equivalent, COTGRAVE. En pont, en planche et en riviere, valet devant, maistre derriere, ID. Jamais ne gaigne qui precede à son maistre, ID. Il est plus d'ouvriers que de maistres, ID. Nouveau apprenti n'est pas maistre, ID. à ton maistre ne te dois jouer, Ni à plus haut que toy frotter, LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, p. 87. Le tiltre ne fait pas le maistre, ID. ib. p. 88.

ÉTYMOLOGIE :

    Picard, mète, moite, moète ; wallon, mais' ; bourguign. moitre ; provenç. majestre, maiestre, mayestre, maestre, mestre ; espagn. maestre ; portug. mestre ; ital. maestro ; du lat. magistrum, qui est de même radical que magis (voy. MAIS). D'après Corssen, magister et minister, qui sont symétriques, sont deux doubles comparatifs formés de is pour ios, ius (sanscr. iyans,) et ter, sanscr. tara. Magister = may-ius-ter, le plus grand ; minister = min-ius-ter, le plus petit. Mahitre ou le Mahitre, nom propre qu'on rencontre, est peut-être une ancienne forme conservée (voy. maïstresse à l'historique de MAÎTRESSE).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE :

    MAÎTRE. Ajoutez :
    
23° Petits-maîtres.
    Voici l'explication que Mme de Motteville donne de cette dénomination. Quand il [le prince de Condé] venait chez la reine, il remplissait sa chambre des personnes du royaume les plus qualifiées ; ses favoris, qui étaient la plupart des jeunes seigneurs qui l'avaient suivi dans l'armée, et participant à sa grandeur comme ils avaient eu part à la gloire qu'il y avait acquise, avaient été appelés les petits-maîtres parce qu'ils étaient à celui qui le paraissait être de tous les autres, Mém. p. 111.
    
24° Maître, dans les îles Normandes, celui dont un autre est le mandataire, le représentant, l'avocat Serment prêté par trois avocats reçus par la cour royale de Guernesey, le 13 avril 1874 :.... Qu'en vos plaideries.... vous ne proposerez, ne controuverez aucuns faits, que votre maître ou son attourné ne vous dit ou affirme être vrais,... Gaz. de Guernesey, 14 avril 1874.

65. Le lundi 16 octobre 2006 à 18:06 par veuve de papier

Arg!....Tom m'a tuer!

66. Le lundi 16 octobre 2006 à 18:17 par miteny

Maître,
Pourriez vous me donner votre avis sur mon histoire de procès concernant l'existence de Dieu...
Merci

Non.

Eolas

67. Le lundi 16 octobre 2006 à 18:44 par Patnprivate

Bonsoir,

J'ai une question qui me taraude depuis un moment, un avocat homme doit il dire chère consoeur à un avocat femme ou cher confrere. Si elle est bien sa soeur, il est lui son frere, alors je suis perdu.

Merci,
Patrice

Ca dépend s'il est con ou pas.

Eolas

68. Le lundi 16 octobre 2006 à 18:50 par Patnprivate

Merci, ça m'éclaire.

En toute rigueur, il faut dire cher confrère à tout avocat, fut-il homme ou femme puisque dans les deux cas il s'agit d'un avocat. Tout comme une femme est médecin, pas médecine.

Eolas

69. Le lundi 16 octobre 2006 à 19:03 par pokra

trop top les 67/68, y'a des "points" qui se perdent.

70. Le lundi 16 octobre 2006 à 19:21 par Tom

On trouve beaucoup d'avocates sur Internet... et il y a même un avocat qui appelle consoeur une de ses confrères...

Je cite :

" Une avocate incarcérée
" Par Eolas, jeudi 21 avril 2005 à 17:22 ...

" Je suis interpellé par des lecteurs sur l'affaire concernant ma consoeur toulousaine Maître M*, interpellée, elle, par la police, et placée en détention provisoire pour révélation d'informations relatives à une instruction... "

------


Cher Maître, qu'en pensez-vous ?

Serait-ce un usage irresponsable ? Un cas de schizophrénie ?

Ou bien Maître Eolas est-il polycéphale, comme le fut Bourbaki (le mathématicien, pas le général) ?

Je suis perdu !

Le même Eolas, le 29 juin 2004, réitéré supra :« Je le fais par simplicité pour éviter une lourdeur de style comme « un confrère féminin » quand le sexe de l’avocat a une importance ».

Eolas

71. Le lundi 16 octobre 2006 à 19:28 par cotopoulo

Mézalors, comment un avocat appelle-t-il un notaire?

Par téléphone, la plupart du temps.

Eolas

72. Le lundi 16 octobre 2006 à 20:48 par courbet

"► En toute rigueur, il faut dire cher confrère à tout avocat, fut-il homme ou femme puisque dans les deux cas il s'agit d'un avocat. Tout comme une femme est médecin, pas médecine. "

Ah bon, première nouvelle :

"avocat" définition du petit Larousse (édition 89) :
"1. Avocat,e n. Auxiliaire de justice qui conseille et représente les parties pour lesquelles il plaide.
2. Avocat n.m. Fruit comestible de l'avocatier, en forme de poire, pesant jusqu'à 1 kg."

L'avocat, le fruit, lui est un nom masculin (genre invariable) contrairement à l'avocat, l'auxiliaire de justice, qui s'écrit au féminin ou au masculin.
Un avocat est un avocat qu'il soit homme ou femme, d'où vous vient cette certitude cher Maître ?

(j'ai pris l'édition 89 parce qu'après on risque de me taxer de "moderne")

73. Le lundi 16 octobre 2006 à 21:07 par ano et nyme

Au secours...je commence a etre noyé par cette abondance de commentaires quelques fois ineptes, quelque fois hors sujet, quelque fois enrichissants...
Bon j'ai récupéré ce qui m'interessait en attentant le nouveau billet du Maitre de ces lieux, le Sieur Eolas, Avocat de profession, et quelque fois plaisantin....
Un doute me taraude néanmoins... avouez... vous étes plusieurs a justifier de ces heures supplémentaires non payées ?

Cordialement de tout lire, meme si c'est trés dur en fin de journée..

74. Le mardi 17 octobre 2006 à 10:25 par David Monniaux

Et quand un docteur s'adresse à un maître? Et l'inverse?

Quand un maître s'adresse à un docteur, il lui cire les pompes. Un docteur ne s'adresse JAMAIS spontanément à un maître. Il le toise. Enfin, le professeur méprise aussi bien le maître que le docteur, mais il se souviendra du nom du docteur.

Eolas

75. Le mardi 17 octobre 2006 à 11:48 par Jean

Assez d'accord avec Eolas sur ce point... surtout en ce qui concerne le professeur et le docteur (et je ne parle pas de l'apprenti docteur....)

76. Le mardi 17 octobre 2006 à 13:22 par diane roman

"Enfin, le professeur méprise aussi bien le maître que le docteur, mais il se souviendra du nom du docteur"
???
si vous êtes de bonne foi, c'est que vous avez quitté l'université il y a plus de trente ans...

Comment voulez vous que je sois de bonne foi, je suis avocat.

Bien sûr que je plaisantais. Les facultés sont célèbres depuis le moyen-âge pour les rivalités internes, mais il s'agit de questions de personnes et non de grades - puisque tel est désormais le terme consacré. Mes professeurs ont été, pour la plupart, ouverts, accessibles, et certains d'entre eux avaient même pour leur étudiants une véritable affection paternelle.

Eolas

77. Le mardi 17 octobre 2006 à 15:10 par Jean

Hem! Hem! Diane c'est pas totalement faux non plus... Si on faisait la lumière sur les relations professeur agrégé / maître de conférence (encore un maître) / docteur / doctorant... on aurait quelques surprises!

78. Le mardi 17 octobre 2006 à 18:20 par nap1128

Bonjour,

Personnellement, j'utilise "Chère Confrère" pour un avocat féminin... ce qui est il me semble un bon compromis entre le "Consoeur" qui ne doit s'appliquer qu'entre des femmes et le strict "Cher Confrère" antiféministe ;o)

@+

79. Le mardi 17 octobre 2006 à 23:24 par Apokrif

"Mon tient pour Monsieur. Mon adjudant signifie Monsieur l'adjudant."

Devant un grade, "ma" étant l'abréviation de "madame", on doit donc dire "ma adjudante" et non "mon adjudante".

"au journal officiel, ne sont plus nommées que des "substitutes"."

Et des procureures: www.legifrance.gouv.fr/WA... (l'APM avait mis en ligne le texte de ses mémoires dans cette affaire, mais leur site a l'air fermé)

" Quant au titre de docteur, il n'est pas protégé. Je peux vous recommander de nombreux docteurs du côté de Barbès qui règleront vos problèmes d'amour, de travail, d'impuissance, possession démonique, retour de la femme aimée. C'est le titre de docteur EN MEDECINE qui est protégé"

L'art. 433-17 réprime donc les utilisations du titre de "docteur" tout court uniquement quand ce titre est utilisé par les vétérinaires (mais non, par exemple, par les marabouts), en application de l'art. L815-4 Code rural ? Pas très logique.

80. Le mercredi 18 octobre 2006 à 12:05 par Flornet

Comme le rappelle notre ami Eolas (je n'ose écrire "Maître"), historiquement le titre n'est pas lié à l'obtention d'un diplôme mais bien à l'exercice de certaines professions ou fonctions.
D'ailleurs, l'exercice de la profession d'avocat a longtemps été subordonné à l'obtention d'une licence en droit et non de la maîtrise (ce n'est le cas que depuis l'entrée en vigueur de la loi du 31 décembre 1971).
Voici ce qui explique que le titulaire d'une maîtrise ne soit pas, de ce seul fait, appelé "Maître".

81. Le mercredi 18 octobre 2006 à 17:49 par OuvreBoîte

Eolas@68 > "Tout comme une femme est médecin, pas médecine."

Question subsidiaire : vous vous faîtes soigner par une femme d'origine indienne (au sens native american), selon des préceptes traditionnels.
Est-ce que vous pouvez l'appeler "homme médecine" ?
:o)

82. Le jeudi 19 octobre 2006 à 12:31 par Melencolia

Homme médecine et femme médecin ?
(rire)
C'est à n'y plus retrouver son français ni sa raison, ni la tête et ni la queue.

Vous pouvez aussi aller voir "l'esprit guérisseur"
la guérisseuse
"celle qui parle au Grand Esprit"
rebouteuse
femme sage
Sorcière.

83. Le lundi 23 octobre 2006 à 13:15 par Un citoyen curieux

Il me semble que le titre de maître est une survivance de l'ancien régime, où certaines catégories de personnels étaient des maîtres (par exemple, les apothicaires) et d'autres étaient des docteurs (par exemple, les médecins).

Vous connaissez la chanson Les Bourgeois, de Jacques Brel ?

84. Le mardi 24 octobre 2006 à 19:13 par Mal-né

Ah, les Bourgeois...!
J'en suis pas un, je suis pas fils d'avocat, j'en connais un à la rigueur.
Je suis pas fils de prof de droit, je n'ai pas non plus d'argent. J'ai échoué à l'examen d'entrée au CFPA mais la proche parente de celui que je connais a réussi malgré son faible niveau. Ma maîtrise ne vaut rien car je ne peux exercer la fonction de juriste sans véritable expérience (les stages dans les cabinets ne m'ont rien apporté au regard de l'exigence des entreprises et m'ont couté beaucoup, n'ayant jamais été rémunéré). Bref, après moult envoies de lettres de motivation et de CV, je suis allé m'inscrire aux assédics. Vive l'université, vive la France !

85. Le jeudi 26 octobre 2006 à 00:52 par interrogation

Dans un courrier adressé à Maître Veuve Tarquine, peut-on employer "
Mon cher Confrère" ?

Seulement si vous êtes avocat.

Eolas

86. Le jeudi 26 octobre 2006 à 14:06 par interrogation bis

Oui, mais vous m'avez destabilisé avec l'histoire de l'adjudant (mon adjudant).

Mon cher Confrère = Monsieur et cher Confrère ?

Point du tout, c'est le "mon" affectueux : mon amie, mon coeur, mon amour...

Eolas

87. Le vendredi 27 octobre 2006 à 12:43 par pouzzler

Je rappelle à juste titre le sort des estafettes, sentinelles et autres vigies; *elles* ont beau être presque toujours de sexe masculin, elles n'en voient pas moins le nom de leur métier affublé d'un article de genre féminin.

Ces vaines digressions sur le genre des noms de professions, toutes courues des foules et des médias qu'elles soient, me paraissent plus anti que pro-féministes.

Il serait en effet honteux que la maîtresse soit aux ordres du barreau!
Vive les professions à article de genre invariable!
Vive Maître Eolas!

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