Journal d'un avocat

Instantanés de la justice et du droit

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Le billet du dimanche

Pas de sang, pas de droit, pas de politique.

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dimanche 31 octobre 2010

Du rugby comme on l'aime

C’est dimanche, c’est rugby. Laissons un bref instant la polémique sur les gardes à vue – j’y reviendrai- pour nous laisser emporter par un moment de jeu de toute beauté.

Match ASM Clermont-Auvergne contre Stade Français, le 30 octobre au Stade Marcel Michelin, à Clermont-Ferrand. Le premier, champion de France en titre, a étrillé le second. 20 à 3 à la fin du temps réglementaire. Il va donc empocher les trois (Edit:) quatre points au classement que donne une victoire. Mais à quelques secondes du coup de sifflet final, alors que les deux équipes sont à 5 mètres de l’en but auvergnat, le Stade Français commet une faute donnant une pénalité à l’ASM.

L’ASM pourrait botter en touche, mettant fin au match, et à la douche.

Mais voilà. Depuis 2007, une règle prévoit qu’une équipe qui met 3 essais de plus que son adversaire empoche un point de bonus dit offensif (une équipe qui perd avec moins de sept point d’écart a quant à elle un point de bonus défensif). L’ASM a marqué deux essais, le Stade Français, aucun. Et à la fin de la saison, ces points de bonus sont précieux.

Alors, l’ASM va décider de tenter de marquer l’essai du bonus. Pour cela, elle doit remonter 90m de terrain, sans jamais perdre la balle ni commettre de faute.

La suite, la voici.

Ça ne vaut pas bien sûr le vrai essai du bout du monde (Nouvelle-Zélande-France, 1994), mais c’est quand même du rugby comme on l’aime.

Bon dimanche à tous.

dimanche 20 juin 2010

La blague du jour

Une institutrice de maternelle demande aux enfants de sa classe la profession de leurs parents.

- Mon papa, il est policier, et ma maman, elle est ingénieur, dit le premier.

- Moi, mon papa, il est plombier, et ma maman, elle est dentiste, dit le second.

Le troisième dit d’une petite voix :

- Heu… Moi, mon papa, il est danseur nu dans un cabaret gay.

Tous les enfants éclatent de rire.

La maîtresse, un peu décontenancée, les rappelle à l’ordre : c’est un métier comme un autre, leur explique-t-elle, et ce qui est important, c’est que ce papa soit heureux de le faire.

- Bon, c’est l’heure de la récréation, annonce-t-elle avec un peu de soulagement.

Elle retient le troisième élève :

- Dis-moi, tu veux que nous parlions un peu de ton papa ? Tu avais l’air un peu embêté…

L’enfant regarde autour de lui pour s’assurer que lui et la maîtresse sont seuls.

- Non, en fait, mon papa, il joue en équipe de France de football, mais j’avais trop honte de le dire.

dimanche 28 mars 2010

Lux Aurumque

Après le bruit et la fureur de cette semaine, un peu de douceur ne fera de mal à personne.

Eric Whitacre (prononcer ouaille-tékeur) est un musicien, chef d’orchestre et compositeur professionnel, et l’époux de la soprano Hila Plitmann. L’année dernière, une jeune fille, Britney Losee, a mis en ligne sur Youtube une vidéo lui étant adressée, où, en guise d’audition, elle chantait (fort bien) un de ses airs, Sleep, composé en 2000.

Cela a provoqué un déclic chez Eric Whitacre. Et si plusieurs personnes s’enregistraient ainsi en train de chanter, et que ces vidéos étaient mixées pour créer un chœur virtuel ? Avec l’aide se Scott Haines, qui a pris le rôle de producteur et a apporté ses connaissances techniques, il s’est mis au travail.

Après un premier essai plutôt réussi avec le morceau sleep, où chaque participant chantait en écoutant le morceau, Eric Whitacre est allé plus loin dans la constitution de ce chœur virtuel. Il a composé un morceau spécialement pour cette expérience, et a fait un appel à volontaires. Il leur a envoyé la partition, puis il a mis en ligne une vidéo ou, après avoir donné ses instructions de chef de chœur, il fait les gestes de direction du choeur, uniquement agrémenté d’un piano donnant le ton de chaque partie. Il a poussé la difficulté plus loin, en ajoutant des rubato et des gestes dynamiques spécifiques s’adressant, selon le cas, uniquement aux ténors, au sopranos, aux basses ou aux Altos, et les choristes ont parfaitement réagi.

Le succès de Sleep ayant attiré de nouveaux participants, Eric Whitaker a écouté toutes les vidéos mises en ligne, comme pour une audition traditionnelle.

C’est finalement un chœur de 185 choristes dont les prestations ont été retenues, de douze pays différents : l’Autriche, l’Argentine, le Canada, l’Allemagne, l’Irlande, la Nouvelle-Zélande, les Philippines, Singapour, l’Espagne, la Suède, le Royaume-Uni, et les États-Unis d’Amérique.

Alors, pendant que des gens bien intentionnés vous expliquent qu’internet est la pire saloperie jamais inventée, que ce n’est qu’un repaire d’escrocs, de pédophiles, de pirates et de pornographes, qu’il faut réglementer, policer et étouffer pour votre plus grand bien, pendant ce temps, des gens continuent d’explorer les possibilités de ce nouveau moyen de communication pour faire du beau. D’ailleurs, Scott Haines et Eric Whitacre, qui ont passé des centaines d’heure sur ce projet, ne se sont jamais rencontrés physiquement durant tout ce travail (ils se sont enfin rencontrés une fois postérieurement).

Mesdames et messieurs, voici Lux Aurumque (Lumière et or), composé et dirigé par Eric Whitacre, produit par Scott Haines. Solistes : Melody Myers, soprano, (Tenesse, États-Unis) ; Julie Pajueshfar, soprano, (Nevada, États-Unis) ; Evangelina Etienne, alto, (Massachusetts, États-Unis) ; Lauren Collis, alto, (Ontario, Canada) ; Robbie Bennett, tenor, (Oklahoma, États-Unis) ; Jamal Walker, basse (Texas, États-Unis). D’après un poème d’Edward Esch.

Bon dimanche à tous.

Via Embruns

dimanche 28 février 2010

Les PG flingueurs

Par Gascogne et Eolas (très aidés par un certain Monsieur Audiard)


Suite au changement de loi concernant la procédure pénale, la Ministre de la Justice de Framboisy madame Chimère Mariole-A-Ri, apprend que, conformément au texte (« Si la chancellerie s’aventurait à donner des ordres de non-poursuites d’une affaire, le procureur général (PG) - qui est nommé en conseil des ministres - pourrait s’y opposer. De même, le procureur pourra s’opposer à des instructions qui seraient “contraires à la recherche de la vérité” de son PG. Un substitut pourra agir de même à l’égard de son procureur », selon Le Monde.), un procureur, nommé Gascogne, à choisi de désobéir et de poursuivre des siens amis. Furieuse, elle se rend au tribunal du magistrat, accompagnée de son procureur général Sub Lege, bien décidée à régler ses comptes. La joyeuse équipe arrive, alors que les magistrats et avocats locaux sont en plein buffet de l’audience solennelle de rentrée.

Dans la salle des pas perdus


MAITRE EOLAS : Charmante soirée, n’est ce pas ? Vous savez combien ça va nous coûter ? 200 dossiers d’AJ. Tarif 2010.
 
LE PROCUREUR GASCOGNE, jetant un œil aux procédures d’amendes forfaitaires : Y’en a qui gaspillent, et y’en a d’autres qui collectent … Hein ? Qu’est ce que vous dites de ça ?
 
LE JUGE PAXATAGORE, pensif près du buffet : Faudrait encore des dossiers en CRPC, ils partent bien ceux-là.
 
LE PROCUREUR GASCOGNE,  tendant un gros sac à Maître Eolas : Voilà vos copies de pièces en retard … et avec quelques unes en avance en plus. (Maître Eolas avise un trou dans la robe du procureur Gascogne) La ministre et le proc’ général ont essayé de flinguer mon juge d’instruction, oui, maître.
 
MAITRE EOLAS : Ce n’est pourtant pas leur genre.
 
LE PROCUREUR GASCOGNE : Et ben ça prouve qu’ils ont changé de genre. Voilà.
 
LE JUGE PAXATAGORE, sortant d’une boîte à biscuit un code de procédure pénale 2010 : Quand ça change, ça change, faut jamais se laisser démonter.
 
MAITRE EOLAS :Vous croyez qu’ils oseraient venir ici ?
 
LE PROCUREUR GASCOGNE : Les politiques ça ose tout ! C’est même à ça qu’on les reconnaît.
 
La ministre et le procureur général entrent au tribunal.


LE PROCUREUR GENERAL SUB LEGE : T’es sûre que tu t’es pas gouré de crèche ?
 
LA MINISTRE MARIOLE A RI: J’me goure jamais, en rien.
 
FANTOMETTE, les accueillant à la porte en titubant (de joie) : Bonjour, justiciables. Avocat choisi ou commis d’office ?
 
LE PROCUREUR GENERAL SUB LEGE : Rien !
 
LA MINISTRE MARIOLE A RI : Si c’est notre budget qu’ils sont en train d’arroser les petits comiques, ça va saigner ! … Dites donc mon brave.
 
LE JUGE PAXATAGORE : Madame ?
 
LA MINISTRE MARIOLE A RI : Il est là, l’taulier ?
 
LE JUGE PAXATAGORE : Qui demandez-vous ?
 
LA MINISTRE MARIOLE A RI : Le procureur Gascogne.
 
LE JUGE PAXATAGORE : Le procureur Gascogne… ?
 
LA MINISTRE MARIOLE A RI : … Gascogne l’emmerdeur, Gascogne le malhonnête, c’est comme ça que j’l’appelle moi.
 
LE JUGE PAXATAGORE : Ah, lui. Si ces messieurs-dames veulent bien me suivre …
 
LA MINISTRE MARIOLE A RI : Et comment. (au procureur général) Alors, tu viens dis !
 
LE JUGE PAXATAGORE,indiquant la salle des pas-perdus : Si vous voulez bien vous donner la peine d’entrer.
 
 
Dans la salle des pas-perdus



LA MINISTRE MARIOLE A RI : Bougez pas ! Les mains sur la table. J’vous préviens qu’on a la puissance politique d’un Taser® et des députés de calibre 49-3. L’IGSJ est avec nous.
 
LE JUGE PAXATAGORE, dégainant l’article 6 de la Convention européenne des droits de l’homme : Si ces messieurs-dames veulent bien me les confier…
 
LA MINISTRE MARIOLE A RI : Quoi ?
 
LE JUGE PAXATAGORE : Allons vite, quelqu’un pourrait venir, on pourrait se méprendre, et on jaserait à Strasbourg. Nous venons déjà de frôler l’incident avec l’arrêt Medvedyev.
 
Le ministre et le procureur général, tout penauds, remettent leurs instructions écrites et leurs projets de loi à Maître Eolas.

LE PROCUREUR GASCOGNE, au ministre : Tu sais ce que je devrais faire ? Le tweeter, rien que pour le principe …
 
LA MINISTRE MARIOLE A RI : Tu ne trouves pas que c’est un peu trop fréquenté ?
 
LE PROCUREUR GENERAL SUB LEGE : (Au ministre) J’te disais que cette démarche ne s’imposait pas. (Au procureur) Au fond maintenant, les diplomates prendraient plutôt le pas sur les hommes d’action. L’époque serait aux tables rondes et à la détente. Hein ? Qu’est ce que t’en penses ?
 
LE PROCUREUR GASCOGNE : J’dis pas non. (Il s’assoit et commence à trier des procédures arrivées au courrier)

LA MINISTRE MARIOLE A RI : Bé dis donc, on est quand même pas venu pour faire du chiffre ?
 
LE PROCUREUR GENERAL SUB LEGE : Pourquoi pas ? Il n’y a plus de substitut placé pour ça. Au contraire, les tâches ménagères ne sont pas sans noblesse. Surtout lorsqu’elles constituent le premier pas vers des condamnations fructueuses. Hein ? … (Maître Eolas lui donne une pile de dossiers) Merci.
 
Les yeux du ministre sont attirés par un exemplaire du Rapport Léger trainant sur la table, ouvert à la page suppression du juge d’instruction).

LE PROCUREUR GASCOGNE : Maître Eolas, vous avez oublié de planquer les motifs de fâcherie.
 
LE PROCUREUR GENERAL SUB LEGE : Oh, procureur Gascogne…
 
LE PROCUREUR GASCOGNE : Tu connais la vie monsieur Sub Lege…. Mais pour en revenir au travail manuel, ce que vous disiez est finement observé. Et puis, ça reste une base.
 
LA MINISTRE MARIOLE A RI : Ça, c’est bien vrai. Si on connaissait mieux la réalité du terrain, on aurait moins souvent la tête aux bêtises.
 
Fantômette fait irruption en titubant (de fatigue) dans la salle des pas-perdus …

FANTOMETTE : Bonjour. Mais il est où le juge Paxa ?
 
LE PROCUREUR GASCOGNE : Qu’est ce que vous lui voulez ?
 
FANTOMETTE : Y’a plus de prévenus au dépôt et y’a plus de mises en examen !
 
LE PROCUREUR GASCOGNE : Maître Eolas, donnez lui des CI, allez …
 
FANTOMETTE : Pas d’AJ ! Des prévenus solvables ! Vos CI vous pouvez vous les…
 
MAITRE EOLAS :… Allons cher confrère ! Monsieur le procureur Gascogne vous dit qu’il n’y a plus que des compas, un point c’est tout.
 
FANTOMETTE : Vous n’avez qu’à m’en donner, en me recommandant à vos clients… (elle tend la main vers les dossiers de Maître Eolas)

MAITRE EOLAS : Touche pas au grisby, salope !!
 
Elle ressort en titubant (de surprise).

LE PROCUREUR GENERAL : Des clients persos, à c’t’âge là !
 
LE PROCUREUR GASCOGNE : C’est un scandale hein ?
 
LA MINISTRE MARIOLE A RI : Nous par contre, on est des adultes, on pourrait peut être se faire un petit dossier médiatique ?
 
LE PROCUREUR GASCOGNE : Ça, le fait est. Maître Eolas ?
 
MAITRE EOLAS : Seulement, le tout-venant a été piraté par les mômes commis d’office. Qu’est ce qu’on fait, on s’risque sur le bizarre ? (Il sort un dossier de la nouvelle loi sur l’inceste). Les faits datent des années 80. Ça ne va rajeunir personne.
 
LA MINISTRE MARIOLE A RI : Ben nous voilà sauvés !
 
MAITRE EOLAS : Sauvés… Faut voir.
 
LE JUGE PAXATAGORE, de retour d’audience, avisant le dossier : Tiens, vous avez sorti le formol ?
LE PROCUREUR GENERAL SUB LEGE : Pourquoi vous dites ça ?
 
MAITRE EOLAS, goguenard : Eh ! (Il lui tend un PV d’audition du prévenu)

LE PROCUREUR GENERAL SUB LEGE : Il a pourtant un air honnête.
 
LE PROCUREUR GASCOGNE : Sans être franchement malhonnête, au premier abord, comme ça, il a l’air assez curieux.
 
MAITRE EOLAS :Il date du Périgourdin, du temps des grandes heures ; seulement on a dû modifier la fabrication des magistrats depuis, y’a des piou-pious qui devenaient indépendants. Oh, ça faisait des histoires.
 
Ils lisent le Code pénal actualisé de la loi sur l’inceste, sur la répression des violences de groupe et sur la prévention de la récidive criminelle (trois lois votées en moins d’un mois)

LA MINISTRE MARIOLE A RI : Faut reconnaître, c’est du brutal !
 
LE PROCUREUR GENERAL SUB LEGE : Vous avez raison, il est curieux hein ?
 
LE PROCUREUR GASCOGNE : J’ai connu un roi de Pologne qu’en promulgait des pareils au petit déjeuner.(Un temps de réflexion) Faut quand même admettre que c’est plutôt un Code gaulois. (Il tousse)

Ils continuent à lire.

LA MINISTRE MARIOLE A RI : Tu ne sais pas ce qu’il me rappelle ? C’t’espèce de drôlerie qu’on instruisait dans une petite taule du Ch’Nord, pas tellement loin d’Hazebrouck. Les codes rouges et la taulière, une blonde komac. Comment qu’elle s’appelait, non de dieu ?
LE PROCUREUR GASCOGNE : Lulu la nantaise.
 
LA MINISTRE MARIOLE A RI : T’as connu ?
 
LE PROCUREUR GENERAL SUB LEGE, le nez dans le Code : J’lui trouve un goût de démagogie.
 
MAITRE EOLAS : Y’en a.
 
LA MINISTRE MARIOLE A RI,continuant sa discussion avec le procureur Gascogne : Et bien c’est devant chez elle que Clems le cheval s’est fait dessouder.
 
LE PROCUREUR GASCOGNE : Et par qui ? Hein ?
 
LA MINISTRE MARIOLE A RI : Ben v’la que j’ai pu mon CASSIOPEE.
 
LE PROCUREUR GASCOGNE : Par Ed, un fondu qui travaillait qu’à la dynamite.
 
LA MINISTRE MARIOLE A RI : Toute une époque !
 
MAITRE EOLAS, perdu dans ses pensées : D’accord, d’accord, je dis pas qu’à la fin de sa carrière, Anatole, il avait pas un peu baissé. Mais n’empêche que pendant les années terribles, sous Besson, il faisait sauter des procédures à tout va. Il a quand même vidé tout un centre de rétention.
 
LA MINISTRE MARIOLE A RI : Ah ? Il était avocat?
 
MAITRE EOLAS : Non, JLD. Soit à c’qu’on t’dit !
 
LA MINISTRE MARIOLE A RI, fondant en sanglots : J’ai plus ma tête …
 
MAITRE EOLAS : Il avait son secret, le loup.
 
LA MINISTRE MARIOLE A RI (se lève précipitamment) : C’est où, le dépôt ?
 
LE JUGE PAXATAGORE : A droite, au fond du couloir.
 
MAITRE EOLAS, visiblement ému : Et … Et … Et … une ramette de 500 pages, une cartouche de toner, il te sortait 250 refus de maintien en rétention ; un vrai magicien, Anatole. Et c’est pour ça que je me permets d’intimer l’ordre à certains préfets salisseurs de réputation qu’ils feraient mieux de fermer leur claque-merde ! (Il regarde en coin le reste des convives pour juger de l’effet de sa plaidoirie)

LE PROCUREUR GENERAL SUB LEGE, toujours dans son Code : Vous avez beau dire, y’a pas seulement que de la démagogie, y’a autre chose. Ce serait pas des fois de l’amateurisme ? Hein ?
 
LE PROCUREUR GASCOGNE : Si, y’en a aussi.
 
Un peu plus tard ; maitre Eolas s’est endormi pendant la lecture d’un assommant rapport de synthèse. On pose le tome 2 sur la table.

LE PROCUREUR GASCOGNE, repoussant le dossier en soupirant : J’prendrais bien quelque chose de consistant moi !
 
LE MINISTRE MARIOLE A RI, revenant dans la salle des pas-perdus : Dis donc, elle est maquée à un jaloux la Fantômette ? Je faisais un brin de causette, le genre réservée —tu me connais : j’suis pas celle d’avant. V’là tout à coup qu’un p’tit chroniqueur judiciaire est venu me chercher ! Les gros mots : « indépendance de la justice », « secret professionnel », « droits de la défense » et tout !
 
LE PROCUREUR GASCOGNE : Quoi ! Monsieur Specq ! Ça suffit pas de lui faire franchir les portes du prétoire, faut p’t’être le faire passer au travers !
 
LE JUGE PAXATAGORE, philosophe : Je serais pas étonné qu’on ferme notre tribunal…

vendredi 10 avril 2009

Genius at work

Cette semaine, vous avez l'occasion de vivre un moment historique, un moment que vous raconterez à vos enfants et petits-enfants, et vous verrez alors s'allumer dans leurs yeux la lumière noyée d'une larme de l'envie et de l'admiration.

Un film de Hayao Miyazaki vient de sortir sur vos écrans. Quand j'écris ces mots, je suis pris d'un frisson. Chacun de ses films est annoncé comme étant le dernier, et l'annonce d'un nouveau film met le Japon (et votre serviteur) dans sous ses états.

Hayao Miyazaki est un pur génie. On peut le comparer sans rougir à Walt Disney (ou alors c'est Walt Disney qui rougira). C'est un réalisateur de dessin animé japonais, LE réalisateur de dessin animé japonais. Chacun de ses dessins animé est un chef d'œuvre. Il est le fondateur et directeur du Studio Ghibli[1], qui produit ses dessins animés et quelques autres perles.

Si vous croyez que les dessins animés japonais sont d'interminables séries pour enfants à l'animation saccadée où les héros ont des coiffures aussi improbables que la couleur de leurs cheveux, vous êtes mûr pour une cure de remise à niveau.

Si vous croyez que les dessins animés japonais, c'est pour les enfants, regardez donc le Tombeau des Lucioles d'Isao Takahata (Studio Ghibli, 1988). Gardez une boîte de mouchoirs à portée de la main. Vous n'oublierez jamais la petite Setsuko. C'est une grande claque dans la figure, un des plus puissants films contre la guerre. Surtout quand on sait que c'est une histoire autobiographique, tirée du roman éponyme d'Akiyuki Nosaka.

Un dessin animé de Hayao Miyazaki, ce n'est pas pour les enfants, mais pour les adultes qui n'ont pas oublié l'enfant qu'ils ont été. Nuance. À part Mon Voisin Totoro, je vous déconseille de montrer du Miyazaki aux très jeunes enfants.

Miyazaki a quatre thèmes récurrents : l'enfance, la nature, les grand-mères et les machines, de préférence volantes. Tout vient de son histoire personnelle.

Il est fasciné par l'aviation depuis son enfance : son père dessinait des avions pour l'entreprise de son frère, Miyazaki airplaines. Du coup, il invente souvent des machines imaginaires extraordinaires. Le personnage de Kanta, dans Mon voisin Totoro, est inspiré de lui enfant, quand son père l'avait envoyé à la campagne, chez sa grand-mère, à qui il était très attaché et qu'il fait revivre dans tous ses films, pour le mettre à l'abri des bombardements alliés, où il a découvert la nature et la culture traditionnelle japonaise. Côté machine complexe improbable et fascinante, le Château Ambulant du film éponyme est inoubliable. Ajoutons que c'est un féministe de la première heure (et au Japon, ce n'était pas évident), ceci étant dû au fait qu'il a vu dans son enfance le rôle que les femmes ont tenu pendant la guerre puis pour reconstruire un Japon vaincu, détruit, et exsangue. Ses personnages principaux sont souvent des femmes, jeunes, fortes et indépendantes, même si elles ne sont que des enfants (voyez dans le film dont je vais vous parler le personnage de Lisa, la mère de Sôsuké).

Une idée centrale chez Miyazaki est le mal que l'homme fait à la nature, bien avant que ce ne soit à la mode comme aujourd'hui. Et la nature, blessée, empoisonnée, répond. Cela donne des apparitions cauchemardesques et des créatures inquiétantes, comme les Ohmus de Nausicaä de la Vallée des Vents ou l'esprit Sanglier de Princesse Mononoké. Il s'inspire aussi beaucoup de la mythologie japonaise, notamment des innombrables esprits de la nature. Le Voyage de Chihiro (mon préféré, Ours d'Or à Berlin en 2002, et couronné par un oscar) est une vraie ballade dans cet autre monde.

Et voici son nouvel opus. Courez le voir, il ne restera probablement pas longtemps à l'affiche, emporté par Fast & Furious 4 ou Dragon Ball Evolution. Un Miyazaki, ça se regarde sur grand écran. C'est du fait main, à l'ancienne. Un bijou de poésie, deux heures de retour en enfance, mis en musique par son complice joe Hisaishi, qui est à Miyazaki ce que John Williams est à Steven Spielberg. C'est un récit à la japonaise : il n'y a pas de méchants manichéens, et ce n'est pas tant la destination qui compte que le voyage en lui-même. Vous avez l'opportunité d'aller voir un Miyazaki au cinéma, lors de sa sortie. Ne passez pas le reste de votre vie à pleurer cette chance de perdue. Un jour, il y aura un dernier Miyazaki.

Voici donc la bande annonce de Ponyo sur la falaise.



本当にありがとうございます宮崎先生.


Add. : Merci Fieffégreffier (on a toujours besoin d'un greffier) : une interview du Sensei.

Notes

[1] Du surnom que les Italiens avaient donné à leurs avions de reconnaissance en Afrique du Nord pendant la guerre, lui même dérivé du mot Lybien pour Sirroco. Le surnom de l'avion italo-brésilien AMX International AMX est le "Ghibli". Prononcer Djibli.

dimanche 8 février 2009

L'envers du décor

Robert Jordan, 59 ans, est journaliste et présentateur du journal de 21 heures (News at nine) sur WGN-TV, une chaîne d'information continue de Chicago. WGN veut tout simplement dire World's Greatest Newspaper, le meilleur journal du monde, slogan du Chicago Tribune, qui a lancé cette chaîne en 1948…

Il présente depuis plusieurs années ce journal aux côtés de Jackie Bange. Cette chaîne étant privée, elle est financée par la publicité, ce qui implique des coupures au milieu du journal, notamment une de deux minutes trente secondes au moment de la météo.

Il faut donc s'occuper, pendant ces deux minutes trente. Ils pourraient faire un Sudoku, engueuler les maquilleuses, exposer brièvement l'apport de Sun Zi sur la polémologie chinoise antique. Mais Robert Jordan et Jackie Bange ont trouvé autre chose.

Pour les moins anglophones, la vidéo commence alors que Robert Jordan conclut un sujet sur les soupçons de corruption pesant sur le gouverneur de l'Illinois à l'époque, Rod Blagojevich, démis depuis de ses fonctions pour une affaire de corruption : en tant que gouverneur de l'Illinois, il lui incombait de désigner le remplaçant au siège de sénateur de l'Illinois laissé vacant par un certain Barack Obama, appelé à d'autres fonctions.Il avait tout simplement décidé de vendre ce poste.

Puis Robert Jordan lance la météo.

Pendant la coupure, la voix que vous entendez est l'assistante du réalisateur qui crie le temps restant avant la reprise. Robert Jordan le répète pour montrer qu'il a entendu et compris.

Après la coupure, Robert Jordan relance sur une manifestation.

Mesdames et messieurs, voici ce qui se passe à la télévision, pendant les coupures pub.

Depuis que j'ai vu cette vidéo, je ne peux m'empêcher de me demander ce qui se passe vraiment pendant les suspensions d'audience.

Bon dimanche.

dimanche 7 décembre 2008

Un petit conte de noël ?

Il faut toujours regarder dans les bonus des DVD, surtout des Disney. Cette grande maison, même si elle commis récemment bien des œuvres médiocres, sait encore fabriquer des perles, comme celle-ci, sur laquelle je suis tombé par hasard, en navigant sur le DVD de la Petite Sirène (version espagnole).

C'est un court métrage, adaptation du célèbre conte de Hans Christian Andersen, la petite fille aux allumettes, réalisé par Roger Allers, en 2006.

Attention : c'est du Disney mais c'est avant tout du Andersen. Ils ont respecté l'histoire ; si vous l'avez déjà lue, vous savez ce que je veux dire. Le seul changement est que l'action se passe en Russie et non au Danemark.

Pas une parole, pas un bruitage : le conte est simplement illustré par la musique d'Alexandre Borodine (d'où l'ambiance russe), le superbe troisième mouvement (Nocturne) de son Second Quatuor à cordes, interprété par l'Emerson String Quartet (Ed. Deutsche Grammophon). Effet garanti. Vous êtes prévenus : c'est du lourd. Ayez un paquet de mouchoirs à portée de la main. Mais Gaudeamus : il y a encore du talent chez Disney.

Et bon dimanche quand même.

L'intégralité du Second Quatuor à Cordes en ré majeur de Borodine, interprété par le Quatuor Alcan.

dimanche 30 novembre 2008

Une planète, une chanson

Playing for Change est une organisation caritative qui vise à promouvoir la paix dans le monde par la musique. Dit comme ça, ça semble un rêve de hippies arriérés, mais le principe est simple : l'association aide des musiciens à travers le monde en leur fournissant du matériel, en ouvrant des écoles de musique, selon le principe qu'un musicien de plus c'est un soldat de moins.

Et pour montrer un peu ce qu'ils font, ils ont eu une superbe idée. Ils ont demandé à divers artistes qu'ils soutiennent à travers le monde d'interpréter une chanson, en les enregistrant chez eux. Au départ, c'est un artiste de rue de Santa Monica, en Californie, qui interprète la chanson qui est enregistrée par un studio mobile. Puis le studio mobile est transporté et les autres musiciens mettent un casque audio, l'écoutent, et interprètent, de là où ils vivent, leur accompagnement. Et le tout est mixé pour former un groupe qui chante depuis le monde entier : En Californie, en Louisianne, au Brésil, au Vénézuela, en Russie, en France, en Espagne, en Italie, au Congo, en Afrique du Sud…

La chanson choisie est Stand By Me, de Ben E. King, Jerry Leiber et Mike Stoller, d'après le Gospel du même nom composé par Charles A. Tindley en 1905, et rendu délèbre par le film éponyme de Rob Reiner, en 1986.

Alors c'est dimanche, on se détend et on monte le son. Vous verrez, ça fait du bien, et on en a tous besoin.

Bon dimanche à tous.

dimanche 23 novembre 2008

Mon beau sapin

On ne s'y prend jamais trop tôt pour Noël. Alors que déjà notre château est illuminé de guirlandes lumineuses du meilleur goût (voici une photo de l'aile occupée par Dadouche et Fantômette), j'ai déjà choisi les cadeaux que je vais offrir.

Une façade est à peine visible derrière une prolifération d'illuminations de Noël qui doivent absorber la production électriques de deux ou trois centrales nucléaires.

À Gascogne, un Code de Procédure Pénale 2007 qui fera la jalousie de tous ses collègues du tribunal de Castelpitchoune. À Dadouche, un paquet de Post-It™ entiers qui donneront à ses dossiers un air de luxe raffiné. À Fantômette, un pompon neuf et un buste du bâtonnier Charrière-Bournazel dans une bulle qui, quand on l'agite, fait neiger sur le bâtonnier ; un collector qui fera un malheur à Framboisy. Pour Lulu, un portrait d'elle retouché pour y ajouter une bague Chaumet, avec les compliments du Figaro. Et pour Anatole, le livre "j'écris tout seul un billet sur ce blog plutôt que de les mettre en commentaires, pour les nuls". Ne leur dites pas, c'est une surprise.

Mais il y en a qui ont encore meilleur goût que moi, et qui en plus savent mieux dessiner.

Parmi ceux-ci, et sans doute au premier rang, il y a Pénélope Bagieu alia Pénélope Jolicœur. Le cœur, elle l'a joli mais aussi grand, et elle a pour ces fêtes de Noël créé un site qui repose sur une idée simple et généreuse.

Chaque jour, un dessinateur de talent (n'y attendez donc aucune de mes œuvres) publie une planche jusqu'à noël. Et chaque jour, les visiteurs uniques sont comptabilisés. À la fin de l'opération, un peu avant Noël, le partenaire de l'opération, Orange, fera un don à la Croix-Rouge en fonction de ce nombre de visiteurs uniques (j'ignore le barème exact), afin d'offrir des jouets à des enfants de familles dans le besoin.

Bref, aller sur ce site une fois par jour est une occasion d'admirer le talent de graphistes fort doués tout en participant à une opération caritative. Le tout sans vous coûter un centime, ce qui ne vous empêche pas de faire un don en plus à la Croix-Rouge, bien sûr.

Je n'ai pas été sollicité pour soutenir cette opération, et donc le fais spontanément et bien volontiers. Cliquez donc sur l'image ci-dessous :

Gascogne, Fantômette, Anatole Turnaround, Eolas, Dadouche et Lulu, tous en belle robe rouge et blanche aux couleurs de Noël, devant la bannière du site http://monbeausapin.org/

ou sur ce lien : http://monbeausapin.org/


Photo CC par Stephen Parker.

dimanche 26 octobre 2008

Quoi de neuf ?

Note aux nouveaux venus : il est de tradition que temps en temps, le dimanche, je m'autorise un billet léger, loin du thème du droit, destiné à émouvoir ou à faire rire, mais certainement pas édifier mes lecteurs (quoique…). Ce sont mes billets du dimanche. Ceci en est un.


Souvenez-vous.

En 2000, Budweiser®, une marque de bière bien connue qu'il faut boire avec modération, surtout si on aime la bière, lançait une campagne de pub qui allait connaître un succès… retentissant, c'est le mot. La campagne « Waaazaaa ».

Ne me dites pas que vous avez oublié.

Au cas où : piqûre de rappel.

Hé bien le mêmes acteurs ont été réunis pour la suite. Ça s'appelle huit ans plus tard.

Brillant.

dimanche 7 septembre 2008

Tawtiouffe

Ce blog est ami des États-Unis, pour de multiples raisons, toutes meilleures les unes que les autres.

L'une d'entre elles, qui nous retiendra aujourd'hui, est qu'ils sont comme nous. Voici une vidéo qui va vous montrer qu'on n'y est pas dépaysé.

Il s'agit d'un remontage d'un extrait de l'émission The Daily Show, présentée par Jon Stewart. Sa chaîne de télévision s'opposant à ce que l'extrait correspondant de l'émission soit reprise sur Youtube, ce qui me permettrait de le sous-titrer, un internaute a simplement remonté les extraits qui la composaient, et qui ne sont pas soumis à copyright. J'en suis désolé pour vous, l'ironie mordante de Jon Stewart étant de l'ambroisie au milieu de ces écœurants brouets. Les éminents anglophones qui me lisent pourront savourer directement l'extrait intégral sans les sous-titres à la fin de ce billet.

Jon Stewart aime à dénoncer l'hypocrisie et la tartufferie des politiques. Avec un moyen redoutablement efficicace : le rapprochement de leurs propos tenus dans des circonstances différentes. En l'espèce, avant et après le choix d'une femme, Sarah Palin, sénateur inexpérimenté et mère d'une fille de 17 ans enceinte alors qu'elle défend des valeurs familiales strictes (ce détail m'indiffère mais a de l'importance pour la compréhension de la vidéo).

Et voici dans l'ordre d'apparition à l'écran : Karl Rove, ancien Deputy Chief of Staff de la Maison Blanche (l'alter ego de Josh Lyman pour ceux qui ont l'excellente idée de regarder The West Wing), devenu consultant pour Fox News ; Bill O'Reilly, éditorialiste bien connu de Fox News ; Dick Morris, ancien conseiller politique de Bill Clinton, peu reconnaissant puisque désormais il dit pis que pendre sur eux et tout particulièrement Hillary ; Nancy Pfotenhauer, ancienne présidente du Forum des Femmes Indépendantes et actuelle conseillère en politique économique du candidat McCain. Comme quoi, un esprit chagrin pourrait croire que ces personnes ont un avis principalement lié aux circonstances qui, si elles devaient changer, pourraient faire changer leur opinion, s'il le faut du tout au tout. Ça donne même le vertige.

Et pour les anglophones performants, voici l'extrait de l'émission The Daily Show With Jon Stewart du 3 septembre 2008, avec les commentaires au vitriol du maître de cérémonie.

Bon dimanche à tous, et vive la mémoire à long terme.

dimanche 31 août 2008

Message personnel

Comme quoi, on peut être du Côté Obscur de la Force Autorité Judiciaire et savoir rigoler.

Dédié aux procs de permanence ce week-end (j'ai cru comprendre que Lincoln en était) et tout spécialement à celui qui se reconnaîtra et qui vient de se laisser séduire.

Crédits : Extraits de l'Empire Contre-Attaque, d'Irvin Kershner (1980). Le montage vidéo n'est pas de votre serviteur, il est signé Doomblake.

dimanche 24 août 2008

Les publicistes ont de l'humour

Heu… Enfin, qui ne fait rire qu'eux, mais c'est déjà ça.

Je vous propose cette petite vidéo réalisée par des étudiants en droit qui feraient mieux de réviser à la B.U.

Un rapide mot d'explication tout de même. Le droit administratif français est un droit prétorien, c'est à dire né de la jurisprudence. Le législateur n'avait d'yeux que pour les juges judiciaires (les juges auxquels vous pensez tout de suite, qui portent la robe, mettent des innocents en prison, et ressemblent à des petits pois), tremblant au souvenir de l'ancien Régime, renversé grâce à leur révolte. Les révolutionnaires n'ont pas fait preuve de gratitude, redoutant que la même mésaventure leur arrive, et n'ont eu de cesse, de tenir le pouvoir judiciaire en laisse, tendance qu'ils ont laissé en héritage à leurs descendants, nos gouvernants actuels.

Leur premier geste fut d'interdire aux juges judiciaires de mettre leur vilain nez dans les affaires de l'État. Interdiction qui subsiste encore à ce jour.

Néanmoins, l'administration devant respecter la légalité, il a fallu instaurer une autorité jugeant de la légalité des actes de l'administration. Le législateur ne faisant rien, ou pas grand chose, c'est le juge administratif suprême, le Conseil d'État, qui a pris les choses en main.

Et le droit administratif français est né de toute une série d'arrêts fondamentaux (auxquels vient s'ajouter une sélection des décisions du Tribunal des Conflits, qui ne tranche que la question de savoir si telle ou telle question relève du juge judiciaire ou administratif sans trancher la question ; les arrêts du Conseil d'État sont notés CE, les décisions du Tribunal des Conflits TC), compilés dans l'ouvrage les Grands Arrêts de la Jurisprudence Administrative, dit le GAJA, ouvrage aussi important que le Code civil pour un étudiant en droit, et cauchemar des étudiants de deuxième année comme des candidats à l'ENA.

Le héros de cette saynète voyage dans le temps et tente ainsi de prévenir les événements qui vont donner lieu à certains de ces grands arrêts.

Son premier voyage le fait rencontrer monsieur Nicolo, qui pour autant que je sache est toujours vivant. Monsieur Nicolo est un habitué du Conseil d'État, qui avait demandé l'annulation des élections européennes du 18 juin 1989 au motif que les électeurs des DOM TOM avaient pu voter alors qu'ils ne sont pas situés en Europe. Le recours en lui même n'avait aucune chance, mais le Conseil d'État a saisi cette occasion pour renverser sa jurisprudence dite “des semoules” (CE 1er mars 1968, Syndicat général des fabricants de semoule de France) selon laquelle il refusait d'examiner la conformité de la loi à un traité (CE 20 oct. 1989, Nicolo)

Son deuxième voyage le mène en Côte d'Ivoire, au bord de la lagune Ébrié. La nuit du 5 au 6 octobre 1920 (il y a une erreur dans la vidéo, la scène étant tournée de jour), le bac dit d'Éloka, un des bacs qui traverse cette lagune pour éviter d'avoir à en faire le tour, chargé de 18 personnes et de quatre automobiles, sombre brutalement. Un indigène se noie, et les quatre automobiles sont retirées de l'eau gravement endommagées. C'est l'une de ces automobiles, et non l'indigène noyé, qui est à l'origine du procès. Ah, le doux temps des colonies… La société commerciale de l'Ouest Africain, propriétaire d'une de ces voitures, va demander en justice réparation de son préjudice. Elle va saisir en référé le président du tribunal de Grand Bassam. Je ne me souviens plus si le tribunal va se déclarer incompétent ou si c'est l'administration qui va contester la compétence du juge judiciaire, toujours est-il que le tribunal des conflits va devoir trancher. Et le 22 janvier 1921, le Tribunal des Conflits jugera que même si ce bac remplissait une mission de service public, son activité était de nature industrielle et commerciale et relevait de la compétence du juge judiciaire. La lecture de cet arrêt m'a rappelé une scène d'un film de Tarzan, la version en noir et blanc avec Johnny Weismuller. Une colonne avance sur un sentier escarpé. Un porteur noir trébuche et tombe avec son chargement dans le vide avec un cri déchirant. Les explorateurs se précipitent et regardent, impuissants, le vide. « Qu'est ce que c'était ?» demande l'un d'eux qui n'a rien vu de ce qui s'est passé. « C'était les médicaments » répond l'autre avec un visage grave.
Voici une photo du Bac d'Éloka datant de 1908, dégoté par l'irremplaçable Professeur Rolin.

Son troisième l'emmène sur les lieux d'un drame. M. Guerrero, recherché par la police, prend en auto-stop Mlle Motsch, qui était pourtant fort jolie. Le véhicule arrive à un barrage de police, que M. Guerrero force. La police ouvre le feu, blessant Mlle Motsch. Celle-ci demande réparation, mais à qui ? Un barrage de police est une mesure de police administrative : ce serait donc le juge administratif. Nenni, répond le Tribunal des Conflits le 5 décembre 1977 : l'opération s'était transformée en police judiciaire dès lors qu'il s'agissait d'appréhender une personne ayant commis une infraction (refus d'obtempérer, coups et blessures volontaires sur agent de police…).

Le quatrième l'emmène à Morsang-Sur-Orge, riante commune de l'Essonne, où l'on sait s'amuser ; ainsi, le 25 octobre 1991, était prévu dans une LA discothèque de la ville un spectacle dit « de lancer de nain ». Le maire de la ville prit un arrêté interdisant ce spectacle comme contraire à la dignité humaine (sans qu'il soit précisé si la dignité perdue était celle du projectile ou du public riant à ce spectacle). Le Conseil d'État jugera légal cet arrêté le 27 octobre 1995, ajoutant la dignité humaine parmi les composants de l'ordre public (qui sont en outre la sécurité, la tranquillité et la salubrité).

Le cinquième le ramène en mars 1909, à l'occasion d'une grève des Postes. Le gouvernement d'alors prit 600 mesures de révocation à l'encontre des grévistes. L'un de ces révoqués, dénommé Winkell, exerça un recours contre cette décision, que le Conseil d'État rejeta, relevant que la grève ayant porté atteinte à la continuité du service public, la sanction était justifiée. Autre temps, autre mœurs.

Le sixième voyage le conduit dans l'exotique Indre-et-Loire en 1948, quand plusieurs fonctionnaires vont se mettre en grève pendant une semaine, dont M. Dehaene, chef de bureau, qui sera sanctionné d'un blâme. Blâme confirmé par le Conseil d'État le 7 juillet 1950, qui précisera toutefois que le droit de grève des fonctionnaires est licite (il a été reconnu par la Constitution de 1946, il faut dire) mais qu'il ne peut avoir pour effet de compromettre l'exercice de la fonction préfectorale. Bref, le droit de grève n'est pas absolu et illimité.

Le septième et dernier voyage le ramène à Bordeaux, au début de la décennie 1870. Agnès Blanco, cinq ans et demi, vient de se faire renverser par un wagon de la manufacture des tabacs exploitée en régie par l'État. Son père va demander réparation au tribunal civil, mais le Tribunal des Conflits jugera le 8 février 1873 que la responsabilité de l'État relève de la juridiction administrative. C'est l'arrêt donnant naissance au droit administratif moderne. Notre étudiant étant arrivé trop tard, il va achever la petite fille à coups de pelle, commettant ainsi un meurtre aggravé, relevant de la compétence du juge judiciaire et empêchant ainsi la naissance du droit administratif moderne.

Mais le vide juridique n'existe pas, comme le découvre à la fin notre étudiant, et surtout rien ne peut faire disparaître le droit fiscal en France. La morale est sauve.

Si vous avez ri en regardant cette vidéo, vous saurez que vous êtes un publiciste.

Pour en savoir plus sur l'hostilité de l'exécutif à l'égard des juges, voyez ce billet de Fantômette.

Sur la séparation des ordres administratifs et judiciaire, voyez ce billet de votre serviteur.

Merci à Xa pour le lien vers la vidéo.

dimanche 20 juillet 2008

Mais où diable est Maître Eolas ?

Je brise enfin le silence qui fut le mien cette semaine, épuisante il faut le dire. Code rouge sur code rouge ; des bonnes nouvelles et des moins bonnes, une notamment qui a du mal à passer. J'ai fini la semaine physiquement et mentalement épuisé. Dans ces conditions, j'aurais été un piètre hôte. Merci à mes commensaux d'avoir formidablement pris la relève et d'avoir maintenu le blog en vie.

Reprenons tranquillement avec un billet qui fait du bien.

Ce dimanche, je vais vous parler de Matthew Harding.

Matthew est un américain de 31 ans, né dans le Connecticut, qui a commencé sa carrière comme développeur de jeux vidéo. Sa carrière l'a conduit à Brisbane en Australie.

Après quelques années dans ce secteur beaucoup plus sérieux et exigeant qu'on ne le croit, il en a eu un peu assez, et a eu envie de partir voyager de par le monde.

Afin de donner des nouvelles à sa famille, plutôt que d'envoyer des cartes postales, il a créé un site internet, wherethehellismatt.com, «Oùdiableestmatt.com». Dans les endroits qu'il visitait, il demandait à des gens du coin de le filmer en train de faire une danse ridicule qui était sa signature lors des fêtes où il allait (car contrairement à une légende, les informaticiens n'ont pas fait vœu de chasteté ou de célibat, c'est juste qu'ils draguent comme des mérous), et mettait cette vidéo en ligne en indiquant l'endroit où elle avait été filmée.

Très vite, son site a eu des visiteurs qui débordaient du cadre de sa famille, qui ont laissé des commentaires l'enjoignant de continuer à poster ces vidéos. Fort bien, répondit-il, mais il faut que vous m'aidiez à voyager.

Chiche, lui a répondu une marque de chewing gum, Stridegum®, qui l'a sponsorisé.

Une première vidéo, montage de ses courtes vidéos, a eu un énorme succès, et a fait de lui une célébrité de l'internet (je vous la mets en annexe, en fin de billet).

Cela fait 3trois ans qu'il enchaîne les voyages, il en est à son troisième périple, et sa venue donne désormais lieu à un rendez-vous avec les habitants de la ville qui suivent ses pérégrinations sur internet.

Et voici les dernières nouvelles de Matt.

Une vidéo qui, quelle que soit votre humeur, vous donne le sourire. (Musique de Garry Schyman, Praan).


Where the Hell is Matt? (2008) from Matthew Harding on Vimeo.

Bon dimanche.


Si vous voulez du rab, voici la première vidéeo de Matt, qui date de 2005. Vous noterez que ses talents de chorégraphe se sont améliorés avec le temps.

Et voici la deuxième vidéo, de 2006, qui a fait de Matt une célébrité. (Musique de Deep Forest, Sweet Lullaby). Regardez bien au début de la troisième minute jusqu'où il est allé…


Where the Hell is Matt? from Matthew Harding on Vimeo.

Enfin, même si ce n'est pas la période de Noël, l'inévitable bêtisier.

dimanche 8 juin 2008

The Big Picture

Le quotidien américain The Boston Globe propose sur un blog des photos en grand format pris par des professionnels, grands reporters, sur le terrain, comme aux riches heures du photojournalisme (sauf pour mon premier exemple).

Chaque jour pour le moment (le rythme de croisière sera de 2-3 billets par semaine), une série d'une douzaine de photos sur un événement. Les commentaires sont en anglais, mais les photos sont magnifiques. Un des plus beaux blogs que j'aie vus. Régalez-vous, et merci au Boston Globe de montrer comme le photo-reportage reste extraordinairement moderne.

Ci-dessous, trois photos (format réduit) à titre d'exemple de ce que vous pouvez voir.

Photo prise par la sonde Cassini : on voit la lune de Saturne Janus, toute petite au centre, devant les anneaux de la planète. Au fond, la lune géante Titan (qui fait 40% de la taille de la terre) Photo NASA/JPL-Caltech. Extrait de cette note.

Cassini

Un Marine, de la 24e Unité Expéditionnaire des Marines, pris sous le feu des Talibans, comprend le sens de l'expression “c'est pas passé loin”, le 18 mai 2008 près de Garmser, province d'Helmand, en Afghanistan. Le Marine n'a pas été blessé. Notez qu'il a une alliance. Pourvu que son épouse ne voie jamais cette photo. Extrait de cette note (REUTERS/Goran Tomasevic)

Oups

Le volcan Chaiten, au Chili, endormi depuis des milliers d'années, vient de se réveiller. Il existe un phénomène connu quoiqu'inexpliqué d'orages se déclenchant dans le panache. De nuit, c'est spectaculaire. Welcome to Mordor. Extrait de cette note (REUTERS/Carlos Gutierrez)

Mordor

Et en 990 pixels de large, ça en jette encore plus.

Via Embruns.

dimanche 20 avril 2008

Ha, ça ira, ça ira, ça ira…

Un événement historique, et je pèse mes mots, a eu lieu il y a dix jours à peine dans l'indifférence générale. Comme je m'enorgueillis d'avoir le lectorat le plus cultivé de l'internet francophone (et encore, uniquement parce que les vérifications sont encore en cours pour le lectorat anglo-saxon), je m'en voudrais que vous restassiez dans l'ignorance.

Donc, afin que nul n'en ignore, je le proclame ici à cor et à cris : le 9 avril 2008, la féodalité a enfin été abolie en Europe.

Tiens? Je vous sens plus dubitatifs que réjouis.

Et pourtant c'est on ne peut plus vrai. Et ça se passait à notre porte, à 50 km à vol d'oiseau de Cherbourg.

L'île anglo-normande de Sark, au large de Guernsey, dont la capitale s'appelle, ça ne s'invente pas, La Seigneurie (en français dans le texte, if you please), était un fief héréditaire, tenu depuis 1974 par John Michael Beaumont, 22e Seigneur of Sark, Officier de l'Ordre de l'Empire, titre qu'il a hérité de sa grand-mère Sybil Hathaway, 21e Dame Of Sark. Drapeau de Sark : une croix rouge sur fond blanc, le quart supérieur droit étant occupé par les lions normands, jaunes sur fond rouge Lors de son installation, il est allé s'agenouiller devant la Reine, qui lui a pris les mains dans les siennes tandis que le Seigneur lui a déclaré, toujours en Français : « Souveraine Dame, Je demeure Votre homme lige à Vous porter Foi et Hommage contre tous», ce à quoi la Reine n'a pas manqué de répondre « Nous vous acceptons advouant tous vos légitimes droits et possessions relevant de cette tenure de Nous, sauf pareillement à tous Nos Droits de Regalité », ce qui est bien envoyé, il faut le reconnaître. Il s'agit du texte de serment de vassalité en vigueur depuis Guillaume le Conquérant, devenu Souverain de l'île en 1096 1064.

De par le statut octroyé en 1565 par la reine Elisabeth I, le Seigneur de Sark a le privilège de pouvoir seul posséder des pigeons (Droit de Colombier) ; il a également seul le droit de posséder une chienne non stérilisée, mais il s'agit d'une loi du 17e siècle visant à contrôler la population canine de l'île.

Vue aérienne de l'Île de Sark (source Wikipedia)La propriété immobilière est inconnue sur l'île, la terre étant divisée en 40 tenures, les 40 tenants étant les 40 familles ayant colonisé l'île, tenant leur terre en fief perpétuel du Seigneur de Sark, terre qui se transmet par héritage ou peut être cédée selon les lois de l'île, les règles du fief interdisant tout cession partielle ou division. De plus, les Tenants gardent le droit de retraite, c'est à dire qu'ils peuvent à tout moment racheter leur terre, à charge pour eux de dédommager intégralement l'acheteur. Les tenants tiraient de leur tenure l'obligation de porter les armes au service de leur seigneur et de siéger au Conseil du Seigneur, le Chef Plaids. Au fil des années, quelques parcelles ont été cédées en fief perpétuel, dits "libres tenures", qui ne donnaient pas l'obligation de porter les armes (hormis l'obligation de Fregondée, en cas d'invasion de l'île) et de siéger au Chef Plaids.

Le Chef Plaids (dans le dialecte de l'île, le sercquiais, hérité des Normands, on dit Cheurs Pliaids) était l'assemblée délibérative, composée des 40 tenants et de 12 députés du peuple élus au suffrage universel pour une durée de trois ans. Le Seigneur désignait en son sein les Officiers, qui formaient le gouvernement de l'île : le Sénéchal et son adjoint, présidant le Chef Plaids et juge suprême de l'île ; le Prévôt et son adjoint, équivalent d'un huissier ; le Greffier et son adjoint, secrétaire du gouvernement ; le Trésorier ; et le Connétable, chef de la police, assisté du Vingtenier, ces deux dernier n'étant pas désignés par le seigneur mais élus par le Chef plaids.

Ainsi, en 2003, le Chef plaids de Sark a légalisé le divorce dans l'île, confiant cette redoutable charge à la Cour Royale de Guernsey.

Sous la pression insistante du Conseil de l'Europe, qui faisait remarquer à l'Angleterre que ce genre de gouvernement n'était pas précisément conforme à la Convention Européenne de Sauvegarde des Droits de l'Homme et des Libertés Fondamentale, le Chef plaids a voté une réforme des institutions, qui n'a pas été sans mal, mais je passerai sur les détails de politique intérieure. Le processus a commencé le 4 juillet 2007 et s'est achevé le 9 avril 2008, par la suppression du Chef Plaids, son remplacement par une assemblée de 30 députés dont 28 élus au suffrage universel de l'île. Le Seigneur garde son titre et siégera de droit dans la nouvelle assemblée, mais perd ses privilèges. Les élections auront lieu en décembre prochain.

L'île conservera toutefois une particularité procédurale, une sorte de référé-liberté mâtiné d'action possessoire hérité des normands, la clameur de Haro, toujours en Français dans le texte. Tout habitant de l'île s'estimant victime d'une atteinte à ses droits peut, devant témoin et face à la personne supposée être à l'origine de l'atteinte illégitime à ses droits, après avoir déclamé le Notre-Père en français, s'écrier, toujours en Français dans le texte : « Haro, Haro, Haro! À mon aide mon Prince, on me fait tort ! »

Aussitôt, celui qui a ouï la Clameur doit cesser pour 24 heures l'action qui porte atteinte aux droits du Clamant.

Le Clamant doit se rendre dans les 24 heures avec son témoin face au Greffier pour faire enregistrer sa Clameur (avec un droit de 7£50, c'est que ça bouffe, des pigeons), qui sera jugée par la Cour.

La dernière Clameur a été ouïe en juin 1970, pour s'opposer à la construction d'une clôture de jardin.

Mon cœur est quant à lui déchiré entre une légitime et républicaine réjouissance de voir la démocratie l'emporter sur la féodalité et un regret dû à un goût pour l'histoire, de voir disparaître ces traditions.

Je vais donc réfléchir à une adaptation de ces lois à mon blog. Une personne s'estimant ainsi injustement traitée par un commentaire pourra ainsi user de la Clameur de Haro pour me demander sa suppression (je vous fais grâce du Notre-Père, laïcité oblige). Vos commentaires ne seraient tenus qu'en fief, d'où un droit de retraite de ma part.

Gascogne ferait un très bon Sénéchal, Dadouche serait le Prévôt, Fantômette le Greffier, car le XHTML n'a plus de secrets pour elle ; Troll Detector™ serait le Connétable.

Quant à la Trésorerie et aux pigeons, en tant qu'avocat, ils me reviennent de droit.

dimanche 23 mars 2008

Une équipe

Bon, c'est dimanche, et c'est Pâques qui plus est. Alors aujourd'hui, pas de droit, pas de sang, pas de mort.

Je voudrais juste vous parler de la Team Hoyt.

Ce nom désigne Richard "Dick" Hoyt, un lieutenant-colonel à la retraite de la Garde Nationale américaine, résidant au Massachusetts, âgé de 65 ans, et son fils Rick, né en 1962.

Lors de la naissance de son fils, un accident se produisit. Son fils est né avec le cordon ombilical autour du cou, et a été victime d'anoxie cérébrale, c'est à dire de dommages irréversibles dus à la privation d'oxygène. Les médecins lui ont conseillé de placer son fils en institution spécialisée, lui disant qu'il ne serait jamais plus qu'un légume. Dick Hoyt a refusé et a pris son fils à domicile pour s'occuper de lui, notamment en lui parlant comme s'il le comprenait.

Et il le comprenait. Les dommages cérébraux n'ont eu que des conséquences motrices. Le cerveau ne peut commander au corps, mais l'intelligence est là. Il faudra attendre que Rick ait 12 ans pour qu'ils en aient la certitude, quand Rick a commencé à faire des blagues. Qui dit humour dit intelligence.

Ils l'ont donc équipé d'un ordinateur lui permettant, avec les mouvements de sa tête, de composer des mots, et ainsi communiquer. Ses premiers mots furent "Go Bruins", du nom de l'équipe de Hockey de Boston qui allait jouer la finale du championnat. Son père découvrit ainsi qu'il était un fan de sport.

Ca tombait bien, son père l'était aussi. Il pratique les sports d'endurance : marathon, triathlon... Notamment le fameux Ironman, l'un des plus durs, qui se court à Hawai : 3,86 km de nage dans la mer, suivi de 180 km à vélo dans le désert de lave hawaïen, et pour finir la journée, un marathon de 42,195 km.

Alors, hé bien... Il a décidé d'y emmener son fils.

Voici des images. Je n'ai pas choisi la musique (''I Can Only Imagine'', par Mercy Me), désolé si elle vous paraît en rajouter dans l'émotion, vous n'avez qu'à couper le son. (Et oui, le père a plus de 60 balais)

La Team Hoyt a participé à ce jour à 958 compétitions, dont 224 triathlons incluant 6 Ironmans (meilleur temps : 13h 43mn 37s), 65 marathons dont 25 fois celui de Boston. Si vous êtes dans le coin, vous pouvez aller les voir courir un 20 miles (32,100 km) le 31 mars, celui des Eastern States (départ dans le Maine, traversée du New Hampshire, arrivée dans le Massachusetts. Son fils est diplômé de l'enseignement supérieur et travaille au Boston College, qui comme son nom l'indique est une université.

"Respect" paraît parfois un mot insuffisant.

Le site officiel du Team Hoyt.

dimanche 9 mars 2008

Scène de ménage

Je vous avais promis un nouvel exemple de la capacité d'autodérision des américains. La voici.

Jimmy Kimmel est un animateur de télévision, découvert par Comedy Central, qui anime depuis janvier 2003 une émission sur ABC, Jimmy Kimmel Live. C'est un de ces Talk Show passant le soir, comme les américains savent si bien les faire : un animateur assis à un bureau, un invité sur un fauteuil ou un sofa qui vient faire sa promo, avec un orchestre dans un coin qui met l'ambiance et accompagne un invité musical. Mais un animateur plein d'esprit, qui réagit avec humour au tac au tac. David Letterman sur CBS, Jay Leno et Conan O'Brian sur NBC animent des émissions du même genre.

Jimmy Kimmel est le petit ami d'une comédienne, Sarah Silverman, découverte par l'émission dont je vous ai parlé il y a peu, Saturday Night Live. Elle est l'héroïne d'une comédie diffusée sur Comedy Central où elle joue un alter ego fictif qui porte son propre nom, comme en leur temps avaient fait Jerry Seinfeld ou Drew Carrey.

Enfin, Jimmy Kimmel a un gag récurent dans son émission : chaque soir, il la conclut en annonçant qu'il devait recevoir Matt Damon, mais "Désolé, Matt, on n'a plus le temps". C'est une blague récurrente à tel point qu'en décembre 2006, Matt Damon a été effectivement invité de l'émission, mais à peine était-il assis sur le fauteuil de l'invité que Jimmy Kimmel a annoncé que désolé, ils n'avaient plus le temps. Evidemment, c'était un gag fait en accord avec Matt Damon.Pour mes lecteurs qui sortiraient du coma, Matt Damon est un acteur qui a gagné l'oscar du meilleur scénario avec son ami d'enfance Ben Affleck pour le film qui les a révélés, Good Will Hunting, traduit en français par... "Will Hunting". Oui, chères lectrices, il y a des américaines qui ont grandi à Cambridge, Massachusset, dans la même rue que Matt Damon et Ben Affleck. Il n'y a pas de justice dans ce monde, je le sais bien.

Mais je m'égare.

Le 31 janvier dernier, Sarah Silverman est l'invitée de Jimmy Kimmel Live. Jimmy Kimmel, connaissant bien sa petite amie, est visiblement mal à l'aise : il se doute qu'elle a préparé quelque chose. Et effectivement, à un moment de son interview, elle annonce qu'elle a un aveu à lui faire, qu'elle a trop attendu pour lui dire, mais qu'elle attendait une occasion. Et Voici le clip qui fut diffusé. Les sous-titres sont de votre serviteur.

Jimmy Kimmel ne pouvait pas laisser l'affront impuni.

La réplique fut sanglante, et fut diffusée le 24 février dernier. Je vous laisse la découvrir. Les sous-titres commencent à la 28e seconde, je n'ai pas traduit l'annonce des invités de l'émission.

Quand je vous dis que les américains sont de grands gosses.

Notez au passage comment l'auto-censure assumée à coups de [bip] permet paradoxalement une grande liberté de parole. On ne bippe pas sur nos antennes. Imaginez-vous un tel chœur être diffusé en France ?

Non, en France, la censure est plus feutrée, plus hypocrite. L'exemple en est donné par notre ministre de la justice, il faut dire.

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