Journal d'un avocat

Instantanés de la justice et du droit

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La peur

Par Fantômette


La peur, vous vous y attendez toujours. Elle arrive rarement par surprise. Elle prévient avant de frapper. Mais les coups n’en sont pas moins brutaux, et la douleur qu’ils laissent, lancinante.

Depuis que j’ai prêté serment, je ne crois pas qu’il se soit jamais écoulé une semaine sans que je ne la côtoie, constante et silencieuse, une ombre parmi les ombres. En audience. En détention. En rendez-vous.

Elle s’invite souvent dès le premier rendez-vous, le tout premier contact avec un nouveau client.

Vous l’avez vu arriver, depuis la fenêtre de votre bureau.

Il est peut-être jeune, ou plus âgé. Il a les mains profondément enfoncées dans les poches, un blouson à la mode, un peu crasseux. Ou un costume bon marché, une mallette à la main. Il la posera très soigneusement sur votre bureau après avoir écarté le pot à crayons.

La peur l’a accompagné, mais elle ne se montre pas tout de suite. Elle apparaît pour la première fois, sans bruit mais dans une brève et soudaine lueur, lorsqu’il vous tendent leur convocation. Elle est pliée en seize, déjà grise et froissée par cette main tout à l’heure enfoncée dans la poche. Ou encore dans son enveloppe, sortie de la mallette. Nette et blanche. Implacable.

Vous y jetez un bref coup d’œil, qui vous apprend ce que, souvent, vous savez déjà. Convocation… tribunal de grande instance … chambre correctionnelle. L’audience est dans deux jours, trois semaines, ou deux mois. Les faits poursuivis sont visés, les articles du code pénal qui fondent les poursuites également.

Vous relisez la convocation, laissez passer un ange, et puis deux.

- Peut-être avez-vous eu la curiosité d’aller regarder les articles visés du code pénal ? Sur internet ? Non ?

Le code pénal est sur le côté, l’article souvent déjà repéré. Vous lui tendez le code, ouvert à la bonne page. Deuxième coup de poing, la peur a frappé au ventre cette fois.

Et puis, sur une invitation de votre part, les explications viennent.

C’est un peu confus. Souvent très long.

Silencieux, attentif, les yeux fixés sur votre interlocuteur, vous observez monter, descendre, monter à nouveau, l’angoisse, à la façon d’une respiration.

Ils vous parlent des faits, ceux qui sont visés par l’article qu’ils viennent de lire en silence, et qu’ils redécouvrent sous un autre angle, sous l’angle du droit. Et cet angle là les trouble et les inquiète. Ils viennent vous parler d’une bêtise, et vous leur répondez que l’on ne convoque pas souvent les gens devant un tribunal correctionnel pour "une bêtise". Ils ont lentement acquiescé et la peur les a frappé, une troisième fois.

Cette fois-là, elle ne les quitte pas.

Ils repartent avec, la convocation repliée, remise dans la poche ou dans son enveloppe, toujours aussi blanche. Elle laisse son ombre derrière elle, qui s’attarde à votre bureau, et rôde quelques instants encore.

Vous ne la chassez pas.

On ne sait jamais.

Elle pourra resservir.

Plus tard, vous les retrouvez à l’audience. La salle est vide, il est un peu tôt. Il n’y a personne à l’accueil du tribunal, encore. Les justiciables tournent en rond, ils ont la démarche inquiète. Il s’assoient. Ils attendent. Ils se relèvent. Et ils attendent encore.

Lorsque vous êtes arrivé, celui-là, qui vous attendait, s'est approché rapidement de vous, soulagé de voir que vous n'étiez pas en retard.

En réalité, le plus souvent, vous êtes arrivé avant lui. Mais vous avez votre propre itinéraire au tribunal. Vous êtes arrivé tôt, par précaution, et vous êtes passé par l’Ordre, encore tranquille, mais pas désert. Deux ou trois confrères sont là, qui vous saluent d’un signe de tête, enfilent leur robe d’un mouvement ample et précis, patientent à la machine à café, consultent leur dossier. Vous posez votre robe, qui pèse sur votre avant-bras, roulée en boule[1], et le dossier à côté, sur la table. Un sourire pour les uns, un mot pour les autres.

Vous profitez de ce moment de calme, qui ne durera pas, car tout à l’heure, dans la salle d’audience, la peur vous aura rejoint. La vôtre. Celle de vos clients. Celle des prévenus. Celle des victimes.

Dans la salle d'audience, à l’immobilité qui précède l’arrivée de l’huissier, suit un mouvement lent et confus, dont la signification n'est pas immédiatement apparente aux regards extérieurs. Les avocats s’agglutinent près de l’huissier, qui sort les dossiers, les uns après les autres. Quelques jeunes avocats, le rabat immaculé, un dossier serré dans les bras, hésitent un peu à s’avancer, à interrompre l’huissier qui salue les habitués du prétoire. Et puis, les justiciables s'avancent enfin, ou c'est l'huissier vient les trouver, dans la salle ou à l'extérieur, pointant sur le rôle[2] les présents, ceux qui se défendront seuls, ceux qui attendent leur avocat, ceux dont l'avocat est déjà là.

Une légère impression de désordre se dégage de la scène. Le bavardage des avocats, l'air affable de l'huissier qui s'affaire, l'expression stoïque et ennuyée du policier en faction, tout cela crée une impression de banalité, qui allège un instant l'atmosphère d'attente inquiète.

Cela ne dure pas, et le silence et la peur reprennent possession des lieux à l'entrée du tribunal, annoncé par l'huissier ("Le Tribunal !") qui, d'un geste, nous fait tous lever.

L'audience a commencé.

Parfois, vous allez vous asseoir à côté de votre client. Il est anxieux, fatigué. Il parle peu, ou au contraire, il parle trop. Il pose quelques questions dont il écoute à peine les réponses. Vous chuchotez parfois quelques mots d'encouragement, de réconfort. Pas toujours, cependant.

La peur qui l'accompagne sera peut-être votre alliée, tout à l'heure. Lorsqu'à une question précise que posera le Président, elle brisera la voix de votre client. Lorsqu'après avoir écouté la partie civile, elle lui fera bredouiller des paroles d'excuse - maladroites, mais sincères.

Mais ce n'est pas sûr.

La peur qui l'accompagne sera peut-être votre ennemie, tout à l'heure. Lorsque, épuisé par son incessante lutte contre elle, le prévenu la transforme en une colère sourde, mal contenue, mal interprétée. Ou lorsqu'au contraire, comme soudainement vaincu, le prévenu se ferme et n'oppose plus qu'une indifférence muette, discrètement hostile, aux questions de plus en plus agacées du Président.

Au moment où vous prendrez la parole, de toute façon, vous en aurez le coeur net. Vous agirez en conséquence. Vous devrez trouver les mots qui sont restés coincés dans la gorge du prévenu. Vous devrez défaire ceux qui sont sortis mal à-propos, tenter d'en corriger les effets. Expliquer ce que vous - oui : vous - vous avez compris de cet individu, depuis ce jour-là où il est venu vous voir la première fois, sa convocation à la main.

Après, reste l'ultime attente. Celle du délibéré. De la décision. Coupable ou non ? Et si oui, quelle peine ?

Attendre, attendre, attendre. Le tribunal peut s'être immédiatement retiré pour délibérer. Ou il aura pris une autre affaire, en prendra une seconde, une troisième, pour délibérer sur plusieurs en même temps.

Attendre, attendre, attendre. Parler avec le prévenu, votre client, qui n'a plus qu'une seule question à poser, celle à laquelle vous n'avez pas de réponse. "Alors ? Alors, Maître ? Qu'est-ce que vous en pensez ? Comment ça s'est passé ?" Vous restez prudemment évasif. "Nous verrons. Il n'y a plus longtemps à attendre."

Cette attente-là est épuisante. Vous étouffez soigneusement vos inquiétudes, vos espoirs. Refaites mentalement la plaidoirie que vous avez faite, celle que vous auriez du faire, celle que vous auriez pu faire, et puis vous recommencez. Lorsque le tribunal revient et rappelle votre client à la barre, vous vous levez également, le dossier sur le bras, un stylo à la main, et la peur au ventre.

Le verdict tombe, la peur avec elle, qui se brise et s'échappe pour ne laisser derrière elle qu'une vérité judiciaire, LA vérité judiciaire. Coupable ou non. Prison ferme ou non. La fatigue et le soulagement, l'épuisement et la rage... La journée n'est pas terminée. D'autres vous attendent ce soir, ou vous appelleront dans l'après-midi, inquiets, anxieux, une convocation à la main. Vous partez les retrouver. Sans hâte.

Notes

[1] Une robe d'avocat se transporte roulée en boule, toujours, toujours, toujours. C'est comme ça. C'est pour ainsi dire la première leçon que m'a donnée Patron n°1. Cela emporte obligation d'en acheter un modèle infroissable naturellement.

[2] Le rôle de l'audience est tout simplement la liste des affaires qui seront appelées à l'audience du jour et dénommées d'après le nom du ou des prévenus. Cette liste est également affichée à l'extérieur de la salle.

Commentaires

1. Le vendredi 5 décembre 2008 à 17:55 par Anatole Turnaround

Prems !

Fantômette:
Et comme, me semble t-il, j'étais la dernière à commenter votre premier billet, nous dirons donc que dans le virtuel, comme dans le réel, nos fonctions respectives restent complémentaires.

2. Le vendredi 5 décembre 2008 à 17:58 par Tinkerbell

Je lis votre billet en rentrant justement d'une audience correctionnelle.

Je n'en fais quasiment jamais, je déteste ça, justement à cause de ce que vous décrivez si bien.

J'admire ceux de mes confrères qui s'accrochent à cette matière, ceux qui y brillent, mais je vois leur visage quand je les croise au Palais: il est toujours fermé, soucieux, crispé.

Mon client est reparti avec la décision. Nous plaidions la relaxe et il a pris 4 mois avec sursis. Le résultat n'est pas si mauvais en défintive, bien que frustrant dans un dossier où c'est la parole de l'un contre la parole de l'autre.

Mais j'ai vu dans son regard que la peur était toujours là.

Après l'audience, la fille de la partie civile est venu le voir pour lui déclarer "Ma mère n'a pas réussi à t'avoir (comprendre : te mettre en prison), mais moi je t'aurais"

Et lui de me demander avec ce regard suppliant : s'il se passe quoi que ce soit, je peux vous appeler Maître ?

La boule dans l'estomac n'a disparu que pendant quelques secondes en définitive

3. Le vendredi 5 décembre 2008 à 18:01 par ramses

Chère Fantômette,

Je comprends cette peur, que vous décrivez si bien, comme vous aviez si bien décrit la rage.

Et j'imagine que plus l'enjeu est grand, plus l'une et l'autre doivent grandir.

J'apprécie votre sensibilité, dans ce monde de brutes.

Fantômette:
C'est Eolas l'auteur du billet intitulé "la rage", pas moi.

4. Le vendredi 5 décembre 2008 à 18:05 par quinqua

Je rentre d'audience correctionnelle. Vidé. j'ai 32 ans de Barreau.

Juste Merci pour ces mots, précisément bienvenus, là, maintenant.

Une remise en perspective de ce pourquoi, et malgré quoi, je fais ce Métier.

5. Le vendredi 5 décembre 2008 à 18:08 par DmonodBroca

Oui, décidément, il reste quelque chose de sacrificiel dans nos mentalités, et dans nos cérémonials judiciaires. D'où cette peur que vous décrivez. Le châtiment du coupable continue à nous sembler quelque chose d'absolument nécessaire. Alors qu'il ne l'est pas. Le pardon, lui, l'est. Dans une société qui se veut civilisée, raisonnable, rationnelle, juste...

6. Le vendredi 5 décembre 2008 à 18:12 par artemis

merci à l'auteur pour ce billet

allez pour vous détendre une info de Filippis a retrouvé son slip et oui pourquoi ? et j'ai vu eolas avec les manifestants MDR

je mets l'info ci dessous "Près de 300 manifestants devant le palais de Justice Ils se sont rassemblés devant le palais de Justice pour protester contre l'interpellation controversée du journaliste de Libération Vittorio de Filippis.

La manifestation organisée, vendredi 5 décembre, devant le Palais de justice de Paris, pour protester contre l'interpellation controversée du journaliste de Libération Vittorio de Filippis a réuni entre 70 personnes selon la police et 300 selon les organisateurs. Une semaine après les faits, "je suis toujours en colère", a déclaré Vittorio de Filippis devant les caméras. "Tous les jours, des centaines de gens se font interpeller de façon abjecte", a dénoncé le journaliste, indiquant recevoir "beaucoup de témoignages de citoyens" qui se félicitent de cette "caisse de résonance". De nombreux journalistes, notamment de Libération, des représentants syndicaux, des lecteurs et quelques responsables politiques comme Anne Hidalgo (PS) étaient venus manifester.

7. Le vendredi 5 décembre 2008 à 18:34 par Benji

Fantomette, en robe d'avocat et portant le long bonnet à pompon de l'héroïne de Georges Chaulet, botte vigoureusement les fesses d'un troll qui valdingue dans les airs la mine déconfite ; un texte 'Commentaire modéré par troll détector(tm)' surplombe l'image.

8. Le vendredi 5 décembre 2008 à 18:36 par Audrey

Merci Fantômette, c'est très joli. Mais aussi bien triste. Finalement, tous les métiers de la justice sont ingrats. A force de ne voir que ce qui dysfonctionne, cela finit sans doute par ronger ceux qui en sont les acteurs, magistrats comme avocats ou greffiers. Quelle part réserver à la vie privée dans des métiers comme les votres où il est impossible de laisser sa journée de travail à la porte de son domicile? Comment ne pas se laisser bouffer par le sentiment de ne pas avoir pris la bonne décision, de ne pas avoir donner le bon conseil, de ne pas avoir dit les bons mots? Comment avoir ce recul nécessaire pour exercer au mieux sa fonction dans la justice?

9. Le vendredi 5 décembre 2008 à 18:38 par Audrey

@ Benji

Vous êtes nouveau ici? Parce que je crains que vous ne vous exposiez à un coup de massue!

10. Le vendredi 5 décembre 2008 à 18:44 par Audrey

Ah ben non en fait... c'était un coup de pied aux fesses! :-)

11. Le vendredi 5 décembre 2008 à 18:55 par Gaétan B.

La peur semble essentielle à la bonne administration de la Justice. L'architecture des palais de justice et des salles d'audience le montre amplement, de même que la langue et les règles absconses pour le justiciable.

Le désordre vient que cette peur n'existe pas toujours, en particulier chez certains jeunes délinquants mineurs, ou vieux délinquants aguerris qui n'hésitent pas à faire venir leurs obligés pour provoquer du chahut dans le public.

12. Le vendredi 5 décembre 2008 à 19:12 par Léandre

@Audrey

Non, rassurez-vous, les métiers de la justice ne sont pas si ingrats. Ils sont parfois difficiles, c'est vrai, mais ils nous font vivre souvent des émotions très fortes. La peur si bien décrite par Fantômette en est une. Mais il y en a d'autres : le soulagement, l'apaisement, la compréhension de l'autre, le plaisir d'avoir approché la vérité ... Et il y aussi ce plaisir de découvrir au travers de ces hommes et femmes rencontrées des milieux, des histoires, des trajectoires de vie qui sont autant de continents nouveaux et variés.

Vous employez le mot "dysfonctionnements". Je le trouve trop abstrait, trop froid, trop "machiniste". Non, ce qui fait notre quotidien, c'est cette humanité si complexe, parfois souffrante, mais d'autre fois violente, incompréhensible, risible, pitoyable, révoltante... Ce qui fait notre quotidien, c'est finalement la vie, mais la vie quand elle fait mal. Et un peu comme le feraient des médecins, nous tentons d'y remettre un peu d'ordre, d'écoute, de cohérence, d'apaisement, dans le respect des lois qui fondent notre légitimité à agir.

Alors, chacun réagit bien-sûr avec ses propres forces et ses propres faiblesses. Certains dorment mal la nuit, et d'autres très bien. Ils ne sont pas pour autant plus mauvais juge ou plus mauvais avocat. Mais soyez certaine que pas un instant je n'ai regretté d'avoir choisi ce métier de magistrat du parquet qui est le mien, pourtant d'apparence moins attrayante que celui d'avocat, et que la plus grande partie des professionnels qui se croisent virtuellement dans cet espace pourraient sans doute vous faire la même confidence.

13. Le vendredi 5 décembre 2008 à 19:14 par Stéphane

Très beau billet, très bien écrit.

14. Le vendredi 5 décembre 2008 à 19:20 par douchka

En effet, magnifique billet , d'un style rendant sa lecture tres agreable, interessant et empreint de beaucoup de sensibilite... Tres instructif aussi. Il est bon que nous aussi,qui ne sommes pas juristes,puissions avoir votre ressenti.

15. Le vendredi 5 décembre 2008 à 19:29 par Charp

Excellent et très touchant récit.

Comme quoi l'aridité du droit n'est pas incompatible avec l'émotion.

Et je trouve particulièrement bien que vous souligniez combien la peur peut être un atout ou un danger. Mais elle est toujours une souffrance.

16. Le vendredi 5 décembre 2008 à 19:57 par villiv

Waouh, je savais que le pénal était difficile, mais là...

En tout cas, j'imagine qu'il est fréquent de devoir expliquer qu'une bêtise selon certain n'en est pas une -mais alors pas du tout- pour bien d'autres gens, et aussi pour le code pénal!

Nous n'avons pas tous la même définition de certains faits...

Tout comme pour certaines notions, comme la peur, encore que là, avec ce billet, on s'approche du consensus.

Merci Fantômette !

17. Le vendredi 5 décembre 2008 à 20:04 par Benji

Aie, je ne savais pas qu'Eolas était un maître censeur. Je ne faisais que poser une question sur le site : pourquoi afficher un fanion européen en haut à droite ??

Merci de répondre Maître Eolas.

http://www.levraidebat.com

Fantômette:
Maître Eolas n'y est pour rien, ce dont vous auriez pu vous rendre compte si vous aviez eu la courtoisie de lire ne serait-ce que deux lignes du billet que vous prétendez commenter, puisque vous y verriez apparaître mon nom comme auteur. J'ai de l'indulgence pour les hors sujets, nettement moins pour les trolls. Malheureusement pour vous, vous rentrez indubitablement dans cette seconde catégorie. Je n'ai nulle intention de modérer un débat pro- et anti-européen sous ce billet. Vous voilà prévenu - comme on dit dans ma partie.

18. Le vendredi 5 décembre 2008 à 20:07 par Dadouche

Bravo pour ce très beau billet. Les tiens se font rares, mais ça vaut le coup d'attendre.

Décidément, entre la rage, le blues, le dégoût et la peur, je crois qu'il va falloir qu'on fasse une provision de gaz hilarant au château...

19. Le vendredi 5 décembre 2008 à 20:18 par galicha

Les avocats ressentent donc les émotions que tous les êtres humains ressentent, c'est vraiment merveilleux, vous êtes vraiment formidables.

20. Le vendredi 5 décembre 2008 à 20:23 par Adrien

@Dadouche

C'est pas à ça que sert la cave du Maître des lieux? (Pas celle ou dort troll détector, l'autre avec les grands crus...) Avous remonter le moral?

21. Le vendredi 5 décembre 2008 à 20:36 par tuvatroloinmomo

Tres bon livre sur ce sentiment : Celui de Stephen Sweig, "La peur".

22. Le vendredi 5 décembre 2008 à 20:43 par So

<HS>

@ Dadouche:

Si le kazoukélélé que le maître de céans avait mis en lien sous un précédent billet ne fait plus son effet, je connais une excellente alternative au gaz hilarant: La Belle Hélène d'Offenbach en boucle. Je carbure à ça en ce moment. Pis au thé aussi.

<\HS>

Désolée pour le hors-sujet, mais en ce moment l'actualité est tellement déprimante...

Merci Fantômette pour ce beau billet, plein d'humanité. Vous avez un vrai talent pour faire ressentir la difficulté mais aussi la noblesse de votre profession. Je ne commente pas souvent mais j'aime beaucoup vous lire.

23. Le vendredi 5 décembre 2008 à 20:46 par Thau

Et les juges, ont-ils peur eux ?

24. Le vendredi 5 décembre 2008 à 20:51 par Rizgar Amin

Merci Maître Fantomette pour ce joli billet délicatement écrit. Il faudra peut-être qu'un des commensaux juge raconte les sentiments, et, oui, parfois, la peur de ceux qui sont sur l'estrade. Au risque de choquer certains, j'ajoute que je trouve réconfortant d'apprendre d'un témoin digne de foi, que, en fait, si, "ils" ont peur quand ils comparaissent devant nous... Il y en a tellement qui nous donnent l'impression de s'en f... complètement, que, quoi que nous fassions... C'est pour les prévenus qui ont peur que les tribunaux correctionnels peuvent espérer être efficaces. Les autres... Et puis, il est sain d'avoir peur en matière pénale, même quand on n'est pas prévenu, mais juge, greffier, procureur, avocat. "Rendez la justice les mains tremblantes" a dit un de nos grands anciens. Et un autre, Pierre Drai, ancien Premier Président de la Cour de Cassation et grand Juge devant l'éternel, disait "Un juge habitué est un juge mort". Alors, merci la peur.

25. Le vendredi 5 décembre 2008 à 21:04 par Tite nouvelle

Bonsoir à tous, C'est la première fois que j'interviens sur ce blog et pourtant cela fait des lustres que je le lis. Mieux vaut tard que jamais.

La peur, quelle sensation typiquement humaine et qui nous habite tous quel que soit notre statut. C'est vraiment quelque chose dont je ne doutais pas émanant des magistrats comme des avocats. Tant que ce ne seront pas des machines qui se chargeront de faire appliquer les lois et défendre les parties en cause, il y aura des sentiments de peur, de rage, de dégoût et fort heureusement. Si l'on perd cela, nous perdons notre humanité et réagissons comme des personnes froides et hermétiques à tout. A l'heure où tout s'informatise, se modernise (parfois pour la bonne cause), il est surtout des valeurs qu'ils ne faut pas perdre telle que l'humanité.

Récit touchant et poignant qui permet de mettre fin à certains stéréotypes qui cloisonne l'avocat dans un être avide d'argent et totalement distant de la cause de la personne qu'il défend. Il y en a mais ce n'est visiblement pas la majorité.

En tout cas, c'est un métier très riche que d'oeuvrer pour la justice à n'importe quel niveau. On en apprend, on a des déconvenues, des joies, de l'espoir....

26. Le vendredi 5 décembre 2008 à 21:58 par Térence

Age quod agis @ fantômette

Assez peu d'accord avec vous fantômette, et si l'on est un peu honnête, on s'aperçoit vite que l'on est bien plus taraudé par la peur de faire une erreur, une faute à l'audience, qu' apte à partager la peur et la douleur du client.

C'est assez romantique, mais c'est assez faux, et c'est à mon sens là un bel exercice de mensonge envers soi-même.

Le client n'a besoin, ni de notre aide en particulier, ni d'être pris en charge affectivement ; il a besoin de parler, c'est sûr, mais pas à nous en particulier, mais d'abord à celui qui est là, parce qu'il est là et qui aurait pu être n'importe quelle autre robe noire.

On ne partage ni son histoire, ni sa peine, jamais ; nous sommes là pour faire le travail au mieux, c'est à dire : que la garantie des droits acquis à chaque justiciable soit assurée, que la "vérité" d'un Homme soit entendue à l'audience.

Une fois le verdict tombé et quelqu'il soit, l'avocat retrouve sa vie, ses dossiers, sa famille, ses amis, le justiciable le cours de la sienne, qu'il soit libre ou incarcéré.

Le reste, est une histoire que l'on se raconte à soi-même, un scénario de la douleur mise en scène par l'égo, pour l'égo.

Respecter ce justiciable que l'on défend cela commence peut être, par ne pas lui faire jouer un rôle au sein d'un film dont on se fait le metteur en scène.

Respecter l'autre cela commence aussi, parfois, par ne pas se mentir à soi-même.

La compassion, il me semble, n'est jamais un discours de douleur emprunt de solennité.

Finalement, les vrais dialogues sont rares, et cela autant qu'il est facile d'écrire et façonner un dialogue !

ps : cette peur c'est , je crois, d'abord la peur de se décevoir, quant au reste ...

pps : et qui est à plaindre ? Il faudra attendre le dernier jour pour savoir !

Fantômette:
Vous vous méprenez, Terence. Presque rien, dans ce billet, ne renvoie à ce que je ressens moi-même. Je ne tente jamais de me mettre à la place d'un client, puisque par définition, ce ne serait pas ma place. Je ne souhaite pas particulièrement partager ce qu'il ressent, mais il se trouve que comprendre, ou du moins, savoir, ce qu'il ressent, fait malgré tout partie du travail d'un avocat, du moins à mon sens, et même s'il est loin de ne se réduire qu'à cela. Pour le reste, je suis d'accord avec vous. Un prévenu n'a pas besoin de notre compassion, il a avant tout besoin de notre expertise, d'accord. Et le respect de l'autre peut certainement passer par la (re)connaissance de ce qu'il ressent.

27. Le vendredi 5 décembre 2008 à 22:19 par Térence

@ Fantômette

La rage ... le renvoi est pertinent ...

;-)

Et quand de vive voix on me dit que je me méprends, je ne suis pas bégueule, je n'ai pas la bêtise - au surplus contre celui qui me dit mon erreur sur sa personne - de persévérer dans tête baissé dans l'erreur en cause.

Je prends donc comptant et sans réserve !

Mais rien ne m'énerve tant, dans ce métier, que la posture et les effets de manches du grand humaniste du dimanche qui assure porter sur ses épaules, et notamment à l'audience, toute la misère du monde.

Demandez donc aux magistrats ...

28. Le vendredi 5 décembre 2008 à 22:38 par termite

Bonjour.

Merci pour ce blog. Je viens de le découvrir récement,

et il est parfait pour que j'améliore mes connaissances juridique.

(°-°)

29. Le vendredi 5 décembre 2008 à 22:43 par termite

"pour que j'améliore mes connaissances juridique."

je veux dire que j'ai tout à apprendre.

=)))

30. Le vendredi 5 décembre 2008 à 22:44 par Promeneuse

J'aime votre texte parce qu'il a l'honnêteté de dire qu'au-delà de la fonction il y aussi un être humain. Etre honnête avec soi c'est aussi et surtout à mon sens être en mesure de dire qu'on est touché par une histoire, une personne; et que même si les histoires se répètent on ne tombe pas dans le cynisme. La bienveillance et l'empathie envers un client n'empêchent en rien d'avoir de la distance. Cette distance elle se lit dans votre texte si on prend juste le temps peut-être d'être moins blasé… par ce qui renvoie à des émotions. Cordialement. Ps: Merci pour le renvoi au texte d'Eolas que je n'avais pas lu.

31. Le vendredi 5 décembre 2008 à 22:48 par Alain Cognitault

Merci d'avoir entrouvert la porte vers le ressenti d'un des principaux acteurs du monde judiciaire.

Merci egalement a l'un des commentateurs qui rapporte le propos de Pierre Drai, ancien Premier Président de la Cour de Cassation et grand Juge devant l'éternel, disait "Un juge habitué est un juge mort".

Ou comment maintenir l'equilibre entre l'empathie ou le risque de se trouver engloutti par le tourbillons des sentiments et des emotions, et la distance qui peut trop vite devenir de l'inhumanite.

De nombreuses professions sont dependantes de cet equilibre, les medecins et les gens de loi viennent a l'esprit car dans les deux cas ils doivent faire face aux accidents de la vie.

Il est rassurant de savoir que sous la robe il y a un coeur et des tripes.

32. Le vendredi 5 décembre 2008 à 22:52 par BG

Voilà un très beau billet

je perçois très souvent ces sentiments sans qu'un avocat se croit obliger de les exposer trop souvent plutôt avec maladresse au cours de sa plaidoirie sous prétexte que son client ne sait pas les exprimer ou serait maladroit,( c'est lui qui dans ce cas est indélicat vis à vis de son client et manque de psychologie tant à l'égard de ce dernier que vis à vis de ses interlocuteurs qui ont des yeux et des oreilles )alors qu'à l'évidence la peur est là, criante ou encore en arrière plan, mais très souvent visible

je crois aussi que la peur peut être salutaire et bénéfique

merci

GB

33. Le vendredi 5 décembre 2008 à 23:05 par Citoyen mitoyen

C'est toujours intéressant d'avoir un aperçu de votre métier, notamment dans sa dimension humaine. J'imagine assez une salle d'audience à la fois comme une scène, un ring et un échiquier...

Ma question est peut-être farfelue, simple curiosité, mais face à cette peur avez-vous un rituel et/ou un grigri qui pour vous rassurer ou vous "porter chance" ?

Fantômette:
En fait, c'est une question intéressante, surtout parce qu'à ma connaissance du moins (mes confrères me contrediront peut-être), malgré ce qu'il y a en jeu lors d'une audience pénale, je n'ai pas et n'ai jamais ressenti le besoin d'avoir un porte-bonheur, un gri-gri sur moi et n'ai jamais entendu dire que des confrères en avaient. Au-delà de ça, je n'ai même pas, par exemple, de petit rite quelconque ou de pensée conjuratoire magique sensée me garantir la clémence du tribunal. C'est une chose qui m'a frappée il n'y a pas longtemps, et je me suis fait la réflexion que l'audience elle-même était un lieu et un moment si rituel, les mots, les attitudes, les déplacements, etc... que c'était cela qui nous tenait lieu de mécanisme conjuratoire de remplacement. Mais, je n'ai pas fait de sondage à vrai dire, peut-être, encore une fois, mes confrères et les magistrats qui hantent ces pages viendront me contredire sur ce point.

34. Le vendredi 5 décembre 2008 à 23:19 par Lumen tenebris

Vous profitez de ce moment de calme, qui ne durera pas, car tout à l’heure, dans la salle d’audience, la peur vous aura rejoint. La votre. Celle de vos clients. Celle des prévenus. Celle des victimes. Je suis désolé de vous faire remarquer cela. En l'occurrence, votre faute d'orthographe. Oui, la vôtre.

Fantômette:
Y a pas de mal. Corrigé.

35. Le vendredi 5 décembre 2008 à 23:31 par termite

Bonjour.

j'habite à Paris, dans studette 10m carré. Toilettes (WC) sur palier, incrtites dans le réglement copropriété comme étant situées dans les parties communes des 3 lots (appartements) du dernier étage.

En pratique, je suis seul à les utiliser car les 2 autres propriétaires se sont équipés en toilettes dans leur appart.

Quoi qu'il en soit, les toilettes que j'utilise sont toujours dans le territoire des parties communes aux propriétaires du dernier étage toujours selon le réglement de copropriété.

Voilà le problème : une fuite d'eau s'est déclarée sur la colonne d'évacuation des WC communs, j'ai fait intervenir un plombier qui m'a facturé 450 Euros pour résoudre le problème, à savoir colmatage au ciment sur colonne.

J'ai payé par chèque, avec reception de facture.


**Je souhaite que mes 2 voisins me payent en partie la facture, mais je voudrais dabord savoir si il faut que je leur demande 1/3 du prix à chacun, ou bien est-ce que je peux leur demander un montant au prorata de leur surface habitable, ce qui m'arrangerais compte-tenu que leurs appart fait au moins le double ou le triple de ma surface.

En fait, je m'attends probablement à un refus de leur part de payer, et ensuite j'ai l'intention de leurs faire un proces en y allant tout seul, sans avocat (grace aux conseils de Maitre Eolas sur la page "au fait, comment on fait un proces?").

Mais d'abord je compte sur vous, mes amis, afin de me répondre à la question **.

Un grand merci.

36. Le vendredi 5 décembre 2008 à 23:35 par LaPeur

J'ai vraiment peur, François Fillon refuse que l'on mette des sauvageons de 12 ans en prison, je tremble de peur !

37. Le vendredi 5 décembre 2008 à 23:39 par LaPeurLeRetour

Termite mon bon termite, je crois que tu devrais plutôt aller voir par ici :

http://www.universimmo.com/forum/

38. Le vendredi 5 décembre 2008 à 23:41 par Donyce

Petite question : Pourquoi la robe d'avocat se transporte-t-elle toujours en boule ?

39. Le vendredi 5 décembre 2008 à 23:59 par Benji

Fantômette, je crains que vous ne compreniez pas ma question.

Qu'y a-t-il de loufoque, de trollien ou de scandaleux à demander POURQUOI, sur ce site, flotte un fanion européen en haut à droite du site ?

Il n'est pas là par hasard j'imagine. Je n'ai trouvé aucune explication de sa présence. Alors je demande, par respect et considération pour votre site.

merci.

http://www.levraidebat.com

40. Le samedi 6 décembre 2008 à 00:11 par comiq trooper

bravo ! on dirait du sarkozysme : bbbrrrrrr , la peur , les voleurs , tf 1 , bbrrrrr

<<Silencieux, attentif, les yeux fixés sur votre interlocuteur, vous observez monter, descendre, monter à nouveau, l’angoisse, à la façon d’une respiration.>> : trop haut , trop bas , trop tard c'est tiré de la collection Arlequin

41. Le samedi 6 décembre 2008 à 00:45 par mylifeforaiur

Benji, vous n'avez qu'à envoyer un e-mail au webmaster, comme cela on sera moins enclin à penser que votre seul but est de faire de la pub pour votre site.

42. Le samedi 6 décembre 2008 à 00:47 par ramses

@ termite 34

Votre affaire se présente mal...

Non seulement vous occasionnez des fuites dans des parties communes que vous êtes seul à utiliser, mais en plus vous avez la prétention de les imputer à vos voisins ?

Faites comme eux, achetez un sanibroyeur... Chacun sa m....

43. Le samedi 6 décembre 2008 à 01:01 par Bardamu

Billet très informatif et utile pour le non spécialiste - je me garderai bien de dire "bien écrit" comme dit supra car les fautes d'orthographe, de tout ordre, sont légion et c'est regrettable (il s'agit très vraisemblablement d'une absence de relecture, ce pourquoi je me permets de vous rappeler à l'ordre, sans jouer au réac' pour autant). Bien à vous et félicitations néanmoins, Bardamu.

44. Le samedi 6 décembre 2008 à 02:15 par malpa

@ Térence (25)

Merci. N'étant pas de la profession, j'essayais de comprendre ce qui me grattait les dents à la lecture au billet de Fantômette. Grâce à vous, je saisis mieux. Ce qui n'enlève rien à la valeur du billet par ailleurs. Il faut les deux, le billet et votre commentaire, pour se faire une idée des contradictions en jeu dans votre métier.

45. Le samedi 6 décembre 2008 à 04:14 par Cooljuri

@ramses

Va vivre dans un 10m2 24/24 7/7 pour apprécier le confort d'avoir des chiottes séparées...à la turc dans le meilleur des cas.

46. Le samedi 6 décembre 2008 à 07:06 par villiv

@termite

Je crains aussi que vous n'ayiez de réponse directement ici...

En tout cas, pour revenir au sujet du billet, hé bah, euh, votre récit fait peur... Enfin, pas trop en fait, mais faut bien dire quelque-chose quand-même ;-)

Sans rire, j'irai bien voir une association de consommateur dans votre cas

Et puis faut dire aussi que j'ai peur de vous répondre de peur (oui, j'insiste ;-) ) de faire des fautes d'orthographe... (Rapport au commentaire de Bardamu #42)

Voila... Bon j'file prendre mon train moi, maintenant!

47. Le samedi 6 décembre 2008 à 09:28 par Fieffégreffier

@ Bardamu "ce pourquoi je me permets de vous rappeler à l'ordre", ah ? Parce que vous êtes du même barreau que celui de Fantomette ?

@Térence A la lecture du billet de Fantomette, ce n'est pas sa compassion que j'ai ressentie mais plutôt son empathie vis à vis de ses clients, comme un sorte d'étude de personnalité qui, entre autres, l'aidera à construire sa plaidoirie. Mais je trouve vos réflexions intéressantes et très complémentaires du billet de Fantomette.

De ma place de greffier, je peux vous assurer que pour les voir tous les jours à l'oeuvre, aucun avocat ne se ressemble. Et c'est tant mieux non ?

48. Le samedi 6 décembre 2008 à 09:31 par Aristote

@ Fantomette

Votre billet me met mal à l'aise. Pas le billet lui-même, il est bien écrit (salve l'orthographe) et reste pudique dans son registre. La réaction de Térence le complète.

Il reste que le blog de Maître Léonas était un blog qui permettait aux queskidis comme moi de mieux comprendre les logiques juridiques à l'œuvre dans les décisions de justice. Depuis l'article du Monde, ce blog se transforme en forum d'auto célébration de la bonne conscience universelle et en lieu d'épanchements narcissiques, pour ne pas faire dans la dentelle.

La blogosphère ne manque pas de forums pour s'indigner de la politique sécuritaire du gouvernement actuel, indignation respectable par ailleurs, ni de lieux d'épanchements.

Le blog de Maître Éolas était unique. Pourrait-on nous le rendre...

Merci.

Bien à vous.

49. Le samedi 6 décembre 2008 à 09:55 par Fieffégreffier

@ 32 Citoyen Mitoyen
les avocats ont du lapin au bout de leur épitoge (sauf Me Eolas qui préfère ça), ça devrait suffire à leur porter chance... euh à la réflexion, non en fait, peut être pas en cas de nauffrage...

50. Le samedi 6 décembre 2008 à 10:01 par lionman

Merci @25 Terence. Ce joli petit billet de Fantômette est mignon tout plein et emprunt d'une telle candeur ("Oh grand fou, fais moi peur...") mais je doute réellement qu'il s'agisse là des sentiments qui animent les avocats en correctionnelle ou ailleurs ! Le client a besoin d'un spécialiste, qui lui explique la procédure, mette son nez dedans et y trouve éventuellement des vices de forme. Point. Il veut une "bonne" décision et il paie pour çà. Souvent cher d'ailleurs car il ne "voit" que la plaidoirie, pas le temps passé à éplucher le dossier. Le reste, la compassion, "l'humain" (son enfance malheureuse, ses quatre enfants, son chômage, sa femme qui l'a quitté ou son rendez vous à l'AFPA) il peut se débrouiller tout seul. La peur ? Si mon avocat a peur j'en change ! Vous montez dans un avion dont le pilote a peur vous ? Et puis c'est mignon de penser que les prévenus qui passent en correctionnelle ont peur. C'est selon moi une infime minorité ! Ils ont pas peur, ils sont justes sacrément "emm..." d'être là et ils aimeraient certainement être ailleurs. Ce billet ne reflète en rien la réalité du prétoire. C'est angélisme et mièvreries. Car à la fin, si pour Terence "l'avocat retrouve sa vie, ses dossiers, sa famille, ses amis, le justiciable le cours de la sienne, qu'il soit libre ou incarcéré", pour moi le prévenu s'en retourne avec sa peine et l'avocat avec son chèque ou son attestation de fin de mission...

51. Le samedi 6 décembre 2008 à 10:08 par Czar

Personnellement, la peur que mon client a apporté dans son attaché-case ou dans ses poches, voire même qu'il traspire de tuotes les pores de sa peau pour son premier rendez-vous ne me dérange pas.

Je dirais même que son absence me trouble.

Un prévenu rôdé aux audiences correctionnelles, qui en connaît peut être mieux le fonctionnemment que son avocat malgré plusieurs années de Barreau me déstabilise.

Les clients qui se rendent chez leur avocat (je ne peux malheureusement pas étendre le raisonnement à nos frères adoptifs de l'activité de Conseil) ont nécessairement peur (a fortiori pour une convocation devant une juridiction pénale), à l'exception peut être de ceux qui souhaitent voir engager une procédure d'adoption.

Une décision de justice suppose un aléa puisque ce n'est ni le justiciable ni l'avocat qui tranche.

Un client perdu, perturbé, peureux ce n'est pas anormal. A nous de le rassurrer, de rationaliser, de faire ce pour quoi nous avons prêté serment.

Fantômette:
Je n'ai jamais écrit que la peur de mes clients prévenus me perturbait. A lire le billet, vous constaterez même que dans la mesure du possible, et du nécessaire, je vais même contribuer à leur faire peur. "Un client perdu, perturbé, peureux, ce n'est pas anormal", je suis d'accord avec vous. Mais je ne m'impose pas nécessairement de le rassurer.

52. Le samedi 6 décembre 2008 à 10:15 par Véronique

" Une fois le verdict tombé et quelqu'il soit, l'avocat retrouve sa vie, ses dossiers, sa famille, ses amis, le justiciable le cours de la sienne, qu'il soit libre ou incarcéré. " (Térence)

Si je puis me permettre.

quelqu'il soit s'écrit quel qu'il soit.

Euh... c'est juste parce que c'est une des fautes de grammaire les plus partagées dans ce blog.

Un Eolas, quel qu'il soit.

Une Fantômette, quelle qu'elle soit.

Des magistrats, quels qu'ils soient.

Des greffières, quelles qu'elles soient.

Ok ?

" Le reste, est une histoire que l'on se raconte à soi-même, un scénario de la douleur mise en scène par l'égo, pour l'égo " (Térence toujours)

Et alors ?

Je pense avoir déjà fait référence à une très juste phrase de Bernard Frank, un grand dans la maîtrise de l'écriture de soi. Elle dit ceci:

de mémoire,

on écrit parce que quelque chose ne va pas, et pour dire qu'on n'est pas coupable.

53. Le samedi 6 décembre 2008 à 10:20 par Fieffégreffier

@ Lionman
"La peur ? Si mon avocat a peur j'en change !". Si j'ai bien lu le billet de Fantomette, il me semble qu'elle n'a évoqué sa peur que dans l'attente du délibéré. Tout le reste du billet parle de la peur de son client du premier rendez-vous jusqu'au verdict.
Je ne suis pas greffier en correctionnelle, mais à l'instruction. Désolée pour vous, mais je connais aussi cette peur du mis en examen. Elle n'a pas besoin d'être manifeste (devrait-il crier maman j'ai peur ?) mais ce perçoit à des petits détails tout simples du genre main glacée par 30° en été, ou moite en plein hiver, bouche sèche, grosse envie de pipi (un litre de café avalé avant l'audition ?) ... etc. Et bien moi, cela ma rassure que la peur existe encore !

54. Le samedi 6 décembre 2008 à 10:41 par JM

Bonjour.

J'aime beaucoup votre billet. Mais, pardonnez mon outrecuidance, ne confondriez vous pas peur et stress ?

En vous remerciant

JM

Fantômette:
Il est possible que je ne maitrise pas parfaitement la différence entre les deux.

55. Le samedi 6 décembre 2008 à 10:46 par Fieffégreffier

@ JM

A mon humble avis : le stress pour l'avocat, oui, surement. Mais la peur du verdict pour le prévenu, j'en suis certaine !

56. Le samedi 6 décembre 2008 à 10:51 par lionman

@52. Vous avez raison. Elle a insisté sur la peur ressentie par son client. Mais elle a aussi écrit ceci "Vous profitez de ce moment de calme, qui ne durera pas, car tout à l’heure, dans la salle d’audience, la peur vous aura rejoint. La vôtre. Celle de vos clients. Celle des prévenus. Celle des victimes".

57. Le samedi 6 décembre 2008 à 11:07 par Véronique

" @52. Vous avez raison. Elle a insisté sur la peur ressentie par son client. Mais elle a aussi écrit ceci ..." (liomman)

Moi, mon combat militant ici : quand quelqu'un tape une numérotation, qu'il ou elle se donne la peine de taper le nom, le prénom ou le pseudo qui va avec. Par courtoisie, élégance et délicatesse.

Sans compter que Elle a un pseudo, celui de Fantômette.

58. Le samedi 6 décembre 2008 à 11:10 par Opéra

votre robe en boule ?

A mon sens j'ai tellement trimé pour la porter, que je la plie..

mais pourquoi en boule ? c'est un truc de pénaliste ?

Fantômette:
J'ignore si c'est "un truc de pénaliste", mais il est exact que ce sont des pénalistes qui me l'ont appris. Toujours en boule. Ils m'ont fait promettre de ne jamais la plier. Lorsqu'on la retire, on la "retourne", et on l'enroule autour des avants-bras comme lorsqu'on chante "trois petits tours et puis s'en vont", et hop, on la porte sur le bras enroulée de cette façon.

59. Le samedi 6 décembre 2008 à 11:11 par Fieffégreffier

@ 55
Vous avez raison aussi.
Mais pour moi je comprends cette peur comme celle de "l'instant T" celui de la plaidoirie. Prendre la parole en plublic devant votre client, les victimes, les autres prévenus, le tribunal, convaincre, être à la hauteur car comme vous le disiez plus haut "le client à besoin d'un spécialiste". Moi cela me ferait peur (ok ce n'est pas mon boulot et je n'ai pas été formée pour cela). J'ai discuté avec des avocats (de grosses pointures), je n'ai jamais compris qu'ils attaquaient une plaidoirie comme on va chercher son pain à la boulangerie.

Vous voyez, je le traduirais plutôt en mots simples comme un "gratouilli" persistant au fond du bidon que j'appellerai "peur", mais bon je me trompe peut être.

60. Le samedi 6 décembre 2008 à 11:12 par Inspecteur.Larry

D'accord avec 47 Aristote.

Depuis un moment déjà ce changement de ton du blog était flagrant. Au départ on se dit que c'est temporaire, que les circonstances le nécessitaient. Mais le changement s'installe, les billets d'humeur se suivent et les billets de droit n'existent plus. Une source que j'estimais informative, professionnelle et quasiment indispensable se tarit, ne reste plus qu'un blog d'opinion comme des milliers d'autres.

Dommage, dommage...

61. Le samedi 6 décembre 2008 à 11:14 par Terence

@ Véronique du Deffand, Marquise de l'orthographe, de la correction syntaxique, du style, des manières, et de tout le reste ...il va sans dire.

Effectivement Véronique, une erreur s'est glissée dans ce commentaire écrit un peu vite ... mais que me reprochez-vous au juste, de ne pas écrire comme Stendhal et de ne pas connaître le Grevisse par coeur ? et bien je vous l'accorde volontiers !

Mais que se cache t-il derrière cette réaction vive quant à une incorrection orthographique ?

On se demande ...

;-)

Quant à votre "et alors" j'avoue que là je ne vois pas.

Ce "et alors" semble sous-entendre que mon propos est sec et descriptif (évident peut-être ?), et bien c'est le cas, et alors ?

Ce propos fait état d'une réalité et est effectivement tout sauf boursouflé de sentiments qui ne seraient pas correctement identifiés.

En dernier lieu, se sentir traversé par la peur que ressent le client n'atteste en rien que l'on sera pour autant plus apte à le défendre.

Avoir peur n'est pas mon métier, et ce n'est pas même un métier, c'en est un en revanche - et quotidien-, que de ne pas se laisser tromper par la peur et ce que l'on croit parfois reconnaître dans les sentiments qui nous traversent !

Ne pas être dupe de soi, ça vous dit quelque chose Véronique ?

Bien amicalement,

Terence.

ps : vous serez bien aimable de faire ici la liste de mes erreurs orthographiques et syntaxiques, cela me sera très utile : je progresse à vos côtés, merci.

62. Le samedi 6 décembre 2008 à 11:39 par Barbecane

Pour avoir vécu il y a peu, et ça continue, une procédure, (rien de grave, une affaire d’argent), en quidam balancé dans les Codes parce que l’affaire est indémêlable sans que l’avocat ne se jette en architecture et l’architecte en droit, je puis vous dire. Merci Fantômette. Merci aux avocats de ne pas être que des experts glacés autant que des pseudo compatissants non plus. Jouant une scène forcément unique, elle ne peut être vécue autrement. Dans l’enchaînement des dossiers, l’avocat n’a pas oublié cela, c’est ce qui m’a aidé, moi le pékin, en overdose d’alinéas.

Aristote, vous n’êtes obligé à rien ici bas

63. Le samedi 6 décembre 2008 à 11:42 par J'avais peur

Certains avocats ont donc des sentiments humains. Reste à prouver qu'il existe des juges semblables. Allez, manifestez-vous !

64. Le samedi 6 décembre 2008 à 11:49 par lillyanna

C'est très agréable de lire un texte comme celui là et de sentir effectivement que la peur est un sentiment que vous connaissez également et que vous essayez de l'apprivoiser pour qu'elle devienne une force.... Très joli texte.

65. Le samedi 6 décembre 2008 à 12:15 par Thor

@ Maître Eolas,

avez-vous prévu de nous éclairer sur l'affaire du supporter marseillais condamné en Espagne?

66. Le samedi 6 décembre 2008 à 12:45 par Véronique

@ Terence (post 60)

Je suis très désolée que ma réaction soit tombée sur vous.

C'est simplement, et croyez-moi, parce que cette erreur est courante dans les commentaires, et présente parfois, dans les billets.

Le droit étant une discipline, la discipline par excellence de l'écrit, ce type d'erreurs répétées ici est dommageable.

Mais je ne suis pas, moi non plus, très loin de là, irréprochable en orthographe et en syntaxe.

Mais bon, si je devais avoir affaire à un juriste peu attentif à l‘orthographe et à la syntaxe, je serais un tout petit peu inquiète et stressée…

Au sujet du billet de Fantômette.

Quand dans sa note, Fantômette fait référence à la traduction juridique de ce que son client nomme une bêtise, il me semble que le RV peut avoir ceci d’éprouvant pour l’avocat : le client est d’un coup projeté dans un principe de réalité. Dire la réalité est toujours à mon avis une forme d’épreuve pour celui qui l’exprime sans détours à celui qui ne veut pas la voir en face.

Je pense également que pour un avocat l’appréhension de l’échec à convaincre un jury ou des magistrats existe.

Et il peut y avoir chez l’avocat la peur de décevoir, terriblement, son client. De la part d’un client, il y a, à mon avis, un investissement affectif, un sur investissement, peut-être, celui de la confiance entière qu’il place dans son avocat. Alors je pense que l’avocat peut avoir peur et redouter de ne pas être à la hauteur de cette confiance-là.

C’est que j’ai lu entre les lignes du billet de Fantômette.

67. Le samedi 6 décembre 2008 à 12:55 par Hub

Merci Fantômette pour ce très beau billet.

J'ai tout de même un certain malaise en le lisant : vous revendiquez d'instrumentaliser cette peur en espérant qu'elle impressionne le juge, tout en reconnaissant qu'elle peut avoir des effets très négatifs (mutisme ou colère du client). N'est-ce pas faire prendre au client un risque démesuré ? N'est-ce pas "jouer" avec lui sans lui demander son avis ? Ne serait-il pas plus "correct" d'essayer de l'aider à apaiser sa peur, ou tout au moins de le tenir au courant de votre "jeu", pour qu'il puisse être aussi éclairé et responsable que possible au moment de l'audience ?

Fantômette:
Vous savez, cher Hub, je n'ai pas vraiment de principe lorsque je reçois une personne et que je prépare, avec et sans elle, sa défense. Essentiellement, je m'adapte au dossier, comme à celui qui me fait face. Si je reçois quelqu'un de démesurément anxieux par rapport à la faible gravité des faits, et la faiblesse de la peine qu'en pratique il encourt , je le rassurerai, ne serait-ce que pour m'assurer qu'il ne s'avise pas de sécher l'audience. A l'inverse, il m'est arrivé de recevoir des prévenus comme décrits par lionman, parfaitement inconscients de la gravité des faits, et surtout emmerdés de s'être fait prendre à conduire sans assurance et complètement ivres en agglomération. On peut estimer, comme lionman, que mon travail s'arrête à la lecture attentive du dossier pour vérifier la présence d'éventuelles nullités. S'il y en a, je les soulève, naturellement. Mais pour être franc, il s'agit là d'une minorité de dossiers. Je pourrais estimer que le principal est que je sois réglée de mes honoraires et me moquer de la façon dont l'audience se déroulera pour mon client. A la fin, de toute évidence, ce n'est pas moi qui partirai en prison, au bureau de l'exécution payer une amende, ou en tout cas, avec un casier judiciaire. Ou je peux tenter de préparer l'audience avec lui, ce qui supposera vraisemblablement qu'il prenne dans la figure quelques vérités sur ce qu'il est et ce qu'il a fait, et ce qui supposera probablement que j'arrive à lui faire peur. Et que je me serve de cette peur, c'est exact. Cela n'empêche pas la franchise. J'aurai même tendance à penser que c'est cette attitude là qui me la permet.

68. Le samedi 6 décembre 2008 à 13:05 par anthropopotame

Bonjour Fantômette, très bon billet, très éclairant. La peur dont vous parlez ressemble fichtrement à celle que l'on éprouve avant de passer un IRM... Les commentaires tournent autour de l'empathie avec le client, de l'autocélébration des avocats, et de la maîtrise de l'orthographe, je vais donc essayer d'aborder autre chose. Je livre à votre sagacité cette citation de Schopenhauer: "L'Etat n'a pas (...) la folle prétention de détruire le penchant des gens à l'injustice, ni les pensées malfaisantes ; il se borne à placer, à côté de chaque tentation possible, propre à nous entraîner vers l'injustice, un motif plus fort encore, propre à nous en détourner; et ce second motif, c'est un châtiment inévitable." Je ne sais si la peur que vous évoquez doit être considérée comme partie du châtiment, ou comme le signe qu'il se trouve nombre de gens incapables d'assumer les conséquences de leurs actes. Peut-être qu'une faille de notre système est de dissocier la question de la responsabilité et celle de la culpabilité, qui nous donne des propos aussi pertinents que "je démens avoir dit ce que j'ai dit, je démens avoir fait ce que j'ai fait, et c'est à vous de prouver le contraire". Si la faute est gérée par l'avocat, et la peine par le juge, n'aboutit-on pas à une déresponsabilisation de l'individu?

Fantômette:
Bonjour anthropopotame. J'ignore si l'on peut dire que la peur "fait partie" du châtiment, mais elle s'articule certainement autour de l'idée de rétribution et de dissuasion, qui sont des fonctions classiquement attribuées à la peine. La peur ressentie par un prévenu pourra être interprétée comme significative de la mesure qu'il a su prendre de la gravité de ses actes. Cette conscience servira la défense. J'ai vu des prévenus qui assumaient la responsabilité de leurs actes, ce qui n'empêchait pas les sentiments de peur ou de honte. Avant même que l'on parle de peine, l'audience est une épreuve. Faire face à ses juges est une épreuve. Je ne suis pas sûre de comprendre le sens de votre expression "la faute est gérée par l'avocat". Le rôle de l'avocat n'est certes pas d'absoudre ou de minimiser la gravité de la faute. Dans beaucoup de cas, ce serait un bien mauvais service à rendre au prévenu. Par contre, si le dossier est vide, si aucun, ou presqu'aucun, élement ne vient établir que le prévenu s'est effectivement rendu matériellement coupable des faits pour lesquels il est poursuivi, là, on est d'accord, le travail de l'avocat sera de montrer que le ministère public n'a pas réussi à apporter la preuve de la culpabilité du prévenu, qui doit donc être relaxé.

69. Le samedi 6 décembre 2008 à 13:16 par Florent

Bon bon bon...

Je me lance cette semaine, deux mois après avoir prété serment, dans ma première audience correctionnelle...

J'y pense, j'y repense, je me demande ce que je vais dire, je réécris...

Et maintenant que je lis ce billet, c'est sur : j'ai peur :) !

70. Le samedi 6 décembre 2008 à 14:07 par pim

Très joli billet :-)

71. Le samedi 6 décembre 2008 à 14:09 par même pas peur

Permettez moi un complément à votre billet :

La peur n'est pas seulement une émotion, c'est aussi une réaction physiologique et les deux état ne peuvent pas être dissociés. La peur peut (et doit, à mon avis) être considéré comme l'aboutissement d'un processus d'évolution et de sélection naturelle qui permet et favorise la survie face à la perception d'un danger. Lorsque un animal a peur (et l'être humain est un animal, désolé pour ceux qui ne considèrent pas l'être humain comme un animal, qui obéit aux mêmes "lois" biologiques que les animaux), l'organisme, dans son ensemble, voit son fonctionnement se modifier (accélération du rythme respiratoire ou cardiaque par exemple, ce qui permet une meilleur oxygénation du cerveau, sens en éveil, etc.) pour mobiliser tout ses moyens face à un danger potentiel. Pour en revenir à votre billet: la et les peurs que vous décrivez montrent la réaction de vos client face à un danger. Une convocation au tribunal représente donc un signal de danger (avéré ou fictif). Je ne suis pas d'acord avec vous lorsque vous écrivez : "Lorsque, épuisé par son incessante lutte contre elle, le prévenu la transforme en une colère sourde, mal contenue, mal interprétée" il n'est pas du tout évident que les individus luttent contre leur peur: ils luttent contre un danger, ils luttent pour se protéger d'un danger. Cette protection se fait soit par la fuite, soit par le combat. Observez les animaux : quand fuient-ils? quand attaquent-ils ? Quand et pourquoi les tigres/lions de cirque attaquent ils leur dompteur? Ces animaux attaquent les dompteurs lorsque ces derniers les acculent contre les grilles sans possibilité de fuite. Les êtres humains n'agissent pas différement: face à un danger, il feront d'abord face, prêt à la défense. S'ils estiment ne pas être de taille (même avec l'aide d'un avocat, par exemple), il fuieront. S'ils sont acculés sans possibilité de fuite, ils attaqueront. (à minima ils montreont des formes d'agressivités verbales/gestuels comme le chat qui feule, le chien qui aboie, pour dissuader un éventuel asaillant/prédateur/compétiteur)

Les personnes qui ne ne pense pas que l'être humain est un animal, peuvent se dispenser de m'interpeller sur ce commentaire.

72. Le samedi 6 décembre 2008 à 14:41 par Nico

Merci pour ce billet à quelques jours de mes résultats du CRFPA.

Merci de confirmer les émotions qui m'animent déjà.

Merci de faire grandir encore ma foi sur le rôle des avocats ici-bas.

73. Le samedi 6 décembre 2008 à 14:51 par Alain Cognitault

@ Fieffégreffier

Qui dans une vie anterieure a du etre chat sur un bateau afin de chasser les rats de cales ce qui est plus utile que pourchasser les radicaux sauf s'ils sont libres.

74. Le samedi 6 décembre 2008 à 15:11 par Aristote

@ Barbecane # 61

Je ne suis obligé à rien, mais serais-je interdit d'exprimer un souhait ?

La logique de votre lien m'échappe si, comme je le pense, le blog de Maître Éolas est unique.

Bien à vous.

75. Le samedi 6 décembre 2008 à 15:45 par Citoyen mitoyen

@ Fantômette : Merci pour votre réponse, il est vrai que je n'avais pas pris en compte le caractère solennel d'une audience.

@ Fieffégreffier : Hé hé :)

@ Aristote : N'importe quoi...

76. Le samedi 6 décembre 2008 à 16:34 par ramses

@ même pas peur 70

Votre observation sur les réactions animales en cas de danger est très pertinente. Une petite chienne Yorkshire Toy partage ma vie et je suis chaque jour émerveillé par son intelligence. Rapportée au poids minuscule de son cerveau, je ne suis pas loin de penser que l'animal, dénué de parole, est plus doué de raison que l'homme volubile...

Pour en revenir à la peur, celle de l'Avocat est sûrement fort différente de celle du prévenu. Ce dernier encourt une peine, qui pourra être privative de liberté, tandis que l'Avocat, quoi qu'il arrive, ressortira toujours libre.

L'Avocat éprouve plus un stress, à mon sens, lié à deux phénomènes :

1) la crainte de ne pas être entendu (choix des arguments, défaut de persuasion...) 2) la crainte de ne pas être à la hauteur.

Ce stress doit diminuer et même disparaître, plus on avance en âge et en expérience, d'où l'angle différent d'aborder le problème par Fantômette et Térence (je ne le connais pas, mais il me semble nettement plus âgé qu'elle).

La peur, la vraie, est certes du côté du prévenu avant l'audience. En cas de relaxe, elle fera place à la joie, voire la reconnaissance envers son Avocat (ce n'est pas toujours le cas, certains estimant avoir payé un service rendu)...

Dernier point, je trouve pathétique, pour ne pas dire plus, le pointillisme de certains à relever telle faute d'orthographe ou de grammaire dans presque chacun des billets, de même qu'il est inconvenant vis-à-vis du rédacteur d'introduire un hors-sujet, sans même aborder le fond du billet.

@ Cooljuri 44

Ma réponse à Termite en 41 était un trait d'humour par rapport à un hors-sujet, non seulement du billet mais du blog, que vous n'avez, semble t'il pas saisi... Cela ne vous permet pas, néanmoins, de me tutoyer.

77. Le samedi 6 décembre 2008 à 17:02 par Terence

@ ramses # 75

Tu parles ramses, 1 an de barre, c'est dire ...

La valeur ...

;-)

78. Le samedi 6 décembre 2008 à 17:05 par caliope

mardi j'ai un jap... le client n'a pas peur... pas du tout on dirait .... ça me fait du soucis...

79. Le samedi 6 décembre 2008 à 22:46 par CASSANDRE

ben voyons tous ces individus ui se retrouvent à la barre du tribunal n'ont strictement rien fait.

C'est un scandale à vos yeux ( ou presque )

Témoin d'une attaque à main armée , les individus arrêtés et condamnés . A la sortie du tribunal , j'ai été menacé par des proches de ces deux énergumènes ( je suis poli ) . Non , ce n'est rien me dit on . - C'est souvent comme cela . Ah ! messieur l'avocat de la défense ... vous faites doucement ...... sourire.

80. Le dimanche 7 décembre 2008 à 00:03 par Simplet

@meme pas peur Grave approximation cher ami: La réaction animale à la peur n'est pas limitée à une alternative fuir ou attaquer. Que nenni!

Les anglo-saxons groupent l'éventail des possibles sous l'acronyme FFF (fight-flight-freeze) et vous négligez dangereusement le freeze: dont l'exemple type est le célèbre lapin dans les phares d'une voiture, l'équivalent humain le piéton sur le passage zébré qui regarde sans bouger la voiture qui lui fonce dessus - et qui a peut être son équivalent dans l'espèce des justiciables.

... bon, faut pas m'en vouloir, je voulais juste faire mon pédant.

81. Le dimanche 7 décembre 2008 à 01:01 par anthropopotame

Chère fantômette, la responsabilité, c'est la capacité de répondre de ses actes. Que cette réponse soit déléguée à l'avocat doit certainement influer sur sa teneur. C'est ce que j'appelle "gérer la faute". Puis le juge détermine le degré de culpabilité en fonction de la prestation de l'avocat. Pierre Legendre avait publié un petit bouquin intéressant sur le caractère expiatoire d'un procès, si je me souviens bien il soulignait que la société avait trouvé là une sorte de purgation solennelle de la faute, l'irruption d'un Surmoi ou d'une limite salutaire pour le condamné. La peur ressentie, la faute assumée, garantissent en quelque sorte qu'il n'y aura pas de récidive. Je comprends que vous ne surprotégez pas votre client. Je suppose qu'il doit être difficile de trouver un équilibre entre votre rôle de défenseur et de dépositaire de la loi. Il est bien tard.

Fantômette:
Il me semble que vous vous faites une image de la défense pénale qui ne correspond pas à la réalité. Je ne dirai certes pas que la responsabilité du prévenu - que l'on peut effectivement définir comme étant la faculté dont il dispose de répondre de ses actes - est une question déléguée par la procédure à l'avocat. Ce qui est délégué à l'avocat par la procédure sera plutôt la question de sa caractérisation juridique. Laissons de côté les dossiers qui arrivent à peu près vides à l'audience (ou qui se vident de leur contenu à l'audience), cela arrive, mais ce n'est tout de même pas le plus fréquent. Imaginons un prévenu qui reconnaisse les faits. Ce n'est pas forcément équivalent à un aveu, car reconnaître les faits n'équivaut pas nécessairement à reconnaître leur qualification. Reconnaître des faits de conduite en état d'ivresse, sera généralement équivalent à reconnaître sa responsabilité pénale à ce titre. Mais reconnaître, pour reprendre une affaire relatée par Eolas, que l'on a profité d'une erreur d'un guichetier de la fnac qui n'a pas récupéré un bon de retrait après avoir remis un appareil hi-fi quelconque pour tenter de récupérer un deuxième appareil, n'est pas équivalent à reconnaître sa responsabilité pénale, car une discussion très juridique pourra s'engager sur la question de savoir si ces faits peuvent ou non être qualifiés de tentative d'escroquerie. Donc, pour reprendre votre formulation, l'avocat ne "gère pas la faute". Il pourra seulement lui appartenir, le cas échéant, de gérer sa qualification ou sa caractérisation, ce qui est fort différent, et ce qui relève à la fois de sa fonction de défenseur et d'auxiliaire de justice (expression que l'on préfèrera à celle de "dépositaire de la loi" pour parler d'un avocat :-) )

82. Le dimanche 7 décembre 2008 à 02:11 par ramses

@ anthropopotame 80

Puis le juge détermine le degré de culpabilité en fonction de la prestation de l'avocat.

Je pense plutôt qu'il le détermine en fonction de la faute, non ? L'Avocat n'est pas un magicien, le coupable restera toujours coupable aux yeux du Juge, sauf si l'Avocat démontre qu'il est innocent. Il est encore plus tard !

83. Le dimanche 7 décembre 2008 à 14:24 par anthropopotame

Chère Fantômette, le fait est que rentrant du tango ivre à une heure du mat', j'ai opté pour l'expression "dépositaire de la loi" qui ne rime à rien, je vous l'accorde - mais m'accorderez-vous, vous, les circonstances atténuantes ? Surtout si j'ajoute qu'il s'agissait avant tout de vous dire un petit bonsoir en passant ? (en fait plutôt un rerepetibonsoir)

Fantômette:
Savoir que vous pensez à venir me souhaiter le bonsoir à une heure du matin en rentrant ivre du tango me remplit de fierté. Les circonstances atténuantes ayant disparu de notre droit positif depuis 1994, je ne saurais vous en accorder, aussi, anthropopotame, je pense plus simple de vous absoudre tout simplement. Allez en paix.

84. Le dimanche 7 décembre 2008 à 14:53 par chantal

Que dire de la mise en garde à vue du journaliste de libé ?

85. Le dimanche 7 décembre 2008 à 15:17 par Fieffégreffier

@ chantal

Vous pouvez dire ce que vous voulez, mais plutôt ici si vous ne voulez pas vous faire chasser à coups de hors sujet ...

86. Le dimanche 7 décembre 2008 à 15:17 par Aristote

@ même pas peur # 70

Ainsi pour comprendre nos comportements il faut les interpréter comme une fuite devant un danger. Pouvez-vous me dire quel danger vous fuyez en écrivant ce commentaire ? Ou sinon, à quel autre impératif de survie il répond ?

Bien à vous.

87. Le dimanche 7 décembre 2008 à 15:18 par Nemesis

Et cet homme làqui bien trop souvent a fait peur, aura-t-il eu peur ?

88. Le dimanche 7 décembre 2008 à 17:49 par Monsieurmaître

En commission d’office, j’ai eu le dossier d’une jeune femme accusée d’escroquerie pour avoir dérobé à un vieil homme, avec une autre jeune femme, une carte bleue. Dans le dossier, les photographies prises par la caméra du distributeur de billets : on y voit les deux jeunes femmes en compagnie du vieil homme qui retire de l’argent ; puis, vingt minutes après, ces deux jeunes femmes penchées sur le distributeur, utilisant la carte. Dans le dossier également, les PV d’interrogatoire des trois acteurs du drame. L’une des deux jeunes femmes affirme qu’elle s’est prostituée à ce vieil homme, contre une grosse somme d’argent, et que l’autre jeune femme, ma cliente, le savait.

Celle-ci affirme avoir été abusée par son amie, et qu’elle ne connaissait pas la victime avant ce jour. Elle se dit victime d’une méprise ; elle dit que son amie lui avait fait croire que ce vieil homme était son « ex-beau-père » ; elle raconte qu’elle hébergeait depuis deux mois l’autre jeune femme, dont la famille est aisée, et qui utilise souvent les cartes de crédit de ses parents. Les déclarations du vieil homme, alors qu’elles sont très différentes de celles de l’autre jeune femme, corroborent sur certains points les déclarations de ma cliente, mais il ne la dédouane pas. J’ai d’un côté un dossier du parquet, assez mal ficelé mais suffisant pour convoquer par OPJ, de l’autre une affirmation d’innocence que je trouve humainement convaincante.

Ma cliente a une condamnation au casier : vol aggravé, pendant sa minorité.

Lors de l’examen de l’affaire, interrogée, elle reçoit comme une violence tout le mépris contenu dans l’accusation portée contre elle, relatée comme une évidence par la présidente, et elle est à deux doigts de l’outrage ; je lui saisis les bras et lui souffle à l’oreille « affrontez cette épreuve ! », ce qui la fait immédiatement taire, et qui sans doute lui vaut une certaine commisération des juges. Je plaide la relaxe : le tribunal prononce 90 jours-amendes à 7 euros, pour une personne complètement insolvable : la prison n’est donc pas au bout.

Elle vient me voir quelques jours plus tard : elle veut interjeter appel, parce qu’elle est innocente et veut qu’on le reconnaisse… La cour d’appel n’est pas réputée pour sa clémence, et cette jeune femme est la mère d’un nourrisson. Je trouve son explication crédible. Je l’accompagne, ce vendredi, au palais. Son enfant est avec elle, dans un landau. Quand nous arrivons enfin, à vitesse de landau, les services du greffe viennent de fermer ; nous croisons la greffière qui prend les déclarations d’appel. Je l’intercepte au vol. Elle accepte de rouvrir ses bureaux : c’est l’effet-bébé. Nous recomptons les 10 jours du délai : le terme tombe dimanche, nous avons donc jusqu’à lundi. Je propose de revenir lundi. Nous sortons du bureau : là, nous croisons la présidente, celle qui a eu des mots avec ma cliente : elle lâche un sourire, c’est de nouveau l’effet-bébé.

Que faire ? Se dresser ou s’aplatir ? Résister ou s’effondrer ? Dois-je appeler ma cliente lundi pour lui suggérer de manière plus appuyée de ne pas faire de déclaration d’appel ?

89. Le dimanche 7 décembre 2008 à 21:31 par même pas peur

@ simplet/80, merci d'avoir rectifier mon (gros) oubli (je ne vous en veux pas, bien au contraire).

@aristote/86, vous interprêtez ce que j'écris comme vous le voulez. J'écris simplement que la peur est une réaction émotionelle et physiologique qui mobilise les ressources de l'organisme pour faire face à un danger perçu. je n'ai pas écris que tous les comportements humains étaient des comportements de fuite face à un danger. Je n'ai pas non plus écrit que tous les comportements humains trouvaient tout leur absolu dans la biologie.

Quand à vous dire à quel(s) impératif(s) de survie/vie peut répondre l'écriture d'un commentaire, la réponse n'est elle pas évidente? Vos commentaires (sinon votre pseudo) prouvent que vous avez assez d'esprit pour le déduire, sinon je vous recommande la lecture d'ouvrage de fonds en biologie/éthologie...

90. Le lundi 8 décembre 2008 à 08:59 par Aristote

@ même pas peur # 89

Vos précisions sont bienvenues.

Cela dit, s'il est évident que l'homme partage avec le règne animal, le vrai débat est autour de l'existence ou non d'un "propre" de l'homme, de comment qualifier ce propre, et de la nature de la contribution que la démarche scientifique peut et doit apporter à ce débat.

Bien à vous.

91. Le lundi 8 décembre 2008 à 11:45 par Humaniste

Beau billet

Et l'espoir.... N'ayant jamais été poursuivi, les quelques fois ou j'ai vus un avocat c'est avec l'espoir qu'il règle des problèmes civile (Copropriété, impayé, ...) J'y suis allé avec l'espoir, c'est beau l'espoir....Ça vaut bien un billet

92. Le lundi 8 décembre 2008 à 11:45 par Humaniste

Beau billet

Et l'espoir.... N'ayant jamais été poursuivi, les quelques fois ou j'ai vus un avocat c'est avec l'espoir qu'il règle des problèmes civile (Copropriété, impayé, ...) J'y suis allé avec l'espoir, c'est beau l'espoir....Ça vaut bien un billet

93. Le lundi 8 décembre 2008 à 11:51 par Ti

Merci pour ce beau billet Fantômette. Oui, la peur est souvent la compagne des prévenus, l'espoir aussi, qui seul permet la réinsertion. La voie est ténue, à faire intervenir les deux. Ne tuer ni l'une ni l'autre. Difficile métier que celui de juger.

Et en réponse à THAU, oui, les juges aussi ressentent la peur, la violence, la douleur, l'espoir et la mort. il faut en tenir compte mais ne pas se laisser aspirer par ces sentiments, dire le droit dans ce cas précisément.

94. Le lundi 8 décembre 2008 à 14:07 par Steppos

Très bon billet qui reprend ce que j'ai souvent pu entendre aux détours des couloirs du palais. Ce que j'ai souvent remarqué au cours des plaidoiries d'avocats - du moins au civil, n' ayant que peu assisté à des audiences correctionnelles - c'est cette manière qu'a l'avocat de s'identifier en ne plaidant qu'à la 1ère personne du singulier. Et je me rends compte avec ce billet qu'il ne s'agit pas de simples effets rhétoriques : il y a une véritable empathie entre l'avocat et son client. Et je crois que c'est la profession qui commande cela : comment défendre une personne qui laisserait totalement indifférent ?

95. Le lundi 8 décembre 2008 à 14:10 par Steppos

Je désirais écrire : "c'est cette manière qu'a l'avocat de s'identifier à son client ..." Vous l'aurez compris...

96. Le lundi 8 décembre 2008 à 15:41 par Mandet

Ce billet décrit très bien les émotions que doivent ressentir l’avocat et son client avant, pendant et après l’audience.

Toutefois dans nombres de dossiers correctionnels l’avocat laisse son client seul après sa plaidoirie faisant peu de cas de ce qui peut lui arriver par la suite. Dans cette hypothèse le client est seul dans l’attente du délibéré, seul au moment du prononcé de la sanction et seul lors de son exécution.

Cette pratique consistant à s’éclipser juste après la plaidoirie (même dans les cas où de la prison ferme est encourue) m’a toujours surpris pour ne pas dire choqué.

Fantômette:
Je vous rejoins. Le travail d'un avocat ne s'arrête pas à la fin de sa plaidoirie. Sans même parler d'un éventuel suivi de l'exécution de la peine, qui n'aura pas nécessairement lieu d'être, il peut y avoir un travail d'explication à faire. Il y a également, de toute évidence, une obligation de conseil à remplir soigneusement, et dans des délais très brefs, puisque l'appel - si appel il devait y avoir - devra être fait dans les 10 jours. Alors, certes, je suppose que les avocats qui partent avant le délibéré font malgré tout ce travail, qui leur revient, en se renseignant tout simplement auprès du greffe pour avoir les termes du jugement. Mais, je suis d'accord avec vous, je pense que la place d'un avocat reste aux côtés de son client dans l'attente du délibéré. Ceci dit, pour être honnête, j'ai malgré tout du déroger à cette règle, dans des hypothèses où j'avais deux audiences la même matinée, ce qui m'obligeait à quitter au plus vite la première pour me rendre à la seconde.

97. Le lundi 8 décembre 2008 à 19:25 par tschok

Bonsoir Fantômette,

Vous roulez votre robe en boule avec beaucoup plus de méthode que moi!

On sent la présence d'une tradition là où je ne met que du désordre et du détachement (justement, à propos de détachant je devrais faire quelque chose avec cette robe).

Fantômette:
Pour être honnête, cher tschok, je ne suis toujours pas parvenue à cet état de détachement par rapport à ma robe. Je la trimballe partout, même quand c'est un peu compliqué et que je ferais aussi bien d'en emprunter une sur place. Je prends un air blasé quand je l'enfile ou que je le retourne pour la rouler en boule sur le bras comme patron n°1 l'exige, mais dans le fond, je me sens toujours aussi fière que la première fois qu'on me l'a mise entre les mains et que j'ai vu mon nom brodé à l'intérieur. Même quand je la bazarde dans mon coffre, par-dessus les dossiers et les piles de courriers de la toque, c'est avec plus d'affection qu'un morceau de tissu - même fort coûteux - n'en mérite, objectivement.

98. Le lundi 8 décembre 2008 à 20:54 par Florent

Aaaaaah la robe... Je me retrouve parfaitement dans cette déscription Fantomette ; je la mets avec autant de désinvolture que d'autres pensent à la présidence en se rasant, mais j'ai le sentiment que l'intégralité des personnes présentes au Palais me regardent... Bon ok j'ai preté serment y'a deux mois alors c'est encore nouveau, mais ma robe et moi, c'est pour la vie j'le sens...

Et je suis bien persuadé qu'avec elle, on a un peu moins peur !! (belle façon de revenir sur le thème du billet pour ne pas risquer le hors sujet, hein ?)

99. Le lundi 8 décembre 2008 à 22:40 par panoptique

Ce qui est génial avec la peur, c'est qu'elle est la pire et la meilleur des choses. C'est grace à elle que les plus grandes avancées se font, et c'est elle qui peut nous envoyer en enfer.

100. Le mercredi 10 décembre 2008 à 21:49 par la Globule

Et le masque Fantômette où le mettez vous ?

101. Le mercredi 14 janvier 2009 à 01:29 par voitures

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