Journal d'un avocat

Instantanés de la justice et du droit

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vendredi 10 avril 2009

vendredi 10 avril 2009

Genius at work

Cette semaine, vous avez l'occasion de vivre un moment historique, un moment que vous raconterez à vos enfants et petits-enfants, et vous verrez alors s'allumer dans leurs yeux la lumière noyée d'une larme de l'envie et de l'admiration.

Un film de Hayao Miyazaki vient de sortir sur vos écrans. Quand j'écris ces mots, je suis pris d'un frisson. Chacun de ses films est annoncé comme étant le dernier, et l'annonce d'un nouveau film met le Japon (et votre serviteur) dans sous ses états.

Hayao Miyazaki est un pur génie. On peut le comparer sans rougir à Walt Disney (ou alors c'est Walt Disney qui rougira). C'est un réalisateur de dessin animé japonais, LE réalisateur de dessin animé japonais. Chacun de ses dessins animé est un chef d'œuvre. Il est le fondateur et directeur du Studio Ghibli[1], qui produit ses dessins animés et quelques autres perles.

Si vous croyez que les dessins animés japonais sont d'interminables séries pour enfants à l'animation saccadée où les héros ont des coiffures aussi improbables que la couleur de leurs cheveux, vous êtes mûr pour une cure de remise à niveau.

Si vous croyez que les dessins animés japonais, c'est pour les enfants, regardez donc le Tombeau des Lucioles d'Isao Takahata (Studio Ghibli, 1988). Gardez une boîte de mouchoirs à portée de la main. Vous n'oublierez jamais la petite Setsuko. C'est une grande claque dans la figure, un des plus puissants films contre la guerre. Surtout quand on sait que c'est une histoire autobiographique, tirée du roman éponyme d'Akiyuki Nosaka.

Un dessin animé de Hayao Miyazaki, ce n'est pas pour les enfants, mais pour les adultes qui n'ont pas oublié l'enfant qu'ils ont été. Nuance. À part Mon Voisin Totoro, je vous déconseille de montrer du Miyazaki aux très jeunes enfants.

Miyazaki a quatre thèmes récurrents : l'enfance, la nature, les grand-mères et les machines, de préférence volantes. Tout vient de son histoire personnelle.

Il est fasciné par l'aviation depuis son enfance : son père dessinait des avions pour l'entreprise de son frère, Miyazaki airplaines. Du coup, il invente souvent des machines imaginaires extraordinaires. Le personnage de Kanta, dans Mon voisin Totoro, est inspiré de lui enfant, quand son père l'avait envoyé à la campagne, chez sa grand-mère, à qui il était très attaché et qu'il fait revivre dans tous ses films, pour le mettre à l'abri des bombardements alliés, où il a découvert la nature et la culture traditionnelle japonaise. Côté machine complexe improbable et fascinante, le Château Ambulant du film éponyme est inoubliable. Ajoutons que c'est un féministe de la première heure (et au Japon, ce n'était pas évident), ceci étant dû au fait qu'il a vu dans son enfance le rôle que les femmes ont tenu pendant la guerre puis pour reconstruire un Japon vaincu, détruit, et exsangue. Ses personnages principaux sont souvent des femmes, jeunes, fortes et indépendantes, même si elles ne sont que des enfants (voyez dans le film dont je vais vous parler le personnage de Lisa, la mère de Sôsuké).

Une idée centrale chez Miyazaki est le mal que l'homme fait à la nature, bien avant que ce ne soit à la mode comme aujourd'hui. Et la nature, blessée, empoisonnée, répond. Cela donne des apparitions cauchemardesques et des créatures inquiétantes, comme les Ohmus de Nausicaä de la Vallée des Vents ou l'esprit Sanglier de Princesse Mononoké. Il s'inspire aussi beaucoup de la mythologie japonaise, notamment des innombrables esprits de la nature. Le Voyage de Chihiro (mon préféré, Ours d'Or à Berlin en 2002, et couronné par un oscar) est une vraie ballade dans cet autre monde.

Et voici son nouvel opus. Courez le voir, il ne restera probablement pas longtemps à l'affiche, emporté par Fast & Furious 4 ou Dragon Ball Evolution. Un Miyazaki, ça se regarde sur grand écran. C'est du fait main, à l'ancienne. Un bijou de poésie, deux heures de retour en enfance, mis en musique par son complice joe Hisaishi, qui est à Miyazaki ce que John Williams est à Steven Spielberg. C'est un récit à la japonaise : il n'y a pas de méchants manichéens, et ce n'est pas tant la destination qui compte que le voyage en lui-même. Vous avez l'opportunité d'aller voir un Miyazaki au cinéma, lors de sa sortie. Ne passez pas le reste de votre vie à pleurer cette chance de perdue. Un jour, il y aura un dernier Miyazaki.

Voici donc la bande annonce de Ponyo sur la falaise.



本当にありがとうございます宮崎先生.


Add. : Merci Fieffégreffier (on a toujours besoin d'un greffier) : une interview du Sensei.

Notes

[1] Du surnom que les Italiens avaient donné à leurs avions de reconnaissance en Afrique du Nord pendant la guerre, lui même dérivé du mot Lybien pour Sirroco. Le surnom de l'avion italo-brésilien AMX International AMX est le "Ghibli". Prononcer Djibli.

Les avocats parisiens ne sont pas (si) méchants (que ça)

Avis à tous mes confrères de province[1] : l'Ordre des avocats de Paris[2] vous ouvre sa BDD. Ne nous remerciez pas.

Ben… Pourquoi vous faites un tête de mékéskidi ?

QUOI ???? Vous ne savez pas ce qu'est la BDD ? (In petto : Ah, ces provinciaux…)

Il s'agit de la Base de Donnée Déontologique. Le recueil des décisions rendues par le Barreau de Paris en matière déontologique. Vu qu'il traite la moitié des demandes au niveau national, ça fait un fonds documentaire riche (hélas…) qui sera utile à tous les confrères, et surtout (hélas) aux Conseil de discipline régionaux.

Las, l'Ordre ne maîtrise pas encore à fond l'art complexe de la communication et l'info est publiée… dans le Bulletin du barreau. Qui, je le sais de source sure, est fort peu lu par nos estimés (quoique provinciaux) confrères.

Je la reprends donc ici :

La procédure est la suivante :

- allez sur le site du barreau de Paris, http://www.avocatparis.org (oui, il est pas très beau, mais il est super cher).
- cliquez sur « espace privé »
- sur la page d’identification, cliquer sur « Vous n’êtes pas encore inscrit / Créer un compte d’accès »
- sur la page d’inscription, cliquez sur « Si vous êtes avocat d’un autre barreau ». N'ayez pas honte, c'est confidentiel.

Il vous sera alors demandé d’indiquer votre adresse e-mail, puis de remplir un bref formulaire. Cette procédure prend à peine quelques minutes et vous recevrez en retour votre code personnel.

Une fois connecté à l’espace privé, l’accès à la BDD se trouve dans la colonne de droite, rubrique « Informations professionnelles ».

Si vous souhaitez avoir des informations sur son contenu ou ses modalités de consultation, vous pouvez contacter Mme Nadine Mokdad. Elle est adorable. Dites que vous appelez de ma part. Elle ne me connaît pas, mais ça me fera plaisir. (Tél. : 01 44 32 47 61 - nmokdadatavocatparis.org)

Ah, et pendant que je vous tiens.

La cour d'appel vient de changer son organisation, au 1er avril. Exeunt les chambres, voici les pôles, subdivisés en chambres.

Un confrère me transmet la supplique d'une greffière de la cour d'appel : au téléphone, précisez le numéro de pôle avec le numéro de la chambre. Nous avons désormais huit 2e chambre : une qui connaît les appels des ordonnances de référé, une qui fait de la responsabilité contractuelle et délictuelle, une autre qui fait des affaires familiales, une autre qui fait du contentieux de la copropriété et des troubles du voisinage, encore une qui fait de la propriété intellectuelle, une qui traite les urgences en matière prud'homales et conflits collectifs du travail, une qui est chambre de l'instruction du pôle économique et financier (elle ne va pas crouler sous le boulot avec une vingtaine d'instructions ouvertes en 2008…) et une qui fait de la grande délinquance organisée (mais nous n'avons pas de chambre qui fasse de la petite délinquance organisée ou de la grande délinquance désorganisée, un sacré vide juridique…). On les distingue par leur numéro de pôle (il s'agit respectivements des chambres 1-2 à 8-2, vous l'aviez deviné).

Par contre, si quelqu'un a une table de conversion des anciennes chambres vers les nouvelles, je suis preneur. J'ai quelques affaires en délibéré, et c'est très perturbant. Merci qui, merci M'sieur Magendie.

Notes

[1] Dans le cadre de cet article, le mot province s'entend de tout point du territoire national situé au-delà du Boulevard Périphérique.

[2] Il s'agit de la dénomination officielle de l'ordre des avocats au barreau de Paris depuis qu'une agence de communication est passée par là en 2004 : l'ordre des avocats au barreau de Paris est devenu l'ordre des avocats de Paris, et le Bulletin du Barreau est devenu le Bulletin. Je vais donc bientôt rebaptiser mon journal d'un avocat en le journal tout court et économiser ainsi plusieurs dizaines de milliers d'euros en frais d'agence.

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