Journal d'un avocat

Instantanés de la justice et du droit

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Une soirée particulière

Par Dadouche




J’avais cet été assommé gratifié nos lecteurs d’un long banc d’essai des comptes rendu judiciaires, en prenant l’exemple d’une journée du procès de Véronique Courjault devant les assises d’Indre et Loire pour l’assassinat de trois nouveaux nés.
Il était alors question qu’un “docu-fiction” soit produit, à partir d’une retranscription verbatim du procès.
Eh bien c’est fait et Parcours meurtrier d’une mère ordinaire : l’affaire Courjault sera diffusé lundi 7 décembre à 20 h 35 sur France 3.

Il s’agit d’une reconstitution de moments du procès, filmée dans la salle de la cour d’Assises d’Indre et Loire, que la société de production Maha Production a investie au mois d’octobre avec 18 comédiens, une centaine de figurants et une équipe technique de 40 personnes, entrecoupée d’interviews de protagonistes de l’affaire et d’images d’archives. Le site de France 3 nous apprend que les comédiens ont été choisis pour “la justesse de leur jeu et leur ressemblance physique avec les vrais personnages”.

D’abord un petit rappel juridique : pourquoi reconstituer un procès qu’il aurait suffi de filmer ?
Parce qu’il est interdit de filmer les procès[1], même si la Chancellerie accorde parfois des autorisations hors de tout cadre légal.
La société de production a donc tourné le problème en faisant sa version du procès.

Au delà de problèmes de principe posés à mon sens par la mise à disposition d’une société privée d’une partie d’un tribunal le temps du tournage[2], on peut à la fois attendre le meilleur et le pire de ce film.

Le pire parce que la reconstitution la plus minutieuse ne parviendra jamais à retranscrire la réalité des émotions dans une salle d’audience, la longueur des débats, l’alternance de temps morts et de temps forts. Le procès, qui a duré une dizaine de jours, se trouve réduit à un film de 105 minutes. Le choix des angles de vue, du montage, donne forcément une vision de l’audience, que chacun des protagonistes (magistrats, jurés avocats, accusée, famille, public) a pourtant vécue différemment.
Parce que cette affaire a déjà donné lieu à de vrais dérapages télévisuels, notamment lors de deux numéros de Mots croisés sur France 2.
Parce qu’on peut aussi penser que l’examen serein d’une telle affaire demande un recul que seul le temps peut permettre, alors même que la désormais condamnée purge encore sa peine.

Mais aussi le meilleur parce que ce film est réalisé par Jean-Xavier de Lestrade, à qui l’on doit des films exceptionnels sur des procès américains, notamment le formidable Un coupable idéal, et produit par Maha productions, récemment responsable de Justice à Vegas, qui a passionné le maître des lieux, ou du plus discutable Justice sous tutelle.

En attendant de juger sur pièces demain soir[3], en voici la bande-annonce.




Notes

[1] pour des explications plus détaillées, on pourra utilement s’infuser mon billet du mois de juillet

[2] si parmi nos lecteurs certains ont vécu cet envahissement, qu’ils n’hésitent pas à le raconter

[3] je tenterai, si les mineurs déchaînés m’en laissent le temps, de “live blogger” durant le film

Commentaires

1. Le dimanche 6 décembre 2009 à 13:05 par Blair

Bonjour,
pouvez-vous expliciter à quels numéros de “Mots croisés” vous faites référence? Je n’en ai pas eu connaissance.


Dadouche :
Il suffit de lire le billet de cet été, juste .

2. Le dimanche 6 décembre 2009 à 13:54 par nimapi

Bonjour,

“… des mots qui n’ont de cesse de résonner…” : peut-être “des mots qui ne cessent de résonner” serait plus correct !
Vous allez dire que je pinaille ! Mais des erreurs de ce genre dans une bande-annonce et je préfère prendre un livre plutôt que de regarder la télé.


Dadouche :
Ca me gêne moins que l’annonce d’une reconstitution intégrale

3. Le dimanche 6 décembre 2009 à 14:10 par Bébert

Ce qui me dérange c’est que fort peu de temps a coulé depuis le procès. On tourne le couteau dans des plaies encore toutes fraiches. Une telle exposition n’est pas bonne pour la condamnée, ses enfants et son mari qui doivent essayer de se reconstruire, de préparer une éventuelle libération conditionnelle et qui sans doute aspirent à un calme relatif loin des flashs.
Leur a-t-on demandé leur avis ?


Dadouche :
D’après ce que j’ai compris, la famille Courjault a pleinement collaboré au projet.

4. Le dimanche 6 décembre 2009 à 14:40 par malpa

@ nimapi (2)

Sauf erreur, ces mots ne sont pas tirés du film mais sont ceux de la chaîne qui diffuse. Le film peut encore être présumé innocent à ce stade.

5. Le dimanche 6 décembre 2009 à 14:53 par Cécile B.

Ah en effet, je comprends que malgré l’intérêt évident de ce téléfilm, de tenter de toucher du doigt la complexité humaine de ce drame, le risque, et la déception qui en découlerai, c’est que ça aille trop vite, que l’enchaînement rapide des étapes du procès ne simplifie les cœurs en présence.
Je regarderai quand même! Merci pour ce billet sans lequel j’aurais surement raté l’info.

@Nimapi, si le respect de la langue française dans sa forme la plus pure conditionne votre choix, vous devez passer à côté de nombreuses choses enrichissantes.
Par ailleurs, si pour vous le sujet a aussi peu d’importance que vous soyez prêt à le laisser choir au motif qu’il y a une faute dans la bande-annonce, je ne vois pas l’intérêt de votre commentaire.

6. Le dimanche 6 décembre 2009 à 15:52 par Calamity

C’est ce qu’on appelle la télé réalité…Racoleuse parce que nous sommes tous plus ou moins choqués par le sujet, je regarderai sans doute aussi, en espérant sinon comprendre mais au moins entendre les explications qu’on va nous distiller, mais je m’interroge vraiment sur l’opportunité de faire un film aussi rapidement, qu’en pensent les protagonistes ? Et leur famille ? J’imagine qu’ils ont dû donner leur accord ? Ont-ils été rémunérés pour laisser étaler leur histoire sur nos écrans ?

Nous vivons vraiment une époque formidable…..

7. Le dimanche 6 décembre 2009 à 16:22 par malpa

@ calamity (6)

Si vous étiez seulement allée un peu voir sur les liens donnés par Dadouche, vous vous seriez peut-être épargnée le ridicule de condamner sans juger. Ce qui sur un blog qui parle un peu de justice, est assez malvenu, non ? Je précise que je n’ai absolument rien à voir avec les producteurs du film, et que je ne l’ai pas vu. Je réserve mon jugement, ce qui n’est pas tout à fait la même chose que vous.

8. Le dimanche 6 décembre 2009 à 16:25 par bébert

@Calamity

Je me pose également cette question. L’accusée ou un autre intervenant du procès aurait-il pu interdire la diffusion de cette reconstitution en vertu de son droit à l’image et du respect de sa vie privée ? Leur a-t-on demandé leur accord ?

9. Le dimanche 6 décembre 2009 à 16:31 par Bébert

J’ai moi aussi posté trop vite. Je vais aller voir les liens.

Par contre êtes vous au courant que l’intégralité du procès de Francis Evrard a été filmé pour produire un reportage sur le dernier procès du juge ?

10. Le dimanche 6 décembre 2009 à 16:51 par Bob Marcel

Je me pose la question de savoir si V. Courjault ou sa famille (ainsi que personne mentionnée dans le film) pourrait éventuellement toucher des droits. Pouvait-elle éventuellement s’opposer à la création du film ? Bref quels sont ses droits vis à vis de ce film ?

11. Le dimanche 6 décembre 2009 à 17:10 par Gymnopedie

Je suis just une mekeskidi, et blonde de surcroît, mais…

V. Courjault a des enfants, enfants qui sont protégés par la Convention Internationale des Droits de l’Enfant qui spécifie “Les États parties prennent toutes les mesures appropriées pour que l’enfant soit effectivement protégé contre toutes formes de discrimination ou de sanction motivées par la situation juridique, les activités, les opinions déclarées ou les convictions de ses parents, de ses représentants légaux ou des membres de sa famille.” Et moi je crois que ce téléfilm les sanctionne et les discrimine de fait.

12. Le dimanche 6 décembre 2009 à 18:18 par Nichevo

Excellente remarque de Gymnopédie.
Ajoutons à cela la subjectivité du metteur en scène, quelques maquillages, éclairages et jeux d’acteurs.
Oublions ce qui ne fait pas très “glamour”et tout est désormais possible à la télé.
N’oubliez pas que vous allez regarder un compte rendu et non la réalité.

13. Le dimanche 6 décembre 2009 à 18:39 par Damien

La France a une liberté de ton particulièrement large en ce qui concerne les affaires criminelles. Dans de très nombreux pays d’europe, “faites entrer l’accusé” ne pourrait pas être diffusé.

Ce n’est peut-être pas la meilleure chose qui soit. Outre le droit à l’oubli, oublié, c’est une médiatisation qui peut dériver. A mon sens, recréer un procès aussi peu de temps après s’y apparente.

14. Le dimanche 6 décembre 2009 à 18:50 par Calamity

@malpa

J’ai sans doute dû mal m’exprimer, je ne condamne pas le film, je dis juste que je m’interroge sur le bien fondé de faire un film si tôt et qui a à y gagner.

Et je vous prie humblement d’excuser mon ridicule comme vous dites….

15. Le dimanche 6 décembre 2009 à 19:16 par B.

Je ne comprends pas tout dans ce billet (oui, je suis un mékeskidi de la plus pure espèce ;-)). Je précise que mes questions ne sont pas du tout rhétoriques mais totalement sincères !

“Au delà de problèmes de principe posés à mon sens par la mise à disposition d’une société privée d’une partie d’un tribunal le temps du tournage” : quels sont-ils exactement ?

“Le procès, qui a duré une dizaine de jours, se trouve réduit à un film de 105 minutes.” : de nombreux évènements, ayant duré bien plus de quinze jours, sont réduits régulièrement à des films d’une grosse centaine de minutes (on peut penser à des films sur telle ou telle guerre par exemple). Je ne vois pas pourquoi on doit forcément craindre “le pire” de ce film pour cette raison.Ou plus exactement, dans ce cas, on peut craindre “le pire” de n’importe quel film puisque tout film (il y a peut-être des exceptions) raconte une histoire qui dure plus que sa durée, ce qui fait de votre réflexion un lieu commun. Et ce n’est pas votre habitude !

De même que pour les problèmes de filmer dans les tribunaux, j’ai l’impression que les juges, avocats et autres acteurs du monde judiciaire opposent souvent la complexité d’un procès pour justifier le fait qu’il faudrait nécessairement être dans la salle pour avoir le droit de voir ce qu’il s’y passe. Il y a pléthore de situations très complexes dans la vie qui sont très bien rendues à l’écran (que l’évènement soit filmé ou reconstitué). Pourquoi la justice ne se prêterait pas à cela ?


Dadouche :
Ce sont de bonnes questions…

Sur la mise à disposition de la salle : la société de production a occupé pendant une quinzaine de jours une salle d’audience du tribunal de Tours. Probablement aussi d’autres espaces pour servir de “coulisses”. Je crains fort que le débarquement dans une juridiction de 40 techniciens, 18 comédiens et 100 figurants qui occupent une salle dans laquelle devraient en principe se tenir des audiences ne soit de nature à quelque peu troubler le fonctionnement normal de la juridiction… D’après mes taupes personnelles, une grosse audience a du être reportée à cause de cela.

Sur le raccourcissement du procès à 105 minutes : tout travail journalistique est évidemment une synthèse. C’était tout l’objet de mon billet de cet été, dont je me permets de vous recommander à nouveau la lecture. Ce qui me gêne fondamentalement dans ce projet, c’est que tout l’argument de ce docu fiction tourne autour de la reconstitution du procès. Si c’est le procès qui est l’objet du film, et donc tout ce qui va autour (le processus de la prise de décision, le pathos qui se dégage d’une audience, etc…), le risque est grand que cela tourne à “et vous qu’auriez vous décidé ?” et je maintiens que l’on ne peut saisir complètement cela qu’en assistant à l’intégralité d’une audience. Si c’est l’affaire qui est l’objet du film, des “extraits” du procès risquent de ne servir qu’à ajouter du pathos. Et le risque de racolage est grand. Il faut une démarche journalistique d’une extrême rigueur, une parfaite compréhension du processus judiciaire et un grand recul pour utiliser de telles images “proprement”. Et j’avoue que c’est notamment parce que je connais la qualité du travail du réalisateur que je ne rejette pas l’idée de ce film sur son principe même. J’attends de l’avoir vu.

16. Le dimanche 6 décembre 2009 à 20:27 par Nimapi

Un film, quel que soit son sujet, c’est un fond et une forme. Et les deux sont appréciables également. Libre à Cécile B. (5) de ne s’enrichir que de l’un.
Quant à l’intérêt de mon commentaire…

17. Le dimanche 6 décembre 2009 à 20:31 par Z.

Je pense que la diffusion en direct ou en léger différé des procès obligerait les uns et les autres à l’excellence et permettrait au grand public de se faire une idée directement sans passer par le prisme de journalistes faitsdiversiers qui ne connaissent rien à la justice, ni à ce qu’ils disent, pour certains qui sont dramatiquement nuls.
Je sais, je sais… il y a le problème de la sélection des affaires.
Mais bon.
Il est parfois hallucinant de voir à quel point il peut y avoir un hiatus entre le procès tel que vous le ressentez et le compte rendu dans la presse le soir même ou le lendemain matin.
Si nos mis en examen qui n’aimeraient pas les lignes de la SNCF sont un jour renvoyés en correctionnelle, pourquoi ne pas diffuser le procès à la télé ?
Au moins on pourrait se faire une idée et cela éviterait que l’on nous rebatte les oreilles en disant : “le dossier est vide !”, “mais si, y a quelque chose dans le dossier” et qu’on livre cette querelle stérile à des braves citoyens pour que ceux-ci se forgent une opinion via la presse, alors que moi ce que je voudrais, c’est le lire ce fichu dossier et bâtir ma réflexion en voyant / entendant pour les X… les témoins, les enquêteurs à la barre du tribunal.
Est-ce trop demander à l’époque qui se caractérise par la révolution des moyens de communication qui véhiculent l’information ???


Dadouche :
Sur l’argument de la diffusion qui obligerait à l’ “excellence”, je suis partagée. Ce qui pourrait paraître “excellent” à un téléspectateur moyen (au sens de moyennement informé de la chose judiciaire), ne le serait pas nécessairement d’un point de vue judiciaire. Et tous ceux qui veulent voir comment la justice est rendue en leur nom peuvent se rendre dans le tribunal le plus proche de chez eux et assister aux audiences.

Je vous trouve par ailleurs assez injuste avec les journalistes, qui ne méritent pas cette généralisation hâtive.

18. Le dimanche 6 décembre 2009 à 20:49 par marsan

l’encre de l’arrêt de condamnation et du procès-verbal des débats est à peine sèche que déjà le besoin de voir et de faire voir est là !!

d’où nous viens cette impérieuse envie de voir et savoir du malheur de ces gens qui font passer la justice ?
qu’à t’on a apprendre et à attendre de ces images ?

19. Le dimanche 6 décembre 2009 à 21:12 par Eolas

L’exercice peut être réussi. J’ai beaucoup aimé “Rendez-moi justice”, la reconstitution de l’affaire Céline Jourdan, devenue l’affaire Richard Roman, par Denys Granier-Deferre. Il est vrai que le film a été réalisé 8 ans après le procès.

20. Le dimanche 6 décembre 2009 à 21:20 par gavilan

@nimapi: …n’avoir de cesse de… est vieillot, voire précieux, appliqué à des mots qui résonnent c’est peut être un peu lourd. Je ne dirais pas que c’est un erreur, juste une faute de gout, et votre formulation est meilleure dans sa simplicité.

21. Le lundi 7 décembre 2009 à 01:45 par abisab

Mon commentaire n’est pas directement en lien avec votre billet mais avec une remarque glissée au détour d’une phrase: vous qualifiez le documentaire “justice sous tutelle” de discutable. Parce qu’il m’a plu et parce que je craint que l’esprit critique me fasse parfois défaut je suis curieuse de savoir si vous employez ce qualificatif parce que lorsqu’il y a parti prit il y a toujours matière à discussion ou si parce que vous même trouvez ce documentaire discutable au sens péjoratif du terme?

Dadouche:
Très brièvement, j’ai trouvé assez juste la description des moyens de la justice, de la main mise croissante du pouvoir politique et des effets pervers du désir de certains d’avancer vers des postes prestigieux. Mais le postulat de départ (fondé sur la structure pyramidale des juridictions [TGI/Cour d’appel/Cour de cassation]), selon lequel chaque magistrat ne rêverait que de passer à la juridiction supérieure, est erroné.
Et je ne nous reconnais ni moi ni l’immense majorité de mes collègues dans les propos d’un ancien magistrat, qui avait certainement d’excellentes raisons personnelles de quitter le  corps judiciaire mais semble en garder une certaine amertume. Ses propos très critiques (je les ai même trouvés offensants) et son départ de la magistrature l’exemptent sans doute au yeux des journalistes du permanent soupçon de ce fameux corporatisme judiciaire, mais en faire le fil rouge du film montre à mon sens un certain parti-pris.

22. Le lundi 7 décembre 2009 à 03:23 par Marie-Christine BLIN

@ Cécile en 5 et Malpa en 7

que d’arrogance dans votre façon d’épingler les autres : êtes-vous si parfaits que vous pensiez utile de vous servir du blog d’un autre (Eolas) à cette fin ?
ce blog me plait parce qu’il est un espace de tolérance sur lequel veillent les auteurs des billets, qui répondent et commentent s’ils le jugent.
Si cela devait changer, je le déserterai.

23. Le lundi 7 décembre 2009 à 04:15 par valentine

Je suis très choquée par la bande-annonce. Les gros plans sur les larmes de la mère, et la superposition de la voix off et de la musique, ne me semblent pas témoigner d’une volonté d’écoute ou de compréhension. Et puis j’ai depuis le début du mal à comprendre qu’on puisse utiliser et diffuser le vrai nom de cette famille. Ne serait-il pas souhaitable d’obliger les media à utiliser un pseudonyme ou une initiale ? Ne serait-ce que pour préserver l’avenir des enfants de cete femme…

24. Le lundi 7 décembre 2009 à 09:51 par DMonodBroca

Certains téléphones portables nous offrent désormais ce qu’on appelle la “réalité augmentée”, merveilleux et mensonger oxymore, comment la réalité pourrait-elle être autre chose que ce qu’elle est ?
Ce genre de téléfilm tombe dans le même panneau, nous offrir une version arrangée de la réalité et prétendre qu’elle lui est en tous points fidèle.
Cette perte progressive de la différence entre la réalité d’une part et nos créations artistiques et technologiques d’autre part est très préoccupante quant à notre santé mentale.

25. Le lundi 7 décembre 2009 à 09:53 par pendragon

en suite de B. et de la réponse de dadouche

je n’ai pas trouvé “justice sous tutelle” discutable, mais à charge, nuance…

et cher dadouche,que l’immense majorité des magistrats ne revent pas d’hermine au kilo ne change rien au fait que certains en font le but de leur vie (avec les légions d’honneurs délivrés par le ministre ou mieux, not bon président himself)

et que, comme souvent, ce sont ceux qui exercent le pouvoir au sein de la chancellerie qui menent le bal

j’ai la faiblesse de croire que les choses sont en train de changer, mais quand je vois l’aphatie que suscite les diners fins de certains procureurs, ca fait peur ….

26. Le lundi 7 décembre 2009 à 10:09 par Chom

Au delà de problèmes de principe posés à mon sens par la mise à disposition d’une société privée d’une partie d’un tribunal le temps du tournage

Cela ne pose pas de difficulté de principe, l’Etat peut délivrer des autorisations d’occupation de son domaine, à condition que cette occupation soit conforme à son affectation c’est à dire ne soit pas susceptible de l’endommager par exemple.

Je vous rassure, l’article L2125-1 du Code général de la propriété des presonnes publiques précise qu’en principe une telle occupation donne lieu au paiement d’une redevance : en ces temps de disette, la présence d’une telle source de revenus n’a pas du laisser la chancellerie indifférente.

27. Le lundi 7 décembre 2009 à 10:47 par Clafoutis

@ plusieurs commentateurs :
- j’approuve les réticences exprimées quant à la divulgation de l’identité des personnes en cause, ne serait-ce que pour les enfants. Je trouve cela scandaleux ;
- le manque de recul ne peut que conduire à une caricature (cela ne met pas en cause la qualité des auteurs, mais il ne faut pas confondre jounalistes et historiens) qu’il est inutile de diffuser en tant que “vérité” alors que ce n’est en fait pour la plupart de ceux qui le verront qu’un spectacle bien saignant, parmi d’autres… , mais qui auront cru avoir accès à la “vérité”.
@ DMonodBroca
“…elle lui est en tous points fidèle.”
En fait : elle ne lui est en tout point fidèle !

Ce n’est que mon avis.

28. Le lundi 7 décembre 2009 à 11:51 par parquezaco

Il n’est pas besoin de docu-fictions à la télévision pour voir rendre la justice.

Quelle que soit la qualité de leur mise en scène, ce type de reportages ne remplace pas la fréquentation des salles d’audience.

Avis donc aux étudiants en droit (dont de nombreux se destinant au Barreau ou à la Magistrature n’ont jamais mis les pieds dans une salle d’audience…) et aux citoyens ne souhaitant s’en laisser conter par quiconque.

29. Le lundi 7 décembre 2009 à 13:48 par sereatco

Bonjour,

Parquezaco m’a grillé la politesse… mais je suis totalement sur sa ligne.
Peut-être suis-je à côté de la plaque, mais j’ai l’impression que ce procès a déjà “bénéficié” d’une couverture médiatique très importante et (à mon humble avis) trop favorable à l’accusée. Ce docufilm semble s’inscrire dans cette démarche.
Donc, sans moi…

A bientôt.

30. Le lundi 7 décembre 2009 à 14:08 par Mlle Ellute

@nimapi en 6
C’est juste pour info mais l’expression «n’avoir de cesse» existe (même si c’est probablement assez archaïque). Par contre, si j’ai bien compris elle doit être suivi de «que+subjonctif» donc il y aurait quand même une faute.

Sinon sur la reconstitution de faits historiques, en général je trouve ça assez intéressant pour la meskidi que je suis; qu’il s’agisse de procès ou autres. Par contre je m’interroge aussi comme beaucoup sur le fait de le faire si peu de temps après l’affaire. A voir.

31. Le lundi 7 décembre 2009 à 15:04 par Holmes

Croque-notes d’un mâcheur de chewing-gum mentholé avant une “soirée particulière” :

- “Une hirondelle ne fait pas le printemps”. - Aristote -
- “la justice est un juste milieu si du moins le juge en est un”. - Aristote -

32. Le lundi 7 décembre 2009 à 15:47 par kristel

Sur le commentaire de Dadouche, après le commentaire 21 :

Je suis une juge basique de base, point d’hermine à foison et de médailles à gogo. Je ne me suis pas reconnue moi non plus dans les propos de cet ancien magistrat. Et j’ai trouvé que, finalement, le restant du documentaire venait en contre- point de ses propos, qui reprenaient largement les “avis café du commerce” (parfois vrais cependant) sur les magistrats. Du coup, “Justice sous tutelle” est ce que j’ai vu de mieux sur la magistrature.

33. Le lundi 7 décembre 2009 à 16:19 par Sofienne

@ parquezaco, 28

Justement, ça fait un petit moment que l’envie d’assister à des audiences me titille.

Je me dis, peut-être un peu naïvement, que cela me permettrait de me faire une idée “sur pièces” du fonctionnement de notre justice (je précise ne rien connaître au droit, homis ce qui est de notoriété publique).

Pour cela, j’envisage d’assister à différents types d’audiences. Je me dis qu’une affaire civile de type “client contre marchand”, une session de comparution immédiate, une affaire pénale correctionnelle et une affaire criminelle serait suffisant pour me faire une idée j’espère pas trop réductrice.

Cependant, cela prend du temps, il me faut m’organiser. Or je ne parviens pas à trouver où sont situés les tribunaux en charge de ces différentes choses, sur Paris. Tout se déroule-t-il au palais de justice, dans le Vè ?

Je n’arrive pas non plus à trouver les rôles, sur internet. Peut-être n’y sont-ils pas publiés. Savez vous alors comment me renseigner ?

Merci beaucoup
Sofienne

34. Le lundi 7 décembre 2009 à 17:11 par villiv

désolé si je horsuje (ou encore si je plagie un commentaire déjà posté à ce sujet)

mais l’info en temps réel l’exige :

Appel du bâtonnier de Paris pour une réforme rapide de la garde à vue

35. Le lundi 7 décembre 2009 à 17:39 par parquezaco

A Sofienne

au Palais de justice, sur l’île de la Cité, vous trouverez tout ce qu’il vous faut: Assises, correctionnelles, audiences civiles etc etc et même la cour d’appel.

Mais les couloirs sont longs et la signalétique compliquée.

36. Le lundi 7 décembre 2009 à 17:56 par Dr Tavuk

Bonjour à tous les intervenants du blog. Je branche allègrement le mode “hors sujet” - avec mes excuses - mais serait-il possible d’avoir votre opinion sur l’info suivante ?

Ca se fait beaucoup ce genre de choses ?

37. Le lundi 7 décembre 2009 à 17:59 par Dr Tavuk

Flûte, le lien n’est pas passé…
Pour la peine, je mets l’url

http://www.liberation.fr/politiques…

38. Le lundi 7 décembre 2009 à 18:31 par Sofienne

@ parquezaco, 35

Merci ! J’ignorais que tout était centralisé !

39. Le lundi 7 décembre 2009 à 18:55 par lambertine

A Valentine et Gymnopédie :

L’ “Affaire Courjault” est publique depuis longtemps. La presse en a parlé et reparlé. Je ne crois pas qu’une émission de télévision rajoutera quoi que ce soit à la stigmatisation dont ils risquent d’être l’objet (comme tous les proches de tous le criminels dont parle la presse, d’ailleurs)

40. Le lundi 7 décembre 2009 à 20:40 par velourine

la soirée risque d’être chargée en émotion entre l’émission que vous citez et le documentaire réalisé par Graciela Barrault “Femmes dans une affaire d’Etat” qui passe ce soir à une heure tardive sur la même chaine
http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/

41. Le lundi 7 décembre 2009 à 21:05 par viziteur

Pinaize, xx millions de visiteurs ! (air blasé)

42. Le lundi 7 décembre 2009 à 21:24 par marsan

en essayant ça, c’est mieux - merci velourine,

http://prdchroniques.blog.lemonde.f…

43. Le lundi 7 décembre 2009 à 22:38 par LLP

Personnellement, j’ai trouvé ce docu-fiction absolument extraordinaire. L’actrice qui campe Veronique Courjault est troublante.

… je suis tout retourné…

44. Le lundi 7 décembre 2009 à 22:44 par citoyenlambda

j’ai finalement regardé l’émission.

Au début je ne souhaitais pas la voir parce que je pensais que ça serait une fiction réductrice, le risque de clichés, de voyeurisme et puis ça ne pouvait pas être ni guai ni distrayant.

Mais en zappant sur cette émission, j’ai été frappé par la qualité du documentaire, c’est tout à fait digne, rien n’est racoleur, les éléments sont présentés, c’est clairement un documentaire de qualité.

Est-il fidèle à la réalité ? je ne le saurai jamais car je n’étais pas présent à l’audience.

Je pense qu’il était difficile d’être plus respectueux des faits, et me semble-t-il le réalisateur ne semble pas avoir imposé le choix de “thèses” au spectateur. Chacun a pu se faire une opinion, et c’est beaucoup mieux que ce qu’on a pu entendre ou lire des comptes rendus d’audience.

Ce documentaire est donc de ce point de vue une grande réussite.

D’autant plus que la complexité de la situation, a été, je pense, très bien rendu. Alors que bien sûr personne ne pouvait comprendre avant qu’on ne puisse pas détecter une grossesse chez un femme.

Après la qualité du documentaire, une deuxième pensée domine chez moi après son visionage, c’est la perception de l’incroyable solidité de Mr Courjaud le mari.
Cette homme garde son calme reste lucide digne présent, en tant qu’homme comment ne pourrait-on ne pas se demander comment nous aurions affronté ces terribles réalités, comment aurait il été possible de ne jamais défaillir, de céder à la facilité et de se préserver.

Comment aurions nous été capables de tendre la main en ayant vu le désarroi, la difficulté révélée seulement dans le drame, pour offrir une chance de retrouver une vie normale à une femme qui sur le papier a fait ce que l’on ne peut concevoir.

Je souhaite que, pour lui et sa famille, cet homme reste toujours aussi fort, ça semble être bien parti puisqu’ils ont affronté le plus dur et qu’ils ont des pistes des solutions pour construire à nouveau.

Le public a été informé, bravo à ce documentaire qui a fait un très beau travail en étant capable de transcrire la complexité d’une situation sur laquelle la plupart pouvait penser avoir un avis autorisé avant.

45. Le lundi 7 décembre 2009 à 23:00 par Miche

bonsoir
je craignais de voir ce documentaire comme racoleur ,voyeuriste ,mais j’ai été tres touchée par la justesse et la sensibilité de ce film ,de cette femme ,et si ce docu pouvait servir de document clinique pour mieux comprendre les dénis de grossesses cela serait déjà ça .

46. Le lundi 7 décembre 2009 à 23:20 par Z.

Dire que la chancellerie accorde des autorisations en dehors de tout cadre légal n’est que partiellement exact. Il existe en effet deux cas - certes assez rares - où l’enregistrement des procès est légal :
- celui où une autorisation est donnée par le premier président de la cour d’appel, dans le cadre de la loi n°85-699 du 11 juillet 1985 tendant à la constitution d’archives audiovisuelles de la Justice (cas des procès Barbie, Touvier, Papon et, plus récemment, AZF) ;
- celui où le président de Cour d’assise, en vertu de l’article 308 du Code de procédure pénale, autorise un tel enregistrement (ce qui nous vaut des images des procès de Koïnde et Hienghène).

Il est vrai que l’un et l’autre textes sont plutôt mal adaptés à une utilisation journalistique (ainsi, les images captées en vertu de la loi de 1985 ne sont consultables qu’après que la dernière décision concernant l’affaire est devenue définitive), et que les procès qui ont été enregistrés ne sont pas précisément représentatifs de la justice au quotidien.


Dadouche :
Ce qui voudrait dire que les autorisations données par la Chancellerie (c’est à dire ni le président de la cour d’assises ni le premier président de la cour d’appel) sont données hors de tout cadre légal, non ?

47. Le mardi 8 décembre 2009 à 07:46 par Z.

@ Z. sous 46 :

mon pseudo est déposé.

48. Le mardi 8 décembre 2009 à 08:37 par toto

Faits divers télévisuels et réhabilitation

http://comprendrelatele.blog.lemond…

49. Le mardi 8 décembre 2009 à 12:01 par Bébert

J’avais un a priori plutôt défavorable. J’avais peur que le film soit racoleur et indécent. Il n’en est rien. La tension de l’audience est palpable. Le désarroi et l’humanité des protagonistes sont bien rendus. L’actrice qui joue V. Courjault est formidable.

Je ne sais pas si c’est une reproduction fidèle ou si il y a un parti pris favorable à l’accusée (des détails, le montage, le choix de certaines parties du procès peuvent orienter subtilement le regard du spectateur et donc le jugement qu’il a des faits). En tout cas à la sortie de ce film on ne voit plus V. Courjault de la même manière. Il y a une sorte d’empathie qui se crée pour elle (du moins personnellement j’ai été bouleversé). J’espère qu’elle aura sa libération conditionnelle au début de l’année prochaine.

Dans l’Express il y a une interview de l’avocate de V. Courjault au sujet de ce documentaire:

http://www.lexpress.fr/actualite/so…

50. Le mercredi 9 décembre 2009 à 04:52 par Papet croûton

J’ai voulu faire très bref, pour ne pas encombrer, mais je dois préciser que ce n’est pas le déroulement du procès, mais que c’est l’évolution psychique qui a capté mon attention.
Au risque de me répéter, Merci Dadouche.

51. Le mercredi 9 décembre 2009 à 16:02 par Blair

après avoir vu le documentaire, je suis surtout frappée par le manque de compréhension du Président, et surtout par le fait qu’il n’essaie même pas de comprendre. Il lui coupe la parole, la reprend, on a l’impression d’un acharnement.. très dur à voir.

52. Le mercredi 9 décembre 2009 à 18:35 par tro choi

C’est vrai que c’était assez flagrant… et déroutant.

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