Journal d'un avocat

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samedi 6 octobre 2007

samedi 6 octobre 2007

Devine qui vient dîner ce soir ?

C’est donc nulle autre que la Nouvelle Zélande que le XV de France affrontera ce soir. Arrivera ce qu’il arrivera, assurément ce sera du beau rugby.

Drapeau de la Nouvelle Zélande

Le drapeau de la Nouvelle Zélande est en réalité le Drapeau Bleu (Blue Ensign) de la Royal navy, bleu avec en haut à gauche (on dit en quadrant) l’Union Jack, ou drapeau d’union, le champ d’azur étant, pour identifier la Nouvelle Zélande, frappé d’étoiles rouges bordées de blanc qui représentent la constellation de la Croix du Sud. Cette constellation, qui frappe aussi le drapeau australien, rappelle la domination maritime anglaise, la Croix du Sud servant aux navires dans l’hémisphère sud de substitut à l’étoile polaire qui dans l’hémisphère boréal indique le pôle nord céleste : il suffit de tracer une ligne passant par Gamma crux et Alpha crux (l’étoile du haut et l’étoile du bas) et de reporter 4,5 fois la distance les séparant pour tomber sur le pôle sud céleste.

C’est une loi anglaise de 1865, le Colonial Navy Defence Act qui a obligé les colonies anglaises à prendre comme drapeau une variante de la Blue Ensign, afin d’être identifiées par les navires de guerre croisant dans les environs ; ce qui explique que bien des drapeaux soient basés sur ce modèle : l’Australie, les Fidji, dans le Pacifique, et Montserrat dans les Antilles par exemple.

Les néo-zélandais sont assez peu attachés à ce drapeau, le premier reproche qu’ils lui font étant d’être aisément confondu avec le drapeau australien (dont je vous reparlerai pour notre demi finale face à ce pays). Il est le drapeau de la Nouvelle Zélande depuis 1869, succédant au drapeau des Tribus Unies de Nouvelle ZélandeDrapeau des Tribus Unies de Nouvelle Zélande, et aujourd’hui encore, le thème du drapeau est un débat récurent en Nouvelle Zélande.

L’hymne néo-zélandais est God Defend New Zealand, et comme il n’y a pas de raison que nous ne riions que des clips géorgiens, j’ai l’honneur de vous présenter le clip qui ouvrait et fermait les émissions de la télévision publique néo-zélandaise dans les années 80. Attention, là aussi, c’est du lourd. Je recommande à Jo Maso de montrer ça aux joueurs : ça devrait aider à alléger la pression.

L’équipe de Nouvelle Zélande s’appelle les All-Blacks, littéralement les tout-noirs. La couleur noire n’a aucune signification spéciale, si ce n’est que c’est la couleur choisie par l’équipe nationale lors de sa première formation en 1903, parce que les joueurs s’achetant leurs maillots eux même, le noir permettait de s’assurer qu’il n’y aurait pas de problème de nuances de couleur. Les poètes du rugby ont pris la relève et ont décidé que les All Blacks portaient le deuil de leurs adversaires. A ce train là, les Anglais jouant en blanc, je suppose qu’ils veulent demander la main de leurs adversaires.

Le nom de All Blacks viendrait, d’après Billy Wallace, de la première tournée des néo-zélandais en Angleterre en 1905 (rappelons qu’à l’époque, le voyage se faisait en bateau). Selon Wallace, un journaliste, impressionné par le jeu de mouvement pratiqué par les néo-zélandais, aurait dicté son article en disant “They’re all backs” : ce sont tous des arrières, le poste du joueur numéro 15, qui aurait été mal retranscrit en “They’re all blacks”. Mais aucune trace de cette erreur n’a jamais été retrouvée, et le plus probable est que le terme All Blacks décrive tout simplement leur tenue.

Le symbole de l’équipe est la Fougère Argentée, Silver Fern, de son petit nom cyathea dealbata, une plante très fréquente en Nouvelle Zélande.cyathea dealbata Quand les Blacks viennent jouer un test match en France, ils ajoutent sur leur manche droite un coquelicot (poppy), symbole des soldats de l’empire britannique tombés lors de la première guerre mondiale, car cette fleur pousse sur les sols remués, et c’était la seule fleur qui poussait sur les champs de bataille du nord de la France.

Mais ce pour quoi les All Blacks sont les plus connus est leur danse traditionnelle juste avant le début du match, après les hymnes, le Haka.

Avant toute chose, le haka, ca s’écoute. Voilà ce que ça donne dans un stade.

Impressionnant, non ?

Le haka est une danse rituelle des maoris, l’ethnie polynésienne indigène à la Nouvelle Zélande.

Les Néo Zélandais ne sont pas les seuls à effectuer une telle chorégraphie, qui est un point commun à toutes les équipes du Pacifique : les Tonga ont le Sipi Tau, les Samoa ont le Siva Tau, et les Fidjis ont le Cibi.

Contrairement aux apparences, le haka n’est pas un chant de guerre mais une danse de cérémonie, les grimaces et grognements faisant partie de la chorégraphie et symbolisant la vie, la vivacité, la résolution, et non la menace. Les All Blacks y rajoutent une bonne part de défi et la magie du marketing a fait le reste.

Pendant longtemps, le seul haka que les All Blacks accomplissaient était le Ka mate, datant de 1810, composé par le chef Te Rauparaha du clan Ngāti Toa. Ce chef était poursuivi par des ennemis et pour leur échapper s’est caché dans un puits sous la robe d’une femme. Quand il a pensé que ses ennemis étaient partis, il est remonté à la surface, pour se trouver nez à nez avec un guerrier, mais qu’il ne pouvait bien voir, ébloui qu’il était par la lumière, et se voyait mort jusqu’à ce qu’il réalise que c’était en fait Te Whareangi (appelé “l’homme hirsute”), le chef d’une tribu alliée venue à son secours.

Le Ka Mate raconte cette aventure :

Le leader commence par donner ses instructions au groupe : “Frappez des mains sur vos cuisses ! Gonflez vos poitrines ! Pliez vos genoux ! Que votre bassin suive ! Frappez le sol de vos pieds le plus fort que vous pouvez !”, puis il lance le chant :

Ka mate, ka mate (Je vais mourir ! je vais mourir !)
Ka ora, ka ora (je vais vivre ! je vais vivre !)
Ka mate, ka mate (Je vais mourir ! je vais mourir !)
Ka ora, ka ora (je vais vivre ! je vais vivre !)
Tēnei te tangata pūhuruhuru (Voici l’homme hirsute qui se tient devant moi)
Nāna nei i tiki mai whakawhiti te rā (et qui a amené le soleil et l’a fait briller)
Ā upane, ka upane (un pas vers le haut, un autre vers le haut)
Ā upane, ka upane (un pas vers le haut, un autre vers le haut)
Whiti te rā, hī! (le soleil brille ! )

Les All Blacks en ont fait une occasion de se motiver, et d’impressionner l’adversaire. Les voici face à l’équipe de France, lors d’un test match (vous noterez le coquelicot rouge sur la manche droite).

Comme je vous l’ai dit, les néo zélandais ne sont pas les seuls à avoir une telle danse, d’où des face à face parfois tendus, comme ce Nouvelle Zélande-Tonga, où les Tongiens n’ont pas pu attendre que le haka soit terminé pour répondre par leur Sipi Tau.

Mais depuis 2005, les All Blacks réalisent de temps en temps un nouvel haka, le Kapa O Pango, qui a fait scandale a cause d’un geste d’égorgement qui le terminait. Les néo zélandais se sont justifiés en disant que ce geste traditionnel symbolisait l’énergie attirée vers le coeur et les poumons, mais l’excuse de la naïveté (et de l’ignorance des rudiments de l’anatomie) me paraît ici d’une hypocrisie finie, tout comme le fait que le geste principal de la nouvelle chorégraphie soit une série de bras d’honneur faits aux adversaires. A ce petit jeu, je propose que le XV de France leur présente le poing fermé à l’exception du majeur tendu vers le ciel, en expliquant ensuite que cela symbolise le caractère Un et Indivisble de la République (article 1er de la constitution). D’ailleurs, depuis cette année, ils ont trouvé un autre symbole pour le remplacer : la main droite part de la hanche gauche et remonte vers l’épaule droite. Ha, la subtilité de la gestuelle maori…

Je n’aime pas le Kapa O Pango, vous l’avez compris. Ce qui achève d’attirer mon antipathie sont les paroles, qui ne sont rien d’autre qu’un chant de supporter à la gloire des All Blacks :

Kapa o Pango kia whakawhenua au i ahau! (All Blacks, laissez moi n’être qu’un avec la terre)
Hī aue, hī! (faire un !)
Ko Aotearoa e ngunguru nei! (C’est notre terre qui tremble)
Au, au, aue hā! (C’est mon heure ! C’est mon moment !)
Ko Kapa o Pango e ngunguru nei! (c’est ce qui nous définit les All Blacks)
Au, au, aue hā! (C’est mon heure ! C’est mon moment !)
I āhahā! (I hahaha !)
Ka tū te ihiihi (Notre domination)
Ka tū te wanawana (Notre suprématie triomphera)
Ki runga ki te rangi e tū iho nei, tū iho nei, hī! (et sera placée haut !)
Ponga rā! (Fougères d’argent !)
Kapa o Pango, aue hī! (All Blacks!)
Ponga rā! (Fougères d’argent !)
Kapa o Pango, aue hī! (All Blacks!)

Je suppose que ce n’est que parce qu’il n’y a pas de mot maori pour “Adidas” qu’il n’y a pas un vers pour remercier leur sponsor…

Franchement, si c’est pour se comporter comme des joueurs de foot, c’est pas la peine de jouer au rugby. En plus, la chorégraphie est ridicule. Voici le Kapa O Pango lors de Nouvelle Zélande Ecosse (les All Blacks sont en gris). Le public ne s’y trompe pas qui siffle copieusement le Kapa O Pango alors que le haka était généralement respecté et apprécié.

J’espère donc que c’est bien le ”Ka Mate” que nous aurons, mais j’ai des doutes, vu la controverse sur les maillots qui a précédé le mtach (Eu égard à la ressemblance de couleur entre les maillots, et la France ayant gagné par tirage au sort le droit de porter ses couleurs principales, l’IRB demande aux All Blacks de jouer en maillot gris, ce qu’ils n’ont pas du tout envie de faire), ils auront envie de prendre la version la plus agressive.

En tout cas, Ka Mate ou Kapa O Pango… ALLEZ LES BLEUS ! Ecrivez une belle page de votre histoire.

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