Journal d'un avocat

Instantanés de la justice et du droit

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La séquence du spectateur

Vous vous souvenez du très bon documentaire "avocats d'urgence", de Dominique Lenglart, diffusé le 8 octobre dernier ?

Hé bien il s'agit d'un documentaire en deux parties, et la deuxième arrive !

Elle s'intitule "Défendre à tout prix" (ça tombe bien, c'est ma devise !), et sera diffusée sur France 3, le 24 février prochain (oui, dimanche) à 23h10.

Voici la page qui y est consacrée sur le site de France 3.

Je ne l'ai pas vu, et ne connais pas personnellement le réalisateur (qui me fait l'honneur de me lire, j'ouvrirai donc un billet de discussion dimanche soir pour qu'il puisse avoir vos réactions et y répondre s'il le souhaite). Mais j'avais été séduit par le premier opus, qui avait fort bien rendu l'ambiance d'une permanence à la 23e[1].

Même chez Raymond Depardon, je n'avais pas trouvé ce sentiment de reconnaître ce milieu qui m'est pourtant familier. Ce qui pourrait sembler être la moindre des choses est en fait un exercice très difficile, tant l'objectif de la caméra déforme (ne serait-ce que parce qu'il pointe là où le veut le réalisateur). Il y faut le talent de parvenir à abandonner ses propres idées reçues, de renoncer à vouloir faire passer son ressenti pour simplement montrer ce qu'on filme.

L'écueil pour un documentariste est de vouloir être un metteur en scène. Dominique Lenglart l'a évité pour le premier volet, et j'espère donc qu'il aura renouvelé l'exploit pour le second (l'effet visuel pour présenter les avocats que l'on voit dans l'extrait à partir d'1'35" me paraît par exemple inutile).

A vos zapettes : voyons voir ce que valent les p'tits jeunes !

Notes

[1] La chambre qui à Paris traite exclusivement les comparutions immédiates.

Commentaires

1. Le lundi 18 février 2008 à 15:12 par teebo

>tant l'objectif de la caméra déforme (ne serait-ce que parce qu'il pointe là où le veut le réalisateur)
Sa simple présence peut "déformer" les "acteurs" aussi. Tout l'art consiste à se faire oublier...

2. Le lundi 18 février 2008 à 15:17 par ronnn

Dommage que ce soit aussi tard .

3. Le lundi 18 février 2008 à 16:17 par Mani

Zapette vous même !

4. Le lundi 18 février 2008 à 16:23 par Laurent

Je n'étais malheureusement pas au courant de la diffusion de ce documentaire. Merci pour l'information.
Et heureux d'apprendre que les journalistes font parfois bien leur travail.
Cela me donne l'occasion de rebondir sur un désastreux article du Figaro du 8 février. Je ne crois pas que vous l'ayez commenté. Il ornerait pourtant délicieusement la catégorie concernant votre "amie la presse"...Si vous voulez vous donner la peine de parcourir mon commentaire (ouvertures.blog.lemonde.f...

5. Le lundi 18 février 2008 à 18:22 par Milimaître

Pourquoi toujours autant de Secrétaires de la Conf (anciens / nouveaux / futurs) dans ce documentaire. Je peux concevoir qu'il soit difficile de trouver de bons sujets à filmer et que par leur présomption (simple tout de même) d'éloquence nos chers secrétaires "passent bien" et donnent une bonne image de notre profession, mais sont-ils réellement représentatif des jeunes avocats tentant d'allier chaque jour avec plus ou moins de facilité la vie de collaborateur libérale (un jour il faudra que vous expliquiez les bonheurs de ce statut à vos lecteurs béotiens cher Eolas) et les missions des permanences pénales.

6. Le lundi 18 février 2008 à 18:54 par Johan

Cet "effet" de présentation arrive tout droit des docus américains qui usent et abusent des effets d'accéléré, de travelings en tous genres et il n'est pas rare qu'à cause de ça je zappe vite vite vite pour regarder autre chose, même si le sujet m'intéresse ! Pardon de le dire, mais l'usage de ce genre d'effet me donne à chaque fois la nausée, en plus de me laisser parfois un sentiment d'agression.. Mais il y a pire, il y a les effets de zoom, particulièrement utilisés dans quelques magasines dédiés à l'auto et à la moto...

Au cours de ma formation en techniques du son en studio, l'ingé-son qui nous encadrait nous avait dit une chose très intéressante : "quand vous mixez, vous pouvez utiliser tous les effets que vous voulez, mais on ne doit pas les entendre". Si on élargit le propos, ça dit qu'on peut utiliser tous les artifices qu'on souhaite pour embellir notre travail mais on ne doit pas les "voir", le travail fini doit "couler de source", paraitre "naturel", comme une évidence. Après, l'usage de digressions, de "dissonances" sert aussi à maintenir ou à éveiller l'attention, à provoquer certaines émotions. Mais gare aux excès, à la "course aux armements"... A force de trop, le docu ne sert plus à rien, même pas de bruit de fond..

Cependant, puisque le monde judiciaire m'intéresse, je regarderai probablement ce documentaire sur France 3, la bande-annonce m'ayant bien prévenu sur le style de réalisation, un style que je ne préfère pas. Mais une bande-annonce n'est pas le film en entier ;) ..

Eolas:
Oui, d'autant plus que le premier volet était totalement dépourvu de ce genre d'effets déplacés. Gageons qu'il ne s'agit que d'une maladresse de style.

7. Le lundi 18 février 2008 à 19:38 par Kiki

Que de secrétaires seront ainsi suivis !

8. Le lundi 18 février 2008 à 19:45 par Buse

@Eolas : ""Défendre à tout prix" (ça tombe bien, c'est ma devise !)"

Roooooh, et moi qui croyais que "pro bono", c'était pour un avocat comme évoquer un lapin dans la Royale...

"Défendre à tout prix, ou à n'importe quel prix ?" Un sujet de Berryer pour M-E Leclerc, s'il passait par là ?

9. Le lundi 18 février 2008 à 20:03 par Régis Hulot

Hey ! Cher Maître, l'agreg' d'histoire du droit (et major, s'il vous plaît !) de ce cher Benoît Fleury que quelques anciens d'Assas connaissent bien, cela vous inspire des commentaires ?

Et si cette question posée sur votre blog (non modéré a priori, ce dont je vous remercie) vous ennuie, ce n'est pas moi qui vous en voudrait de la "zapper" aux oubliettes.

Bien cordialement.

Régis Hulot.

10. Le lundi 18 février 2008 à 22:33 par évouibuse

la rancunière n'a jamais existé....

11. Le mardi 19 février 2008 à 00:46 par Maitre Yogi

Bon, évidemment je suis allé voir à quoi ressemblait fameuse 1'35'' de cet extrait. Et j'ai pu apprécier tout ce qui était visible avant et le peu qui était visible après. C'était très sobre alors le fameux effet spécial ne m'a pas gêné du tout, et j'ai même trouvé ça assez sympa, ce halo de surexposition, ces mouvements de caméra... Pas trop prétentieux parce que justement, on se rend bien compte que les sujets ne sont pas des professionnels (des acteurs, s'entend, ce sont bien des "pros des prétoires"). C'est très court et a le mérite de bien présenter les avocats, comme un générique en quelque sorte.

Alors d'accord si le film était jonché de ce genre d'effets, cela serait probablement pénible... attendons de voir !

12. Le mardi 19 février 2008 à 10:54 par FidèlePreskAvocate

C'est fou ce que ce genre de sujet, avant même sa diffusion, peut amener comme commentaires...Une chose paraît déjà vraie, à entrendre mes collègues de promo, la plupart feront du droit des affaires.

Ce qui me gêne dans ce genre de reportage c'est que l'on fasse la part belle à ce genre de conférence où ceux qui s'y présentent espèrent "obtenir les plus belles affaires"...Je ne suis qu'une petite presque avocate, certes encore emplie de plein d'utopie quant à cette profession, mais il me semblait qu'il n'y avait pas de petites affaires. Les "urgentistes" de la défense sont censés défendre corps et âme toutes les affaires, belles pas belles, d'ailleurs il me semble qu'en général ces affaires sont loin d'être zolies zolies...

Attendons de voir le reportage, le premier m'avait quelque peu agacé, manier le verbe est loin d'être synonyme de manier le droit, même si je concède qu'évidemment la parole est l'une de nos meilleures armes. Il y a un monde entre les sujets quelque peu amusants qui sont donnés à ces futurs "ténors de la barre" et ce qu'ils vont réellement affronter dans la vraie vie. Là pour le coup, ça fait un peu "vie ma vie" d'avocat option théatre. De plus, je trouve ce genre de rituel un peu dépassé et très parisien. Dans d'autres barreaux, les commissions sont donnés à tout le monde, ce qui permet à tout le monde de s'exercer à la pratique de la plaidoirie.

J'aimerais que l'on parle aussi des autres urgentistes du droit, ceux qui traitent les AJ. Cela aussi honore la profession, certes y trouvera-t-on peut être moins de "belles affaires". Mais ça vaudrait le coup d'oeil de voir comment les avocats travaillent ce genre de dossier. Ouh, je sens d'ici le maître de ces lieux voir venir des généralités. Que néni. Loin de moi l'idée de cataloguer l'ensemble des avocats. Pour ce que moi j'en vois du moins, il me semble que les dossiers d'AJ n'ont pas le droit d'être "chiant", d'appeler trop souvent au cabinet pour voir où en est leur dossier...la réflexion la plus courante étant :"en plus c'est un dossier d'AJ, il va pas nous faire ch...". Voilà pourquoi il me semble que ce genre de reportage, très flatteur pour la profession, ne traite pas de la vraie profession d'avocat, preuve en est que ce reportage traite d'une petite catégorie d'avocats...Car il n'existe pas de concours d'éloquence pour défendre tous les autres dossiers autre que ceux relatifs au droit pénal, auquel je me destine d'ailleurs...

13. Le mercredi 20 février 2008 à 23:03 par Me Peanuts (à votre service)

Johan:"quand vous mixez, vous pouvez utiliser tous les effets que vous voulez, mais on ne doit pas les entendre"

Ca me rappelle cette phrase de JD Bredin ou en tout cas citée par lui: "Si vous m'avez trouvé éloquent, c'est que je ne l'est pas été". En matière d'effets de manches comme en matière d'effets de caméra, ce sont les plus discrets qui sont les meilleurs je pense.

Je suis en tout cas assez d'accord avec ma FidèlePresqueFutureConfrère, et le premier reportage m'a aussi beaucoup agacé pour diverses raisons (peut-être trop d'éloquence, de sensationnel, au détriment du droit, trop parisien etc.).

Moi même me sentais peu concerné, et c'est bien normal puisque j'exerce en droit des affaires dans un énorme truc avec un nom pas de chez nous, et qui plus est dans un bureau hors de Paris, dans ce territoire étrange qui s'étend au-delà du périphérique et qu'on appelait la "province" sous l'empire romain (comment c'est encore le cas aujourd'hui?).

Ce qui est plus désolant, c'est que mes confrères pénalistes ne se sont pas non plus sentis beaucoup concernés...

Pour faire un vrai reportage sur les avocats il faudra peut-être accepter d'ennuyer ses téléspectateurs, il faudra montrer le pauvre jeune libéral remplir ses formulaires URSSAF, pleurnicher auprès de l'ANAAFA, se battre pour avoir des le droit d'intervenir en commission d'office pour des affaires sans prestige, sans éloquence, sans utilité, juste pour la Défense, la vraie, loin des caméras et sans doute assez loin de la conférence aussi. C'est aussi ça la beauté du métier, enfin du geste...être un Don Quichotte à manches longues.

Et puis pour me faire plaisir, j'attends avec impatience la troisième partie de ce reportage "conseiller à tout prix", dans lequel on verra un junior de cabinet d'affaires faire des recherches toutes la journée, se faire remonter les bretelles par ses "managers", faire des "drafts" de "due diligence", débattre à la pause-café devant les 12 meilleurs juniors du moment, boire des cafés en mangeant des pizzas toute la nuit pendant des closings enfiévrés, et découvrir enfin avec émotion les cases courrier du palais de justice....^^ Je plaisante bien sûr, rien de plus ch.... qu'un affairiste, mais c'est ça aussi le droit, c'est pas seulement la comédie....

14. Le lundi 25 février 2008 à 01:04 par Polydamas

Très bon documentaire qui a permis de revoir des têtes connues. On voit bien, comme le disait Eolas dans un précédent billet, à quel point les accusés feraient parfois mieux de se taire...

Quant à Rouffiac, je comprends pourquoi il a fini Premier Secrétaire. Au fait, mettre en cause les agents de sécurité en disant qu'ils ne valent pas mieux que les accusés eux-mêmes, c'est pas un peu limite, tout de même ? En gros, il les traite d'alcooliques et d'incompétents, leur parole n'est pas digne de foi sous prétexte qu'ils ne seraient pas assermentés. J'espère que c'est plus un artifice de défense qu'une conviction profonde.

@ Me Peanuts:
Oui, mais dans votre job, vous ne risquez pas de provoquer des scandales à la taille d'Outreau (probable raison des opérations successives de transparence réalisées par la justice). Il s'agit de montrer à quel point le pénal est difficile, et j'avoue, qu'effectivement, l'objectif du documentaire est réussi.


Au réalisateur, s'il me lit :
Il y a une version numérique disponible quelque part ?

15. Le lundi 25 février 2008 à 08:07 par Blog Point Berryer

Je cherche le premier volet cette série de documentaires.
Si qqun l'a, il peut me contacter à blog point berryer @ free point fr

16. Le lundi 25 février 2008 à 21:26 par Renaud

Je n'ai pas pu regarder jusqu'à la fin, il se faisait tard...
J'ai cru à un remake de ce qui était en fait le 1er volet, ça m'a permis d'aller me coucher sans regretter, je me suis trompé mais ça n'était tout de même pas très très différent du 1er opus finalement (vous me direz c'est normal, ça n'en est que la suite..).
Je tiens en revanche à dire que j'ai particulièrement apprécié la "Conférence Berryer" (excusez les éventuelles fautes d'orthographe, je l'ai juste entendu), en effet les "lynchage" des secrétaires était très attrayant, certains pédant d'autres sincèrement drôles et adroits, c'était mon "coup de coeur".

Pour ce qui est de l'initiative de telles émissions j'en félicite les auteurs, on manque d'information à la portée de tous de ce qu'est le monde des juristes, des praticiens du droit, et c'est bien dommage. Voila une lucarne offerte à tous, merci !

17. Le lundi 25 février 2008 à 22:19 par erreur.judiciaire

- J'ai apprécié votre devise......... "Défendre à tout prix" (ça tombe bien, c'est ma devise !)

- Mais pourquoi si peu d'avocats sont disponibles, quand un justiciable, ce qui est mon cas, souhaite faire une procédure en faute lourde contre l'état (même très lourde, pour moi).

- Il a été nécessaire que je le propose à un nombre important de vos confrères (y compris certains de l'affaire d'Outreau) avant d'en rencontrer un disponible.... c'est pour cela que votre devise m'impressionne vraiment..........

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